La Funk

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La Funk
I. Les Origines.
Le funk est une forme de musique afro-américaine apparue aux États-Unis à la fin des années 1950 à
La Nouvelle-Orléans où l'idée de ces rythmiques est venue des bars de La Nouvelle-Orléans qui
étaient plutôt pauvres et ne possédaient qu'un piano pour distraire la clientèle. Le piano était pour
les musiciens l'instrument idéal pour synthétiser à la fois la basse, la batterie, la guitare, le chant ou
les cuivres sur un seul instrument. Le funk débarqua ensuite dans les rues de La Nouvelle-Orléans,
interprété par les Brass Band bien avant que James Brown et le saxophoniste Maceo Parker ne
popularisent son style.
Il est dans la lignée du mouvement Hard bop et Issu principalement de la soul et du jazz, elle s'est
développée au cours des années 1960 et années 1970.
Selon certaines interprétations, le terme funk proviendrait de l'argot anglo-américain funky, qui
signifie littéralement « puant », « qui sent la sueur », reproche traditionnellement adressé aux noirs
par les WASP, et repris ensuite à leur compte par les artistes noirs tel que Horace Silver dans son
morceau "Opus de Funk" (1953) .
II. Les Caractéristiques.
Le funk se caractérise par la prédominance de la section rythmique qui joue des motifs syncopés, la
présence quasi-systématique de cuivres sur des ponctuations rythmiques (riffs) ou bien des solos, et
de manière générale, par la grande place accordée aux instruments.
Contrairement aux joueurs de Hard bop et à la soul traditionnelle qui privilégie le format « chanson »
et le tandem chanteur-producteur, les musiciens de funk construisent une œuvre collective autour
de la section guitare/basse/ batterie qui jouent le "groove", une figure rythmique extensible et
modulable à volonté qui permet aux vocalistes et instrumentistes d'intervenir à volonté.
III. Les différents styles de Funk.
Années 1960
Au milieu des années 1960, le funk prend vie depuis ses racines rhythm and blues et soul, les paroles
insistant sur la défense des Noirs et les difficultés du ghetto. James Brown, surnommé « The
Godfather Of Funk » est considéré comme l'initiateur d'un funk urbain et revendicatif, d'abord avec
le titre Papa's got a brand new bag, sorti en 1965 pour King Records, suivi du célèbre Sex Machine,
en 1970.
En réalité, le véritable inventeur du funk fut plutôt son saxophoniste Maceo Paker.
Brown est suivi de près par des formations telles que Dyke and The Blazers ou Archie Bell and The
Drells, Sly & The Family Stone, The Counts, The JB's, Wilson Pickett, dans cette veine, citons
également The Meters, un groupe de La Nouvelle-Orléans, ville autrefois française dont l'histoire
musicale et l'existence de son carnaval prédisposaient à être un des berceaux du funk.
L'instrumentation y est dépouillée, le jeu y est débridé et foisonnant, aux croisements du rhythm and
blues, de la soul et du jazz.
On parle de la vie de tous les jours, des difficultés du ghetto.
Années 1970
Le développement commercial du funk accompagne, à partir de la fin des années 1960, celui de la
culture afro-américaine, à l'image de James Brown, qui signe en 1973 la bande originale
du blaxploitation film Black Caesar. Le mouvement funk reste dans un premier temps ignoré du
public blanc, qu'il parvient finalement à toucher, surtout grâce à la disco, dans la seconde moitié des
années 1970. Le grand public est finalement converti, notamment par les groupes The
Commodores avec Lionel Ritchie et Chic, de Nile Rodgers(guitare) et Bernard Edwards (basse), qui
enchaîne les succès à partir de 1977 (Chic Cheer, le Freak, Good Times, pour ne citer que les plus
connus). Des groupes fondés à la fin des années 1960, comme Kool & The Gang, ou encore Earth,
Wind and Fire, jusque là connus des amateurs, connaissent alors un succès public considérable.
Le funk commence alors à se diversifier :
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Le mouvement jazz-funk : dans les années 1970, dans le prolongement du mouvement
HardBop, des musiciens de jazz s'inspirent du funk. Et, le jazz-funk s'ouvre aux balbutiements
de la musique électronique, du fait principalement de Miles Davis, d'Eumir Deodato et
de Herbie Hancock, pianiste de jazz de formation classique, qui sort en 1973 l'album Head
Hunters, son plus grand succès commercial. On peut également citer le guitariste Jeff
Beck (ancien membre des Yardbirds), qui sort l'album Blow by Blow en 1975, le
bassiste Stanley Clarke, le groupe Funk Inc., ou encore le pianiste Hubert Eaves. Il faut encore
mentionner, dans un style qui reste plus proche du jazz classique et de la soul, certaines
œuvres de Stevie Wonder, comme du guitariste George Benson, dont le morceau Give me
the Night est devenu un classique du genre. Les femmes ne sont pas non plus en reste, on
notera notamment les performances de Betty Davis et de Gwen McCrae pendant les années
1971 et 1972 ou de Patti Austin. Françoise Hardy elle-même se prêtera à l'exercice le temps
d'un morceau : J'écoute de la musique saoûle (1978). Toujours côté français, on peut
également citer, surtout pour l'utilisation des guitares, Bernard song de Véronique
Sanson et Où sont les femmes de Patrick Juvet, deux titres de la deuxième moitié des années
70.
Le mouvement P-Funk : durant toutes les années 1970 et jusqu'au début des années 1980,
un autre style se déploie, qui prend ses distances avec la réalité. Amorcé par le funk
psychédélique assaisonné au rock de Sly and The Family Stone, il aboutira a la naissance de la
galaxie P-Funk (pour Parliament-Funkadelic et Plush Funk) de George Clinton qui mélangera
toutes les influences du moment à un groove irrésistible. Parliament, Funkadelic, Bootsy
Collins Rubber Band, P-Funk Allstars : ces groupes s'amusent à imaginer qu'ils débarquent
d'un vaisseau spatial pour libérer les humains des forces négatives d'un monde sans funk ! Le
nom des tournées est éloquent: « The P-Funk Intergalactic U.S. Tour » par exemple.
Orchestre à géométrie variable (parfois plus de 40 musiciens sur scène!), expérimentations
sonores, extravagances, délires et drogues à foison.
Le mouvement disco-funk opère la fusion entre les rythmes discos et les cuivres
caractéristiques de la funk des années 1970. On peut notamment citer Michael Jackson et
son album Off The Wall (1979), considéré comme un classique du genre, ainsi que les
productions des frères Jackson sous le nom des Jacksons, avec les
albums Destiny et Triumph. Des groupes comme Kool & The Gang et Earth, Wind and Fire,
issus du jazz-funk, ont opéré leur mue et rejoint cette mouvance pour en devenir des
références éclatantes. Chic, formé à la fin des années 70, devient également une des grandes
icônes du disco-funk.
La naissance du rap : à la fin des années 1970, le recours aux boîtes à rythme, aux
platines vinyl et aux dernières générations de synthétiseurs est concomitant à la disparition
des grands funkbands devenus trop chers à produire en concert. Armés de platines bricolées,
les premiers DJ, comme Grandmaster Flash, jouent les disques de funk de leur enfance en les
triturant via des tables de mixage et inventent les premières techniques de scratching. C'est
la relève : les groupes comme Sugarhill Gang, Trouble Funk, et bien d'autres seront la base
funky de la future révolution hip-hop. Finis les textes cosmiques et autres délires
psychédéliques, la jeune génération reparle du ghetto et de son quotidien. On se trouve à la
charnière entre le funk et le hip-hop, dont le meilleur exemple est le fameux Rapper's
Delight de Sugarhill Gang, construit sur un sample de la légendaire ligne de basse du
morceau Good Times, du groupe Chic. On peut également citer Drop the Bomb, de Trouble
Funk, ou le morceau Rockit, signé par Herbie Hancock. Ils ouvriront la voie aux premières
véritables stars du hip hop : KRS-One, Public Enemy...
Années 1980
La musique funk sera bouleversée au début des années 80 par l'arrivée massive de nouveaux
instruments électroniques, notamment les synthétiseurs et boîtes à rythme conçus par exemple par
les usines Roland.
Certains groupes, issus des années 70, comme Earth, Wind and Fire ou Kool & The Gang,
s'approprient ces instruments tout en prolongeant l'esprit de la musique funk des années 70, proche
de la disco noire américaine, centrée autour du groupe et propice au live.
D'autres artistes, groupes ou producteurs émergent, générant une musique différente, davantage
tournée vers l'électronique et le travail en studio, définissant une nouvelle forme de groove, mais
qui, par la présence de grandes voix et de compositions souvent mélodiques, renvoie néanmoins à
l'esprit soul des années 70.
Durant cette période de nouveaux labels apparaissent et un très grand nombre de Maxi sortent pour
des groupes qui parfois ne font que quelques titres avant de disparaître. C'est une période
extrêmement prolifique, avec au final, une très grande variété de sons. C'est la partie cachée de
l'iceberg, toute une galaxie d'artistes qui n'est que trop méconnue.
Cette mouvance, au côté du Hip-Hop, contribuera de manière importante à l'évolution de la musique
dite électronique.
Vers le milieu des années 1980 un déclin relatif du funk s'amorce, en 1985 on assiste à la naissance
de l'electro. Puis le New Jack Swing initié par Guy, la Dance ou l'Acid House contribuent à son éclipse.
Plusieurs styles de funk sont actuellement reconnus par les amateurs du genre. Parmi ceux-ci on
retrouve :
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Funk-soul : funk du début des années 1980 fortement connotée soul music (ex : Leon Ware).
Brit funk : funk anglais dont l'énorme production a réussi à imposer des standards tels que
Delegation, Loose ends, Total contrast, Level 42, Phil fearon and Galaxy, Central line, Billy
Ocean, Imagination, Hi tension, The cool notes...
Boogie-Funk : funk début 1980 plus dansante (ex: Pure energy, Change, Atkins).
Italo Funky : funk produit en Italie. Il s'agit souvent de groupes dont les interprètes sont
américains, anglais ou d'origine anglophone : Firefly, Armed Gang, Ago, K.I.D, Rainbow Team
ou bien encore Kano (alias Dr. Togo). Pino d'Angio avec ses titresOkay Okay et Ma quale
idea est l'un des rares à avoir fait du funk vraiment italien.
Electro-Funk : que l'on retrouve principalement à partir de 1984 et qui est un savant mélange
entre instruments de tradition et sons numériques (ex: Carmen, Yvette Cason, Midnight Star,
Risan, etc.).
Modern soul ou northern soul : dérivé musical de la soul à mi-chemin entre le funk et la new
jack que l'on retrouve principalement dans la deuxième moitié des années 1980.
Il existe d'autres appellations caractérisant les morceaux tels que midtempo ou uptempo indiquant
l'ambiance générale du son (mélodieux ou dansant)
Hormis les États-Unis où il est né et l'Angleterre, sa 2e patrie, le funk a fait des émules dans de
nombreux pays : l'Italie mais aussi la France, le Brésil, le Nigéria, la Suède et même le Japon.
Depuis les années 1990
Aujourd'hui, le funk reste un genre qui insémine de nombreux morceaux : l'écoute successive
de Atomic Dog de George Clinton(1982), puis de What's my name de Snoop Dogg (1993) en est un
bel exemple. En effet, tout au long des années 1990 et 2000, les producteurs hip-hop et R'n'B puisent
beaucoup de samples et de breakbeats dans les disques de funk de l'époque pré-disco (avant 1975).
Parallèlement, des artistes tels que Maceo Parker et Fred Wesley, respectivement ex-saxophoniste et
ex-tromboniste de James Brown, qui entament individuellement une brillante carrière solo des
années 1970 à aujourd'hui, perpétuent les véritables sources du funk dans leurs compositions,
suscitant ainsi l'intérêt des puristes du genre. Par ailleurs, la scène funk est aussi active au travers de
festivals ou de concerts (comme le Smooth Jazz Cruise) regroupant des artistes de renommée
mondiale comme Marcus Miller,Brian Culbertson ou David Sanborn.
Prince est un des artistes qui, tout au long de sa carrière, a repris le flambeau du funk,
particulièrement sur scène en s'adjoignant des musiciens comme Maceo Parker ou le bassiste Larry
Graham, un des pères de la technique du slap.
Le groupe anglais Jamiroquai connait encore un énorme succès (plus de 40 millions d'albums vendus)
grâce à sa recette à base de funk ultra-speed mélangée à différents courants : acid-jazz, rock, electro,
disco... suivant les périodes du groupe (1991 - 2012).
Conclusion
Le funk est un bouillonnement échappé des cerveaux fissurés de trois génies: James Brown, Sly
Stone et George Clinton. Des discussions sur l'appartenance soul ou funk de tel ou tel musicien
pourront prolonger indéfiniment les débats, une chose est sûre: ces trois fous furieux,
charismatiques à souhait, ont chacun apporté une contribution considérable à cette musique. Trois
personnalités qui ne déboulent guère les mains vides et le CV vierge. Surtout pour le plus
phénoménal d'entre tous : James Brown, une institution à lui seul, un phénomène typiquement
américain, avec ses contradictions, ses coups d'éclat et surtout ses coups de génie.
Actuellement de nombreux collectionneur investissent dans les LP mais aussi les maxi 45 tours (ou
bien maxi 33 tours) en découvrant d'autres artistes et groupes ayant produit uniquement aux US
pendant les années 1970 et une bonne partie des années1980 tout comme de nombreux LP n'ont
jamais été ressortis en compact disc ce qui leur ajoute encore plus de valeur pour les collectionneurs.
Aujourd'hui, le funk reste un genre qui insémine de nombreux morceaux : l'écoute successive
de Atomic Dog de Funkadelic (1982), puis de What's my name de Snoop Doggy Dogg en est un bel
exemple.
Les disques de la grande époque funk attirent toujours de nombreux amateurs, comme en
témoignent les nombreux vynils qui circulent sur les sites d'enchères ainsi que le nombre de
conventions discographiques en France, qui réunissent les passionnés.
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