Le Courrier de la Transplantation - Volume VII - n
o 3 - juillet-août-septembre 2007
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Mise
au point
gène). An d’optimiser les chances de rencontre entre ces
protagonistes, le système immunitaire utilise les organes
lymphoïdes secondaires : rate, ganglions lymphatiques et
tissu lymphoïde associé aux muqueuses (MALT). Dans ces
organes hautement spécialisés, les clones lymphocytaires T
et B n’ayant pas encore rencontré leur antigène sont stockés.
Ils attendent au repos que les cellules présentatrices de l’anti-
gène (en particulier les cellules dendritiques) leur présentent
les peptides rencontrés dans les tissus qu’elles viennent de
traverser. En réponse à une aide appropriée fournie par les
clones lymphocytaires T, les clones B spéciques du même
antigène entrent dans le centre germinatif où ils réalisent la
commutation isotypique et les hypermutations somatiques
qui vont permettre la production d’Ig plus afnes et plus
efcaces pour déclencher les mécanismes effecteurs.
Cette mécanique complexe a longtemps été considérée
comme spécique des organes lymphoïdes secondaires. On
sait cependant, depuis les travaux de A.E. Schröder (7) et
de A. Kratz (8), que les inltrats inammatoires qui carac-
térisent les réponses immunitaires chroniques de certaines
maladies auto-immunes ont tendance à s’organiser et nis-
sent par reproduire au sein de l’organe cible des structures
lymphoïdes se comportant comme des centres germinatifs
ectopiques. Ce processus, connu sous le nom de néogenèse
lymphoïde, n’est pas restreint aux réponses auto-immunes, et
notre équipe a récemment montré qu’il participait également
au rejet chronique en transplantation (9). Ainsi, au cours du
rejet chronique, l’organe rejeté est non seulement la cible
mais aussi le site où la réponse allo-immune s’élabore.
néOgenèse lyMpHOïDe et lyMpHangiOgenèse
au cOurs Du rejet cHrOniQue
Le développement d’une réponse immune efcace au sein
du ganglion lymphatique dépend d’une part de l’efcacité du
drainage du tissu dont le ganglion assure la défense – c’est
par le réseau lymphatique afférent qu’arrivent les cellules
dendritiques chargées d’antigènes –, et d’autre part du
réseau lymphatique efférent, qui va permettre aux effec-
teurs lymphocytaires activés de quitter le ganglion pour
rejoindre les compartiments de l’organisme où ils assurent
leurs fonctions.
Les raisons pour lesquelles, au cours du rejet chronique,
le système immunitaire délègue au greffon les fonctions
immunes spécialisées d’un organe lymphoïde secondaire
restent pour l’instant imparfaitement comprises. Une des
explications plausibles pourrait être que la néogenèse
lymphoïde permet au système immunitaire de suppléer au
défaut de drainage lymphatique de l’organe rejeté (3). Le
prix à payer pour le système immunitaire serait une réponse
moins bien contrôlée, puisque se déroulant dans un tissu non
lymphoïde (non professionnel) et dans un environnement de
“danger” immunologique (tissu avoisinant détruit).
Cette vision de la relation entre néogenèse lymphoïde et rejet
chronique doit aussi tenir compte des travaux de D. Kerjaschki
et al. sur la lymphangiogenèse, qui suggèrent que le dévelop-
pement du rejet chronique est associé à une densité augmentée
de vaisseaux lymphatiques dans le tissu rejeté.
Nous formulons à ce stade trois hypothèses de travail :
Le réseau lymphatique qui se développe dans les tissus
rejetés est non fonctionnel. Il est incapable de drainer ef-
cacement le tissu, et sa croissance exubérante pourrait alors
correspondre à un cercle vicieux dont le moteur serait juste-
ment le défaut de drainage.
Le réseau lymphatique néoformé est fonctionnel mais il
est drainé vers les organes lymphoïdes ectopiques (et non
vers le ganglion drainant).
Le réseau lymphatique néoformé est fonctionnel et drainé
vers le ganglion drainant. Dans ce cas, les raisons du développe-
ment de la néogenèse lymphoïde sont encore incomprises.
cOnclusiOn
D’importants progrès ont été faits récemment dans la descrip-
tion de deux nouveaux mécanismes impliqués dans la physio-
pathologie du rejet chronique : la néogenèse lymphoïde et
la lymphangiogenèse.
Les relations qui existent entre ces deux phénomènes font
l’objet de travaux qui devront permettre d’identier quelle
est la meilleure cible pour prévenir leur développement. De
nouvelles stratégies thérapeutiques ciblant ces mécanismes
nous permettront peut-être de prolonger la survie des greffons
en retardant l’apparition des lésions de rejet chronique. ■
RéféRences bibliogRaphiques
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