Chez Homère et Virgile, les Cyclopes, fils de Poséidon, sont des géants sauvages
et cannibales, ne craignent ni les dieux ni les hommes. Ils vivent en élevant des
moutons, notamment dans l'île de Trinacrie (Sicile).
Cette catégorie de Cyclopes ne se limite pas à la mythologie grecque, puisqu'on
en retrouve des exemples dans les Pyrénées, avec le Tartaro, les Bécuts, Ulhart
(Pyrénées et Alpes), dont l'essentiel des récits correspond d'assez près aux
démêlés de Polyphème avec Ulysse.
Origines
On connaît leur penchant pour le travail des métaux : certains spécialistes
pensent donc que la légende des cyclopes provient de forgerons qui portaient
réellement une protection sur un œil, de peur d'être aveuglés en cas de
projection d'escarbilles brûlantes. Les forgerons portaient également des
tatouages en l'honneur du soleil, ce qui pourrait être une autre origine du mythe.
La génération des cyclopes pasteurs est clairement différenciée des
précédentes. Ils sont très probablement des additions tardives au Panthéon et
n'ont pas ou peu de relations avec les forgerons.
On pense aussi souvent que les légendes associées à Polyphème ne sont pas
vraiment issues du mythe des cyclopes mais n'y ont été associées que par
l'inclusion de Polyphème dans
l'Odyssée
par Homère. Polyphème pourrait avoir
été un démon local ou une sorte de monstre. Les triomates des légendes
crétoises pourraient en être la véritable origine — ils étaient une race rurale
d'ogres se nourrissant de chair humaine et qui portaient un troisième œil à
l'arrière de la tête. Cet œil excepté, ils ressemblent beaucoup aux cyclopes
d'Homère.
Une autre source possible des légendes sur les cyclopes pourrait être la
présence de crânes préhistoriques de proto-éléphants trouvés par les Grecs (on
en rencontre encore aujourd'hui) en Crète. La large cavité nasale (pour la
trompe) qui est très visible au centre du crâne aurait été confondue avec une
orbite oculaire de grande taille. Étant donné le peu d'éléphants vivants que les
habitants pouvaient rencontrer, ils avaient peu de chance de reconnaître
l'origine exacte du crâne.
Mais l'explication la plus vraisemblable est celle d'une origine indo-européenne
du mythe. Les langues des Grecs, des Celtes et de tous les autres peuples indo-
européens étaient issues d'une même langue mère. Il est donc naturel de penser
que ces peuples avaient des mythes communs remontant à un très lointain passé.