DOSSIER THÉMATIQUE Controverses dans les MICI Le méthotrexate dans les MICI Un outil thérapeutique dans la maladie de Crohn pour Methotrexate: a validated therapeutic option in Crohn’s disease Franck Carbonnel* L e méthotrexate est utilisé depuis plusieurs décennies dans le traitement des leucémies et des lymphomes. À faible dose, il est employé depuis plus de 20 ans, dans le traitement de la maladie de Wegener, du psoriasis et de la polyarthrite rhumatoïde. Le méthotrexate dans la maladie de Crohn * Service de gastroentérologie, CHU de Bicêtre (AP-HP), université de Paris Sud. Le méthotrexate a montré son efficacité dans le traitement d’induction de la maladie de Crohn (MC) corticodépendante. Un essai en double aveugle contre placebo a inclus 141 malades, tirés au sort pour recevoir du méthotrexate à la dose de 25 mg/sem. en intramusculaire ou un placebo. Sur les 94 patients traités par le méthotrexate, 37 ont atteint la rémission sans corticoïdes à 16 semaines (critère principal) versus 9 sur les 47 ayant reçu le placebo (p = 0,025) [1]. Le méthotrexate est également efficace en traitement d’entretien, chez les malades ayant obtenu une rémission sans corticoïdes sous méthotrexate. Dans un essai randomisé contre placebo, la rémission sans corticoïdes à S50 a été maintenue chez 65 % des patients traités par méthotrexate (15 mg/ sem. par voie intramusculaire) et chez 39 % de ceux qui ont reçu du placebo (p = 0,04) [2]. De plus, 55 % des patients qui ont rechuté sont de nouveau entrés en rémission après augmentation de la dose de méthotrexate à 25 mg/sem. L’ECCO (European Crohn’s and Colitis Organisation) a attribué au méthotrexate une recommandation de grade A pour le traitement de la MC corticodépen- 180 | La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XVI - n° 4 - juillet-août 2013 dante et un niveau de preuve 1b pour le maintien de la rémission chez les patients qui l’ont atteinte avec le méthotrexate en traitement d’induction (3). Tolérance du méthotrexate Le méthotrexate à faible dose est utilisé depuis plusieurs décennies dans le traitement de maladies inflammatoires digestives, rhumatismales ou systémiques. C’est l’immunosuppresseur de première intention dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, une maladie plus fréquente que les MICI. On dispose donc d’un recul suffisant pour évaluer sa tolérance. Les effets indésirables du méthotrexate sont les suivants : nausées, vomissements, fatigue, diarrhée, pneumopathie, fibrose hépatique, cytopénie, infections, effet tératogène. Les effets indésirables graves sont rares. La pneumopathie immunoallergique doit être connue des prescripteurs et des patients. Une toux ou une dyspnée doivent conduire à l’arrêt momentané du méthotrexate et à une consultation auprès d’un pneumologue. Le plus souvent, il ne s’agit pas d’une pneumopathie due au méthotrexate, mais d’une bronchopneumopathie infectieuse. La gravité potentielle des pneumopathies dues au méthotrexate justifie une attitude prudente. Le risque de fibrose hépatique est faible chez les malades qui ne présentent pas d’autres facteurs d’hépatopathie. C’est ainsi que, dans une étude effectuée chez 518 patients traités avec de petites doses de méthotrexate pour une maladie inflammatoire et qui ont bénéficié d’un FibroScan® et d’un FibroTest™, 44 patients (8,5 %) avaient des résultats suggérant une fibrose hépatique sévère (4). Points forts » Le méthotrexate est un médicament efficace en traitement d’induction et d’entretien dans la maladie de Crohn corticodépendante. pour » Son profil de tolérance est plutôt meilleur que celui de l’azathioprine : autant d’effets indésirables mineurs, moins d’effets indésirables graves, recul plus important, notamment en association avec les anti-TNF. » En revanche, le méthotrexate est tératogène. » Le méthotrexate n’a pas d’intérêt supplémentaire par rapport aux thiopurines dans la MC et son intérêt n’est pas contre prouvé dans la RCH. » Il est rarement associé à l’obtention d’une cicatrisation muqueuse. » La combothérapie (IFX avec MTX) n’a pas fait la preuve de son intérêt. » La molécule est souvent mal tolérée par les patients, et la voie injectable rend son observance médiocre. Les facteurs de risque de cette fibrose hépatique étaient un indice de masse corporelle supérieur à 28 kg/m2 et une consommation élevée d’alcool. Ni la durée d’utilisation du méthotrexate ni la dose cumulative n’étaient associées avec un FibroScan® ou un FibroTest™ anormalement élevés (4). Le risque de lymphome a été évalué chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, et il n’a pas été observé d’excès de risque associé à l’utilisation du méthotrexate (5). Toutefois, quelques cas de lymphomes non hogkiniens ont été décrits chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (5). Au total, il y a peu d’effets indésirables graves chez les patients traités par méthotrexate à faible dose. Point important, la toxicité du méthotrexate est majorée chez les malades ayant une insuffisance rénale, laquelle contre-indique l’emploi de cette molécule (6). Les effets indésirables mineurs tels que les nausées, les vomissements et la fatigue sont fréquents au cours du traitement par le méthotrexate. C’est ainsi que, dans l’essai de B.G. Feagan et al. (1), 17 % des malades inclus dans le bras méthotrexate l’ont arrêté en raison d’effets indésirables (versus 2 % dans le bras placebo). Dans la pratique, les effets indésirables mineurs peuvent être en partie maîtrisés. La prescription systématique d’acide folique (5 à 10 mg/sem.) 48 heures après l’injection de méthotrexate améliore sa tolérance. Les antiémétiques peuvent réduire l’intensité et la fréquence des nausées. Enfin, chez les malades répondeurs, le passage à la voie orale et la répartition en 2 prises hebdomadaires (plutôt qu’une seule) améliorent la tolérance du méthotrexate. Le principal problème lié à l’utilisation du méthotrexate est son potentiel tératogène. C’est la seule vraie limite de la prescription de ce produit, et cela aussi bien chez les femmes que chez les hommes en âge de procréer. mandée, quel que soit l’anti-TNF, en raison d’une efficacité supérieure et d’une moindre fréquence des effets indésirables (7). Un essai randomisé en double aveugle a comparé l’association de méthotrexate et d’infliximab avec un placebo et de l’infliximab (8). Il n’y avait pas de différence entre les 2 bras quant au critère principal (absence de rémission à S14 et absence de maintien de la rémission à S50). En revanche, le taux de malades immunisés contre l’infl iximab était plus faible dans le bras méthotrexate que dans le bras placebo. Rétrospectivement, l’effectif de cet essai – 126 malades – semble insuffisant. Par comparaison, 508 sujets ont été inclus dans l’essai SONIC, qui a comparé l’infliximab, l’azathioprine et l’association des 2. De plus, les malades inclus dans les 2 bras ont reçu de fortes doses de corticoïdes, ce qui a contribué à réduire l’écart entre eux. L’absence d’immunisation contre l’infliximab est un objectif thérapeutique à part entière. Le méthotrexate diminue l’immunisation contre l’infliximab Chez les malades atteints de polyarthrite rhumatoïde, l’utilisation concomitante du méthotrexate et des anti-Tumor Necrosis Factor (TNF) est recom- Méthotrexate versus thiopurines : efficacité et tolérance Trois essais randomisés ont comparé le méthotrexate aux thiopurines dans la MC. Aucun n’a mis en évidence de différence d’efficacité entre les 2 produits. Les taux de malades sortis de l’essai en raison d’effets indésirables étaient similaires dans les bras méthotrexate et placebo, à savoir, respectivement : 11 versus 11 % (9), 4 versus 3 % (10) et 13 versus 6 % (11). Comme le méthotrexate, les thiopurines sont associées à des effets indésirables mineurs : fatigue, nausées, myalgies, syndrome pseudogrippal, arthralgies, fièvre. Les thiopurines sont également associées à des effets indésirables graves : hépatopathies cytolytiques ou cholestatiques, cytopénies, infections, pancréatites, hyperplasie nodulaire régénérative, pneumopathies immunoallergiques. À la différence du méthotrexate, les thiopurines sont associées à une augmentation prouvée du risque de lymphome (induit par le virus d’Epstein-Barr, lymphomes T hépatospléniques γ/δ) et de cancer de la peau. Mots-clés Méthotrexate Maladie de Crohn Rectocolite hémorragique Highlights » Methotrexate is an active drug for induction and maintenance therapy of Crohn’s disease. » The safety profile of methotrexate is better than that of azathioprine: less severe adverse events, longer follow up, particularly in association with anti TNF. » Methotrexate is teratogenic. » In Crohn’s disease, methotrexate is not more effective than thiopurines and we have no data in ulcerative colitis. » Mucosal healing achievement is rare with methotrexate. » Association of infliximab and methotrexate is not more effective than treatment with monotherapy. » Tolerability of this drug is poor and observance to methotrexate is low because of parenteral utilisation. Keywords Methotrexate Crohn’s disease Ulcerative colitis La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XVI - n° 4 - juillet-août 2013 | 181 DOSSIER THÉMATIQUE Controverses dans les MICI L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. Le méthotrexate dans les MICI L’association thiopurines + anti-TNF est plus efficace que les thiopurines et que les anti-TNF en monothérapie, non seulement dans les 6 premiers mois, mais aussi à long terme (12). À long terme, la tolérance de cette association est moins bien connue que celle de l’association méthotrexate + anti-TNF, utilisée de longue date chez des milliers de patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. En résumé, le méthotrexate est un médicament efficace en traitement d’induction et d’entretien dans la maladie de Crohn corticodépendante. Son profil de tolérance est plutôt meilleur que celui de l’azathioprine : autant d’effets indésirables mineurs, moins d’effets indésirables graves, recul plus important, notamment en association avec les anti-TNF. En revanche, le méthotrexate est tératogène. Le méthotrexate est une option thérapeutique à part entière chez les patients atteints de maladie de Crohn. Il est sans doute sous-utilisé dans cette indication. Son efficacité dans la rectocolite hémorragique n’est pas prouvée. L’essai METEOR du Groupe d’études thérapeutiques des affections inflammatoires chroniques de l’intestin (GETAID) a testé l’efficacité du méthotrexate dans la rectocolite hémorragique corticodépendante. Ses résultats seront présentés en 2014. ■ Un intérêt limité dans les MICI Methotrexate in iBD patient : a limited interest Xavier Roblin* contre D éveloppé depuis 1948 dans le traitement des leucémies, le méthotrexate a montré son efficacité en traitement d’attaque et d’entretien dans la MC (1, 2). Pourtant, il reste peu utilisé dans les MICI. Son usage dans les MICI L’é t u d e C E S A M E , q u i a i n c l u s p r è s d e 20 000 personnes en France, avec 680 gastroentérologues prescripteurs différents, a montré que le méthotrexate n’était utilisé dans cette cohorte que dans 7 % des cas environ (13). Une étude américaine récente a rapporté l’évolution de l’utilisation des différents traitements dans une cohorte de 108 518 patients porteurs de MICI entre 1997 et 2009. La prescription de méthotrexate reste quasiment négligeable et stable dans le temps, à moins de 5 % (14). La voie parentérale, un frein à son utilisation * Service de gastroentérologie, CHU de Saint-Étienne. L’utilisation du méthotrexate dans la MC a montré son efficacité par voie intramusculaire mais pas par voie orale. Récemment, J.W. McDonald et al. rapportaient (15) les résultats de la base de données Cochrane, montrant une non-supériorité du méthotrexate par voie orale pour obtenir une rémission par 182 | La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XVI - n° 4 - juillet-août 2013 rapport au placebo, et ce, quelle que soit la dose. Seule la voie intramusculaire était supérieure au placebo (RR : 0,73 ; IC95 : 0,61-0,93 ; NNT [number needed to treat] = 5). Il est bien connu que la préférence du patient, à efficacité et tolérance égales, revient à la voie orale. Dans une étude ayant analysé la voie orale et parentérale pour un traitement hormonal chez 208 femmes atteintes d’un cancer du sein, la voie orale était ainsi choisie dans 63 % des cas, contre seulement 24,5 % des cas pour la voie injectable (16). Il n’est pas supérieur aux thiopurines dans la maladie de Crohn Peu d’études ont comparé les 2 types d’immunosuppresseurs dans la MC. De plus, le méthotrexate était souvent utilisé par voie orale et à faible dose. Une seule étude (9) randomisée, en aveugle de l’investigateur, a comparé le méthotrexate (25 mg/sem. en intraveineuse pendant 3 mois, puis même dose par voie orale pendant 3 mois) à l’azathioprine (2 à 2,5 mg/kg/j) dans la MC. Les taux de rémission chez les 54 patients inclus étaient comparables dans les 2 bras, tant à 3 mois (33 %, versus 44 % pour le méthotrexate) qu’à 6 mois (63 %, versus 56 % pour le méthotrexate). DOSSIER THÉMATIQUE Des effets indésirables non négligeables À cause des observations faites dans le psoriasis, on a longtemps craint que le méthotrexate puisse entraîner une fibrose évolutive ou une cirrhose, mais les doses et, surtout, la fréquence des prises de méthotrexate étaient élevées. Les données concernant ce risque au cours des MICI sont maintenant rassurantes. Les effets indésirables sont dominés par les troubles digestifs avec diarrhée et nausées mais aussi céphalées et stomatite, souvent décrites après l’injection. Parmi les effets indésirables sévères, il faut noter les élévations des transaminases (7 % selon B.G. Feagan et al. [1]), les atteintes médullaires (17) et, plus rarement, les pneumonies immunoallergiques et les infections opportunistes (12). Une surveillance biologique régulière est indispensable sous méthotrexate, comme pour les thiopurines. L’arrêt thérapeutique était significativement plus fréquent sous méthotrexate (17 %) que sous placebo (2 %) [15]. Dans le travail de S. Ardizzone et al. (9), les pourcentages d’effets indésirables étaient plus élevés sous méthotrexate (63 %) que sous azathioprine (26 %), mais les arrêts thérapeutiques étaient aussi fréquents (11 % dans les 2 bras). La grossesse, une contre-indication formelle Il est formellement établi que le méthotrexate est tératogène, et son utilisation est rigoureusement contre-indiquée pendant la grossesse. Son arrêt est obligatoire au plus tard 6 semaines et jusqu’à 3 mois avant la conception, tant pour l’homme que pour la femme. En cas de grossesse sous méthotrexate, un avortement thérapeutique doit être envisagé (19). Connaissant les âges moyens des patients atteints de MICI (entre 25 et 30 ans), il s’agit d’un problème majeur en pratique clinique. De plus, l’allaitement est contre-indiqué sous méthotrexate. Un taux de cicatrisation muqueuse faible sous méthotrexate L’équipe de Bordeaux (20) a comparé les taux de cicatrisation muqueuse dans la MC sous méthotrexate, azathioprine et infliximab dans un travail prospectif. Même si cette étude, qui a inclus 41 patients, n’était pas randomisée, les taux de cicatrisation muqueuse étaient significativement plus bas sous méthotrexate (11 %) que sous azathioprine (50 %) ou infliximab (60 %). Pas de bénéfice à associer un immunosuppresseur à l’infliximab dans la maladie de Crohn L’étude SONIC (21) a clairement montré la supériorité de l’association azathioprine-infliximab sur l’infliximab ou l’azathioprine seuls. L’essai randomisé COMMIT (8) a étudié l’intérêt de l’association infliximab-méthotrexate dans la MC. La proportion de patients en rémission à S14 était de 76,2 % dans le bras méthotrexate-infliximab et de 77,8 % dans le bras placeboinfliximab (p = 0,83). La proportion de patients en rémission clinique à 1 an était également similaire dans les 2 bras (respectivement 55,6 % versus 57,1 % ; p = 0,86). Pas d’essai contrôlé dans la rectocolite hémorragique La place du méthotrexate est actuellement en cours d’évaluation dans la rectocolite hémorragique (RCH). L’étude METEOR (étude du GETAID coordonnée par le Pr F. Carbonnel) a comparé le méthotrexate à un placebo dans la RCH corticodépendante. Les résultats de cette étude, dont les inclusions sont terminées, sont attendus. Conclusion Le consensus de l’European Cancer Organisation (ECCO) [3] a privilégié les thiopurines au méthotrexate : ➤ prise en charge d’une première poussée localisée de MC : l’utilisation de thiopurines doit être envisagée. Le méthotrexate est une alternative, en particulier chez les patients intolérants aux thiopurines ; ➤ prise en charge thérapeutique dans la MC : si les indications des thiopurines et du méthotrexate sont similaires dans la MC, actuellement, le méthotrexate est généralement réservé aux formes réfractaires ou intolérantes aux thiopurines ou aux anti-TNF. ■ L’auteur déclare avoir des liens d’intérêts avec MSD, Abbvie, Norgine, Takeda, Theradiag, HAC Pharma. La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XVI - n° 4 - juillet-août 2013 | 183 DOSSIER THÉMATIQUE Controverses dans les MICI Le méthotrexate dans les MICI Le méthotrexate dans les MICI Vered Abitbol* * Service de gastroentérologie, hôpital Cochin, Paris. synthèse Comme le démontre F. Carbonnel, le méthotrexate est efficace dans le traitement d’attaque de la maladie de Crohn à la dose de 25 mg par semaine par voie intramusculaire. Le méthotrexate est également efficace en traitement d’entretien chez les malades ayant obtenu une rémission sans corticoïdes sous méthotrexate. Seule la voie injectable est efficace, contrairement à la voie orale. Pourtant, il reste peu utilisé dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Des effets indésirables peuvent en limiter l’utilisation, comme le souligne X. Roblin. Le méthotrexate peut être responsable de nausées, vomissements, fatigue, diarrhée, pneumopathie, fibrose hépatique, cytopénie, infections et effet tératogène. Les effets indésirables graves sont rares. Dans la pratique, les effets indésirables mineurs peuvent être en partie maîtrisés. La prescription systématique d’acide folique 48 heures après l’injection de méthotrexate améliore sa tolérance. Sa toxicité est majorée chez les malades ayant une insuffisance rénale, laquelle contre-indique son emploi. La pneumopathie immunoallergique doit être connue des prescripteurs et des patients. Une toux ou une dyspnée doivent conduire à l’arrêt momentané du méthotrexate et à une consultation auprès d’un pneumologue. Le méthotrexate est tératogène et son utili- sation est rigoureusement contre-indiquée pendant la grossesse. Son arrêt est obligatoire 6 semaines au moins à 3 mois avant la conception, tant pour l’homme que pour la femme. L’allaitement est contre-indiqué sous méthotrexate. Le taux de cicatrisation muqueuse est faible sous méthotrexate par comparaison avec les thiopurines et les anti-TNFα. Néanmoins, des études dans la polyarthrite rhumatoïde ont montré que le méthotrexate diminuait l’immunisation contre les anti-TNFα, ce qui en a fait une recommandation d’utilisation par la Société française de rhumatologie. Le bénéfice de l’association du méthotrexate à l’infliximab n’est pas encore démontré dans la maladie de Crohn. La place du méthotrexate est en cours d’évaluation dans la rectocolite hémorragique : les résultats de l’étude METEOR coordonnée par le F. Carbonnel avec le groupe d’études thérapeutiques des affections inflammatoires digestives (GETAID) seront présentés prochainement. Au final, le méthotrexate est une option thérapeutique dans la maladie de Crohn, en particulier chez les patients intolérants aux thiopurines. Vered Abitbol déclare avoir des liens d’intérêts avec MSD, Abbvie, Ferring. Références bibliographiques 1. Feagan BG, Rochon J, Fedorak RN et al. Methotrexate for the treatment of Crohn’s disease. The North American Crohn’s Study Group Investigators. N Engl J Med 1995;332(5):292-7. 2. Feagan BG, Fedorak RN, Irvine EJ et al. A comparison of methotrexate with placebo for the maintenance of remission in Crohn’s disease. North American Crohn’s Study Group Investigators. N Engl J Med 2000;1:342(22):1627-32. 3. Dignass A, Van Assche G, Lindsay JO et al. The second European evidence-based consensus on the diagnosis and management of Crohn’s disease: current management. J Crohns Colitis 2010;4(1):28-62. 4. 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