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De nombreuses études ont maintenant clairement démontré l’impact
positif d’un bon contrôle glycémique, d’une baisse du LDL-cholesté-
rol et de la tension artérielle sur la prévention des complications mi-
cro et macro-angiopathiques du diabète. Sur la base de ces données, de nom-
breuses associations nationales et internationales ont fixé des buts de traite-
ment qui sont pour le diabète une hémoglobine glyquée inférieure à 7%, pour
les lipides un LDL-cholestérol inférieur à 2,6 mmol/l et pour la tension artériel-
le des valeurs inférieures à 130/80 mmHg. Malheureusement, la plupart des
patients diabétiques n’atteignent pas
les valeurs recommandées. Plusieurs en-
quêtes aussi bien américaines qu’euro-
péennes ont démontré en effet qu’en
général moins de 50% des patients dia-
bétiques atteignaient une hémoglobi-
ne glyquée inférieure à 7% ; dans cer-
taines populations des pourcentages
allant de 21 à 43% des patients avaient des hémoglobines glyquées supérieu-
res à 9,5%. En outre, de 22 à 46% seulement des patients diabétiques attei-
gnaient des valeurs de LDL-cholestérol inférieures à 2,6 mmol/l et environ le
même pourcentage des valeurs de tension artérielle inférieures à 130/80
mmHg. Si l’on prend l’ensemble des critères aussi bien glycémiques, lipidi-
ques que de tension artérielle, moins de 10% des patients diabétiques les
remplissent. Pourquoi alors de telles difficultés dans la prise en charge d’une
maladie qui devient de plus en plus fréquente puisque l’on sait maintenant
que la progression de cette maladie aux Etats-Unis est d’environ 90% sur dix
ans. En effet, entre 1995-97 et 2005-07, selon les chiffres du
Center for Disease
Control and Prevention
, l’incidence annuelle ajustée pour l’âge a passé de 4,8
pour mille en 1995-97 à 9,1 en 2005-07. Cette augmentation alarmante est con-
firmée par une autre organisation, la
National Health and Nutrition Examination
Survey
qui indique que la prévalence du diabète chez les personnes âgées de
plus de vingt ans est de 12,9% dont 40% ne sont pas diagnostiqués. Le pour-
centage de diabète diagnostiqué a augmenté de 5,1% dans la période 1988-94
à 7,7% dans la période 2005-06. Si l’on se réfère à l’ensemble des patients qui
ont un trouble du métabolisme du glucose en incluant l’intolérance au gluco-
se, on arrive à un pourcentage de personnes affectées supérieur à 40%. Lors-
qu’on s’intéresse plus spécifiquement à la population âgée, le diagnostic de
diabète ou de prédiabète est observé chez trois quarts de ces personnes !
Il y a de nombreux facteurs qui peuvent expliquer les difficultés de la prise
en charge du diabète de type 2. Certains de ces facteurs sont bien connus
comme l’observance thérapeutique dans un contexte de maladie souvent
asymptomatique, l’importance de la participation du patient dans sa propre
prise en charge et le fait que la plupart des traitements n’atteignent pas un
objectif cardinal dans la prise en charge de ces patients, la perte de poids.
Mais est-ce que notre système médical est adapté à la prise en charge de
ces patients ?
Probablement pas. Et pourquoi ? Le diagnostic est pourtant simple, il
n’existe pas d’acte technique impliquant l’habileté du médecin, les choix de
traitement sont restreints, les antidiabétiques oraux étaient au nombre de
deux classes jusqu’il y a une dizaine d’années et même si leur nombre a aug-
Pourquoi la prise en charge du
patient diabétique est-elle si difficile ?
«… Pourquoi alors de telles
difficultés dans la prise en
charge d’une maladie qui
devient de plus en plus fré-
quente ? …»
éditorial
Revue Médicale Suisse
–
www.revmed.ch
–
3 juin 2009 1243
Editorial
J. Philippe
Articles publiés
sous la direction
du professeur
Jacques Philippe
Médecin-chef
Service d’endocrinologie,
diabétologie et nutrition
HUG, Genève
et du docteur
Juan Ruiz
Médecin-adjoint
Service d’endocrinologie,
diabétologie et métabolisme
CHUV, Lausanne