Revue de presse
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - n° 2 - avril-mai-juin 2013
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réponse objective respectivement de 11,0
et 4,2 %). Soixante-dix patients au total ont
été traités : 29 en monothérapie, 41 en asso-
ciation. Trente-trois patients (au moins 6 par
cohorte) ont reçu de l’ipilimumab toutes les
3 semaines × 4 doses à 3, 5 ou 10 mg/ kg, ou
à la dose de 3 ou 10 mg/ kg s’il était associé à
une radiothérapie de 8 Gy. La dose maximale
tolérée (DMT) n’a pas été atteinte, ce qui a
permis une extension à la dose de 10 mg/ kg
chez 50 patients. À cette dose, le nombre
moyen d’injections a été de 3. Les princi-
paux eff ets indésirables ont été les diarrhées,
les colites, les rashes et le prurit. Au total,
5 arrêts de traitement ont été motivés par
des toxicités : colite (n = 1), diarrhée (n = 3),
hépatite (n = 1). Une activité a été retrouvée
dans toutes les cohortes présentant une
réponse biologique (baisse de plus de 50 %
du PSA). Chez les patients traités à la dose
de 10 mg/ kg combinée à la radiothérapie, 8
ont présenté une réponse biologique pour
une durée de 3 à 11 mois.
Commentaire. Les résultats positifs sur la
survie globale d’une immunothérapie, le
sipuleucel-T(4), ont stimulé d’autres approches
d’immunothérapie dans les CPRCm. À la suite
de résultats précliniques encourageants, les
premières études avaient montré, à la dose de
3mg/kg toutes les 4semaines, une tolérance
acceptable et une activité antitumorale(5). Les
données de cette étude laissent supposer une
efficacité. Deux études de phaseIII, dont une
avec le docétaxel, sont en cours pour confi rmer
le potentiel thérapeutique de l’ipilimumab dans
les CPRCm.
P. Beuzeboc, Paris
1. Leach DR, Krummel MF, Allison JP. Enhancement of
anti tumor immunity by CTLA-4 blockade. Science 1996;
271(5256):1734-6.
2. Hodi FS, O’Day SJ, McDermott DF et al. Improved survival
with ipilimumab in patients with metastatic melanoma.
N Engl J Med 2010;363(8):711-23.
3. Slovin SF, Higano CS, Hamid O et al. Ipilimumab alone
or in combination with radiotherapy in metastatic castra-
tion-resistant prostate cancer: results from an open-label,
multicenter phase I/II study. Ann Oncol 2013. [Epub ahead
of print]
4. Kantoff PW, Higano CS, Shore ND et al.; IMPACT Study
Investigators. Sipuleucel-T immunotherapy for castration-
resistant prostate cancer. N Engl J Med 2010;363(5):411-22.
5. Small EJ, Tchekmedyian NS, Rini BI et al. A pilot trial of
CTLA-4 blockade with human anti-CTLA-4 in patients with
hormone-refractory prostate cancer. Clin Cancer Res 2007;
13(6):1810-5.
Acétate d’abiratérone
avant docétaxel dans les CPRCm :
résultats intermédiaires
del’étudeCOU-AA-302
Dans les cancers de la prostate méta-
statiques résistants à la castration (CPRCm),
l’acétate d’abiratérone (AA) est devenu,
après le docétaxel, un traitement standard
à la suite des résultats de l’étude COU-AA-
301 montrant un bénéfice d’environ 4 mois
en survie globale (SG). Avant docétaxel,
seul le sipuleucel-T avait jusqu’à présent
permis d’obtenir un avantage (modeste)
en SG. Dans cette étude en double aveugle
versus placebo, 1 008 patients peu ou
pas symptomatiques ont été randomisés
(1:1) pour recevoir soit AA (1 000 mg/ j)
+ prednisone (10 mg/ j), soit placebo +
prednisone. Il était prévu 2 co critères de
jugement principaux et 3 analyses. Les
résultats publiés correspondent à la deu-
xième analyse intermédiaire. La survie sans
progression radiographique évaluée par
une revue indépendante a été significative-
ment améliorée (16,5 mois sous AA versus
8,3 mois dans le bras témoin ; HR = 0,53 ;
IC95 : 0,45-0,62 [p < 0,001]). Avec un suivi de
22 mois, il a été retrouvé une forte tendance
à l’amélioration de la SG (non atteinte dans
le bras AA versus 27,2 mois avec la pre-
dnisone seule ; HR = 0,75 ; IC
95
: 0,61-0,93
[p = 0,01]). Le comité de surveillance a
recommandé sur la base de ces données
la levée de l’aveugle afin de permettre aux
patients de bénéficier du traitement par
AA. Il faudra attendre la prochaine mise à
jour pour conclure définitivement sur les
données de SG. L’AA améliore également
tous les critères de jugement secondaires,
que cela soit le délai jusqu’à instauration de
la chimiothérapie, l’utilisation des opiacés,
la progression biologique (PSA) ou l’indice
de performance (PS).
Commentaire. Cette amélioration a été
constatée dans tous les sous-groupes (définis
en fonction de l’âge, du PS, des douleurs, de
l’extension tumorale). Les effets indésirables
ont été limités aux effets minéralocorticoïdes
attendus (hypokaliémie, hypertension,
œdèmes des membres inférieurs) et aux
perturbations du bilan hépatique (éléva-
tions transitoires des transaminases dans
8 % des cas). On attend avec impatience les
résultats définitifs qui devraient permettre
de différer la chimiothérapie. Les résultats
de l’essai PREVAiL, qui évalue l’enzalutamide
(MDV3100) dans la même situation et dont
les inclusions sont terminées, ne sont pas
attendus avant 2014.
P. Beuzeboc, Paris
• Ryan CJ, Smith MR, de Bono JS et al.; the COU-AA-302
Investigators. Abiraterone in metastatic prostate can-
cer without previous chemotherapy. N Engl J Med 2013;
368(2):138-48.
La corticothérapie
dans le CPRCm : indications
etnouveaux défi s
Les corticoïdes jouent un rôle important
dans le cancer de la prostate métastatique
résistant à la castration (CPRCm). Le docé-
taxel, le cabazitaxel, l’acétate d’abiratérone
(AA) ont obtenu leur autorisation de mise
sur le marché en association avec la pred-
nisone à la dose de 10 mg/ j, ce qui n’est pas
le cas du sipuleucel-T ni de l’enzalutamide
(MDV3100). Les corticoïdes sont aussi utilisés
en dehors de leur action antitumorale pour
contrôler certains symptômes (douleurs,
anorexie), diminuer les eff ets toxiques de
certains médicaments (rôle antiémétique,
antiallergique) ou prévenir l’hyperaldosté-
ronisme induit par les inhibiteurs de CYP17,
comme l’AA. L’avènement récent de plusieurs
lignes thérapeutiques où la corticothérapie
fait partie intégrante du traitement amène
à envisager une possible augmentation des
risques ou des eff ets indésirables liés à une
utilisation de longue durée. Dans l’étude
TAX327, la durée médiane de traitement
était de 9,5 mois avec le docétaxel. Dans
l’étude TROPIC, elle était de 6 cycles avec le
cabazitaxel. La durée moyenne de traitement
avec l’AA après docétaxel est d’environ 8 mois.
La corticothérapie à long terme peut être
responsable d’œdèmes, d’un aspect cushin-
goïde, d’une prise de poids, d’une myopathie,
d’une hypertension, d’une hyperglycémie, de
cataractes, de glaucomes, d’une ostéoporose,