24 | La Lettre du Gynécologue • n° 341-342 - avril-mai 2009
Grossesse et diabète
DOSSIER
Références
bibliographiques
1. Mills JL. Malformations in
infants of diabetic mothers. Tera-
tology 1982;25(3):385-94.
2. Lepercq J, Timsis J. Diabète et
grossesse. In: Traité d’obstétrique.
Cabrol D, Pons JC, Goffinet F.
Médecine sciences, Flamma-
rion, 2003.
3. Chung CS, Myrianthopoulos
NC. Factors affecting risks of
congenital malformations. II.
Effect of maternal diabetes on
congenital malformations. Birth
Defects Orig Artic Ser 1975;11
(10):23-38.
4. Soler NG, Walsh CH, Malins
JM. Congenital malformations in
infants of diabetic mothers. Q J Med
1976;45(178):303-13.
5. Drury MI, Greene AT, Stronge
JM. Pregnancy complicated
by clinical diabetes mellitus. A
study of 600 pregnancies. Obstet
Gynecol 1977;49(5):519-22.
6. Suhonen L, Hiilesmaa V,
Teramo K. Glycaemic control
during early pregnancy and fetal
malformations in women with
type I diabetes mellitus. Diabe-
tologia 2000;43(1):79-82.
7. Reece EA, Coustan DR.
Diabetes mellitus in pregnancy.
Eds Churchill Livingstone, New
York 1988:105-22.
8. Fuhrmann K, Reiher H,
Semmler K, Fischer F, Fischer M,
Glöckner E. Prevention of conge-
nital malformations in infants
of insulin-dependent diabetic
mothers. Diabetes Care 1983;6
(3):219-23.
9. Allen VM, Armson BA, Wilson
RD et al. Teratogenicity asso-
ciated with pre-existing and
gestational diabetes. J Obstet
Gynaecol Can 2007;29(11):
927-44.
Chez les patientes diabétiques, le risque malformatif
est maximal de la conception jusqu’à 6-7 semaines
d’aménorrhée, au moment de la période d’organo-
genèse. Il n’existe pas de prédisposition génétique à
la survenue de malformations, en effet les hommes
diabétiques n’ont pas d’augmentation du risque
malformatif dans leur descendance.
La pathogénie des malformations associées au
diabète préexistant reste inconnue. Elle est possible-
ment multifactorielle, liée à des carences nutritives
ou à des métabolites toxiques.
L’hypoglycémie n’est pas tératogène dans l’espèce
humaine, contrairement à l’animal (malformations
cardiaques) ; les agents tératogènes principaux sont
probablement le d-glucose et l’hyperglycémie.
Les travaux de Reece (7) sur des cultures d’embryons
de rats à J9-J11 (soit l’équivalent de 3 à 6 semaines
de gestation chez l’homme) ont montré qu’un milieu
hyperglycémique entraîne un retard de croissance
et des anomalies anatomiques multiples, dont la
fréquence est proportionnelle au taux du glucose
circulant.
Les altérations vasculaires liées à l’hyperglycémie se
produisent à une période où la nutrition passe d’un
mode histotrophique à un mode hématotrophique au
niveau de la vésicule vitelline, et cette hypoperfusion
générerait une hypoxie, source d’acidose (production
d’acide lactique) et d’altérations cellulaires.
Dès 1983, Fuhrmann (8) avait montré que le contrôle
de la glycémie, avant la conception, réduisait de 7,5
à 0,8 % le taux des malformations néonatales.
Cela montre l’importance de la consultation pré-
conceptionnelle chez les femmes diabétiques
désirant une grossesse, menée par une équipe multi-
disciplinaire, afin de tendre vers une optimisation
de la maîtrise glycémique avant la conception. Les
dosages de l’hémoglobine glyquée et des glycémies
peuvent être utilisés pour sensibiliser les patientes
au sujet des anomalies congénitales.
L’Association canadienne du diabète et la Société des
gynécologues obstétriciens du Canada recomman-
dent aux femmes qui présentent un diabète de type
1 ou 2, et qui envisagent une grossesse, d’obtenir un
taux préconceptionnel d’hémoglobine glyquée infé-
rieur ou égal à 7 %, afin de réduire de façon significa-
tive le risque de malformations congénitales (9).
Le risque de mort fœtale
in utero
Les morts fœtales in utero (MFIU) sont liées au
diabète préexistant de type 1 et 2 et non au diabète
gestationnel. Elles sont plus fréquentes en cas de
diabète déséquilibré et d’acidocétose, parfois en
relation avec certaines situations associées (prescrip-
tion de β-mimétiques, cure de corticoïdes, infections
intercurrentes). Le risque de MFIU est augmenté
si la glycémie à jeun est supérieure à 1,05 g/l. La
prévalence des MFIU est estimée à 3,5 % chez les
patientes diabétiques, selon les données de l’Alfe-
diam en 2000.
La physiopathologie exacte de l’accident est
inconnue : hypoxie tissulaire, hyperlactacidémie
par glycogénolyse anaérobie, influence de la cardio-
myopathie et de l’hypertrophie septale avec troubles
du rythme cardiaque. Les MFIU surviennent de façon
totalement inopinée.
Dans les diabètes du type 1 et 2, ce risque de MFIU
fait qu’il est conseillé de renforcer la surveillance
fœtale en fin de grossesse, à partir de 35 SA, mais
une surveillance permanente reste illusoire. Un
déclenchement ou une césarienne, en fonction des
conditions locales, seront envisagés à partir de 39 SA
(en intégrant le retard de maturation pulmonaire
potentielle).
Le risque de MFIU dans le diabète gestationnel n’est
pas différent de celui de la population générale ; le
déclenchement à partir de 38-39 SA en fonction
des conditions obstétricales pourra être envisagé
en cas de suspicion de macrosomie fœtale. ■
Tableau. Risque de malformations en fonction du taux
d’HbA1c précoce chez les patients diabétiques type 1 (résul-
tats de l’étude de Suhonen et al.).
HbA1c
< 14 SA (%)
DS Malformations
n/population
Risque
relatif (IC95)
Inconnu Inconnu 4/49 6 (2-17,1)
≥ 9,4 ≥ 14 4/61 4,8
(1,6-13,9)
8,1-9,3 10-13,9 6/133 3,3 (1,3-8,6)
6,9-8 6-9,9 8/252 2,3 (1-5,7)
5,6-6,8 2-5,9 7/170 3 (1,2-7,5)
< 5,6 < 2 1/47 1,6 (0,3-9,5)
Total nouveau-nés
mère diabétique
30/709 3,1 (1,6-6,2)
Population
contrôle
10/735 1