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Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 4, vol. III - octobre/novembre/décembre 2003
– muqueuse : la muqueuse du corps ou endomètre
subit, au cours du cycle, des transformations suc-
cessives, aboutissant, en l’absence de féconda-
tion, à la desquamation menstruelle. Au niveau du
col, on observe des variations selon que l’on consi-
dère l’exocol ou l’endocol. L’exocol est tapissé par
une muqueuse dermopapillaire constituée d’un
épithélium pavimenteux stratifié mince et riche en
glycogène. Ainsi, la pathologie rencontrée à ce
niveau sera voisine de celle du vagin. L’endocol est
recouvert d’un épithélium unistratifié, de type
mucipare dans les sillons qui séparent les plis de
l’arbre de vie et formé de simples éléments de revê-
tements parfois ciliés à la surface des plis.
En synthèse de ce rappel histologique, il est
important de considérer la variabilité des radio-
lésions en fonction des tissus concernés : les tis-
sus à renouvellement rapide comme les épithé-
liums de revêtement sont le siège de réactions
aiguës précoces alors que ceux à renouvellement
lent comme les tissus de soutien ou les axes
conjonctivovasculaires peuvent être le siège de
complications tardives (8) par détérioration pro-
gressive de la vascularisation et évolution pro-
gressive vers la sclérose.
E
FFETS ANATOMOPATHOLOGIQUES
DES RADIATIONS IONISANTES
SUR LES TISSUS PELVIENS
Ils sont sous dépendance multiple en fonction :
– du type de tissu concerné ;
– de l’importance du volume irradié, de la dose
reçue et de son fractionnement ;
– de l’existence de facteurs aggravants surajou-
tés, qu’ils soient imputables au terrain (obésité,
diabète, antécédent chirurgical, facteurs eth-
nique ou nutritionnel, facteurs vasculaires, etc.),
au traitement lui-même (technique, association
thérapeutique, etc.).
La vulve
Elle subit les effets des radiations comme tout
revêtement cutané mais sa situation anato-
mique, entourée de plis cutanés et soumise à des
frottements répétés et à une atmosphère
humide, la rend plus vulnérable encore. Les
radiovulvites sont la conséquence soit d’une
radiothérapie massive pour tumeur pelvienne,
soit d’une irradiation directe de la vulve. Dans
cette dernière situation, la radiomucite est d’au-
tant plus fréquente qu’il préexiste un lichen sclé-
reux vulvaire (5).
Les radiodermites aiguës se présentent sous
forme d’érythème diffus et prennent habituelle-
ment la forme de réactions exsudatives. Une
radionécrose aiguë est possible essentiellement
dans les suites d’un surdosage.
L’évolution vers une radiodermite chronique
n’est pas obligatoire. Le plus souvent, ces formes
chroniques surviennent à distance d’une radio-
thérapie mal contrôlée avec un défaut de pro-
tection des zones cutanéomuqueuses de voisi-
nage. La vulve prend un aspect blanchâtre,
atrophique et scléreux avec des télangiectasies
et une absence de poils. Le diagnostic différen-
tiel avec un lichen scléreux est parfois difficile
dans les formes où la sclérose prédomine mais
l’altération ou la disparition des mélanocytes,
l’endartérite obstructive et la destruction des fol-
licules pilaires plaident en faveur de la radio-
mucite (5). Les lésions ulcérées, hyperplasiques
ou nécrotiques feront l’objet d’une surveillance
attentive assortie d’un contrôle biopsique en rai-
son du risque de greffe d’un carcinome épider-
moïde in situ ou invasif, même si les ulcérations
correspondent le plus souvent dans ce contexte
à une radionécrose.
Le vagin
Alors que les viscères pelviens (notamment la
vessie, le rectum et l’intestin grêle) sont parti-
culièrement vulnérables aux radiations ioni-
santes, la muqueuse vaginale offre une relative
tolérance à la radiothérapie externe mais cette
tolérance n’est cependant pas sans limite.
Les conséquences, à la fois macroscopiques et
microscopiques d’une irradiation sur le tissu
vaginal, ont été précisément décrites par Abitbol
et Davenport en 1974 (9), complétant ainsi les
études de Pitkin et Bradbury publiées en 1965
(10). Grigsby et al. (4) ont fait une synthèse com-
plète de ces travaux, s’appuyant à la fois sur des
données cliniques, des analyses cytologiques et
l’étude de pièces biopsiques. Nous en repren-
drons ici les conclusions essentielles :
– disparition de tout ou partie des cellules de
l’épithélium vaginal dans les suites immédiates
de la radiothérapie, et ce surtout dans les zones
proches des sources de radiations ;
– persistance de ce déficit cellulaire durant 3 à
6 mois, période à partir de laquelle on va assis-
ter à une réépithélialisation progressive à partir
des cellules de la couche basale ;
– transformation fibreuse du tissu conjonctif
lâche des couches sous-muqueuse et muscu-
laire ;
dossier
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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10. Pitkin RM, Bradbury JT. The
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