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DIAPOSITIVES
DIAPOSITIVES
COMMENTÉES EN LIGNE
COMMENTÉES EN LIGNE
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - n° 2 - avril-mai-juin 2013
39
39
Coordination : Philippe Beuzeboc et Stéphane Oudard (Paris)
PROSTATE
Cancer de la prostate :
estimation de l’espérance
de vie, un facteur clé
du surtraitement
Variations internationales
de l’incidence et de la mortalité
par cancer de la prostate
Échec du rilotumumab
(anticorps monoclonal
anti-MET) associé
à la mitoxantrone et
à la prednisone dans les cancers
de la prostate métastatiques
résistants à la castration
Ipilimumab seul ou associé
à la radiothérapie dans
le CPRC métastatique :
résultats d’une étude ouverte
multicentrique de phase I/II
Acétate d’abiratérone avant
docétaxel dans les CPRCm :
résultats intermédiaires
de l’étude COU-AA-302
La corticothérapie dans
le CPRCm : indications
et nouveaux défi s
Traitements ciblés associés
au docétaxel dans les CPRCm :
un concept à revoir après
8 essais de phase III négatifs
Absence of evidence is (not?)
evidence of absence
TUMEURS UROTHÉLIALES
Un nouveau nomogramme
prédictif de la survie spécifi que
dans les tumeurs urothéliales
du haut appareil
REIN
Régorafénib dans le cancer
du rein métastatique
non préalablement traité
Validation et comparaison
d’un modèle pronostique dans
le cancer du rein métastatique
Cancers après transplantation
rénale : diminution
du risque depuis l’utilisation
des inhibiteurs de mTOR
comme traitement antirejet ?
Réponse immunitaire avec
le vaccin IMA901 dans le cancer
du rein métastatique
Cancer de la prostate :
estimation de l’espérance de vie,
unfacteur clé du surtraitement
Peu de cancers de la prostate ayant une biologie agres-
sive, la majorité des tumeurs diagnostiquées à l’ère de
l’antigène prostatique spécifi que (PSA) présenteront
une longue période de latence clinique et beaucoup
n’auront pas de traduction clinique et ne seront, de ce
fait, pas létales. Selon la littérature, le “surdiagnostic”
serait de l’ordre de 30 à 50 %. Les services préventifs
américains de la Task Force (1) se sont prononcés contre
le dépistage du cancer de la prostate dans la popula-
tion générale américaine par le dosage du PSA, quel
que soit l’âge. En France, la Haute Autorité de santé
a adopté la même recommandation (2). En pratique
quotidienne, on considère qu’il faut une espérance
de vie de plus de 10 ans pour justifi er le traitement à
visée curative d’un cancer de la prostate localisé (3).
Un des problèmes essentiels est d’analyser au mieux
les comorbidités susceptibles de limiter l’espérance de
vie. Lobjectif de cette étude (4), réalisée par l’équipe
d’épidémiologie et de santé publique Inserm UMR1027
de Toulouse à partir de 1 840 patients diagnostiqués
en 2001, extraits de registres régionaux de cancers
(FRANCIM), était d’estimer l’ampleur du sur diagnostic
et du surtraitement potentiel du cancer de la pros-
tate en fonction des comorbidités. Pour tous les cas
étaient disponibles le taux de PSA, le stade clinique, le
compte-rendu histologique, le score de Gleason, l’âge
au diagnostic, le CCI (Charlson Comorbidity Index). Cette
étude n’a pris en compte que les tumeurs localisées
de stade T1 (31,7 % [n = 583]) et T2 (68,3 % [n = 1 257]).
Pour les tumeurs de stade T1, l’espérance de vie natu-
relle était défi nie par le délai entre le diagnostic et
le décès, et le lead time (applicable seulement aux
stades T1), par le temps entre le diagnostic et l’appa-
rition des premiers signes cliniques. L’âge moyen des
patients porteurs de tumeurs T1 était de 70,8 ans.
Concernant les comorbidités, 28,2 % présentaient
1 ou 2 comorbidités, 7,4 %, plus de 2. Concernant
le traitement, 57,8 % des patients ont reçu un trai-
tement invasif à visée curative (prostatectomie ou
radiothérapie). Parmi les tumeurs de stade T1, la pro-
portion de surtraitement potentiel, calculée en prenant
en compte l’espérance de vie ajustée aux comorbidités,
variait de 29,5 à 53,3 % (pour 9,3 à 22,2 % au regard de
l’ actuel surtraitement). Pour les auteurs, 7,7 à 24,4 %
des patients traités par prostatectomie et 30,8 à 62,5 %
PROSTATE
des patients traités par radiothérapie ont été surtraités.
Ils concluent que, en fonction de l’incidence, 3 200 à
4 800 patients sont surtraités en France, dont beaucoup
présentent des comorbidités.
Commentaire. C’est dire l’importance de la place qu’il faut
attribuer à la surveillance active dans le futur et l’absence
d’intérêt d’un diagnostic précoce chez le patient âgé, en raison
des comorbidités quil présente(5,6).
P. Beuzeboc, Paris
1. US Preventive Services Task Force. Screening for prostate cancer: draft
recommendation statement AHRQ publication.
http://www.uspreventiveservicestaskforce.org/uspstf12/prostate/
draftrecprostate.htm
2. Haute Autorité de santé. Dépistage du cancer de la prostate.
http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2010-06/
depistage_ du_cancer_de_la_prostate_-_analyse_des_nouvelles_
donnees_rapport.pdf
3. Albertsen PC, Hanley JA, Fine J. 20-year outcomes following conser-
vative management of clinically localized prostate cancer. JAMA 2005;
293(17):2095-101.
4. Delpierre C, Lamy S, Kelly-Irving M et al. Life expectancy estimates as a
key factor in over-treatment: the case of prostate cancer. Cancer Epidemiol
2013;37(4):462-8.
5. Daskivich TJ, Chamie K, Kwan L et al. Overtreatment of men with low-risk
prostate cancer and signifi cant comorbidity. Cancer 2011;117(10):2058-66.
6. Albertsen PC, Moore DF, Shih W et al. Impact of comorbidity on survival
among men with localized prostate cancer. J Clin Oncol 2011;29(10):1335-41.
Variations internationales de l’incidence
et de la mortalité par cancer de la prostate
Cet article présente les estimations par l’Interna-
tional Agency for Research on Cancer de l’inci-
dence et de la mortalité du cancer de la prostate
au travers des 5 continents (1). Il montre les grandes
variations qui existent, liées aux diff érences dans les
pratiques de détection, les modes de vie, les traite-
ments, l’espérance de vie, les facteurs génétiques. Le
cancer de la prostate représente la deuxième cause
de mortalité par cancer chez l’homme. Le nombre de
décès annuel dans le monde était estimé à 258 000
en 2008 (2). Du fait de l’augmentation et du vieillis-
sement de la population mondiale, le nombre de
décès annuel pourrait atteindre 499 000 en 2030.
Les taux d’incidence restent les plus élevés dans les
pays à haut niveau de revenus comme l’Amérique
du Nord, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Europe
du Nord et de l’Ouest (figure 1, p.40). Concernant
la mortalité, les taux ont augmenté aux Caraïbes,
en Afrique du Sud et dans les pays sub sahariens.
Aux États-Unis, les taux d’incidence ont baissé, et la
mortalité a chuté de façon spectaculaire, de 40 % en
20 ans. Les taux de mortalité ont diminué dans 27 des
Revue de presse
Figure 2. Évolution du taux d’incidence et de mortalité du cancer de la prostate dans le monde.
– 4,3* 0,1
– 4,0* 5,4*
– 3,7* 7,1*
– 3,6 4,6*
– 3,3* 6,8*
– 3,2* 4,3*
– 3,1* – 0,2
– 3,1* 0,9
– 2,8* – 1,2
– 2,8* 5,4*
– 2,5* 5,1*
– 2,3* 0,1
– 2,3* 2,0
– 2,2* 8,1*
– 2,1* 4,3*
– 2,0* 8,0*
– 1,6* 2,3*
– 1,4* 3,8*
– 0,8* 5,7*
– 0,7 3,0*
– 0,7* 7,2*
– 0,1 8,2*
6,6*
3,4*
16,4*
4,5*
4,0*
6,4*
6,5*
12,1*
11,8
10,9*
2,9*
2,9*
0,9
1,5*
1,5*
1,8*
1,8*
1,9*
2,8
1,3*
– 2– 4– 6 0 2 4 6 8 10 12 14 16
États-Unis (SEER9)
Autriche, Tyrol
Israël
Singapour
Espagne (5registres)
Suisse (2registres)
Finlande
Canada (sauf Québec)
Nouvelle-Zélande
France (6registres)
République Tchèque
Australie
Pays-Bas
Irlande
Norvège
Costa Rica
Suède
Royaume-Uni
Italie (6registres)
Islande
Japon (4registres)
Danemark
Colombie, Cali
Lituanie
Équateur, Quito
Bulgarie
Slovénie
Croatie
Chine (2registres)
Brésil, Goiania
Lettonie
Estonie
* AAPC est statistiquement
diff érent de 0.
Mortalité
Incidence
D’après Center MM et al. Eur Urol 2012;61(6):1079-92.
Figure 1. Taux d’incidence du cancer de la prostate dans le monde.
Taux pour 100 000
83,2-173,7
45,3-83,1
20,5-45,2
11,8-20,4
5,4-11,74
1,7-5,3 D’après Center MM et al. Eur Urol 2012;61(6):1079-92.
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - n° 2 - avril-mai-juin 2013
4040
53 pays pris en compte dans une étude des
données de la World Health Organization
(WHO) publiée en 2012. Parmi les 40 pays
bénéfi ciant de registres, on assiste à une
diminution annuelle de la mortalité dans
6 pays ouest-européens − 2,3 % par an aux
Pays-Bas et en Allemagne, 2,8 % en France,
4,0 % en Autriche −, mais aussi dans les pays
du Nord de l’Europe − plus importante en
Suède, en Norvège et en Finlande (3,1 %)
qu’au Danemark (figure 2).
Commentaire. Comme le montre l’article
précédent, il y a eu aux États-Unis, entre 1994
et 2005, une régression en moyenne de 4,1 %
par an. Les résultats sont moins spectaculaires
mais vont dans le même sens en Europe selon les
données sur registres d’EUNICE Survival Working
Group(3).
P. Beuzeboc, Paris
1. Center MM, Jemal A, Lortet-Tieulent J et al. International
variation in prostate cancer incidence and mortality rates.
Eur Urol 2012;61(6):1079-92.
2. Ferlay J, Shin HR, Bray F et al. GLOBOCAN 2008, Cancer inci-
dence and mortality worldwide: IARC CancerBase No. 10. Lyon,
France: International Agency for Research on Cancer, 2010.
3. Neppl-Huber C, Zappa M, Coebergh JW et al.; EUNICE
Survival Working Group. Changes in incidence, survival and
mortality of prostate cancer in Europe and the United States
in the PSA era: additional diagnoses and avoided deaths.
Ann Oncol 2012;23(5):1325-34.
Échec du rilotumumab
(anticorps monoclonal anti-MET)
associé à la mitoxantrone
et à la prednisone dans les cancers
de la prostate métastatiques
résistants à la castration
L’HGF/SF (Hepatocyte Growth Factor/Scatter
Factor) et son récepteur MET jouent un rôle
important dans la progression du cancer
de la prostate résistant à la castration
(CPRC). Les taux sériques d’HGF sont plus
élevés dans les cancers de la prostate méta-
statiques que dans les tumeurs localisées.
Une expression de MET est détectée dans
75 à 100 % des formes métastatiques et est
associée à l’émergence d’une résistance à la
castration. Cet essai randomisé en double
aveugle (1) a inclus 144 patients présentant
un CPRC métastatique déjà traités par docé-
Revue de presse
Figure 1. Schéma de l’étude.
± RT
Jours
– 2– 28 1 22 43 64 85 421
ou progression
Screening Toutes les 3sem. pendant 4doses Suivi ou doses
additionnelles d’ipilimumab
Ipilimumab
Schéma
PhaseI – escalade de dose (3,5 ou 10 mg/kg d’ipilimumab) puis 3 ou 10 mg/kg d’ipilimumab ± RT
Phase II – Cohorte d’expansion : 10 mg/kg ± cohortes de RT
Objectifs
Tolérance
Réponse PSA à J85, réponse globale PSA, et réponse tumorale selon les critères RECIST
Évaluations de la réponse
PSA : J22, J43, J64, J85 puis tous les mois
Tumeur : J85 puis tous les 3mois D’après Slovin SF et al. Ann Oncol 2013.
Figure 2. Réponse biologique (PSA) dans l’étude ipilimumab dans toute la cohorte (A) ou dans la cohorte avec radio-
thérapie (B) . Les modifi cations les plus importantes sont constatées dans toute la cohorte (C) et dans la cohorte avec
radiothérapie (D) .
400
300
200
100
-100
0
0 10 20 30 40 50 60 70
200
100
-100
0
0 10 20 30 40 50
400
300
200
100
-100
0
0 10 20 30 40 50 60 70
200
100
-100
0
0 10 20 30 40 50
D’après Slovin SF et al. Ann Oncol 2013.
Patients (%)
Patients (%)
Patients (%)
Patients (%)
Nombre de patients avec données
(ou évalués) [n=65]
(n = 66)
Modifi cations PSA/baseline
(n=45)
(n = 46)
A
C
B
D
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - n° 2 - avril-mai-juin 2013
41
41
taxel. Le rilotumumab, anticorps monoclonal
totalement humanisé anti-MET, était testé
selon 2 doses − 15 et 7,5 mg/kg − versus
placebo. Il n’a pas été retrouvé de diff érence
en termes de médiane de survie sans pro-
gression (3,0 versus 2,9 mois) ni de survie
globale (12,2 versus 11,1 mois). La tolérance
a été bonne, à l’exception d’œdèmes plus
fréquents avec l’anticorps (24 % versus 8 %).
Commentaire. Il ne faut pas sarrêter à cet
échec. D’autres inhibiteurs de MET sont en cours
de développement, comme le cabozantinib,
double inhibiteur de MET et de VEGFR2 (Vascular
Endothelial Growth Factor Receptor2) actuel-
lement en phaseIII, qui a obtenu des résultats
spectaculaires lors de l’étude de phaseII(2).
P. Beuzeboc, Paris
1. Ryan CJ, Rosenthal M, Ng S et al. Targeted MET inhibi-
tion in castration-resistant prostate cancer: a randomized
phase II study and biomarker analysis with rilotumumab
plus mitoxantrone and prednisone. Clin Cancer Res 2013;
19(1):215-24.
2. Smith DC, Smith MR, Sweeney C et al. Cabozantinib
in patients with advanced prostate cancer: results of a
phase II randomized discontinuation trial. J Clin Oncol 2013;
31(4):412-9.
Ipilimumab seul ou associé
à la radiothérapie dans le CPRC
métastatique : résultats
d’une étude ouverte
multicentrique de phaseI/II
L’ipilimumab est un anticorps mono-
clonal totalement humanisé bloquant
spécifiquement la liaison de CTLA-4
(Cytotoxic T-Lymphocyte Antigen-4) à ses
ligands (CD80/CD86), augmentant ainsi
l’activation et la prolifération des cellules T
cytotoxiques (1). L’ipilimumab a prouvé son
effi cacité dans les mélanomes (2). Lobjectif
de cette étude multicentrique d’escalade
de dose de phase I/II (3) était d’évaluer
l’effi cacité clinique de l’ipilimumab seul ou
combiné à la radiothérapie, des données
précliniques ayant déjà montré un effet
antitumoral synergique des 2 modalités
thérapeutiques (figures 1 et 2). La dose
maximale était fi xée à 10 mg/ kg, car cette
dose s’est avérée plus efficace que celle
de 3 mg/kg dans les mélanomes (taux de
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Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - n° 2 - avril-mai-juin 2013
4242
réponse objective respectivement de 11,0
et 4,2 %). Soixante-dix patients au total ont
été traités : 29 en monothérapie, 41 en asso-
ciation. Trente-trois patients (au moins 6 par
cohorte) ont reçu de l’ipilimumab toutes les
3 semaines × 4 doses à 3, 5 ou 10 mg/ kg, ou
à la dose de 3 ou 10 mg/ kg s’il était associé à
une radiothérapie de 8 Gy. La dose maximale
tolérée (DMT) n’a pas été atteinte, ce qui a
permis une extension à la dose de 10 mg/ kg
chez 50 patients. À cette dose, le nombre
moyen d’injections a été de 3. Les princi-
paux eff ets indésirables ont été les diarrhées,
les colites, les rashes et le prurit. Au total,
5 arrêts de traitement ont été motivés par
des toxicités : colite (n = 1), diarrhée (n = 3),
hépatite (n = 1). Une activité a été retrouvée
dans toutes les cohortes présentant une
réponse biologique (baisse de plus de 50 %
du PSA). Chez les patients traités à la dose
de 10 mg/ kg combinée à la radiothérapie, 8
ont présenté une réponse biologique pour
une durée de 3 à 11 mois.
Commentaire. Les résultats positifs sur la
survie globale d’une immunothérapie, le
sipuleucel-T(4), ont stimulé d’autres approches
d’immunothérapie dans les CPRCm. À la suite
de résultats précliniques encourageants, les
premières études avaient montré, à la dose de
3mg/kg toutes les 4semaines, une tolérance
acceptable et une activité antitumorale(5). Les
données de cette étude laissent supposer une
efficacité. Deux études de phaseIII, dont une
avec le docétaxel, sont en cours pour confi rmer
le potentiel thérapeutique de l’ipilimumab dans
les CPRCm.
P. Beuzeboc, Paris
1. Leach DR, Krummel MF, Allison JP. Enhancement of
anti tumor immunity by CTLA-4 blockade. Science 1996;
271(5256):1734-6.
2. Hodi FS, O’Day SJ, McDermott DF et al. Improved survival
with ipilimumab in patients with metastatic melanoma.
N Engl J Med 2010;363(8):711-23.
3. Slovin SF, Higano CS, Hamid O et al. Ipilimumab alone
or in combination with radiotherapy in metastatic castra-
tion-resistant prostate cancer: results from an open-label,
multicenter phase I/II study. Ann Oncol 2013. [Epub ahead
of print]
4. Kantoff PW, Higano CS, Shore ND et al.; IMPACT Study
Investigators. Sipuleucel-T immunotherapy for castration-
resistant prostate cancer. N Engl J Med 2010;363(5):411-22.
5. Small EJ, Tchekmedyian NS, Rini BI et al. A pilot trial of
CTLA-4 blockade with human anti-CTLA-4 in patients with
hormone-refractory prostate cancer. Clin Cancer Res 2007;
13(6):1810-5.
Acétate d’abiratérone
avant docétaxel dans les CPRCm :
résultats intermédiaires
del’étudeCOU-AA-302
Dans les cancers de la prostate méta-
statiques résistants à la castration (CPRCm),
l’acétate d’abiratérone (AA) est devenu,
après le docétaxel, un traitement standard
à la suite des résultats de l’étude COU-AA-
301 montrant un bénéfice d’environ 4 mois
en survie globale (SG). Avant docétaxel,
seul le sipuleucel-T avait jusqu’à présent
permis d’obtenir un avantage (modeste)
en SG. Dans cette étude en double aveugle
versus placebo, 1 008 patients peu ou
pas symptomatiques ont été randomisés
(1:1) pour recevoir soit AA (1 000 mg/ j)
+ prednisone (10 mg/ j), soit placebo +
prednisone. Il était prévu 2 co critères de
jugement principaux et 3 analyses. Les
résultats publiés correspondent à la deu-
xième analyse intermédiaire. La survie sans
progression radiographique évaluée par
une revue indépendante a été significative-
ment améliorée (16,5 mois sous AA versus
8,3 mois dans le bras témoin ; HR = 0,53 ;
IC95 : 0,45-0,62 [p < 0,001]). Avec un suivi de
22 mois, il a été retrouvé une forte tendance
à l’amélioration de la SG (non atteinte dans
le bras AA versus 27,2 mois avec la pre-
dnisone seule ; HR = 0,75 ; IC
95
: 0,61-0,93
[p = 0,01]). Le comité de surveillance a
recommandé sur la base de ces données
la levée de l’aveugle afin de permettre aux
patients de bénéficier du traitement par
AA. Il faudra attendre la prochaine mise à
jour pour conclure définitivement sur les
données de SG. LAA améliore également
tous les critères de jugement secondaires,
que cela soit le délai jusqu’à instauration de
la chimiothérapie, l’utilisation des opiacés,
la progression biologique (PSA) ou l’indice
de performance (PS).
Commentaire. Cette amélioration a été
constatée dans tous les sous-groupes (définis
en fonction de l’âge, du PS, des douleurs, de
l’extension tumorale). Les effets indésirables
ont été limités aux effets minéralocorticoïdes
attendus (hypokaliémie, hypertension,
œdèmes des membres inférieurs) et aux
perturbations du bilan hépatique (éléva-
tions transitoires des transaminases dans
8 % des cas). On attend avec impatience les
résultats définitifs qui devraient permettre
de différer la chimiothérapie. Les résultats
de l’essai PREVAiL, qui évalue l’enzalutamide
(MDV3100) dans la même situation et dont
les inclusions sont terminées, ne sont pas
attendus avant 2014.
P. Beuzeboc, Paris
Ryan CJ, Smith MR, de Bono JS et al.; the COU-AA-302
Investigators. Abiraterone in metastatic prostate can-
cer without previous chemotherapy. N Engl J Med 2013;
368(2):138-48.
La corticothérapie
dans le CPRCm : indications
etnouveaux défi s
Les corticoïdes jouent un rôle important
dans le cancer de la prostate métastatique
résistant à la castration (CPRCm). Le docé-
taxel, le cabazitaxel, l’acétate d’abiratérone
(AA) ont obtenu leur autorisation de mise
sur le marché en association avec la pred-
nisone à la dose de 10 mg/ j, ce qui nest pas
le cas du sipuleucel-T ni de l’enzalutamide
(MDV3100). Les corticoïdes sont aussi utilisés
en dehors de leur action antitumorale pour
contrôler certains symptômes (douleurs,
anorexie), diminuer les eff ets toxiques de
certains médicaments (rôle antiémétique,
antiallergique) ou prévenir l’hyperaldosté-
ronisme induit par les inhibiteurs de CYP17,
comme l’AA. L’avènement récent de plusieurs
lignes thérapeutiques où la corticothérapie
fait partie intégrante du traitement amène
à envisager une possible augmentation des
risques ou des eff ets indésirables liés à une
utilisation de longue durée. Dans l’étude
TAX327, la durée médiane de traitement
était de 9,5 mois avec le docétaxel. Dans
l’étude TROPIC, elle était de 6 cycles avec le
cabazitaxel. La durée moyenne de traitement
avec l’AA après docétaxel est d’environ 8 mois.
La corticothérapie à long terme peut être
responsable d’œdèmes, d’un aspect cushin-
goïde, d’une prise de poids, d’une myopathie,
d’une hypertension, d’une hyperglycémie, de
cataractes, de glaucomes, d’une ostéoporose,
Revue de presse
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - n° 2 - avril-mai-juin 2013
43
43
d’une dyspepsie, d’une candidose orale,
d’insomnies, etc. Une utilisation prolongée
expose à des eff ets immunosuppresseurs
pouvant favoriser des complications infec-
tieuses, mais aussi un risque d’insuffi sance
sur rénalienne, de complications cardio-
vasculaires, d’ostéonécrose de la hanche,
de troubles métaboliques, etc.
Commentaire. L’allongement de la médiane
de survie du CPRCm de 18 à près de 30mois
oblige à considérer d’une manière diff érente les
eff ets indésirables et les risques potentiels d’une
corticothérapie à long terme. Il doit amener à
une nouvelle réfl exion sur l’optimisation de la
corticothérapie, d’autant que celle-ci sera prochai-
nement mise en route plus tôt, quand l’AA sera
utilisé avant le docétaxel. Sur le plan pratique,
dans l’avenir, la détection et la surveillance des
complications potentielles de la corticothérapie
devront être plus étroites. Pour éviter une insuf-
fisance surrénalienne, la réduction des corti-
coïdes devra être d’autant plus progressive que
la durée de la corticothérapie aura été prolongée.
Il faut aussi relever que les corticoïdes peuvent
développer un effet antagoniste partiel sur le
récepteur aux androgènes en cas d’utilisation
prolongée.
P. Beuzeboc, Paris
Dorff TB, Crawford ED. Management and challenges of
corticosteroid therapy in men with metastatic castrate-
resistant prostate cancer. Ann Oncol 2013;24(1):31-8.
Traitements ciblés associés
audocétaxel dans les CPRCm :
unconcept à revoir après 8essais
dephaseIII négatifs
Le docétaxel constitue un élément
incontournable du traitement du
cancer de la prostate métastatique
résistant à la castration (CPRCm). Il était
logique d’essayer d’améliorer son effi ca-
cité en lui associant, de façon concomi-
tante, des traitements ciblés d’origine très
diff érente (antiangiogéniques, agents du
micro environnement osseux, immuno-
modulateurs, etc.). Mais, dans cette situa-
tion, aucun n’a pu démontrer d’effi cacité sur
la survie, alors que certains avaient montré
des résultats initiaux prometteurs. Les résul-
tats fi naux de l’étude ENTHUSE M1C éva-
luant le zibotentan viennent d’être publiés.
Un essai de phase III évaluant l’atrasentan,
autre inhibiteur du récepteur 1 de l’endo-
théline A, s’était révélé négatif. Dans les
2 cas, des études de phase II randomisées
avaient montré un avantage en survie
globale (SG). Ces données font suite aux
2 présentations négatives rapportées à
l’ASCO® GU concernant le dasatinib (inhi-
biteur de Src) et l’afl ibercept (VEGF-trap).
Quatre autres molécules avaient préalable-
ment échoué à montrer un avantage en SG :
le calcitriol à fortes doses, le bévacizumab, le
lénalidomide et le GVAX (une vaccination).
Commentaire. Ces données devraient amener
à reconsidérer les critères qui conduisent à la
décision de lancer une étude de phaseIII.
En effet, ces échecs ont un coût majeur tant
financier qu’humain, car des milliers de patients
ont été inclus dans ces études pour un résultat
totalement négatif. Il faudra en premier lieu
reconsidérer les critères de sélection des
patients pour l’étude des traitements ciblés
afin de viser une médecine plus personnalisée.
Signalons que restent en attente les résultats
de l’ipilimumab (anticorps anti-CTLA-4) et de
l’OGX-010 (antisens anticlustérine, une protéine
antiapoptotique).
P. Beuzeboc, Paris
Antonarakis ES, Eisenberger MA. Phase III trials with doce-
taxel-based combinations for metastatic castration-resistant
prostate cancer: time to learn from past experiences. J Clin
Oncol 2013;31(14):1709-12.
Absence of evidence is (not?)
evidence of absence
Lorsque le diagnostic de cancer de la pros-
tate de faible risque selon la classifi cation
de D’Amico est établi par des biopsies pros-
tatiques “standard” (comportant 12 prélè-
vements) montrant un cancer de score de
Gleason inférieur ou égal à 6 associé à une
valeur de PSA inférieure à 10 ng/ ml et à un
examen clinique de la prostate sans ano-
malie, le risque de sous-évaluer le score de
Gleason est estimé à 30 %. Cependant, le
devenir de ces cancers, lorsquils sont traités
par prostatectomie, nest pas diff érent selon
que celle-ci a été diff érée ou non en raison
d’une décision de surveillance active initiale.
De fait, 20 à 30 % des cancers de risque inter-
médiaire sont ainsi initialement surveillés
sans que leur pronostic ne semble modifi é.
Néanmoins, si la surveillance active est une
alternative validée au traitement des cancers
de la prostate de faible risque, l’eff et d’un
traitement diff éré chez les patients présen-
tant un cancer de risque intermédiaire nest
pas déterminé.
Au moyen des informations enregistrées dans
la base de données SEARCH (Shared Equal
Access Regional Cancer Hospital), les auteurs
ont comparé la survie sans récidive bio-
logique de 1 561 patients opérés entre 1988
et 2011 pour des cancers de risque faible
(n = 813 ; 52 %) ou intermédiaire (n = 748 ;
48 %) en fonction du délai entre le diagnostic
et la prostatectomie totale (inférieur ou égal
à 3 mois, de 3 à 6 mois, de 6 à 9 mois ou
supérieur à 9 mois). Le suivi médian a été de
52,9 mois, durant lesquels 437 des patients
(38,9 %) ont eu une récidive biologique. Pour
ceux atteints d’un cancer à faible risque, le
délai n’a été corrélé ni à la survie sans récidive
biologique, ni à l’extension extracapsulaire,
aux marges positives ou au diagnostic d’un
cancer de score de Gleason plus élevé que
prévu par l’analyse de la ponction-biopsie
prostatique. En revanche, pour les patients
atteints d’un cancer de risque intermédiaire,
un délai de plus de 9 mois entre le diagnostic
et le traitement par prostatectomie totale a
été corrélé à une survie sans récidive bio-
logique inférieure et à un risque accru de
marges chirurgicales positives. En outre, en
cas de délai supérieur à 9 mois, l’apparte-
nance au groupe pronostique intermédiaire
a été un facteur de risque indépendant de
marge positive, et ce même dans les sous-
groupes des patients ayant un score de
Gleason inférieur ou égal à 7 (= 3 + 4) ou
ayant une valeur de PSA inférieure ou égale
à 6 ng/ ml. Les auteurs en concluent que, si
leurs résultats étaient confi rmés par dautres
études, ils montreraient que les risques de
récidive biologique et de marge positive
sont plus élevés en cas de délai supérieur
à 9 mois avant une prostatectomie totale
chez les patients ayant un cancer de risque
intermédiaire.
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