L
érysipèle est une maladie
infectieuse aiguë caracté-
risée par une inflamma-
tion de la peau. La bacrie en
cause provient d’une infection
cutanée ou rhinopharyngée appe-
lée “porte d’entrée”, retrouvée dans
plus de trois quarts des cas. Il peut
s ’ a g ir d’une plaie banale non soi-
gnée, d’une érosion à peine visible
(voire même cicatrisée), d’une fis-
sure, d’une piqûre, non traumati-
santes et donc négligées. On peut
aussi avoir affaire à un ulcère vari-
queux, à un intertrigo interdigi t a l .
En fait, toute dermatose infectée
peut être une cause de déclenche-
ment de l’érysipèle. Pour que cette
effraction permette que l’infection
se diffuse aux couches profondes
du derme, d’autres facteurs favori-
sants sont nécessaires, telles une
insuffisance veineuse ou art é r i e l l e
et surtout l’existence d’un œdème
des membres inrieurs, que cet
œdème soit d’origine cardiaque
(par insuffisance) ou veinolympha-
tique. D’autres causes sont parfois
r e t r o u v é e s : en postopératoire,
après une chirurgie de la hanche
(pose de protse), une saphé-
nectomie, un pontage coronarien.
Ce sont encore l’existence d’une
thrombose veineuse sous-jacente,
la prise gulière d’A I NS, la pré-
sence d’un terrain fragilisé ou débi-
lité par une
p a t h o l o gie chronique
comme un alcoolisme, un diabète,
une obésité.
Diagnostic
Linfection est due, dans plus de
80 % des cas, à un streptocoque.
Son diagnostic repose sur l’associa-
tion de signes locaux : la présence
d’un placard érythémateux, à
limites nettes, plus rarement est
retrouvé le classique bourrelet péri-
phérique. Ces lésions peuvent sié-
ger en différents endroits du corps,
depuis les membres jusqu’au visa-
ge (où la lésion est alors bilatérale).
Souvent sont associés un ganglion
satellite et une lymphangite.
À côté des signes locaux, des mani-
festations générales sont présentes,
avec une fièvre qui peut s’accompa-
gner de frissons, dans le cadre d’un
syndrome infectieux géralisé. Le
diagnostic porté, il convient de re-
chercher la porte d’entrée et de
mettre en route le traitement, sans
s’encombrer d’examens complémen-
taires. Ils ne peuvent, avec la NFS
(numérotation formule sanguine),
que confirmer la leucocytose à PN
(polynucléaires neutrophiles) et
l’aug
-
mentation de la CRP
(protéine C-
réactive), non spécifiques en ce cas.
Traitement
La porte d’entrée, une fois retrouvée,
se doit dêtre soignée en premier,
non par l’application inutile, voire
toxique, de pommades anti-infec-
tieuses, mais par un traitement
adapté. Ainsi, un intertrigo ne sera
pas pris en charge comme une
plaie cutanée, parée si nécessaire,
ou un ulcère. Le traitement par voie
générale bute par l’administra-
tion immédiate de 3 à 4,5 g par
jour d’amoxicilline. Il est à suivre en
trois prises journalières et au moins
pendant une durée de 15jours. Si
le patient est allergique, on prescrit
une pristinamycine ou un macro-
lide. Il est inutile d’associer un trai-
tement anticoagulant, sauf si l’on
craint les conséquences d’un repos
ou d’un alitement forcé. Il est
contre-indiqué dassocier la pres-
cription de corticoïdes, susceptibles
de favoriser l’apparition de fasciites
crosantes. En revanche, il est
inutile d’arrêter un traitement corti-
sonique au long cours. L’ensemble
de cette médication est prescrite en
ambulatoire. En revanche, si des
signes d’aggravation d’embe ou
secondaire apparaissent, il convient
alors d’hospitaliser le malade.
Prévention des récidives
La guérison est habituelle si le trai-
tement est précoce, mais les réci-
dives sont fréquentes, imposant
une antibiothérapie préventive. La
meilleure prévention d’une rechute
est un premier traitement efficace.
Mais, si les doses d’antibiotiques
sont suffisantes et poursuivies
a s s ez longtemps, une récidive est
peu probable, surtout si le traite-
ment de la porte d’entrée a é
assuré correctement. Il convient
également de prendre en charge
les facteurs favorisants déjà vus :
insuffisance veineuse, lymphatique,
cardiaque…
Ainsi, la lutte contre la stase vei-
neuse doit être entreprise à l’aide
de séances de drainage manuel,
éventuellement associées à la prise
de préparations veinotoniques,
d o n t
l’efficacité n’est pas totale-
ment démontrée. Il faut aussi éra-
diquer tout foyer, où qu’il soit situé,
susceptible d’être un réservoir de
streptocoques. Il peut parfois être
utile d’envisager une antibiothéra-
pie au long cours sous forme orale
ou injectable retard. Des vaccins
sont à l’étude, mais ne sont pas
encore disponibles. Si le traitement
initial est bien conduit, si les fac-
teurs de risque sont contrôlés, la
principale complication, à savoir la
fasciite nécrosante, peut être évi-
tée. Cette nécrose des plans pro-
fonds de la peau nécessite un acte
chirurgical d’urgence et peut causer
de graves labrements, voire le
décès.
JB
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 55 • mai 2004
Actua l ité Sa nté
1 1
L’érysipèle est principalement une infection streptococ-
cique des couches profondes de la peau, derme et hypo-
derme. La porte dentrée doit être soigneusement recher-
chée et soignée.Il s’agit de prévenir une fasciite nécro-
sante, de sombre pronostique.
Dermatologie
Mieux connaître lérysipèle
Infos
...
Quand doit-on
hospitaliser ?
On doit hospitaliser :
si un doute existe
sur le diagnostic
avec, par exemple,
une suspicion de
thrombose veineuse
superficielle ;
en cas de doute sur
une staphylococcie
maligne de la face ;
si le terrain
du patient est fragile
(pathologie débilitante
sous- jacente) ;
si les signes
généraux sont
importants (troubles
confusionnels, fièvre
importante,
décompensation
cardiorespiratoire) ;
si le contexte socio-
familial est déficient.
Actualités 22/06/04 16:18 Page 11
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