La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 10 - décembre 2009 | 555
Résumé
La radiothérapie accélère son évolution en termes d’efficacité et de qualité. Les développements techno-
logiques actuels et à venir lui assurent une place majeure dans la prise en charge curative du traitement
locorégional des cancers, en augmentant ses indications tout en maintenant son intégration dans une
approche pluridisciplinaire. Les différentes évolutions technologiques développées dans un cadre qualitatif
et sécuritaire rigoureux donnent à la radiothérapie une capacité à guérir des cancers, seule ou en associa-
tion avec la chirurgie. Elle reste le traitement le moins onéreux parmi l’arsenal thérapeutique des cancers.
Mots-clés
Radiothérapie
Évolution
Progrès
Qualité
Sécurité
Highlights
Radiotherapy accelerates its
evolution in terms of efficiency
and quality. The current techno-
logical developments and those
to come assure it a major place
in the curative care of the loco-
regional cancer treatment, by
increasing its indications while
maintaining its integration in a
multidisciplinary approach. The
various technological evolu-
tions developed in a rigorous
qualitative and security frame
give radiotherapy a capacity to
cure cancers, alone or in asso-
ciation with surgery. It remains
the less expensive treatment
among the armamentarium of
cancers.
Keywords
Radiotherapy
Evolution
Advance
Quality
Security
L’informatique a permis le pilotage et le contrôle
des machines de radiothérapie. Toutes les étapes
de la radiothérapie, depuis l’acquisition des données
anatomiques jusqu’à leur transfert aux appareils
de traitement, en passant par la dosimétrie ou les
études balistiques, sont intégrées dans des réseaux
informatiques appelés “Record and Verify”. L’aug-
mentation de la puissance et de la vitesse de calcul
des processeurs permet ces évolutions sans alourdir
les temps alloués à chaque étape.
La radiothérapie moderne est dite “de conforma-
tion”, ce qui traduit le souci des oncologues radio-
thérapeutes de s’adapter au mieux à l’extension
tumorale clinique ou infraclinique, et à l’anatomie
des patients pour préserver les tissus sains et épar-
gner les organes à risque. Pour ce faire, les onco-
logues radiothérapeutes vont recourir à toutes les
techniques d’imagerie moderne. L’acquisition des
données (extensions tumorales et anatomie) se fait
par la tomodensitométrie sur des scanners spéci-
fiquement dédiés à la radiothérapie. Ces acquisi-
tions se font en position de traitement pour une
meilleure adéquation entre toutes les phases de
la radiothérapie. Les données sont complétées par
les informations provenant des autres techniques
d’imagerie disponibles (IRM, PET scan), qui sont
intégrées grâce à de puissants logiciels de fusion
d’images présents dans les consoles de dosimétrie.
Les progrès à venir passeront aussi par l’imagerie
fonctionnelle (IRM de diffusion, spectrométrie,
nouveaux marqueurs pour le PET scan) ; ces examens
permettent de découvrir de petites tumeurs et des
reliquats cellulaires actifs. L’un des objectifs vise à
adapter la dose à la tumeur en l’augmentant dans les
zones hyperactives, voire à pratiquer des surdosages
ciblés sur les zones résiduelles actives, comme cela
est envisagé dans le traitement par radiothérapie
exclusive des tumeurs des voies aéro-digestives supé-
rieures (VADS), œsophagiennes ou cérébrales. C’est
le concept de la “personnalisation de dose”.
Cette notion tridimensionnelle est déjà dépassée,
car une quatrième dimension a été introduite avec
la modulation de l’intensité des faisceaux et de la
fluence de l’irradiation dans un même faisceau, afin
de déposer au mieux l’énergie dans la tumeur et ses
zones actives, quelle qu’en soit la forme, en préser-
vant les tissus qui la bordent. La diminution des doses
délivrées aux organes sensibles est essentielle (par
exemple, pour préserver la fonction érectile dans
les cancers génito-urinaires chez l’homme). C’est
une préoccupation permanente de la recherche en
radiothérapie.
L’informatique industrielle embarquée sur les
machines de traitement permet de piloter des colli-
mateurs multilames (80 à 120 lames par collima-
teur). Le mouvement des lames en continu pendant
l’irradiation permet de moduler la conformation du
faisceau. L’ensemble de la chaîne de radiothérapie
est relié par un réseau qui permet le transfert sécu-
risé des données, depuis l’élaboration du traitement
jusqu’à sa réalisation sous les accélérateurs.
Des évolutions technologiques permettent d’amé-
liorer le contrôle balistique sous l’appareil de traite-
ment (voir l’article p. 570 : “Techniques innovantes
en radiothérapie oncologique : évolution ou révolu-
tion ?”). Elles rendent les perspectives réjouissantes
pour les patients traités par radiothérapie.
Tous ces développements imposent des contrôles
qualité itératifs, des mesures de sécurité accrues
et des temps de maintenance et d’intervention qui
immobilisent chaque machine 2 à 3 semaines par
an. Les contraintes sont, bien entendu, financières,
mais surtout humaines, avec une crise démogra-
phique aiguë pour les manipulateurs, et plus encore
pour les physiciens, ainsi que, dans les prochaines
années peut-être, pour les oncologues radiothé-
rapeutes.
Le développement de la radiothérapie passe
également par une meilleure connaissance et
une meilleure maîtrise de l’association thérapeu-
tique entre chirurgie et radiothérapie, dans le but
d’optimiser le contrôle locorégional des maladies
tumorales, mais également les associations entre
chimiothérapie ou thérapies ciblées et radiothérapie.
Principaux objectifs
de ces développements
Les objectifs sont simples : il s’agit d’assurer le
contrôle tumoral local en augmentant les doses ou,
si cela n’est pas possible, en augmentant les effets
des traitements combinés, cela avec un minimum
d’effets indésirables, tout en préservant des organes