Année 57 - 6 / Novembre - Décembre 2014 A
Cette cavité est délimitée par
deux feuillets, un feuillet appelé
feuillet viscéral qui couvre les
organes présents dans l’abdo-
men et un feuillet pariétal. Cette
cavité peut représenter jusqu’à
deux mètres carrés. Elle est le
lieu d’échanges importants de
différentes substances. Depuis
plusieurs années, par exemple,
certaines personnes dialysées
rénales (rein artificiel) peuvent
l’être par voie péritonéale. Dès
lors, de nombreuses équipes de
recherches se sont penchées
sur l’administration d’insuline
dans ce péritoine et y ont trouvé
certains avantages.
Quels avantages ?
Avant d’aborder les progrès réa-
lisés dans le domaine de l’insu-
linothérapie intrapéritonéale, il
est important de se souvenir de
la physiologie normale. En ef-
fet, la personne non diabétique
possède une régulation de sa
glycémie parfaite, grâce à une
sécrétion d’insuline appropriée.
Lorsque la glycémie s’élève, les
cellules sécrétant de l’insuline,
appelées cellules bêta présentes
dans le pancréas, sécrètent la
quantité nécessaire d’insuline
pour maintenir la glycémie dans
les normes, en facilitant l’utilisa-
tion du glucose par les cellules
du corps. Cette sécrétion se fait
donc par ces cellules bêta et l’in-
suline est alors sécrétée dans le
sang, en particulier dans une cir-
culation sanguine qu’on appelle
la circulation porte. Cette circula-
tion porte se dirige ensuite vers
le foie. L’insuline peut donc agir
très rapidement après sa sécré-
tion physiologique, à l’inverse
d’une injection sous-cutanée qui
mettra un certain temps avant
d’atteindre le système porte. En
effet, lorsqu’on injecte l’insuline
en sous-cutané, celle-ci est ab-
sorbée par le sang dit périphé-
rique avant de revenir dans le
système porte après un certain
temps. Lorsqu’on injecte de l’in-
suline dans la cavité péritonéale,
celle-ci est absorbée rapidement
par des vaisseaux sanguins fai-
sant partie du système porte.
On comprend dès lors mieux
l’intérêt de cette voie d’admi-
nistration qui se rapproche de
la physiologie normale. Malheu-
reusement, injecter de l’insuline
dans la voie péritonéale néces-
site de franchir la paroi abdo-
minale et donc d’avoir un geste
relativement invasif. On ne peut
donc imaginer que le patient
s’injecte lui-même plusieurs fois
par jour de l’insuline à l’aide
d’aiguilles au travers de sa paroi
abdominale. Cela serait non seu-
lement douloureux, mais présen-
terait d’autre part des risques
infectieux. C’est pour cette rai-
son que certaines équipes de
recherche ont développé depuis
plusieurs années des systèmes
de perfusion continue intrapé-
ritonéale (Figure 2). Une des
premières voies de recherche a
consisté à élaborer des pompes
à insuline implantables. Le prin-
cipe est celui d’une pompe à
insuline placée chirurgicalement
sous la peau de l’abdomen et re-
liée à un cathéter qui entre dans
le péritoine. La pompe est alors
programmée à l’instar d’une
pompe à insuline classique,
c’est-à-dire avec des débits de
base d’insuline couvrant les
besoins de base, ainsi que des
bolus que le patient activerait à
l’aide d’une télécommande au
moment des repas. L’insuline
est alors injectée dans le péri-
toine et absorbée rapidement
par ce système porte, agissant
de manière beaucoup plus phy-
siologique et donc rapide. Mal-
heureusement, cette technique
suppose un geste chirurgical
non négligeable, y compris au
moment de remplir la pompe
: cela doit se faire en milieu
hospitalier dans des conditions
d’asepsie totale (du type salle
d’opération). Par ailleurs, ces
dispositifs sont toujours en
cours d’étude et font partie de
protocoles de recherche - ils
ne sont donc pas disponibles
en pratique médicale courante.
L’équipe française EVADIAC tra-
vaille sur cette technique depuis
plusieurs années. De nombreux
articles scientifiques ont été
publiés démontrant l’intérêt de
cette technique à deux niveaux :
La perfusion en intrapéritonéal,
un autre mode de diffusion de l’insuline
Figure 2. Pompe implantable délivrant de l’insuline dans le péritoine
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