156 | La Lettre du Neurologue • Vol. XVII - n° 5-6 - mai-juin 2013
TRIBUNE
”
aspirine-ticagrelor, le nouvel inhibiteur P2Y12, antagoniste de l’adénosine diphosphate
(ADP), qui s’est montré supérieur au clopidogrel dansle syndrome coronaire aigu
(étude PLATO).
Un peu partout dans le monde, sauf… en France, où nos instances sont restées
inertes surceproblème. Avez-vous lu des recommandations françaises sur le dévelop-
pement de cliniques d’AIT comme l’a fait le NICE au Royaume-Uni ? Des groupes de
travail ont-ils été mis en place par grands thèmes de prise en charge de l’AIT ou de
l’AVC ? Une élaboration de critères de bon fonctionnement des unités neurovasculaires
(UNV) a-t-elle été proposée pour ne pas se faire imposer les critères affligeants de
pauvreté de la HAS, ni faits ni à faire ? Rien… le vide!
Qu’entend-on en France sur le concept de clinique d’AIT ? “Est-ce vraiment utile ?”,
“Les patients avec un AIT ne sont-ils pas déjà pris en charge par les UNV ?”,
“On les prend déjà en charge tous les jours en consultation”… Cette “cécité” n’est
malheureusement pas transitoire. Depuis 2008, aucune clinique d’AIT dédiée n’a vu le
jour en France dans les UNV.
Et les patients continuent de “galérer” dans les services d’urgences qui ne sont pas
organisés pour recevoir ces malades, par définition ambulatoires, ou bien ces patients
sont pris en charge par des circuits ambulatoires qui repoussent les examens complé-
mentaires urgents de plusieurs jours en moyenne, au risque de les exposer à un AVC
entre-temps (les premières 48heures et les premiers 8jours comportent le risque le
plus élevé, comme l’essai CHANCE vient encore de le montrer). Pourquoi ? Parce que
lorsqu’un médecin généraliste, un ophtalmologiste ou un cardiologue qui voit un
patient souffrant d’AIT dans son cabinet veut l’adresser à une structure spécialisée,
celle-ci ne peut le recevoir que plusieurs jours plus tard en consultation, ou doit les
programmer pour une hospitalisation, ou n’a pas de lit pour les accueillir, ou parce que
c’est après 17heures et que les médecins neurologues ne sont plus disponibles…
Bref, l’AIT n’est pas considéré, dans la réalité de tous les jours par les UNV,
comme des urgences prioritaires que l’on ne peut pas refuser!
Oh bien sûr, on en admet sans doute beaucoup en urgence. Oui mais pas 100 %, et
même très loin de là. La durée moyenne de séjour est de 6jours selon le PMSI, alors
qu’elle est de moins de 1jour dans une clinique d’AIT dédiée. La France a été l’un des
derniers pays à mettre en place des unités de soins intensifs neurovasculaires un peu
partout sur le territoire (on considérait à l’époque que ces patients étaient déjà pris en
charge dans les services de neurologie ou de médecine interne et que, de toutes les
façons, il n’y avaient pas grand-chose à faire pour eux), quand les pays anglo-saxons et
nordiques l’avaient fait avec une décennie d’avance. Les recommandations anglo-
saxonnes récentes reconnaissent que la création de cliniques d’AIT dédiées, à côté ou
au sein des UNV, est efficace. En France, rien ne change, rien ne bouge : les patients
continuent de faire des infarctus cérébraux après des AIT alors que s’ils avaient été pris
en charge immédiatement après la première consultation dans une clinique d’AIT
dédiée, ces accidents auraient pu être évités.
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