vaut le détour, beaucoup de spécialistes étrangers s’en sont aperçus. P.Janet est sans doute le prédécesseur aussi bien
de la psychanalyse que des TCC. Freud a emprunté beaucoup de ses idées lors de son passage à la Salpetrière où
P.Janet enseignait. Les notions de subconscient, d’idée fixe (fantasme chez Freud), de traumatisme, de refoulement sont
présentes dans les travaux de Janet. H.F.Ellenberger, psychiatre et historien suisse, a contribué à réhabiliter le travail de
P.Janet par son livre « Histoire de la découverte de l’inconscient ». La première version française a été publiée à Lyon en
1974. Aujourd’hui, les livres de P.Janet sont réédités. En France, le premier travail important recensant les thérapies
comportementales est dû à Jacques Rognant datant de 1970. J’ai été formé en Angleterre dans les années 70 puis j’ai
développé les premières TCC à Lyon en 1975. J’ai publié en 1978 le premier livre français sur le sujet : « les thérapies
comportementales ? Stratégies du changement ». Depuis les consultations, comme les formations à ces thérapies, n’ont
cessé de se développer.
Quels sont pour vous les atouts de l’agglomération en la matière ?
Nous faisons partie des pionniers : la première formation aux TCC est lyonnaise, nous avons ouvert les consultations à
Lyon peu de temps après celles du Pr. Pichot à Saint Anne, nous sommes à l’origine de 80% du développement en
terme de recherche sur les TCC. Nous avons collaboré avec des équipes anglaises, luxembourgeoises… Nous avons
aussi travaillé avec l’équipe du Pr. Berthoz, professeur au Collège de France, sur l’agoraphobie. Des recherches très
intéressantes ont été menées avec le Pr.Mauguière (Institut fédératif des neurosciences) sur les pensées
obsessionnelles. L’IFN est ouverte et favorable au développement de travaux de recherches et de passerelles entre nos
disciplines.
Considérez-vous que la France soit en retard dans l’acceptation et la pratique de cette approche
cognitivo-comportementale ?
Non, je ne le pense pas. Je n’ai pas rencontré des vives oppositions ou de réels obstacles lorsque j’ai ouvert les
premières consultations. Il est vrai que les années 70 étaient particulièrement ouvertes et prêtes au changement, ce
n’est plus le cas aujourd’hui. Lorsque j’ai créé le diplôme universitaire de TCC en 1980, le doyen de l’époque, le Pr.
Revillard avait soutenu mon projet. D’autres villes ont suivi et ont mis en place leurs formations : Paris, Marseille,
Bordeaux, Reims, Lille, Toulouse, Clermont-Ferrand, Nice, Lille…La formation Lyonnaise a été remaniée en 1990 et
2000 et est devenue un diplôme inter-universitaire (université Lyon 1 et université de Savoie). Les associations ont
également pris de l’ampleur : l’Association française de thérapie comportementale et cognitive (AFTCC) et l’Association
francophone de formation et de recherche en thérapie comportementale et cognitive (Afforthecc) regroupent à elles deux
1500 personnes environ, dont 900 praticiens. Les TCC se portent bien !
Mais les TCC ont également leurs opposants…
Les attaques médiatiques, reprenant les critiques de certains psychiatres conservateurs, ne sont pas le reflet de l’opinion
du grand public. Il est vrai que longtemps la psychanalyse a eu la « main mise » sur la psychiatrie. Les médias ont relayé
ces querelles de psychiatres mais les choses changent. Entre 1993 et 2003, plusieurs études ont montré la valeur des
TCC dans de nombreuses indications, en particulier celles de l’OMS, de l’Association psychiatrique américaine et du
Service national de santé en Angleterre. Le rapport de l’Inserm, publié en 2004 à la demande de la Direction générale de
la santé et de deux associations de patients, a montré que la TCC était la thérapie la plus efficace dans 15 syndromes
psychiques sur les 16 étudiés.
Quelles sont les principales indications et contre-indications des TCC ?
Les TCC sont particulièrement recommandées pour traiter les phobies, les obsessions, l’anxiété généralisée, les stress
post-traumatiques, les sevrages des psychotropes, mais aussi les dépressions, les troubles de la personnalité, les
problèmes psychologiques de l’enfant et de l’adolescent… Elles ne sont pas indiquées pour traiter les paranoïas, les
dépressions mélancoliques et lorsqu’il est impossible de définir le but du traitement avec le patient.
Dans l’étude de l’Inserm, trois types de psychothérapies sont comparés : l’approche psychodynamique ou
psychanalytique, l’approche cognitivo-comportementale et l’approche familiale et de couple. L’expertise portait
sur certains troubles mentaux allant de la dépression et des troubles anxieux à la schizophrénie et l’autisme.
Comment peut-on comparer des thérapies ?
C’est un exercice difficile en effet, les experts se sont basés sur la littérature scientifique internationale et se sont
concentrés sur les troubles les plus documentés. Les patients à traiter ont des troubles définis par la classification
internationale des maladies, troubles mentaux et troubles du comportement. Cela est possible aussi car des critères
d’évaluation ont été définis : l’amélioration des symptômes dans le cadre d’un trouble, l’amélioration de la qualité de vie,
de l’adaptation sociale du patient.
Ce rapport a été retiré par la suite par le Ministère de la Santé. Une véritable polémique opposant les partisans
de la psychanalyse et les partisans des TCC a éclaté… « Le livre noir de la psychanalyse » a été édité en
septembre 2005. Comment expliquez-vous tant de scandale ?
Les réactions ont été violentes, en particulier celles des psychiatres du courant lacanien. Le rapport Inserm montre