À la fin du dix-huitième siècle, Erasmus Darwin (1731-1802), par ailleurs grand père de
Charles Darwin et de Francis Galton, avait cependant déjà formulé une théorie de l’évolution
en trois volumes. Il affirmait que tous les êtres vivants descendent d’un ancêtre commun très
simple, sorte de filament vivant doué d’irritabilité. Son livre Zoonomia ou les lois de la vie
organique, publié en 1796, fut mis à l’index par l’église catholique.
Les apports de la géologie
Mais c’est au dix neuvième siècle que l’idée d’évolution prit vraiment de l’importance, en
même temps que de nouvelles disciplines scientifiques se développaient, comme l’anatomie
comparée, l’embryologie, la paléontologie et que la géologie moderne prenait son essor sous
l’impulsion de Charles Lyell (1797-1875). Ce dernier montra qu’il fallait dater les roches en
millions d’années, souligna les incohérences de l’interprétation biblique et de la théorie des
catastrophes de Cuvier et fonda l’actualisme. Cette théorie consiste à interpréter les
phénomènes géologiques passés, dont les traces sont inscrites dans les roches, à la lumière
des mêmes causes que celles expliquant les phénomènes géologiques actuels. Il eut une
grande influence sur Charles Darwin qui affirma à propos de L’origine des espèces : « Il me
semble que la moitié de mon livre sort du cerveau de Lyell ».
Le naturaliste suisse Louis Agassiz (1807-1873), professeur d’histoire naturelle à Neuchâtel,
démontra en 1846 au bout de huit années de travail sur le terrain que les Alpes avaient été
sculptées par des glaciers et que la glace avait même recouvert à une époque toute l’Europe
du Nord. Agassiz était un élève de Cuvier et il avait acquis lui aussi la capacité à déduire un
squelette complet de l’examen raisonné d’un seul os. Il était, lui aussi, partisan de la théorie
des catastrophes de Cuvier. Opposés à la notion d’évolution, Cuvier, Agassiz, mais aussi
Richard Owen (1804-1892), le « Cuvier anglais », apportèrent sans le vouloir des arguments
en faveur de l’évolution. Owen reprit notamment les notions fondamentales d’homologie et
d’analogie établies par Geoffroy Saint Hilaire : des organes assurant la même fonction
comme les ailes des oiseaux et celles des insectes qui n’ont pas la même origine
embryonnaire sont analogues tandis que des organes pouvant assurer des fonctions
différentes mais ayant la même origine embryonnaire, comme les membres antérieurs des
vertébrés, aile, bras ou palette natatoire, sont homologues. Ces homologies interprétées
initialement comme une simple origine embryonnaire commune révèlent en fait un ancêtre
commun et donc une parenté évolutive.