n° 1 fiche pratique D. Messika-Zeitoun* Sous la responsabilité de ses auteurs Quel diagnostic évoquer devant un comblement apical à l’échographie ? D evant un comblement de l’apex du ventricule gauche (VG), plusieurs diagnostics doivent être évoqués (encadré). Nous présentons les 3 diagnostics principaux : non-compaction du ventricule gauche, cardio­ myopathie hypertrophique apicale et thrombus ventriculaire. • Cardiopathie hypertrophique apicale • Thrombus et autres masses apicales • Fibrose endomyocardique • Faux tendons intraventriculaires gauches C * Service de cardiologie, hôpital Bichat-Claude-Bernard, Paris. Figure 1. Non-compaction du ventricule gauche : (en haut) incidence para­ sternale petit axe, (en bas) incidence 4 cavités. Noter le remplissage des récessus en doppler couleur (flèche). F I • Non-compaction du ventricule gauche La non-compaction du ventricule gauche (NCVG) est une forme rare de cardiomyopathie – de description récente –, liée à un défaut d’accolement des fibres musculaires myocardiques durant l’embryogenèse. Ce défaut d’accolement est responsable de la persistance de nombreux récessus. Le tableau clinique dépend de la sévérité de ­l’atteinte musculaire et associe classiquement insuffisance cardiaque (dysfonction du VG associée), arythmies auriculaires et ventriculaires (à l’origine de morts subites) et accidents emboliques. L’échographie, examen clé, affirme le diagnostic (mise en évidence des récessus) et apporte des éléments pronostiques (étendue de la maladie et fonction systolique). Les critères diagnostiques échographiques sont : ➤➤absence de maladie du myocarde associée (en particulier cardiopathie hypertensive) ; ➤➤structure en bicouche avec une couche fine épicardique et une couche plus épaisse endocardique, non compactée. Classiquement, le rapport épaisseur de la couche endocardique sur l’épaisseur de la couche épicardique en systole est supérieur à 2 ; ➤➤prédominance des lésions au niveau de l’apex et de la portion médio-ventriculaire des parois inférieure et latérale ; ➤➤communication des récessus avec la cavité ventriculaire gauche. Ces récessus peuvent être visualisés en doppler couleur (figure 1). En cas de doute, on pourra utiliser le contraste, qui opacifiera toute la cavité du VG (figure 2). H E À D É T A C H E R Non-compaction du ventricule gauche Encadré. Diagnostics à évoquer devant un comblement apical à l’échographie. La Lettre du Cardiologue Risque Cardiovasculaire • n° 444 - avril 2011 | I n ° 1 p ra t i q u e Cardiomyopathie hypertrophique apicale f i c h e Il s’agit d’une forme classique de cardiomyopathie hypertrophique, mais plus rare que la forme septale asymétrique et que la forme concentrique. L’échographie met en évidence un comblement de l’apex d’aspect “compact”. Là encore, le contraste permet de sensibiliser le diagnostic, l’apex restant non opacifié et constituant l’aspect typique en as de pique (figure 3). À noter que, juste après l’injection, le myocarde peut être opacifié – mais il s’agit de la phase de perfusion myocardique, qui disparaît après quelques cycles, et non d’une opacification cavitaire. ▲ Figure 2. En cas de doute, le diagnostic de non-compaction du ventricule gauche pourra être formellement établi par l’utilisation du contraste qui remplit toute la cavité ventriculaire gauche. Thrombus apical Les thrombus apicaux surviennent le plus souvent dans le cadre de la cardiopathie ischémique, plus rarement dans le cadre de cardiopathies dilatées très évoluées avec bas débit et stase intraventriculaire gauche. À la suite, le plus souvent, d’un infarctus du myocarde non reperfusé ou vu tardivement, un remodelage cavitaire avec déformation anévrismale apicale se produit. Un thrombus doit alors être systématiquement recherché, en prenant soin de balayer toute la zone à risque. Il apparaît comme une masse de taille variable, sessile ou pédiculée, plus ou moins échogène et siégeant au niveau d’une zone myocardique akinétique ou dyskinétique. En cas de doute ou de mauvaise visualisation, on aura recours au contraste, qui donnera une image “en négatif” du thrombus (figure 4). S CPP E C I F ◀ Figure 4. Thrombus apical, sans (à gauche) et avec (à droite) injection de contraste. H E À D É T A C H ◀ Figure 3. Cardiomyopathie hypertrophique apicale, sans (à gauche) et avec (à droite) contraste. Le contraste remplit la cavité ventriculaire gauche, mais pas l’apex, qui est comblé par du myocarde. R Un comblement de l’apex constitue un problème relativement fréquent en pratique clinique. Il est important d’en connaître les différentes étiologies. En cas de doute, on n’hésitera pas à utiliser le contraste myocardique. ■ II | La Lettre du Cardiologue Risque Cardiovasculaire • n° 444 - avril 2011