Cancer et environnement Novembre 2013, Journée Régionale du RCA Ghislaine Bouvier – LSTE – INSERM U897 Université Bordeaux Segalen [email protected] Une définition de l’environnement? Environnement = tout ce qui nous entoure(!?) « Tout ce qui n’est pas moi » A Einstein (≠ génétique) Environnement …économique? Environnement…social? Culturel? Environnement…familial? 2 Définition environnement pour la santé environnementale Ensemble des éléments naturels et artificiels au sein desquels se déroulent la vie humaine, milieux de vie En incluant – Environnement « général » – Environnement « professionnel » En écartant (ou non) ce qui relève de l’exposition volontaire et du comportement individuel (ex: tabac, alcool, alimentation) – Environnement subi/Environnement choisi – Sujet de controverse, débats de société 3 Variations temporelles argument en faveur du rôle de l’environnement? Progression globale entre 1978 et 2000 en France (registres de cancer) – Incidence + 63%, Mortalité + 20% Nombre supplémentaire de cas/an entre 1978 et 2000 variable en fonction des localisations – – – – – Prostate +2150 Sein +1010 LMNH +360 Colon/rectum +360 Poumon +330 Contre - Foie +270 - Rein +270 - Thyroïde +170 - Cerveau + 140 -… exemple : diminution cancer de l’estomac – Facteurs d’environnement? 4 Variations géographiques argument en faveur du rôle de l’environnement? Peut aussi évoquer le rôle de la génétique Etudes chez les migrants – Acquisition de l’incidence du pays d’accueil Etude chez des jumeaux – Des différences Habitudes de vie? Alimentation? …Environnement? 5 Différences hommes/femmes argument en faveur du rôle de l’environnement? Sexe-ratio – <1 – 1- 1,5 – 1,5-5 – >5 H/F en fonction localisation cancer thyroïde, peau LMNH, myélome, leucémies, côlonrectum, SNC vessie, rein, hodgkin, estomac poumon, lèvre/bouche, larynx, oesophage 6 Part de l’environnement dans la survenue des cancers Fonction de la définition de l’environnement – De 5…à 80% Fonction du niveau de preuve retenu – Cancérogènes certains/probables/possibles Fonction des sites de cancer Estimations – 4 à 8% pour les expositions professionnelles » Poumon 15 ~20 % – 5 à 10% pour les autres expositions environnementales – (25 à 30% pour les comportements individuels : tabac, alcool, obésité, sédentarité,…) 7 Agents chimiques Environnement général – Fumée de tabac (HAPs, benzène, arsenic, …) – Gaz échappement (particules, diesel, benzène, métaux lourds, HAPs,…) – Combustion (chauffage, bois, déchets verts : HAPs+++) – Amiante – Dioxines – Pesticides (air, eau, aliments,…) Milieu professionnel – Fumée de tabac (HAP, benzène, arsenic) – Métaux lourds (Cd, Ni, As,…) – Benzène – Amiante, fibres – Amines aromatiques – Chlorure de vinyle – HAP – Nitrosamines – Poussières de bois – solvants 8 – Pesticides, engrais Agents physiques Rayonnements ionisants – Exposition naturelle (cosmique/tellurique) – Industrie nucléaire, secteur médical (radiothérapie, radiodiagnostic, médecine nucléaire), techniques industrielles variées Rayonnements non ionisants - champs électromagnétiques » Téléphones portables, Lignes électriques à haute tension » CE basse fréquence : cancérogènes possibles (2B) » Leucémies chez des enfants résidant à proximité de ligne haute tension - Rayonnements optiques (ultraviolets) » loisirs de plein air, bronzage naturel ou artificiel 9 Environnement?...Profession?. ..Quelle frontière? Radiation ionisantes Sites nucléaires…Radiographies médicales Radiations non ionisantes Soudeur à l’arc….Téléphone portable….. Amiante • Chantiers de construction navale…housse repassage Benzène • Industrie chimique…Essence pour les véhicules particuliers (directive 98/70 CE : <1% vol) Pesticides • Traitement des cultures…Lutte contre les moustiques 10 Hill et Doyon, Bull cancer 2008 11 11 Poumon Inca, 2010 Colo-rectal Prostate ORL Oesophage 12 12 Hill et Doyon, Bull cancer 2008 13 13 Sein Poumon Colo-rectal Inca, 2010 14 14 Mortalité observée par cancers en France (InVS, CépiDC, Inca, 2011) 15 15 Incidence estimée des cancers en France (Francim, HCL, InVS, Inca, 2011) Femmes Hommes 16 16 Incidence France Hommes Cas incidents estimés chez l’homme, en France en 2000, par ordre de fréquence En 2011 : Prostate Poumon Côlon-Rectum 17 17 Incidence France Femmes Cas incidents estimés chez la femme, en France en 2000, par ordre de fréquence En 2011 : Sein Côlon-rectum Poumon 18 18 L’augmentation du nombre de cas de cancers en France ? 1980 2000 Augmentation 2000/1980 Proj. 2011 Hommes 97.000 161.000 +66% 207.000 Femmes 73.000 117.000 +60% 158.500 Ensemble 170.000 278.000 +63% 365.500 Progrès du diagnostic et du dépistage « vraie » augmentation du risque Source : réseau FRANCIM Augmentation de la population (20%) +8 Millions (19802010) Vieillissement (25%) +8 ans (19802010) 19 Etat des connaissances des facteurs de risque de cancers (CIRC – P Boffeta / Expertise INSERM) Bonne (>80%) Moyenne (30-80%) Pauvre (<30%) Poumon (1er) Utérus (4ème) Plèvre (19ème) Estomac (6ème) Mélanome (20ème) Vessie (8ème) Sein (1er) Prostate (2ème) Ovaire (3ème) Hémato SNC Thyroïde/testicules … Chez les non-Fumeurs ? 85% inconnu Tabac Inconnu 46% Hommes Fumeurs (Part des facteurs connus) Pollution 0,1% Source : Les causes du cancer en France – rapport 2007 37% Alcool 9% Manque activité physique Profession 3% 4% Obésité Infections UV 1% 0,4% 0,5% 20 De nombreuses approches sont possibles Molécules Cellules Toxicologie analytique / environnementale Organes Toxicologie EXPERIMENTAL Individu Clinique Populations Epidémiologie SHS OBSERVATION 21 Méthodes d'étude de la cytotoxicité Modèles expérimentaux : Cellules en culture (suspension ou monocouche ; primo-cultures ou lignées ; animales / humaines) Organes isolés perfusés Tranches ou coupes d'organes 22 Avantages des études de toxicité cellulaire Peu coûteuses, rapides Analyse très fine des mécanismes d'action toxique d'une substance au niveau cellulaire Grand éventail de types et de lignées cellulaires disponibles Modification des paramètres d'étude aisée Complémentaires des études animales ; réduction nb animaux nécessaires Inconvénients Mauvais reflet du devenir d'un xénobiotique dans l'organisme 23 Les études de toxicité animale Plusieurs groupes d'animaux strictement identiques (même souche, mêmes conditions d'élevage) Chaque groupe reçoit une dose définie précise Administration : Substance pure (+ véhicule huileux ou aqueux) Voie d’administration : orale (eau, aliments, gavage) cutanée parentérale (IV, IM, IP, …) inhalation : gaz/vapeur dans local hermétique puis introduction animaux dans le local Durée administration : unique ou pendant plusieurs semaines voire vie entière (chronique) 24 Les études de toxicité chronique Observation des effets survenant durant plusieurs semaines / mois / années : dosages biologiques (protéines, ions, activités enzymatiques, numérations, ...) comportement état général sacrifice : pesées, anatomopathologie, etc. dose à laquelle les animaux ne présentent aucun effet indésirable / dose la plus faible à laquelle un effet indésirable est observé 25 Toxicité pour l’être humain ? Extrapolation études animales à l'homme => incertitudes : Variabilité inter-espèces Variabilité intra-espèce Sensibilités particulières Incertitudes liées à l’essai et aux mesures 26 Apports de la toxicologie à l'épidémiologie Critères de causalité plausibilité biologique explication mécanisme toxique Indication sur les organes cibles, les types de pathologie Mais : extrapolation de l'animal à l'homme toujours sujette à caution Résorption Métabolisme Organes cibles 27 Enquêtes épidémiologiques Etudes d’observation Etudes Expérimentales « exposition » contrôlée par l’investigateur Descriptives (prévalence, incidence, écologiques, ...) Etiologique/analytique : Recherche des facteurs de risque - cohortes - cas – témoins - transversales Tirage Au Sort essais thérapeutiques Sans Tirage Au Sort interventions en santé publique (dépistage, prévention, ...) 28 ARGUMENTS EN FAVEUR D'UNE RELATION CAUSALE (d’après Sir Austin Bradford Hill, 1897-1991, publié en 1965) - Force de l’association entre un facteur et un évènement de santé et biais écartés - La relation facteur-évènement, doit-être constante et reproductible (différentes populations, différentes conditions, …) - Spécificité de l’association maladie-exposition ; - L'exposition au facteur doit précéder l'apparition de l'évènement ; - Existence d'une relation dose-effet (gradient biologique) ; - Plausibilité biologique de l’association ; - Cohérence avec les connaissances actuelles ; - Arguments expérimentaux ; … Pas de règle absolue et pas de critère statistique de causalité ! 29 L’incertitude en épidémiologie En médecine : intégrer la notion de variabilité biologique • L’épidémiologie est basée sur les probabilités, (outil statistique). L’incertitude est indissociable de sa démarche 30 L’incertitude en épidémiologie Dans les sciences du vivant, la variabilité n’est pas l’exception mais la règle - Variabilité génétique - Différences d’environnement - Hasards de la vie Ne pas oublier la variation intra-individuelle ex : glycémie à jeun ou non 31 Conséquence Aucune recherche isolée n’est capable de démontrer à elle seule un lien de cause à effet entre un facteur de risque et une maladie 32 Illustration: Champs électromagnétiques antennes-relais, téléphones mobiles – CEM Présents dans la nature (champ terrestre, activité solaire, orages,…) – Apparition de nouveaux champs » 1 à 300 kHz : transport du courant » 300kHz à 300 MHz : vidéo, radio, tv » Radiofréquences: micro-ondes, radars, téléphones – Des personnes vivant à proximité d’antennes font état de différents symptômes: céphalées, insomnie,… – Etudes en double aveugle chez des volontaires hypersensibles n’établissent pas de lien avec exposition 33 Illustration: Champs électromagnétiques antennes-relais, téléphones mobiles Baisser les valeurs réglementaires des champs électriques liés aux antennes relais? Pb de couverture du réseau? Téléphones mobiles ou antennes-relais? – Plus plausible car puissance absorbée par le cerveau supérieure à celle des antennes relais – Préconisation de mesures préventives pour les téléphones, surveillance et expérimentation pour les antennes Consensus sur les normes d’émission Etudes sur l’interaction des champs avec les tissus biologiques Etudes épidémiologiques 34 L’absence de preuve de risque n’est pas la preuve de l’absence de risque Étude plus puissante, méthodologie différente,… 35 Cancers professionnels • • • • • • Environ la moitié des agents, composés et procédés industriels classés cancérogènes pour l’homme par le CIRC sont présents dans l’environnement professionnel Environ 10 % des salariés y sont exposés en France Les risques cancérogènes professionnels pourraient en grande partie être prévenus par : - l’élimination des substances les plus nocives - la diminution des niveaux d’exposition en améliorant les protections collectives et individuelles Cancers d’origine professionnelle : entre 4 et 10 % des cancers / de 10 000 à 30 000 cancers par an en France Seulement 1 700 cancers ont été reconnus en maladie professionnelle en 2005 Causes de cette faible proportion : absence de déclaration / manque de sensibilisation des médecins qui souvent n’interrogent pas les patients sur leur passé professionnel / information insuffisante des travailleurs euxmêmes 36 Cancers professionnels = Cancer qui ne serait pas survenu en l’absence d’exposition professionnelle à un/des agents cancérogènes. En fait maladie multifactorielle associant simultanément ou successivement plusieurs sources d’exposition. Ex. du cancer broncho-pulmonaire: » Mode de vie, tabac » pollution atmosphérique, air intérieur » Profession, amiante – Approche collective en population » différence de risque entre exposés et non exposés » risque attribuable ou fraction de risque attribuable – Approche individuelle » Notion de preuve ou imputabilité : probabilité pour que le cancer du sujet soit attribuable à une exposition professionnelle donnée » Notion de présomption d’origine (tableau maladies professionnelles) 37 Cancers professionnels et environnementaux Trois références essentielles – Monographies du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) IARC Monographs on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans http://www.iarc.fr/en/publications/list/monographs/index.php – Expertise collective INSERM (2008) – Rapport CIRC / académie médecine sur les causes du cancer en France (2007) 38 39 IARC (2013) Groupe 1 : cancérogène pour l’homme – 113 Groupe 2A : probablement – 66 Groupe 2B : peut-être – 285 Groupe 3 : inclassable – 505 Groupe –1 4 : probablement pas cancérogène 40 Nombre de cancérogènes groupe 1 du CIRC par origine principale d’exposition Exposition N Environnement de travail 37* Environnement 3* Agents biologiques 10 Médicaments 23 Rayonnement 12* Mode de vie N=52 Soit ~50% du gpe 1 8 41 Evaluation globale de la cancérogénicité pour l’homme (CIRC) Groupe 1 : cancérogène pour l'homme Groupe 2A : probablement cancérogène pour l'homme Groupe 2B : peut être cancérogène pour l'homme Groupe 3 : non classable par rapport au pouvoir cancérogène pour l'homme Groupe 4 : probablement non cancérogène pour l'homme Indications de cancérogénicité chez l'homme suffisantes (limitées) limitées insuffisantes Indications de cancérogénicité chez l'animal (suffisantes) suffisantes suffisantes (limitée) limitées insuffisantes insuffisantes insuffisantes suffisantes limitées insuffisantes insuffisantes insuffisantes insuffisantes limitées suffisantes absence insuffisantes absence absence Autres données (mécanisme connu) mécanisme analogue chez l'homme et l'animal existence de données pertinentes mécanisme chez l'animal non pertinent chez l'homme existence de données pertinentes 42 IARC monograph volume 100 Dépôt et transfert – – – – VADS (fosses nasales, larynx) Poumon Peau Tube digestif Translocation loco-régionale – Plèvre, péricarde, péritoine Passage systémique – – – – – – – Rein, Vessie Foie Organes hématopoïétiques Ovaire Système nerveux central Sein Os 43 IARC monograph volume 100 agents chimiques génotoxiques, groupe 1 métaux, agents poussières et fibres, groupe 1 biologiques, groupe 1 radiations, groupe 1 44 agents chimiques génotoxiques, groupe 1 Tumeurs broncho-pulmonaires – Évidences suffisantes chez l’homme » Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAPs) suies de cheminées goudrons de houille gazéification du charbon production de coke production d’aluminium » Bis chloromethyl-ether (réactif utilisé pour la chlorométhylation) » gaz moutarde (ypérite, sulfure de dichlorodiéthyle) » Activités avec multi-expositions : fonderie et aciéries Peintures fabrication caoutchouc 45 agents chimiques génotoxiques, groupe 1 Cancers larynx – Évidences suffisantes chez l’homme » Acides inorganiques forts Cancers nasaux – Évidences suffisantes chez l’homme » Formaldéhyde » Alcool isopropylique Cancers de la plèvre – Évidences suffisantes chez l’homme » Peintures 46 agents chimiques génotoxiques, groupe 1 Tumeurs cutanées – Évidences suffisantes chez l’homme » Hydrocarbures aromatiques polycycliques (suies de cheminées; goudrons de houille) » Huiles minérales (lubrifiants machines et moteurs) » Huiles de schiste (carburants) Cancer estomac – Évidences suffisantes chez l’homme » Fabrication de caoutchouc 47 agents chimiques génotoxiques, groupe 1 Tumeurs de la vessie – Évidences suffisantes chez l’homme » Amines aromatiques (4-aminobiphénil; benzidine; 2naphtylamine; ortho-toluidine) : fabrication colorants et pigments » Activités avec multi-exposition : fabrication auramine (teintures) fabrication magenta (teintures) fabrication caoutchouc production aluminium peintures Cancers primitifs du foie – Évidences suffisantes chez l’homme » Aflatoxines (moisissures alimentaires) » Chlorure de vinyle (monomère servant à fabrication PVC) 48 agents chimiques génotoxiques, groupe 1 Hémopathies – leucémies » Évidences suffisantes chez l’homme fabrication du caoutchouc Benzène (intermédiaire de synthèse, solvant, extraction d’arômes, essence) 1,3-butadiène (caoutchoucs synthétiques, résines thermoplastiques, néoprène,…) Dioxines (UIOM, industries métallurgique/sidérurgique) Formaldéhyde (biocide, industrie chimique, colles, résines, mousses) – Lymphomes » Évidences suffisantes chez l’homme Dioxines 1,3-butadiène fabrication caoutchouc 49 métaux, poussières et fibres, groupe 1 Tumeurs broncho-pulmonaires – Évidences suffisantes chez l’homme » Métaux arsenic et dérivés inorganiques beryllium et dérivés cadmium et dérivés chrome hexavalent dérivés du nickel » Fibres : amiante (calorifugeage, flocage,…) » poussières : silice cristalline (bétons, mortiers, ciments, verre, cristal, prothèses dentaires, mines, carrières, …) 50 métaux, poussières et fibres, groupe 1 Tumeurs larynx – Évidences suffisantes chez l’homme » Fibres (amiante) Cancers nasaux – Évidences suffisantes chez l’homme » Métaux (dérivés du nickel) » Autres poussières (cuir; bois) Cancer plèvre (mésothéliome) » Fibres (amiante; erionite) 51 métaux, poussières et fibres, groupe 1 Tumeurs de l’ovaire – Évidences suffisantes chez l’homme » Fibres (amiante) Tumeurs de la vessie – Évidences suffisantes chez l’homme » Métaux (arsenic et dérivés inorganiques) 52 métaux, poussières et fibres, groupe 1 Amiante : POUMON, PLEVRE, LARYNX, OVAIRE + Pharynx, estomac, colon-rectum – Toutes les variétés d’amiante sont cancérogènes – Encore 125 millions de personnes professionnellement exposées dans le monde – 1999 : substance interdite dans l’UE (France 1997) – Persistance de l’exposition environnementale et professionnelle » Démolition, désamiantage, maintenance » Des 10aines de millions de m2 sont encore en place – Entre 1000 nouveaux cas de mésothéliome et 2000 à 4000 cancers bronchopulmonaires par an (2000 à 3000 décès par an tous K confondus) en France 53 Agents biologiques, groupe 1 Hépatocarcinomes – Évidences suffisantes chez l’homme » Hépatite B » Hépatite C Lymphomes – Évidences suffisantes chez l’homme » Hépatite C 54 radiations, groupe 1 Radiations – – – – – – ionisantes LOCALISATIONS MULTIPLES Altérations de l’ADN Radionucléides émettant des particules alpha ou béta Iode radioactif Iode 131 (enfant et adolescent) Radon (air domestique) 8 à 15 % des cancers du poumon Rayons X et gamma Neutrons Rayonnement solaire PEAU, OEIL – UVA, UVB, UVC (bloqués par l’ozone) – Y compris sources artificielles (appareils de bronzage) 55 radiations, groupe 1 sites Évidences suffisantes Poumon Radiations ionisantes Os Radiations ionisantes Foie Radiations ionisantes Tube digestif Radiations ionisantes Rein, vessie Radiations ionisantes leucémie Radiations ionisantes Système nerveux central Radiations ionisantes Sein Radiations ionisantes Peau - baso, - baso, spino, mélanomes) Radiation ionisantes UV 56 Classement du CIRC/ondes 2B 2B 1 1 1 57 2008 58 Cancer du Poumon (expertise collective Inserm 2008) Facteurs – – – – – – – – – – de risque reconnus Tabagisme passif Amiante Hydrocarbures aromatiques polycycliques Silice Cadmium Rayonnements ionisants Arsenic Béryllium Dérivés du chrome Dérivés du Nickel 59 Cancer du Poumon (expertise collective Inserm 2008) Facteurs de risque débattus – Fibres minérales artificielles (fibres céramiques réfractaires (FCR), fibres de verre à usage spécial, laines de verre / de roche / de laitier, filaments de verre continus; isolants) – Fumées diesel – Cobalt (métallurgie, accumulateurs, catalyse,…) – carbure de tungstène (outils, munitions,…) – Industrie de la viande (papillomavirus, rétrovirus, HAPs/ fumage viandes, fumées plastique emballage lors soudure ?) – Autres » Pesticides non arsenicaux » Acrylonitrile » Epichlorhydrine (fabrication résines plastiques, échangeuses ions, détergents, élastomères,…) 60 Mésothéliome (expertise Inserm 2008) Facteurs de risque reconnus – Amiante – Erionite Facteurs de risque débattus – Simian virus SV40 – Radiations ionisantes – Nitrosamines, nitroso-urées, bromate de K (chez l’animal) 61 Cancer du sein (expertise Inserm 2008) Facteurs de risque reconnus – Radiations ionisantes Facteurs de risque débattus – Composés chlorés persistants » DDT/DDE » Autres pesticides » PCB » Dioxines – HAPs – Travail de nuit 62 Cancer de la thyroïde (expertise Inserm 2008) Facteurs de risque reconnus – Radiations ionisantes (enfant) Facteurs de risque débattus – Hépatite C – Pesticides 63 2007 64 FACTEURS DE RISQUES PROFESSIONNELS Les causes du cancer en France. Académie de médecine 2007 65 Les causes du cancer en France. Académie de médecine 2007 66 Les causes du cancer en France Académie de médecine 2007 Problèmes posés par le calcul de la fraction attribuable : – Risque relatif – Prévalence des expositions dans la population générale méconnue » Ex : amiante RR = 1,5 Estimation prévalence exposition proposée : 9,1% – 969 cas attendus Estimation prévalence exposition InVS : 25% – 1870 à 3700 cas attendus 67 Fraction attribuable aux facteurs professionnels pour certains cancers (Institut de Veille Sanitaire, 2003) Poumon Mésothéliome Vessie Ethmoïdesinus Leucémies Total Fraction attribuable chez l’homme n cas estimés MP indemnisées RGSS en 1999 13-29% 2433-5427 458 85% 537-599 310 8-10 % 625-1110 7 25-41 % 60-102 67 5-10 % 112-413 27 3707-7651 869 68 Facteurs environnementaux Prévention évitable évitable Habitudes de vie Facteurs génétiques Tabac, Alcool,… Environnement Santé Facteurs physiologiques Age, sexe Alimentation - Général - Professionnel évitable 69 Nombre de salariés exposés à des cancérogènes en 2003 en France Source DARES/ANSES 70 Prévention Prévention primaire – Réduction ou suppression de l’exposition Prévention secondaire – Dépistage du cancer Prévention tertiaire – Maintien dans la vie active 71 Prévention primaire Repérer le danger – Substances étiquetées » réglementation européenne – Agents cancérogènes générés par le process » Produits de décomposition, intermédiaires chimiques Évaluer l’exposition et le risque – Métrologie, biométrologie – Relations dose-effet Supprimer ou réduire l’exposition – Principe de substitution – Protection collective – Protection individuelle 72 Efficacité comparée des actions de prévention du risque cancérogène 73 Prévention secondaire Dépister le cancer quand qui comment Pendant l’exposition Médecin du travail Suivi médical renforcé (CMR) Après l’exposition, mais pendant la vie active Médecin du travail Suivi médical renforcé post exposition (CMR) Après la vie active Médecin traitant Suivi médical post professionnel 74 Prévention secondaire Suivi post professionnel – Médecin traitant – Prise en charge / Sécurité sociale pour les ressortissants du régime général – Proposé à tout ancien salarié ayant eu une exposition professionnelle reconnue à un cancérogène (code Sécurité sociale) – Protocoles HAS » Amiante (2010) » Bois (2011) » Cancérogènes vessie 75 Prévention tertiaire Maintien dans l’emploi – Aptitude médicale rédigée par le médecin du travail » Visite de reprise » Visite de pré-reprise 76 Réparation Au titre des maladies professionnelles – Tableaux MP – Hors TMP Autres cadres – Indemnisations prévues par décret » Amiante (FIVA) » Essais nucléaires (CIVEN) – Tribunaux 77 Maladies professionnelles Existence d’un tableau correspondant à un agent cancérogène : – Tous les critères sont réunis » Présomption d’origine (CPAM) – Un critère fait défaut » Lien direct (Comité Régional de Reconnaissance des Maladies Professionnelles) Pas de tableau : » Lien direct et essentiel (CRRMP) 78 Maladies Professionnelles Statistiques (2009) Sous-estimation +++ : » ne touche pas toute la population (RG et RA) » réparation peu satisfaisante » crainte de la perte d’emploi » procédure complexe et peu connue Régime général : – environ 18 millions de salariés – 99 275 déclarations – 49 341 maladies professionnelles reconnues (55 000 en 2011) – 30 392 refus 564 décès Coût +++ – directs (frais médicaux, indemnités, rentes) – Indirects 79 1800 1600 1400 1200 Total Cancer 1000 Cancer bronchopulmonaire - amiante 800 Mésothéliome 600 Cancer de l'ethmoïde 400 Cancer de vessie 200 Cancer bronchopulmonaire autre 0 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 80 80 Synthèse Rôle du médecin du travail – Surveillance du milieu de travail : évaluation et gestion des risques CMR – Surveillance médicale des individus » Dépistage » Maintien dans l’emploi » Veille sanitaire et identification des clusters Expositions méconnues à un cancérogène avéré Expression d’une exposition à un cancérogène non avéré 81 Synthèse Rôle du médecin traitant – Dépistage ciblé (surveillance post professionnelle) – Diagnostic étiologique de tout cancer incident – Réparation (Certificat Médical Initial en vue de la déclaration MP) – Maintien dans l’emploi (transmission des informations au médecin du travail, en accord avec le patient) 82