musulmans mais qu'il était enraciné dans l'histoire de l'Islam, transmis par Ibn-Taymiya et
plus tard Ibn Abdel-Wahhab.
Ma réaction à la fatwa ? Au début j'ai pensé que c'était une plaisanterie. Vous accusez
quelqu'un d'être fasciste et il vous répond : « Non, je ne suis pas fasciste du tout, mais je
vous tuerai ».
Vous avez récemment déclaré que le désordre politique actuel au Moyen-Orient
était dû au fait que trop d'Etats soutiennent trop de belligérants différents.
Expliquez-vous.
J'ai écrit que « les pays du Golfe soutiennent l'armée égyptienne contre les Frères
musulmans (FM) mais ils soutiennent les Frères en Syrie contre Al Assad. Les Etats-Unis
soutiennent les FM en Egypte et en Syrie, luttent contre Al Qaida en Irak mais le
soutiennent en Syrie. Quant à l'Iran, elle soutient Damas, le Hezbollah et le Hamas, mais
ce dernier soutient les FM en Syrie. La Turquie soutient les FM en Egypte et en Syrie,
parfois en accord avec les pays du Golfe, parfois contre eux, tandis que la Turquie est le
principal partenaire économique et militaire d'Israël dans la région ! »
Par rapport à Tariq Ramadan, où vous situez-vous sur les plans politique et
idéologique ?
Tariq Ramadan vend de vieilles idées dans un nouvel emballage. Il tente de promouvoir
en Occident l'Islam comme étant démocratique et pluraliste. Il croit ou veut faire croire à
l'Occident que la Charia est compatible avec la démocratie. Je suis un libéral et je crois
que la Charia est contre la démocratie car pour la Charia, Dieu est le législateur
suprême et ses lois ne sont pas négociables. La démocratie signifie que les lois sont
négociables et que des hommes de background et avec des points de vue différents
arbitrent entre différents intérêts.
Je crois que le sécularisme est la meilleure protection, pour les religions
elles-mêmes, car il garantit la liberté de croire comme de ne pas croire. Cela est
exactement ce que les adeptes de l'islam politique détestent. Ils veulent tous les droits
pour eux-mêmes mais veulent réduire les droits de ceux qui ont des idées et des
croyances différentes des leurs. Tariq Ramadan pense cela, mais il sourit tout en disant
le contraire.
Les jeunes Egyptiens ont soif de liberté et de démocratie
Finalement, à votre avis, quelle direction politique l'Egypte est-elle en train de
prendre ?
L'Egypte vient juste de débuter un long voyage vers la démocratie. La démocratie
n'est pas un fruit qui tombe d'un arbre sur des gens qui ont de la chance ; l'arbre
lui-même a besoin qu'on en prenne soin, qu'on l'arrose patiemment jusqu'à ce qu'il porte
des fruits.
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