Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIV - n° 9 - novembre 2010
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dossier thématique
Sécurité cardiovasculaire
des antidiabétiques
tant pour des niveaux glycémiques plus élevés, mais il
s’agit là d’un eet non spécique, propre à toutes les
classes thérapeutiques (gure, p. 301). L’acarbose a un
mode d’action très diérent, mais un eet clinique très
similaire à celles des inhibiteurs des DPP4. Toutefois, il
réclame 3 prises quotidiennes avant les repas et n’est pas
toujours très bien toléré (atulences). Son innocuité et
son absence de risque hypoglycémique sont par ailleurs
comparables à celles des inhibiteurs des DPP4. On peut
donc sans danger viser la normoglycémie avec de telles
associations même chez des patients insusants coro-
naires. En cas d’insusance de cette association, quand
l’HbA1c remonte au-dessus de 7,0 %, un renforcement
thérapeutique doit être envisagé. Les trithérapies orales
peuvent poser problème chez des patients présentant
une cardiopathie. En eet, elles font appel soit aux gli-
tazones, soit aux sulfamides hypoglycémiants. En ce
qui concerne les glitazones, la pioglitazone garde un
intérêt compte tenu de son eet favorable sur les tri-
glycérides et la progression de l’athérome. Elle fait mal-
heureusement prendre du poids (2 à 4 kg en moyenne,
mais avec de grandes variations interindividuelles), et
favorise la rétention hydrosodée. Elle permet de gagner
en moyenne 1,2 % d’HbA1c à ce stade (22). Quant aux
sulfamides hypoglycémiants, ils représentent sans doute
la classe thérapeutique orale la plus puissante (gure,
p. 301), mais ils exposent aux hypoglycémies prolongées.
Il s’agit donc d’un traitement qui peut entraîner des
complications en cas de cardiopathie ischémique. S’ils
doivent néanmoins être utilisés, il vaut mieux utiliser
le glimépiride dont l’absence d’eet suppresseur sur
le préconditionnement ischémique a été démontrée
chez l’homme (23). Il partage avec le gliclazide l’absence
d’eet délétère dans les suites d’un épisode coronarien
aigu, contrairement au glibenclamide (24). Une alter-
native très intéressante est désormais disponible : les
analogues du GLP1. Ils ne font courir aucun risque hypo-
glycémique et induisent une perte de poids moyenne
de 2 à 4 kg (en fait très variable selon les individus). Leur
eet s’additionne aux antidiabétiques oraux (sauf les
inhibiteurs des DPP4 qu’il n’y a pas lieu de continuer).
Ils ont 2 inconvénients : il faut les injecter, 1 injection
par jour avec le liraglutide, 1 avant chaque repas pour
l’exénatide. D’autre part, ils s’accompagnent souvent de
nausées et de vomissements lors de l’instauration qui
peuvent perdurer dans certains cas. L’exénatide est plus
ecace sur la glycémie postprandiale, et le liraglutide,
sur la glycémie à jeun. Le gain en termes d’HbA1c est un
peu supérieur pour ce dernier : − 0,79 versus 1,12% dans
une étude de comparaison face à face pour des niveaux
de départ un peu au-dessus de 8 % (25). On ne sait pas,
faute de recul, si l’eet de ces traitements se maintient
dans le temps. Cet eet, quoique important, reste limité,
et ces médicaments ne ramènent les patients dans la
zone de sécurité des 7,0 % que dans la moitié des cas
environ. Pour les autres, il faut donc obligatoirement
envisager l’insuline. À ce stade, l’échappement glycé-
mique est essentiellement dû à la défreination de la
production hépatique de glucose, ce qui se traduit par
une remontée des glycémies à jeun. C’est alors la bonne
indication d’un analogue lent de l’insuline dont le prol
pharmacocinétique relativement plat limite le risque
d’hypoglycémie nocturne, contrairement à l’insuline
NPH, qu’il vaut donc mieux éviter dans cette situation.
L’injection de glargine ou de l’insuline détémir (cette
dernière a une pharmaco cinétique un peu plus courte
que la glargine) se fait habituellement au coucher, avec
une titration progressive jusqu’à la normalisation de la
glycémie à jeun. Le niveau glycémique visé doit être
adapté au risque hypoglycémique nocturne accepté ou
non. La limitation de ce traitement est que, s’il est l’arme
absolue pour le contrôle de la glycémie à jeun, il est sans
eet sur les glycémies postprandiales. C’est évidemment
le point faible. L’impact du régime n’est pas à négliger
et doit être réévaluer à ce stade, notamment la ration
glucidique, qui contribue fortement à développer une
hyperglycémie postprandiale, en particulier le matin :
le pouvoir hyperglycémiant d’une quantité donnée de
glucide est 2 fois supérieur si elle est ingérée le matin à
celle ingérée le midi, et il est intermédiaire lorsqu’elle
est ingérée au dîner (26). Si cela reste insusant, au vu
de l’objectif d’HbA1c, il faut envisager un renforcement
thérapeutique prandial spécique. Les inhibiteurs des
DPP4 et l’acarbose n’ont pas été évalués dans cette situa-
tion. Le recours habituel sont les analogues rapides de
l’insuline, soit avant le repas le plus hyperglycémiant,
en cas d’élévation modérée de l’HbA1c, soit avant les
3 repas, quand le déséquilibre est plus sévère. Mais la
dose d’analogue rapide doit être soigneusement adap-
tée à la ration glucidique ingérée : soit dose xe en cas
de plan alimentaire xe, soit adaptée à chaque repas si
le patient a été entraîné à compter ses rations de glu-
cides et à calculer la dose adéquate. Dans tous les cas,
on comprend que si le patient n’est pas parfaitement
formé au maniement d’un tel traitement, et motivé pour
le mener à bien, des hypoglycémies répétées sont inévi-
tables. Une alternative possible aux analogues rapides,
dans certains cas, pourrait être l’association avec des
analogues du GLP1. Mais ces stratégies sont encore en
cours d’évaluation.
Dans tous les cas, le bon contrôle de la glycémie n’a de
sens, en termes de pronostic cardiovasculaire, que s’il
est associé à un contrôle optimal des autres facteurs
de risque : HTA, dyslipidémie, tabagisme.
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