MISE AU POINT
La Lettre du Cardiologue • n° 443 - mars 2011 | 19
les 2 premiers groupes (22 versus 39 %). Le nombre
de visites médicales était finalement identique dans
les 2 premiers groupes. Une adaptation et une opti-
misation du traitement étaient plus fréquentes dans
le groupe “guidé par le NT-proBNP”, et enfin les
taux de NT-proBNP diminuaient davantage dans
ce dernier groupe.
PROTECT (AHA 2010, non publié). Essai monocen-
trique américain qui a comparé chez 151 patients IC
avec FEVG inférieure à 40 % 2 stratégies d’optimisa-
tion thérapeutique, selon une prise en charge usuelle
ou guidée par le NT-proBNP (cible de NT-proBNP à
1 000 pg/ml). Lors de la communication orale des
résultats, il fut annoncé que le risque d’événements
cardiaques (aggravation de l’IC aboutissant ou non à
une hospitalisation, à un syndrome coronarien, à des
troubles du rythme, à un AVC ou à un décès) était
réduit de 52 % dans le groupe “prise en charge guidée
par le NT-proBNP” (p = 0,009), essentiellement du
fait des réductions des insuffisances cardiaques. L’effet
était observé quel que soit l’âge, même après 75 ans.
Ces résultats sont finalement assez nuancés, avec
des protocoles de prise en charge comportant de
nombreuses variantes et correspondant plus ou
moins à la “vraie vie” mais, globalement, ils suggè-
rent que la prise en compte du dosage du BNP dans
le suivi est bénéfique (figure 1, p. 20). En cas de taux
élevé, le médecin est incité à majorer le traitement
jusqu’à la dose optimale plus qu’en l’absence de
dosage, avec des conséquences cliniques plutôt favo-
rables, au moins chez les patients les moins âgés.
L’étude autrichienne est peut-être la plus intéres-
sante, car elle montre l’intérêt potentiel d’un double
usage du dosage du BNP : à la sortie de l’hôpital,
pour sélectionner les patients les plus à risque et
nécessitant immédiatement un suivi renforcé, puis
en cours de suivi pour guider l’optimisation du traite-
ment. Elle ne répond néanmoins pas complètement
à la question, car il n’est pas précisé si ce sont les
patients les plus sévèrement atteints qui tirent le
plus profit de cette stratégie, ce qui aurait pu être
le message espéré.
Reste à déterminer la façon “idéale” d’utiliser ces
biomarqueurs dans le suivi, sachant qu’un proto-
cole unique est probablement illusoire et que cela
différera d’un environnement médico-social ou
médico-économique à l’autre, d’une catégorie de
patients à l’autre (sortie d’hôpital ou à distance,
FEVG altérée ou non, patient très âgé ou non, etc.).
De nombreuses questions persistent : quelles valeurs
cibles, quelles périodicités des dosages, quel algo-
rithme thérapeutique, etc., et donc de nombreux
travaux restent à faire (figure 2, p. 20).
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limite de FEVG et âgés en moyenne de 76 ans furent
randomisés 2 semaines après la sortie de l’hôpital
en 3 stratégies sur une période de 2 ans : suivi
“conventionnel” sans consigne stricte, suivi “intensif”
avec consultation tous les 3 mois et optimisation
systématique du traitement, suivi “guidé par le
NT-proBNP” tous les 3 mois avec cible à 1 300 pg/ ml.
Les critères primaires de jugement étaient la morta-
lité toute cause et un critère composite associant
décès et hospitalisation pour IC. Les stratégies
“intensif” et “guidé par le NT-proBNP” eurent le
même bénéfice par rapport au suivi “conventionnel”
sur la mortalité à 1 an (9,1 versus 18,9 % ; p : 0,028),
bénéfice qui s’estompait progressivement au cours
des 2 années suivantes. Il n’y eut pas de différence
non plus sur les questionnaires de qualité de vie.
Finalement, c’est dans l’analyse préspécifiée selon
l’âge que la stratégie “guidée par le NT-proBNP”
montra un avantage sur les 2 autres stratégies chez
les patients de moins de 75 ans : mortalité à 1, 2 et
3 ans respectivement de 1,7, 7,3 et 15,5 % dans le
groupe “guidé par le NT-proBNP” contre 7,3, 20,0
et 30,9 %, et 20,3, 23,4 et 31,3 % dans les groupes
“intensif” et “conventionnel” respectivement.
Une récente méta-analyse (16) a été réalisée sur
ces premiers essais (1 726 patients) et a montré une
réduction de 24 % de la mortalité toute cause dans la
stratégie “guidée par le BNP” (RR : 0,76 ; IC
95
: 0,63-
0,91 ; p = 0,003), cela uniquement au bénéfice des
patients de moins de 75 ans. En revanche, le risque
de réhospitalisation toute cause n’était pas diminué
(RR : 0,82 ; IC95 : 0,64-1,05 ; p = 0,12).
Viennese study (10). Essai multicentrique autri-
chien mené chez 278 patients IC, majoritairement
avec une FEVG altérée, qui a comparé, pendant
12 mois, 3 stratégies à la sortie d’une hospitalisa-
tion pour décompensation : suivi “conventionnel”
sans consigne stricte, suivi “multidisciplinaire” avec
4 visites à domicile d’une infirmière spécialisée et
au moins 2 visites auprès d’un cardiologue spécia-
lisé, suivi “guidé par le NT-proBNP” avec stratifica-
tion à la sortie selon un seuil de 2 200 pg/ml et, en
cas de valeur supérieure à 2 200, suivi intensif par
un cardiologue spécialisé tous les 15 jours, voire
davantage, tant que le taux de NT-proBNP reste
supérieur à 2 200 pg/ml. Sur le taux de réhospita-
lisations ou le nombre de jours cumulés à l’hôpital
pour IC, le suivi “guidé par le NT-proBNP” présentait
de meilleurs résultats que le suivi “multidiscipli-
naire”, qui était plus bénéfique que le suivi “conven-
tionnel” (28 versus 40 versus 61 %, et 488 versus
1 254 versus 1 588 jours ; p < 0,001). En revanche, le
taux de décès était diminué de façon identique dans