Introduction:LaGouvernancelechaînonmanquant?[1].
Il est important, au départ, de constater la profusion phénoménale de la
littérature consacrée à la gouvernance et à son rapport au développement
et à la lutte contre la pauvreté, en tant que thème de réflexion et d’action,
malgré qu’il soit relativement frais, si on admet avec Bonnie Compbell[2]
que son débarquement effectif dans la pensée sociopolitique et
économique internationale date de l’année 1992 avec l’apparition du
premier document complet sur le sujet à savoir le rapport de la Banque
Mondialeintitulé«GovernanceandDevelopment»[3].
Deux chapitres du rapport du PNUD sur la pauvreté pour l’année 2000
reflètent nettement cette nouvelle vague et mettent au premier plan «la
gouvernance» et en font le facteur capital déterminant dans la réussite de
toute stratégie de lutte contre la pauvreté. Selon le rapport, elle constitue
donc le chaînon manquant qui aurait souvent biaisé les efforts consentis
pour réduire la pauvreté. Selon d’autres études, le rapport est plus
fondamental entre, d'une part, la nature et la qualité de la gouvernance
d'un pays et, d'autre part, la réussite ou l'échec des efforts que celuici
déploiepourpromouvoirledéveloppementhumain.
Il semble donc que l’on est toujours interné dans une sorte de discours
simpliste et réducteur établissant un lien de causalité entre une variable
dépendante, en l’occurrence la persistance de la pauvreté, et une variable
indépendante à charge explicative qui a toujours changé selon
l’implication théoriquoscientifique et/ou socioidéologique du chercheur
oudel’intervenant.
En effet, à mesure que le phénomène apparaissait plus résistant, on a été
amené à reconsidérer l’explication et les méthodes de lutte contre la
pauvreté. Dominées par les conceptions émanant des institutions de
«Bretton woods», les stratégies des pays en développement en matière
de lutte contre la pauvreté sont passées d’un modèle axé sur les gros
investissements dans le capital physique et les infrastructures dans les
années 60, à un modèle, dans les années 70, qui accordait plus
d’importance à la santé et à l’éducation en tant que facteurs