Cours de DES Gynécologie 06/01/2017 Cas clinique N°1 Cancer ovarien en première ligne Interne: Sahir Javed Tuteur: Docteur Anne Ploquin (CCA Hôpital Huriez, CHRU Lille) Mme A. 45 ans Antécédents personnels - HTA sur sténose de l’artere renale gauche - Dilatation de l’A. rénale gauche en 2000 - G2P2 (césariennes), suivi gynécologique régulier Intolérance à l’iode (vomissements) Traitements: tenormine, aprovel Antécédent familial Cancer du sein chez la mère à l’âge de 30 ans Mode de vie: dirigeante d’un club de journalisme, originaire du Maghreb Histoire de la maladie OCTOBRE 2015 Douleurs pelviennes , masse douloureuse à la palpation TV, pas d’anomalie TR, OMS 0 Echographie pelvienne: ovaire gauche polykytique de 9cm, ovaire droit normal TDM AP: masse pluri lobée de 15cm de grand axe, sans ascite ni lésion de carcinose CA 125 à 215 UI/l TDM TAP Novembre 2015 DECEMBRE 2015 Coelioscopie diagnostique Masse ovarienne droite, nodules de carcinose sur l’isthme utérin Exploration du pelvis difficile en coelioscopie Laparatomie médiane annexectomie bilatérale, EXTEMPORANE: carcinome séreux de l’ovaire droit hystérectomie, Douglassectomie, lymphadenectomie pelvienne bilat, omentectomie, curage lombo-aortique et pelvien, appendicectomie, splénectomie (3 nodules de carcinose) CC-0 Complication post op: J10 hématome ss capsulaire foie, cholecystectomie, drainage ANAPATHOLOGIE DEFINITIVE -Carcinome ovarien bilatéral séreux de haut grade, de 8 cm de grand axe à droite et de 10 cm de grand axe à gauche. -Présence d’emboles vasculaires néoplasiques. -Absence de localisation tumorale aux trompes. -Localisation du carcinome séreux de haut grade au sein de la séreuse de la paroi utérine antérieure avec infiltration du myomètre. -Paramètres droit et gauche infiltrés par la prolifération carcinomateuse séreuse de haut grade. -Splénectomie : localisation du carcinome séreux de haut grade sur 7 cm de grand axe avec présence d’un ganglion métastatique au niveau du hile de 2 cm de grand axe. -Cytologie péritonéale: présence de rares cellules atypiques suspectes de malignité. -Curages ganglionnaires : présence de deux métastases ganglionnaires, de 2 mm chacune, au sein des curages pelviens droit et gauche, 2N+/2RC-/35N Atteinte splénique = stade IV B JANVIER 2016 RCP gynéco post-op 45 ans, STADE IV FIGO, exérèse macroscopique CC-0, OMS 1, -10kgs postop (60kgs 1m62) Chimiothérapie : CARBOPLATINE AUC 5 + PACLITAXEL 175mg/m2+ AVASTIN 15mg/m2 Consultation oncogénétique Echo-mammographie de dépistage Chimio IP JANVIER 2016 RCP gynéco post-op 45 ans, STADE IV FIGO, exérèse macroscopique CC-0, OMS 1, -10kgs postop (60kgs 1m62) Chimiothérapie : CARBOPLATINE AUC 5 + PACLITAXEL 175mg/m2 + AVASTIN 15mg/m2 Consultation oncogénétique Echo-mammographie de dépistage Chimio IP Chimiothérapie des cancers ovariens - Cisplatine + Paclitaxel > Cisplatine + Cyclophosphamide Traitement Cisplatine + Paclitaxel vs. Cisplatine + Cyclophosphamide Médiane SSP Médiane SG Référence 18 mois vs. 13 mois (p< 0,001) 38 mois vs. 24 mois (p< 0,001) McGuire et al., NEJM 1996 15,5 mois vs. 11,5 mois (p < 0,0005) 35,6 mois vs. 25,8 mois (p< 0,0016) Piccart et al., J Natl Cancer Inst 2000 Chimiothérapie des cancers ovariens - Carboplatine + Paclitaxel NON INFERIEUR A Cisplatine + Paclitaxel Etude GOG 158 Non infériorité N= 792 Stade III, résidu CC-0 ou < 1cm AGO OVAR-3 Non infériorité N= 798 Stade IIB-IIC-III résidu < 1cm Stade IV ou résidu > 1cm Traitement Médiane SSP Médiane SG Carboplatine AUC 7,5 + Paclitaxel 175mg/m2 (3h) vs. Cisplatine 75mg/m2 + Paclitaxel 135mg/m2 (24h) 20,7 mois vs. 19,4 mois 57,4 mois vs. 48,7 mois p = NS p = NS Carboplatine AUC 6 + Paclitaxel 185mg/m2 (3h) vs. Cisplatine 75mg/m2 + Paclitaxel 185mg/m2 (24h) 17,2 mois vs. 19,1 mois 43,3 mois vs. 44,1 mois p = NS p = NS Référence Ozols et al., JCO 2003 Du Bois et al., J Natl Cancer Inst 2003 JNCI J Natl Cancer Inst 2003, Du Bois et al JNCI J Natl Cancer Inst 2003, Du Bois et al SOR ovaire 2008 Stades III, IV sans résidu macroscopique Les patientes doivent bénéficier d’une chimiothérapie IV associant carboplatine et paclitaxel pour un minimum de 6 cures. Lorsque l’état physiologique de la patiente ne permet pas l’administration d’une chimiothérapie IV associant carboplatine et paclitaxel, une monochimiothérapie par carboplatine peut être proposée. Chimiothérapie des cancers ovariens - Carboplatine Paclitaxel + bevacizumab Protocole GOG 218 (NEJM 2011) • Paclitaxel 175mg/m2(3h) J1=J21 Carboplatine AUC 6 Placebo • Paclitaxel 175mg/m2(3h) J1=J21 Carboplatine AUC 6 Bevacizumab 15mg/kg à partir de C2 • Paclitaxel 175mg/m2(3h) J1=J21 Carboplatine AUC 6 Bevacizumab 15mg/kg à partir de C2 15 cycles x 6 placebo x6 placebo x6 maintenance bevacizumab 15mg/kg Protocole GOG 218 (NEJM 2011) Bénéfice en SSP: - Bras contrôle 10,3 mois - Bras Bev maintenance 14,1 mois HR 0,717 IC 95% (0,625-0,824) p< 0,001 Pas de bénéfice en survie globale. Chimiothérapie des cancers ovariens - Carboplatine paclitaxel + bevacizumab Protocole ICON-7 (NEJM 2011) • Paclitaxel 175mg/m2(3h) carboplatine AUC 6 J1=J21 x6 • Paclitaxel 175mg/m2 carboplatine AUC 6 bevacizumab 7,5mg/kg x6 J1=J21 bevacizumab 7,5mg/kg x12 Protocole ICON-7 (NEJM 2011) Population totale FIGO III + résidu > 1cm et FIGO IV AMM bevacizumab / cancers ovariens - En 1ère ligne adjuvante pour un cancer épithélial de l’ovaire, du cancer primitif de la cavité péritonéale ou du cancer des trompes de Fallope avancé - Stade FIGO: IIIB, IIIC, IV - Posologie: 15mg/kg / 3 semaines - En association avec le carboplatine et le paclitaxel pour 6 cycles - Puis maintenance en monothérapie/ 3 semaines, jusqu’à progression ou 15 mois de traitement maximum ou jusque toxicité inacceptable EVOLUTION: - Carboplatine Taxol Avastin de Février à Juin 2016 - Echo-mammographie avril 2016: ACR 3, adénofibromes Oncogénétique: mutation BRCA II Proposition essai PAOLA-1 (olaparib en maintenance), refusée par la patiente EVOLUTION: JUIN 2016 Après 6 cycles de chimiothérapie Tolérance: neutropénie grade 3 (report de cure) OMS 1, neuropathie périphérique de grade1, nausées grade1 Absence de signe de récidive de la maladie, CA 125 à 12ui/l OMS 1, poids 63kgs, -> maintenance par AVASTIN (jusque 15 cycles/progression/tolérance inacceptable) EVOLUTION: AOUT 2016 arrêt AVASTIN (7cures) , CA 125 11, Occlusion sur bride avec troubles de la cicatrisation NOVEMBRE 2016 pas de reprise de l’AVASTIN , poursuite de la surveillance DECEMBRE 2016 3ème épisode de sd occlusif CA 125 à 6 UI/l Pas de signe de récidive à 4 mois de la dernière cure LA SUITE… 1/ OVAIRE Surveillance clinique, bio, imagerie/ 3mois pdt 2 ans, puis /6mois pendant 5 ans Si rechute: « platine sensible » -> reprise doublet à base de platine avec possible traitement d’entretien par olaparib 2/ SEINS Surveillance bi-annuelle CLINIQUE Surveillance annuelle echo-mammographie + IRM mammaire Cancers de l’ovaire et mutation BRCA 1/2 - - 6 à 25% des cancers ovariens présentent une mutation germinale du gène BRCA 1/2, 5 à 11% des cancers ovariens présentent une mutation somatique du gène BRCA 1/2 > 40% des patientes porteuses d’une mutation n’ont pas d’antécédent familial de cancer du sein ni ovarien 15 à 22% des cancers ovariens type séreux de haut grade associés à une mutation germinale BRCA 1/2 - Meilleure sensibilité aux sels de platine, meilleur pronostic des cancers ovariens mutés BRCA / non mutés Hypothèse: déficience en recombinaison homologue entrainerai un défaut de réparation des lésions d’ADN induites par les platines (cassure double-brin) Cancers de l’ovaire et mutation BRCA 1/2 Inhibiteur de PARP PARP: poly ADP-riboses polymérases -> réparation des cassures simple brin de l’ADN Mécanisme d’action des iPARP: la létalité synthétique Défaut de recombinaison homologue (mutés BRCA 1/2) + inhibition de PARP = combinaison de mutations -> mort cellulaire Olaparib: inhibiteur sélectif de PARP-1 Cancers de l’ovaire et inhibiteur de PARP Etude de phase 2 (étude 19), randomisée, double aveugle 265 patientes: bras olaparib (136) 400mg x2/j vs. bras placebo (129) Rechute platine sensible, cancer ovarien de type séreux, grade 2/3 Réponse complète/partielle sous doublet à base de platine Cancers de l’ovaire et inhibiteur de PARP ETUDE 19 Analyse rétrospective en sous-groupe pré-planifiée selon le statut BRCA Lederman et.al, The Lancet 2014 Mutation BRCA 1/2: 136 patientes Médiane PFS 11,2mois (olaparib) vs. 4.3 mois (placebo), p< 0.0001 Cancers de l’ovaire et inhibiteur de PARP ETUDE 19 Analyse rétrospective en sous-groupe pré-planifiée selon le statut BRCA Lederman et.al, The Lancet 2014 Mutation BRCA 1/2: 136 patientes Pas de bénéfice en survie globale chez les patientes mutées et non mutées. Cancers de l’ovaire et inhibiteur de PARP ETUDE 19 Effets indésirables Grade 3/4 OLAPARIB 400mg x2/j N=136 PLACEBO N=129 nausées 2.2% 0 vomissements 2.2% 0.8% diarrhée 2.2% 2.3% fatigue 6.6% 3.1% anémie 5.1% 0.8% Cancers de l’ovaire et inhibiteur de PARP Etudes de phase III en cours: SOLO 1 traitement d’entretien par l’olaparib en monothérapie dans les cancers de l’ovaire à un stade avancé (stade FIGO III-IV) chez des patientes avec une mutation du gène BRCA ayant reçu une première ligne de chimiothérapie à base de platine. SOLO 2 traitement d’entretien par l’olaparib en monothérapie dans les cancers de l’ovaire en rechute, sensibles au platine, chez des patientes avec une mutation du gène BRCA, en réponse complète ou partielle après une chimiothérapie à base de platine. Cancers de l’ovaire et inhibiteur de PARP Olaparib, AMM dans l’ovaire (décembre 2014) pour le traitement d'entretien des patientes adultes atteintes d'un cancer épithélial séreux de haut grade de l'ovaire, des trompes de Fallope ou péritonéal primitif, avec une mutation du gène BRCA (germinale et/ou somatique), récidivant et sensible au platine, en réponse (réponse complète ou réponse partielle) à une chimiothérapie à base de platine, en monothérapie. Administration per os Posologie: 400mg x2/jour