Négociations environnementales Les leçons de la conférence de Varsovie En novembre 2013 s’est tenue la conférence internationale sur le climat à Varsovie, rassemblant 195 pays négociant pour arriver à un accord universel et contraignant sur le gaz à effet de serre (GES) en 2015. L’ambition était de lancer un processus menant jusqu’au sommet de Paris en 2015, où doit être conclu l’accord le plus ambitieux jamais scellé pour limiter le réchauffement. Cependant, jeudi 21 novembre 2013, les grandes ONG environnementales ont quitté ensemble la table des négociations, dénonçant le manque de progrès vers un accord général réduisant les émissions de gaz à effet de serre. « On a touché le fond » « On a touché le fond, s’indignait sur France24 Céline Charveriat, directrice internationale des campagnes et du plaidoyer chez Oxfam. On a vu l’Australie, le Japon revenir sur leurs engagements. La Pologne invite les industries minières aux négociations, je me demande ce que l’on pourrait voir de pire. » Ainsi, des discussions lentes ont tant bien que mal rythmé la conférence, mais un compromis a été trouvé. « Des contributions, et non des engagements » Suite à une prise de conscience collective qu’il y avait un risque de ne pas trouver d’accord avant la fin du sommet, ce qui aurait signifié camper inexorablement sur les « acquis » de la conférence de 2011 sur les changements climatiques (Durban), un accord a été trouvé, et de justesse. C’est finalement le terme de « contribution » (et non « d’engagement ») qui l’a emporté. Tous les Etats doivent ainsi soumettre leur contribution en termes de réduction d’émissions de GES. L’accord en quelques mots : Les parties commencent ou intensifient la préparation de leurs « contributions »… … sans préjuger du caractère juridique de ces contributions Ces contributions seront communiquées bien avant la COP (Conférence des Parties) de 2015 à Paris. L’UE veut ainsi une sorte de feuille de route jusqu’à la conférence de Paris, et plaide, comme les Etats-Unis, pour que les divers engagements soient présentés bien en amont de la conférence de Paris pour pouvoir les évaluer. Pertes et préjudices Jusqu’à ce jour, on relevait des engagements insuffisants de la part des pays riches pour abonder de nouveaux fonds visant à aider les nations déshéritées à faire face aux épisodes climatiques toujours plus violents. Ainsi, la question des pertes et préjudices, portée par les pays les plus vulnérables au changement climatique et qui en voient déjà les effets, a été mise en exergue par le désastre du typhon Haiyan, qui a fait 10 000 morts aux Philippines début novembre. Le texte répond à la demande des pays en développement en créant un mécanisme international sur les pertes et préjudices, baptisé mécanisme de Varsovie. Selon le texte voté, ce mécanisme, doté d'un comité exécutif, sert d'interface d'échange de technologies, d'expertise et de gestion des risques entre pays développés et pays vulnérables au changement climatique. L’accord devra cependant être revu pendant la 22ème conférence des parties en 2016, qui sera accueillie par le Sénégal. « Un accord applicable à tous » Quelles leçons retenir de la conférence de Varsovie pour bien aborder celle de Paris ? Des bémols récurrents : Des objectifs de réduction d’émissions de CO2 toujours revus à la baisse… Un fonds vert pour le climat toujours vide Des ONG qui quittent les négociations… … alors que l’industrie des énergies fossiles garde sa mainmise sur le débat. Une certitude : La France accueillera la conférence de l’ONU sur le climat en 2015. Un objectif : Aboutir à « un accord applicable à tous », juridiquement contraignant et ambitieux, c’est-à-dire permettant de respecter la limite des 2°C. » Rendez-vous à Paris 2015 pour la suite !