Corpus Médical– Faculté de Médecine de Grenoble
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active des enzymes membranaires (phospholipases) qui provoquent la destruction des
structures membranaires et libèrent des métabolites de l'acide arachidonique (thromboxane),
vasoconstricteurs et activateurs de l'agrégation plaquettaire. Enfin, les processus qui génèrent
les radicaux libres sont initiés.
L'hypoxie se manifeste au niveau de tous les viscères de l'organisme provoquant une
libération dans le sang de substances vasoactives (prostaglandines, kinines, histamine,
leucotriènes, oxyde nitrique) ou cardioactives (Myocardial Depressant Factor), aggravant
davantage la défaillance circulatoire. La transition d'un état de choc compensé à celui de choc
décompensé serait marquée au niveau microcirculatoire par la perte du tonus vasoconstricteur
des artérioles précapillaires.
Tous ces facteurs aboutissent à une réduction irréversible du flux microcirculatoire
(obstruction capillaire), d'où l’apparition d’un syndrôme de défaillance multi-viscéral :
insuffisance rénale et hépato-cellulaire, oedème pulmonaire, gastrites hémorragiques,... De
manière précoce, la circulation splanchnique se trouve sacrifiée, d'où l'apparition d'une
ischémie intestinale et d'une augmentation de la perméabilité intestinale. Ceci pourrait
favoriser la translocation bactérienne. Il existe enfin une immunosupression et une altération
des fonctions de détoxification du foie au cours du choc hémorragique.
3. Diagnostic et surveillance
3.1. C'est une insuffisance circulatoire aiguë
Le diagnostic du choc est clinique et facile devant la conjonction de signes évocateurs :
• cardio-vasculaires : pouls rapide et filant, quelquefois uniquement perçu au niveau
fémoral ou carotidien, souvent pouls paradoxal (réduction de l'amplitude du pic
systolique à l'inspiration), parfois bradycardie extrême. Les veines sont plates, la PA
est normale ou basse, avec pincement de la différentielle. Il existe une oligo-anurie.
• cutanés : marbrures des genoux, sueurs froides, augmentation du temps de
recoloration capillaire.
• neuro-sensoriels : vertiges, agitation, angoisse, obnubilation, prostration, coma.
• respiratoires : polypnée superficielle, cyanose des lèvres et des extrémités.
• généraux : soif, hypothermie.
Il faut rappeler que l'apparition de ces signes témoigne déjà d'une spoliation de 25 à 40 % de
la masse sanguine (soit 1000 à 1700 ml de pertes sanguines chez un sujet de 60 kg). La valeur
de la PA n'est donc pas un indicateur de la sévérité du choc hémorragique.
Le danger est de sous-estimer l’hypovolémie ou l’importance de l’hémorragie. En
traumatologie il faut avoir une idée des pertes sanguines impliquées par les lésions :
• Fracture d’une côte = 125 ml
• Fracture d’une vertèbre ou de l’avant bras = 250 ml
• Fracture de l’humérus = 500 ml
• Fracture du fémur = 2000 ml
• Fracture du bassin = 500 à 5000 ml