Éditorial
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. II - no 4 - octobre-novembre-décembre 2011
149149
L
e cancer de la prostate est une maladie dépen-
dante de la testostérone. Les premiers travaux
de C.V. Huggins et C.V. Hodges, couronnés
par un prix Nobel de médecine sur la castration
hormonale, remontent aux années 1940. Cependant,
après une phase d’hormonosensibilité, la maladie
évolue pratiquement de façon inéluctable, le patient
devient résistant à la castration et risque de décéder
de sa maladie à une phase métastatique. La castration
chimique (agonistes ou récemment antagonistes de la
LH-RH) a remplacé la pulpectomie. Ce nouveau numéro
de Correspondances en Onco-Urologie permet une
synthèse exhaustive des nouveautés dans le cancer
de la prostate résistant à la castration. Une nouvelle
génération d’hormonothérapie bloquant plus spécifi -
quement les récepteurs des androgènes (MDV3100) ou
les enzymes impliquées dans la synthèse de la testos-
térone sont en développement (acétate d’abiratérone,
TAK-700 et autres). Lacétate d’abiratérone vient de
démontrer un avantage en termes de survie globale en
post-docétaxel en phase de résistance à la castration.
La chimiothérapie de type docétaxel est le traitement
de choix en phase de résistance à la castration en
situation métastatique et le cabazitaxel vient d’obtenir
sa mise sur le marché en deuxième ligne en France.
La combinaison du docétaxel et du cabazitaxel en
séquentiel permet d’avoir des survies de l’ordre de
29 mois en phase de résistance à la castration. Enfi n,
des traitements ciblant l’os (blocage des ostéoclastes :
acide zolédronique ; blocage du facteur d’activation
des ostéoclastes RANK ligand : dénosumab ; inhibition
de Src : dasatinib ; inhibition de l’endothéline-1 :
atrasentan et zibotentan ; destruction des métastases
par une radiothérapie métabolique : Alpharadin®)
améliorent les symptômes, la qualité de vie et la survie
des patients (Alpharadin®). De nouveaux traitements
d’immunothérapie renforçant l’immunité du patient
(sipuleucel-T, Prostvac®) en situation métastatique chez
des patients asymptomatiques améliorent la survie.
La voie de l’angiogenèse suscite des déceptions et des
interrogations. Doit-on continuer dans cette voie en
raison des échecs successifs (bévacizumab, sunitinib
et lénalidomide) ou, au contraire, doit-on continuer à
explorer cette voie avec de nouvelles molécules ayant
une action anti-c-Met (cabozantinib) ? Une meilleure
connaissance des facteurs prédictifs de survie des
patients en phase métastatique permettra de mieux
défi nir les traitements, d’éviter des toxicités inutiles
et d’améliorer l’effi cacité de ces molécules avec une
réduction des coûts pour la société. La prise en charge
du patient présentant un cancer de la prostate est bien
une révolution devant amener un allongement de la
survie dans les prochaines années de façon substan-
tielle. Le cancer de la prostate peut être considéré
comme une maladie chronique en raison des progrès
de la médecine et des nouveaux traitements actuel-
lement disponibles. L’utilisation de ces molécules à des
stades plus précoces de la maladie doit être engagée
afi n d’off rir aux patients des traitements adaptés à
chaque stade du cancer de la prostate. Bonne lecture !
S. Oudard
Service de cancérologie médicale,
hôpital européen Georges-Pompidou, Paris
et université Paris-Descartes.
Cancer de la prostate métastatique :
nouveautés et évolution de la prise
en charge
Metastatic prostate cancer: news and evolution of the support care
COU-12 + pubs.indd 149COU-12 + pubs.indd 149 13/12/11 15:5813/12/11 15:58
1 / 1 100%