maîtrise des dangers et exposent les forces à des
conséquences graves. Les enquêtes de terrain montrent la
complexité de l’épidémiologie des zoonoses par
comparaison aux affections strictement humaines ou
animales, et mettent l’accent sur la nécessité d’une
surveillance épidémiologique, fondement d’actions de
prévention (2).
L’objectif de ce travail est de rappeler les dangers
associés aux animaux et aux denrées d’origine animale et
de mettre l’accent sur les facteurs de risque spécifiques du
contexte opérationnel. Sur la base de ces éléments, la
stratégie de prévention à adopter sera présentée, destinée
à maintenir les capacités opérationnelles des militaires.
Identification des dangers et des
modes de contamination.
Les zoonoses transmises à l’homme par les animaux, de
manière directe ou indirecte, sont nombreuses et
d’origine variée. Certaines existent en France; d’autres
sont exclusivement exotiques.
En opérations, la rage figure évidemment en bonne
place dans l’environnement des militaires et constitue
le danger le plus redouté, de par sa gravité mais aussi
en raison de sa fréquence élevée dans tous les pays où
des forces françaises sont actuellement déployées, en
Afrique comme en Afghanistan ou au Liban. Les
autres zoonoses d’intérêt peuvent être d’origine virale,
bactérienne, parasitaire ou mycosique, dont certaines
sont extrêmement graves et parfois mortelles.
La transmission d’agents de zoonoses peut s’effectuer
par contact, par aérosols, par piqûres d’arthropodes, par
l’eau ou par les aliments. Concernant la transmission par
contact direct, en plus de la rage qui représente le chef de
file, les principales affections à redouter sont les
leptospiroses et la fièvre hémorragique d’Ebola. Les
principaux dangers, regroupés par origine en fonction des
espèces animales, sont présentés dans le tableau I.
La transmission peut survenir de façon indirecte, via
des vecteurs actifs (tiques, phlébotomes…). Ainsi, même
si maladie vectorielle en Opex rime principalement avec
paludisme, il n’en reste pas moins que d’autres affections
zoonotiques sont à considérer telles que la maladie de
West-Nile, la leishmaniose, les trypanosomoses ou la
fièvre de la vallée du Rift (2). La propagation rapide de
cette dernière maladie pose d’ailleurs actuellement la
question d’une extension à l’Europe (3).
Les produits alimentaires d’origine animale, provenant
d’animaux parasités ou infectés peuvent aussi être à
l’origine d’une contamination de l’homme. Il s’agit là
d’un mode de transmission assez habituel pour des
maladies toujours d’actualité dans de nombreux pays,
dont un aperçu est présenté dans le tableau II.
Une contamination indirecte peut aussi être assurée par
la consommation d’eau, par la baignade ou d’une manière
générale par l’environnement souillé par des déjections,
secrétions et excrétions animales. D’une manière
générale, la préoccupation la plus significative, dans
certaines régions du monde, est représentée par les
bilharzioses. En ce qui concerne la cryptosporidiose, la
participation du réservoir animal est probablement
moindre que celle de l’homme dans la pollution des eaux.
Le tableau III présente un aperçu des modes de
transmission à l’homme des principales zoonoses.
Facteurs de risque en contexte
opérationnel.
Environnement.
Le contexte épidémiologique du pays où sont projetées
les forces conditionne l’importance du risque infectieux
et parasitaire. Certaines affections, comme la rage, sont
endémiques en Afrique et en Asie avec le chien comme
vecteur principal ; d’autres sont en relation avec
l’écosystème naturel, comme dans le cas des arboviroses.
Ces maladies sévissent de façon particulière dans les
régions tropicales, qui offrent un terrain propice à la
prolifération des vecteurs et des réservoirs (2).
La situation dégradée sur les théâtres d’opérations,
avec souvent une population locale en détresse et de
nombreux animaux de compagnie abandonnés, contribue
aussi largement à l’augmentation du nombre d’animaux
errants (fig. 2). Les chiens s’organisent souvent en
meutes et ont tendance à se regrouper autour de sources de
nourriture. Les contacts accidentels entre le personnel
militaire et ces animaux, au statut sanitaire inconnu,
deviennent ainsi de plus en plus fréquents, accroissant le
risque zoonotique. En outre, la méconnaissance des
zoonoses, de leur mode de transmission et de leur gravité
est à l’origine de comportements irresponsables de
personnels, qui nourrissent les animaux errants (4).
Conditions de déploiement des forces.
Dans un environnement difficile, une force militaire se
voit souvent contrainte de s’installer de façon précaire, au
moins durant la phase d’engagement sur un théâtre, avec
inévitablement une majoration des risques associés de
transmission de maladies : protections insuffisantes
contre les rongeurs et vecteurs animés, gestion hasardeuse
des installations sanitaires, difficultés pour éliminer les
déchets… Une autre préoccupation, particulièrement
214 a. karom
Figure 1. Camp militaire français sous tentes sur l’aéroport de
Kaboul (Afghanistan).