la seconde guerre mondiale une guerre d`anéantissement

M. Parchemin – Lycée Antoine de Saint-Exupéry – Classes de première générale – Année 2013-2014
LA SECONDE GUERRE MONDIALE
UNE GUERRE D’ANÉANTISSEMENT
Introduction : Alors que la Première Guerre mondiale avait montré toute l’horreur d’une guerre totale
menée avec des moyens industriels et que la SDN avait été fondée pour assurer une règlement
pacifique des conflits, le monde s’embrase à nouveau entre 1939 et 1945. Cette période voit mourir
plus de cinquante millions de personnes dont plus de la moitié sont des civils. Cette guerre est donc
bien le paroxysme de la violence au XXe siècle : elle ne peut d’ailleurs se comprendre qu’en raison
de l’importance des idéologies à cette époque. Elle voit en effet s’affronter l’Axe qui rassemble
l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et le Japon militariste et les alliés qui défendent la démocratie
libérale. LURSS malgré son idéologie totalitaire rejoint le camp anti-fasciste au moment de l’invasion
allemande. Compte tenu de la dimension idéologique de ce conflit, la Deuxième Guerre mondiale
apparaît comme une guerre d’anéantissement : nulle négociation ou armistice n’est possible, il acquit
pour les deux camps que le conflit ne peut s’achever que par la destruction totale et définitive du
système politique adverse.
Quelles sont les spécificités de la Seconde Guerre mondiale ?
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NOTIONS : Guerre mondiale, guerre totale, espace vital, Sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale,
Blitzkrieg, bombardements stratégiques, ghetto, génocide, Shoah par balles, Einsatzgruppen, Crime contre l’humanité,
ONU
→ Quelles sont les spécificités de la Seconde Guerre mondiale ?
I La Seconde Guerre mondiale constitue l’aboutissement des évolutions menées depuis la fin du XIXe
siècle
A – Ce conflit est un conflit de dimension mondiale
. Une guerre causée par l’expansionnisme des États de l’Axe, d’abord limité au théâtre européen et chinois
. La mondialisation du conflit : une victoire permise par les efforts de guerre américains et soviétique
B – Il s’agit d’un conflit fortement mécanisé qui nécessite mobilisation totale des économies
. Des moyens militaires toujours plus modernes
. Une guerre totale
C – Un conflit mené au service d’objectifs idéologiques
. Pour les puissances de l’Axe : l’expansionnisme
. Pour les alliés (occidentaux) : le respect des libertés économiques et des principes démocratiques
II – La Seconde Guerre mondiale fait véritablement figure de guerre d’anéantissement
A – Des destructions extrêmes
. Les bombardements stratégiques
. L’entrée dans l’ère nucléaire
B – L’extermination des Juifs et des Tziganes
. Les prémisses du génocide : exclusion et persécution
. L’organisation du génocide : ghettoïsation et extermination par des moyens industriels
C – La nécessité de façonner un nouvel ordre mondial
. Une organisation efficace pour réussir là où la SDN avait échouée
. Les limites d’une organisation universelle tenue par quelques puissances seulement
I – La Seconde Guerre mondiale constitue l’aboutissement des évolutions
menées depuis la fin du XIXe siècle
A – Ce conflit est un conflit de dimension mondiale
Une guerre causée par l’expansionnisme des États de l’Axe, d’abord limité au théâtre européen et chinois
La Seconde Guerre mondiale est avant tout causée par l’expansionnisme des États de l’Axe :
en 1937, la Japon envahit la Chine (après avoir colonisé la Corée en 1905 et occupé la
Mandchourie en 1931)
en 1939, l’Allemagne nazie envahit la Pologne (ultime provocation après le réarmement de la
Rhénanie en 1936, l’annexion de l’Autriche en 1938, l’annexion des Sudètes puis du reste de
la Tchécoslovaquie en 1938 et 1939)
Dans une première phase la guerre se limite à l’Europe (et à la Chine pour les Japonais) :
La campagne de Pologne
La Pologne est vaincue en quatre semaines. En vertu du pacte germano-soviétique, l’URSS envahit
la partie orientale du pays, les pays baltes sont annexés à l’URSS.
« La drôle de guerre »
Britanniques et Français organisent la défense face à l’Allemagne sur la ligne Maginot. Pendant sept
mois, il n’y a pratiquement aucun combat et les troupes campent sur leurs positions.
Pour s’assurer les approvisionnements de fer de Kiruna (Suède), l’Allemagne envahit le Danemark et
la Norvège. Les franco-britanniques tentent un débarquement à Narvik (Norvège).
La campagne de France
Le 10 mai 1940, l’Allemagne décide de lancer ses troupes vers l’Ouest. Les Allemands choisissent
de contourner la ligne Maginot. Les Pays-Bas sont conquis en six jours, la Belgique en deux
semaines, la France en six semaines. 400 000 soldats français et britanniques se retrouvent bloqués
dans Dunkerque = évacuation vers la Grande-Bretagne. Le 22 juin 1940, l’armistice est signé à
Rethondes (dans le même wagon qu’en 1918).
La bataille d’Angleterre
Dès la France vaincue, l’Allemagne se tourne vers la Grande-Bretagne. Londres et le sud du pays
sont massivement bombardés. Le pays résiste grâce à la RAF (utilisation du radars), Hitler
abandonne son projet d’invasion. Londres devient la capitale de la résistance au nazisme en
accueillant les gouvernements en exil des pays vaincus (gouvernements belge, néerlandais,
tchécoslovaque, polonais mais également la France libre en la personne de Charles de Gaulle).
Guerre dans les Balkans
Mussolini échoue dans sa propre guerre-éclair dans les Balkans : aidés par les Britanniques, les
Grecs repoussent les Italiens en Albanie. Mussolini demande l’aide d’Hitler, la Grèce est alors
soumise. En Afrique, Hitler est également forcé de venir en aide aux Italiens qui parviennent pas à
vaincre la Britanniques en Égypte. Il envoie l’Afrikakorps dirigé par le général Erwin Rommel.
La mondialisation du conflit : u ne victoire permise par les efforts de guerre américains et soviétique
En juin 1941, Hitler lance l’opération Barbarossa : l’invasion de l’URSS. Hitler considère les vastes
plaines de l’Est comme un territoire à coloniser, qui doit être exploité au bénéfice de l’Allemagne
(théorie de l’espace vital). Les Allemands avancent rapidement à travers le territoire soviétique. Les
Russes pratiquent la politiques de la terre brûlée...
Les États-Unis sont de plus en plus préoccupés par l’expansionnisme japonais en Asie. Le peuple
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américain reste toutefois hostile à l’implication du pays dans le conflit en Europe. La loi prêt-bail de
mars 1941 permet au président des États-Unis de « vendre, céder, échanger, louer, ou doter par
d'autres moyens » tout gouvernement en moyens militaires. Les principaux bénéficiaires sont le
Royaume-Uni et l’URSS (la France libre dans une moindre mesure).
Le 7 décembre 1941, le Japon attaque les États-Unis à Pearl Harbor. Le lendemain le Japon attaque
les Philippines (possession US), Hong-Kong (GB), la Malaisie (GB) et la Thaïlande. L’Indochine
française avait déjà été conquise en 1940. La Guerre du Pacifique commence.
L’année 1942 marque le tournant de la guerre sur tous les fronts :
à Midway (juin 1942), les Japonais perdent quatre des dix porte-avions qu’ils possédaient : les
Américains gagent désormais du terrain dans le Pacifique.
en Afrique du Nord, le général britannique Montgomery arrête les troupes du général Rommel
(Afrika korps et troupes italiennes) à El-Alamein en Egypte et commence la reconquête de la Libye ;
au même moment les Alliés débarquent en Afrique du Nord (novembre 1942)
les Allemands sont arrêtés en URSS : en janvier 1943, le maréchal allemand Paulus se rend à
Stalingrad : les soviétiques entament alors une lente reconquête.
L’année 1943 est marquée par la reconquête de l’Italie par les Alliés et l’année 1944 par la libération
de la France. La victoire de 1945 met en valeur les États-Unis comme première puissance mondiale
mais l’effort de guerre fut également portée par l’URSS (notamment en ce qui concerne le coût
humain).
La guerre de 1939-1945 est donc véritablement mondiale par la mobilisation de troupes et des
ressources sur tous les continents mais aussi par le fait que les combats se déroulent sur des fronts
très dispersés dans le monde. Elle met en valeur la puissance des États-Unis qui peuvent non
seulement combattre sur un théâtre d’opération à l’échelle planétaire mais fournissent également des
moyens militaires et du ravitaillement à leurs alliés.
B – Il s’agit d’un conflit fortement mécanisé qui nécessite mobilisation totale des économies
Des moyens militaires toujours plus modernes
Les victoires rapides d’Hitler sont permises par un renouvellement des tactiques militaires. Dès le
début du conflit, l’Allemagne exploite pleinement sa supériorité en véhicules blindés et moyens
aériens à travers une tactique militaire nouvelle et décisive : la blitzkrieg (guerre-éclair). Alors qu’à la
fin de la Première Guerre mondiale, les chars d’assaut servaient comme appui et protection de
l’infanterie, ils sont désormais utilisés dans des vastes unités blindées qui permettent de rompre la
résistance adverse.
La bataille d’Angleterre montre la possibilité de mener un combat uniquement avec des moyens
aériens. L’utilisation des « forteresses volantes » pour bombarder l’Allemagne et le Japon souligne la
domination des États-Unis dans cette nouvelle arme stratégique.
Dans le Pacifique, la guerre se gagne sur le maniement des groupes aéronavals qui associent
navires classiques, porte-avions et aviation.
À la fin du conflit, les Allemands tentent de reprendre l’avantage en développant des armes
novatrices telles que les fusées V1 et V2, des avions à réaction et des hélicoptères. Construits trop
tard et en trop faible nombre pour avoir une véritable incidence sur l’issue du conflit, ces inventions
constitueront cependant les armes des prochains conflits. Les Américains ne sont pas en reste
puisqu’ils misent beaucoup sur le projet Manhattan qui fera d’eux le premier pays à posséder l’arme
nucléaire.
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Ce conflit est donc une guerre fondée sur la mobilité l’usage des matériels modernes (chars,
avions, navires) permet de l’emporter mais aussi le conflit qui fait finalement entrer l’humanité dans
l’ère nucléaire.
Une guerre totale
Tout comme la Première Guerre mondiale, ce conflit est une guerre totale qui demande l’implication
de toute l’économie et de toute la société pour la victoire. L’exemple des déplacements d’usines en
URSS pour échapper à l’avancée allemande ou la reconversion des industries américaines est à ce
titre exemplaire.
Plus que jamais, ce conflit est une bataille de matériel : avant même leur entrée en guerre, les États-
Unis font figure d’« arsenal des démocraties ». Grâce à la loi pt-bail ils fournissent massivement
leurs alliées en armes et en ravitaillement. 171 grands navires de guerre sont par exemple transférés
à la Grande-Bretagne (dont 23 porte-avions). Dès leur entrée en guerre, le Victory Program vise à
transformer l’économie américaine en économie de guerre tout entière tournée vers la victoire.
L’URSS est très dépendante de cette aide qui lui parvient par la péninsule de Kola ou par le sud à
travers l’Iran : 29 grands navires et 361 petits (patrouilleurs, dragueurs de mines, etc.), 14 795
avions, 7 056 tanks, 51 503 jeeps, 375 883 camions, 11 155 wagons de chemin de fer, 1 981
locomotives, 4,5 milliards de tonnes de nourriture, des millions de tonnes de carburants, cotons,
bottes, etc.
Pour faire parvenir de telles quantités de matériel à leurs alliés les Liberty Ships (navires de
transports construits à la chaine) traversent l’Atlantique en convois pour échapper à la chasse sous-
marine allemande. Détruire les ressources de l’adversaire est en effet une condition de la victoire
dans une guerre totale. Pour vaincre les Allemands, les Américains choisissent ainsi de bombarder
en priorité les villes industrielles pour gêner la production d’armes.
C – Un conflit mené au service d’objectifs idéologiques
Pour les puissances de l’Axe : l’expansionnisme
Les puissances de l’Axe organisent rapidement l’exploitation économique des territoires conquis.
→ Doc. 1, 2 et 3 page 97
Après ses victoires en Europe, Hitler organise l’occupation du continent au service de l’Allemagne.
Matières premières, richesses et même œuvres d’art prennent la direction de l’Allemagne dans
pillage à l’échelle européenne. Les différents territoires n’ont cependant pas le même statut en
fonction de la conception raciste d’Hitler (les peuples germaniques sont associés, les latins sont
exploités et les slaves colonisés dans le cadre de sa théorie sur l’espace vital).
Les pays conquis sont directement administrés par l’Allemagne ou éventuellement à travers une
gouvernement local collaborateur (France de Vichy dirigée par Pétain, Norvège dirigée par Quisling).
En France la collaboration a même organisé un service du travail obligatoire (STO). En effet, pour
maintenir son effort de guerre, l’Allemagne a besoin d’une main d’œuvre pour remplacer les hommes
mobilisés dans l’armée. Plus de 600 000 Français sont réquisitionnés pour travail en Allemagne.
De la même manière Mussolini espérait conquérir un « nouvel empire romain » autour de la
Méditerranée : après l’annexion de l’Ethiopie (1936) et de l’Albanie (1939), les troupes italiens
échouent en Grèce en en Libye, malgré l’aide militaire allemande.
En Asie, le Japon a commencé ses conquêtes dès 1937 en Chine. Faible en ressources naturelles,
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le Japon a pour objectif de se tailler une immense empire colonial exploité au service du Japon. En
raison de conceptions racistes, les populations coréennes et chinoises souffrent énormément de
l’occupation japonaise. Le Japon organise l’Asie-Pacifique dans le cadre de la sphère de
coprospérité de la Grande Asie orientale (Empire du Japon, Thaïlande (vaincue), Mandchoukuo
(État fantoche soutenu par le Japon), Gouvernement de Nankin (collaborateurs chinois), Mengjinag
(Mongolie intérieure indépendante soutenue par le Japon), Birmanie (collaborateurs), Philippines
(collaborateurs) puis Cambodge et Vietnam français en 1945 et même des indépendantistes
indiens).
À leur apogée, les forces de l’Axe contrôlent militairement et économiquement toute l’Europe (sauf
les îles britanniques et les pays neutres (Espagne, Portugal, Suisse, Suède), une partie de l’Afrique
du Nord ainsi que l’Asie-Pacifique et l’Asie du Sud-Est.
Pour les alliés (occidentaux) : le respect des libertés économiques et des principes démocratiques
Bien qu’elles souhaitaient à tout prix éviter la guerre (la France et le Royaume-Uni laissant faire
l’expansionnisme allemand lors de la Conférence de Munich, les États-Unis restant isolationnistes),
les démocraties libérales entendent désormais lutter contre les totalitarismes nazi et fascisme ainsi
que contre le militarisme japonais. Les Alliés présentent donc leur combat comme celui des
démocraties contre des dictatures barbares. Bien que ne respectant pas les principes de la
démocratie libérale, l’URSS se retrouve dans ce discours puisque son idéologie communiste est
opposée aux discours expansionnistes voire racistes des régimes nazi ou fasciste. L’URSS signe
notamment la Déclaration des Nations Unies (1942) qui indique comme objectif de défendre « la
liberté, l’indépendance et la liberté religieuse » ainsi que « les droits humains et la justice » !
Menacés dans leurs intérêts stratégiques, les alliés entendent également placer la liberté de
circulation sur les mers comme but de leur combat. Le libéralisme économique reste en effet au
cœur de l’idéologie libérale des Occidentaux.
Ces deux aspects du libéralisme figurent dans la Charte de l’Atlantique (1941) qui servira de base
pour la rédaction de la Charte des Nations Unies à l’issue de la guerre.
II – La Seconde Guerre mondiale fait véritablement figure de guerre
d’anéantissement
A – Des destructions extrêmes
Les bombardements stratégiques
Dès le début de la guerre, des bombardements massifs sont effectués dans le cadre de la Blitzkrieg
(25 000 morts à Varsovie, 40 000 morts à Rotterdam) mais aussi des mitraillages sur les colonnes de
civils qui fuient l’avancée allemande lors de l’important exode de 1940 (10 millions de personnes sur
les routes, environ 100 000 tués).
Durant la bataille d’Angleterre, Hitler tente de briser le moral des Britanniques en bombardant
Londres (15 000 morts, 3,5 millions de personnes évacuées). L’Allemagne est le premier pays à
utiliser des missiles balistiques (V1 et V2) mais ils sont peu fiables et surtout trop coûteux.
Ces sont les Américains qui par leur supériorité technologique portent ces bombardements à leur
plus haut niveau : en détruisant totalement les villes allemandes et japonaises, ils cherchent à briser
les ressources matérielles et morales de l’adversaire afin d’éviter des combats terrestres trop
coûteux l’inverse Stalingrad avait é une bataille d’anéantissement terrestre particulièrement
meurtrière). Parmi les bombardements américains les plus meurtriers : Dresde (plusieurs dizaines de
milliers de morts du 13 au 15 février 1945) ou Tokyo (100 000 morts le 9 mars 1945) toutes deux
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