collaborateurs du DEWS, avec une carte de visite DEWS, sans toutefois que leur salaire soit pris en
charge par celui-ci. L’organisation s’en trouve compliquée, peu transparente. Avant l’arrivée du
Valais, le directeur du DEWS pouvait assurer la coordination de l’ensemble et prendre des mesures
pour favoriser une répartition équilibrée des projets et une bonne circulation de l’information. Ce
n’est aujourd’hui plus possible et l’organisation actuelle prétérite le Valais, moins bien informé que
ses deux partenaires sur l’arrivée des projets.
La construction juridique retenue est un contrat passé entre les organes de promotion économique
exogène (DEV, DEN et DEVS) afin d’instituer une société simple, le DEWS. Son directeur est donc le
patron d’une entité créée par trois organismes cantonaux aux statuts juridiques disparates2.
N’occupant pas une fonction publique, il ne peut pas engager l’Etat ni signer de documents
officiels. La situation est d’ailleurs la même quand il agit à titre de directeur du DEV ou du DEN. Le
cas du DEVS, service de l’Etat, est différent.
En raison de la complexité de sa structure, ce que représente exactement le DEWS n’est pas clair
dans l’esprit du public ni même pour les acteurs de la promotion exogène. Le DEWS correspond pour
certains à une cellule marketing, pour d’autres à un label régional et pour d’autres encore à
l’ensemble de la promotion exogène des cantons partenaires.
La stratégie est-elle pertinente ?
Définir la stratégie d’une organisation consiste à en fixer les buts fondamentaux et à choisir les
modes d’action et la répartition des ressources qui permettront de les atteindre le mieux possible.
L’arrivée de nouveaux partenaires, l’affectation des moyens financiers supplémentaires, la création
d’un réseau indépendant d’agents ou l’utilisation des structures mises en place par la Confédération
chaque fois que cela est possible, de même que la mise à contribution plus ou moins importante des
multiplicateurs constituent des choix éminemment stratégiques.
La définition de la stratégie du DEWS appartient en théorie au conseil d’administration, avec l’appui
de la direction. Or, en pratique, les débats au conseil portent sur des questions de détail et non sur
les buts fondamentaux et les moyens de les atteindre. Les séances sont convoquées par la direction;
c’est elle qui établit l’ordre du jour. Il y a là un sérieux problème : comment veut-on que le conseil
d’administration exerce souverainement son devoir de surveillance s’il ne peut décider du contenu
des séances ? La lecture des procès-verbaux montre par ailleurs que les questions des
administrateurs ne reçoivent le plus souvent pas de réponse. Mais dans l’ensemble, ils se montrent
assez dociles et peu curieux. De plus, pour satisfaire aux principes de bonne gouvernance, le conseil
devrait réunir une majorité de membres indépendants de la direction et sans relations d’affaires
avec le DEWS ou sa direction. Or cette condition n’est pas remplie. Le conseil est en outre fort mal
informé : un administrateur externe à l’organisation doit remplir son mandat en ne sachant à peu
près rien de l’activité du DEWS et ne peut même pas consulter le rapport d’activité puisque ce
document n’existe pas (cf. ci-dessous, Que valent les outils de gestion ?).
Nos entretiens avec les personnes directement concernées montrent que les décisions stratégiques
sont prises par la direction et que les membres du conseil, faute d’avoir reçu une information
appropriée en temps utile, n’ont d’autre choix que d’en prendre acte. Cela concerne en particulier
l’adhésion de nouveaux cantons et l’affectation de leur contribution à l’augmentation des dépenses
le DEWS ou à la diminution de l’apport des autres membres.
La stratégie actuelle reproduit le modèle introduit dans le canton de Neuchâtel dès le milieu des
années 1980 par le responsable de la promotion économique d’alors, M. Karl Dobler. Elle consiste à
mettre sur pied dans les différentes régions du monde un réseau d’agents dont la tâche est d’établir
un premier contact avec des entreprises susceptibles de créer une activité en Suisse. Il s’agit
ensuite d’amener les entreprises à faire une visite dans l’un ou l’autre des cantons partenaires.
Toute la question est de savoir si la politique d’acquisition à grande échelle qui a assez bien
fonctionné jusqu’au milieu des années 1990 est toujours pertinente dans un monde globalisé où il
est devenu possible de produire à peu près n’importe où sur la planète. De nombreux indices
2 Le DEV est une association, le DEN une Sàrl et le DEVS, une direction de l’Etat.
Université de Neuchâtel/IRER 2