congrès congrès
Écho des congrès
238
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (18) n° 8, octobre 2001
à être données pendant l’opération chirur-
gicale. Les chercheurs ont réparti en trois
groupes 42 patients ayant à subir une
chirurgie de type orthopédique. Le premier
groupe de 15 patients suivait la FMP. De la
musique relaxante était proposée aux 14
sujets du 2egroupe, qui constituaient le
groupe de contrôle attentionnel, cependant
que les 13 autres patients ne recevaient que
le soin préopératoire de routine. La procé-
dure hospitalière de routine incluait une
vidéo d’information sur la chirurgie et était
présentée aux trois groupes de patients. Les
préparations spécifiques des groupes 1 et 2
ont été commencées quelques jours avant
l’opération. Les patients de ces deux
groupes ont également reçu des cassettes
audio contenant les instructions leur per-
mettant de pratiquer leurs préparations res-
pectives. La cassette était passée aux sujets
au moins une heure avant le début de l’opé-
ration, ainsi que tout au long de la procé-
dure chirurgicale. Le temps d’induction de
l’anesthésie a ensuite été mesuré pour cha-
cun, ainsi qu’un certain nombre de données
psychologiques, comme la satisfaction du
patient par rapport à l’intervention qu’il
avait subie. L’analyse des résultats montre
une diminution significative de la durée de
l’induction pour le groupe FPM par rapport
aux deux autres. Quatre-vingt pour cent des
patients du groupe ayant suivi FMP s’esti-
maient satisfaits de l’intervention et consi-
déraient que cette préparation devrait être
proposée systématiquement en préparation
à la chirurgie, pour seulement 7 % dans le
groupe ayant écouté de la musique, et 0 %
dans le groupe contrôle. En outre, un chan-
gement d’attitude global a également été
observé dans le groupe préparé par la FMP,
puisqu’ils considéraient avoir amélioré leur
capacité et leur manière de prendre en
charge des situations médicales difficiles.
Aspects biologiques des expériences
de mort proche
Les expériences vécues dans des états
proches de la mort (near-death experiences,
ou NDE) sont des événements psycholo-
giques intenses, souvent accompagnés d’élé-
ments mystiques et transcendantaux, et qui
surviennent chez des personnes proches de
la mort ou en situation de danger physique
ou émotionnel intense. La réalité objective
de ces expériences, dont on trouve quelques
descriptions dès 1893, n’est plus contestée
aujourd’hui, comme l’explique le Dr Reinsel.
Elles semblent même beaucoup plus com-
munes qu’on ne le pense, car beaucoup de
personnes ayant vécu ce type d’expérience
répugnent à s’en confier à leur médecin. Pis
encore, nombre de médecins, au chevet de
leur malade, ne savent rien de ce qui vient
de se passer sous leurs yeux ! Plusieurs com-
posantes se dégagent de ces expériences : la
composante cognitive se manifeste par des
phénomènes comme une distorsion du
temps. Dans la composante affective, on
retrouve des sentiments de paix, de joie,
d’unité cosmique, d’ineffabilité. La compo-
sante paranormale s’exprime par la sensa-
tion d’être en dehors de son propre corps.
L’aspect transcendantal est présent aussi,
avec la sensation d’être dans un autre monde,
de transcender son ego , d’être en union avec
un principe divin ou un principe supérieur.
Une sensation de vive lumière est aussi tou-
jours ressentie. Des études rétrospectives
démontrent que ces expériences peuvent être
vécues par des sujets psychologiquement
sains et à tout âge. Le Dr Greyson a passé en
revue les diverses hypothèses psycholo-
giques et/ou physiologiques susceptibles
d’expliquer ce phénomène. Parmi les
modèles psychologiques, citons la dissocia-
tion, l’absorption, l’imagination, le com-
portement de défense face à la peur de la
mort et le souvenir de l’expérience de la nais-
sance. Des modèles physiologiques, comme
l’hypoxie, les hallucination induites méta-
boliquement, et des hypothèses neurochi-
miques (impliquant notamment le récepteur
au NMDA et à la kétamine) et neuroanato-
miques se proposent aussi d’expliquer les
NDE. Toutefois, quoique la plupart des
mécanismes proposés soient plausibles, il
n’est pas encore véritablement démontré que
ces phénomènes ont bien lieu dans des états
proches de la mort. Et, de toute façon, même
s’il existe certains arguments en faveur de
ces modèles physiologiques, ils nous lais-
sent dans une situation philosophiquement
ambiguë, dans la mesure où le fait de corré-
ler un état cérébral avec une expérience don-
née n’implique pas nécessairement que cet
état cérébral ait provoqué la survenue de
cette expérience subjective. Alternative-
ment, l’état cérébral pourrait simplement
refléter l’expérience ou permettre à cette
expérience d’avoir lieu. Dans l’état actuel de
nos connaissances, ce fossé explicatif ne
peut pas être franchi. Ces expériences modi-
fient profondément le vécu ultérieur des
patients, leurs croyances et leurs valeurs. En
particulier, la mort n’est plus considérée par
eux désormais comme une fin, mais comme
une transition qui ne leur fait plus peur, et
les sujets déclarent n’avoir désormais plus
d’intérêt pour la compétition ni le goût du
pouvoir. Il est donc important pour le prati-
cien d’être sensible à ces situations et de trai-
ter avec respect l’expérience de ces sujets .
Pour en savoir plus
✓ Ancelin ML, De Roquefeuil G,
Ledesert B et al. Exposure to anaesthetic
agents, cognitive functioning and depres-
sive symptomatology in the elderly. Br J
Psychiatry 2001 ; 178 : 360-66.
Cette étude, réalisée à Montpellier,
démontre que l’anesthésie peut provoquer
des altérations à long terme de certaines
fonctions cognitives chez les personnes
âgées. Les sujets le plus à risque sont les
plus âgés et ceux présentant des perturba-
tions cognitives ou une dépression préopé-
ratoire.
Vo ir aussi dans nos colonnes
✓ Cottraux J. Développements et
recherches récentes dans les traitements
psychologiques du stress post-traumatique.
Act Med Int Psychiatrie 2001 ; 6 : 162-67.
Aux divers types d’événements susceptibles
de déclencher un PTSD répertoriés par le
Dr Cottraux, il convient désormais d’ajou-
ter les cas d’anesthésie au cours desquelles
le patient a vécu un épisode conscient.