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La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale - n° 308 - janvier-mars 2007
Place de la TEP au 18F-FDG dans la prise en charge
des cancers ORL
18F-FDG PET in the management of head and neck cancer
IPI. Mosnier*
* Service ORL, hôpital Louis-Mourier (Colombes) et hôpital Beaujon (Clichy).
Mots-clés : 18F-FDG TEP - Cancer de la tête et du cou -
Cancer récurrent de la tête et du cou - Adénopathies métas-
tatiques - Chimiothérapie.
Keywords: 18F-FDG PET - Head and neck cancers - Recurrent
head and neck cancers - Nodal metastasis - Chemotherapy.
Le 13 juin 2006, l’APRAMEN (Association des praticiens
de médecine nucléaire d’Île-de-France) a tenu une réu-
nion sur l’intérêt de la TEP en oncologie ORL dans les
locaux du laboratoire Sanofi -Aventis.
Le Dr G. Bonardel (médecine nucléaire, hôpital du Val-de-
Grâce, Paris) a rappelé que les cancers ORL représentaient 8 %
de l’ensemble des cancers en France, avec 17 000 nouveaux cas
et 8 000 décès par an. Depuis la fi n de l’année 2006, 70 à 80 ma-
chines de TEP sont disponibles en France, dont la majorité sont
des PET scan permettant la fusion de l’image du scanner et de la
scintigraphie, ce qui améliore les performances et la qualité de
l’interprétation. Le traceur utilisé est du glucose marqué par du
fl uor18. Il s’agit donc d’une imagerie du métabolisme glucidique
avec des faux positifs possibles en cas d’infection ou d’infl am-
mation (par exemple, dans les semaines qui suivent une chirur-
gie ou une radiothérapie). Des fi xations physiologiques existent
au niveau de la sphère ORL : végétations adénoïdes, amygdales,
muscles mylo- et génio-hyoïdiens, voire parotide ou muscle
sterno-cleïdomastoïdien, ainsi que dans la graisse brune. Les
limites de l’examen (faux négatifs) sont la taille de la tumeur, qui
n’est détectable qu’à partir de 6-7 mm (micrométastases non vi-
sibles), l’absence de fi xation possible dans les carcinomes non
épidermoïdes, lors d’une chimiothérapie ou en cas d’adénopa-
thie très nécrotique. Des recommandations sur l’utilisation de
la TEP, mises à jour en 2003, sont disponibles sur le site www.
fnclcc.fr/sor.htm. Le problème est de situer la place de la TEP
par rapport à l’imagerie traditionnelle dans le bilan initial des
cancers ORL, mais également dans la surveillance, ainsi que
son impact dans le traitement. Diff érents intervenants ont ré-
sumé l’état actuel des connaissances sur ces diff érents points
(Pr C. Conessa, ORL, hôpital du Val-de-Grâce, Paris ;
Dr M. Wartsky et Dr J.L. Alberini, médecine nucléaire, centre
René-Huguenin, Saint-Cloud ; Pr J. Lacau-Saint-Guily, ORL,
hôpital Tenon, Paris ; Pr V. Gregoire, Bruxelles). Concernant le
bilan du site tumoral, la TEP ne peut pas remplacer l’imagerie
conventionnelle (TDM ± IRM), car elle n’apporte pas d’éléments
supplémentaires et elle ne permet pas d’évaluer l’infi ltration tu-
morale ni de faire le diagnostic des petites tumeurs. Concernant
le diagnostic des adénopathies métastatiques, la sensibilité et
la spécifi cité de la TEP sont très bonnes (en moyenne 80 % et
90 % respectivement), mais restent insuffi santes pour changer
de stratégie chirurgicale chez les patients N0. Concernant le bi-
lan à distance, la TEP permet l’évaluation simultanée, en un seul
examen, des métastases et des localisations synchrones, mais
elle ne remplace pas le bilan conventionnel. Elle doit être consi-
dérée comme une aide au diagnostic et à la décision thérapeu-
tique, conduisant dans 20 % des cas à modifi er la stratégie thé-
rapeutique (annulation d’une chirurgie mutilante, extension des
champs de radiothérapie, etc.). En ce qui concerne les patients
porteurs d’une adénopathie métastatique sans porte d’entrée,
les études donnent des résultats contradictoires quant à l’inté-
rêt de la TEP pour rechercher le primitif. La TEP peut orienter
les biopsies, mais une TEP négative ne permet en aucun cas
de supprimer le bilan endoscopique. Le Pr P. Halimi (radiolo-
gue, HEGP, Paris) a analysé les 16 études publiées sur ce sujet
entre 1994 et 2003, qui totalisent 302 patients : le taux de faux
positifs est de 15 % (39 % pour l’amygdale palatine) et le taux
de faux négatifs est de 4 % (38 % pour la base de langue). Ce-
pendant, le niveau de preuve de ces études est faible du fait de
leurs faibles eff ectifs (18 patients en moyenne) et des méthodes
d’analyse souvent discutables. C’est pourquoi les intervenants
recommandent la TEP avant l’endoscopie si l’examen clinique et
l’imagerie (TDM, IRM) ne permettent pas de mettre en éviden-
ce une lésion suspecte, ce qui permet d’orienter les biopsies en
cas de fi xation (fi gure 1). Le suivi après radiothérapie ± chirur-
gie est souvent diffi cile du fait des réactions tissulaires pouvant
durer plusieurs mois et rendant l’examen clinique diffi cile et
l’imagerie peu contributive. Le Pr C. Conessa a programmé sys-
tématiquement une TEP 3 à 6 mois après la fi n de la radiothé-
rapie, avec un suivi moyen de 17 mois : 50 % de faux positifs ont
été retrouvés avec réalisation d’une nouvelle TEP pour ces cas
douteux. En cas d’augmentation de la fi xation sur la nouvelle
TEP, la récidive était certaine. Aucun faux négatif n’a été réper-
torié, ce qui a permis à l’équipe de ne pas réaliser d’endoscopie
avec biopsie sur ce terrain irradié. Cette sensibilité supérieure
de la TEP par rapport à l’imagerie conventionnelle dans l’éva-
luation de la réponse thérapeutique est confi rmée par d’autres
études, ce qui incite les intervenants à recommander une TEP 4
à 6 mois après le traitement, ou de première intention, en cas de
suspicion clinique de récidive, avec biopsies orientées et autres