www.amse-aixmarseille.fr Conférencepublique–AMSEPolicyLecture#5 OrganiséeparAix-MarseilleSchoolofEconomics Conduitedelapolitiquemonétairedansuneéconomiedépendante desressourcesnaturelles:lecasdel’Algérie ParMohammedLaksaci,GouverneurdelaBanqueCentraled’Algérie(2001-2016) Mardi6décembre2016–14h-15h45 Bibliothèquedel’Alcazar–Marseille surinscriptionpourlesclassesentièresauprèsdeMarineBoléa,AMSE [email protected] Les ressources naturelles, essentiellement les hydrocarbures dont les prix sont volatils, ont joué et continuent de jouer un rôle primordial dans l’économie algérienne, dans la mesure où les revenus générés par l’exploitation de ces ressources constituent l’essentiel des recettes d’exportation du pays et une part substantielledesrevenusbudgétaires. Au cours des années 1970 et 1980, le financement des investissements planifiés a reposé dans une large mesure sur les ressources de la sphère budgétaire liées aux hydrocarbures. Ces deux décennies se sont caractérisées par une forte monétisation de l'économie, alors que la politique monétaire était confinée à un rôle passif en contexte de répression financière. La chute des prix du pétrole en 1986 a révélé les limitesd’untelparadigmeainsiquel’ampleurdesdéséquilibresmacroéconomiques. Sous l’effet de la chute du prix du pétrole en 1986, la détérioration rapide de la situation de la balance des paiements extérieurs et le déséquilibre des finances publiques ont nécessité la mise en oeuvre de programmes de stabilisation et d’ajustementstructurelaucoursdesannées1990.Aprèslepremiertraindemesures de réforme économique engagé en 1988 et 1989, la réforme monétaire mise en oeuvre à partir de l’année 1990 a représenté un important ancrage pour mener à bien la stabilisation macroéconomique et la sortie graduelle du paradigme de AixMarseilleSchoolofEconomics,CentredelaVieilleCharité,2RuedelaCharité,F-13236MarseilleCedex2 www.amse-aixmarseille.fr répressionfinancière.Lesrésultatsappréciablesautermedelapérioded’ajustement (1994–1998)aucoursdelaquellelespolitiquesmonétaireetdechangeontjouéun rôle majeur, ont permis de faire face aux effets de la chute du prix du pétrole intervenueen1998-1999. Soutenuesparlastérilisationd’unepartiedusurcroîtderessourcesbudgétairesissu des hydrocarbures à travers l’accumulation d’épargnes budgétaires dans le fonds de régulation des recettes (fonds de stabilisation) , la politiques monétaire prudente a permis de gérer l’excès structurel de liquidité sur le marché monétaire durant la période 2002 à 2014. Au cours de cette période, la conduite active de la politique monétaire au moyen d’instruments pertinents de résorption de l’excès de liquidité a largement contribué à contenir les effets inflationnistes du surcroît de ressources issues des hydrocarbures. Les performances en matière de stabilité monétaire ont conduit à la réforme du cadre de politique monétaire en 2010 qui institue l’objectif explicite d’inflation, concomitamment à celui de stabilité financière. Tout en poursuivant l’objectif de stabilité des prix, la Banque d’Algérie veille à la stabilité financièreetàlasécuritédessystèmesdespaiements. Si les “coussins de sécurité” (accumulation des réserves de change et d’épargnes budgétaires dans le fonds de stabilisation) constitués entre 2000 et 2008 ont largement permis de faire face au choc exerne de 2009, intervenu en pleine crise financière et économique mondiale, la chute des prix du pétrole à partir de mi-2014 révèle l’acuité de la vunérabilté de l’économie algérienne à toute contraction des ressources d’hydrocarbures. En dépit de l’ajustement du taux de change pour faire face à ce choc externe, l’érosion rapide des ressources du fonds de stabilisation et desréservesdechangetraduitnotammentlefaitquelaconsolidationbudgétairen’a étéquefaiblementengagéen2015.Lacontractiondelaliquiditébancaireàpartirde 2015, qui est plus soutenue en 2016, justifie la réactivation au cours du second semestre2016durôledelaBanqued’Algérieentantquepréteurendernierressort. En injectant des liquidités dans le système bancaire après plus de quinze années aucoursdesquellesellen’avaitpaseuàjouersonrôledepréteurendernierressort, la Banque d’Algérie devra continuer à veiller à la concrétisation de l’objectif AixMarseilleSchoolofEconomics,CentredelaVieilleCharité,2RuedelaCharité,F-13236MarseilleCedex2 www.amse-aixmarseille.fr d’inflation en situation de risques à la hausse liés à la persistance du choc externe. Dans une telle situation de baisse des termes de l’échange, la politique monétaire devramettredavantagel’accentàpartirde2017surlanécessitédelimiterl’inflation. Le nécessaire ajustement budgétaire graduel à partir de 2017 accompagné par un effort de recouvrement des révenus d’impôts hors hydrocarbures devra étre appuyé parlamiseenoeuvrederéformesstructurellesàmèmedestimulerl’investissement du secteur privé et l’offre de biens et services productifs. Cela aiderait à préserver unemargedemanoeuvrerelativepourlapolitiquemonétaire,pourcequiestdurôle crutialqu’elledoitcontinuerdejouerenmatièredestabilisationmacroéconomique. Compte tenu de la dépendance de l’économie algérienne à l’égard des ressouces du secteur des hydrocarbures et du risque d’épuisement des ressources du fonds de stabilisation,lapoursuitedelapolitiquedeflexibilitédutauxdechangecontribuera àéttayerlaconduitedelapolitiquemonétaire,ensituationdefaibleendettementen devises. La communication traitera, dans un premier temps, du rôle important joué par la politique monétaire dans la mise en oeuvre des programmes de stabilisation et d’ajustement structurel au cours des années 1990, suite aux déséquilibres des comptes extérieurs et des finances publiques liés à la chute des prix du pétrole en 1986.Alalumièredelaconsolidationdelastabilitémacrofinancièreàpartirdedébut desannées2000soutenueparunegestionprudentedusurcoîtderessourcesissudes hydrocarbures, l’exposé abordera la nouvelle orientation de la politique monétaire qui a permis d’absorber l’excès structurel de liquidité durant la période 2002 à 2014 etdemaintenirl’inflationsouscontrôle.Enfin,lesopérationsdepolitiquemonétaire seront examinées à travers l’évolution des principaux postes du bilan de la Banque d’Algérie. Docteur en sciences économiques de l’Université Catholique de Louvain (1985), Belgique, Mohammed Laksaci a été maître de conférences et président du Conseil scientifique de l’EcoleSupérieuredeCommerced’Alger(1986–1990).Aprèslepostededirecteurgénéral des études (1990 – 1997) puis Vice-Gouverneur (1997 – 2001), il a été Gouverneur de la Banqued’Algériedejuin2001àmai2016. AixMarseilleSchoolofEconomics,CentredelaVieilleCharité,2RuedelaCharité,F-13236MarseilleCedex2