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Le Courrier de l’algologie (4), n°3, juillet/août/septembre 2005
Publi-rédactionnel
➤Le Pr Narinder Rawal (Ôrebrö, Suède)
a présenté, dans un deuxième temps,
une nouvelle “philosophie” ou une nou-
velle “façon de penser” la prise en char-
ge de la douleur : “L’inclusion de la
prise en charge de la douleur au sein
d’un programme clinique doit conduire
à une meilleure réadaptation postopéra-
toire”. De nombreux éléments, bien
connus, sont susceptibles d’influencer
le devenir des patients après une chirur-
gie : le stress chirurgical, la douleur
postopératoire, les nausées et les
vomissements, la fatigue, etc. En répon-
se à chacun de ces éléments, des solu-
tions ont été apportées séparément :
éducation préopératoire, cœlioscopie
et chirurgie mini-invasive, analgésie
locorégionale, nutrition précoce, etc.
N. Rawal fait toutefois remarquer que
toutes ces interventions ont été le plus
souvent conduites afin d’obtenir une
chirurgie “fast track” : c’est dire que les
motivations initiales étaient avant tout...
économiques. Aussi souligne-t-il, en
reprenant un éditorial de Mc Naught et
MacFie (1), qu’il conviendrait de penser
en termes de prise en charge globale
ou multimodale du patient avec, pour
but ultime, une diminution de morbi-
mortalité postopératoire, plutôt qu’en
termes de durée d’hospitalisation seule-
ment. À ce titre, N. Rawal rappelait que,
pour tirer tous les bénéfices d’une inter-
vention chirurgicale, tous les acteurs
doivent être impliqués : le patient, le
chirurgien, l’anesthésiste, les person-
nels intervenant dans le service chirur-
gical et les rééducateurs. L’implication
du patient commence dès la période
préopératoire par le respect de mesures
hygiéno-diététiques, qui ont fait la
preuve de leur efficacité (2, 3). On a
également le plus souvent tendance à
oublier le rôle primordial que joue la
qualité intrinsèque du geste opératoire
(4). L’orateur propose donc une évalua-
tion de la qualité opératoire par l’usage
de registres exhaustifs des procédures
chirurgicales et la réalisation régulière
d’audits auprès des chirurgiens. De
même, pour l’anesthésiste, il est indis-
pensable d’appliquer dès la période
opératoire l’ensemble des mesures
ayant fait la preuve de leur bénéfice sur
la morbimortalité postopératoire. Les
exemples cités étaient ceux de la res-
triction des apports liquidiens (5) et du
recours à l’analgésie péridurale (6) lors
de la chirurgie colique. Au sein du ser-
vice de chirurgie, une attention particu-
lière doit être portée à la nutrition, à
l’ablation des cathéters inutiles et à la
mobilisation précoce. Concernant
l’analgésie postopératoire, elle est au
mieux réalisée par une équipe spéciali-
sée (acute pain service) et fait appel aux
techniques locorégionales et à l’analgé-
sie multimodale. Par ailleurs, l’en-
semble des actes ou des interventions
doivent être clairement répertoriés dans
un “protocole de soins” ou un “par-
cours de soins” s’étendant de la pre-
mière consultation aux critères de sor-
tie de l’hôpital. La réalisation de tels
protocoles devant permettre, à terme,
une évaluation des pratiques et condui-
re à la réalisation d’études afin d’en
démontrer le bénéfice de façon formelle.
➤Enfin, c’est sous un aspect très
pratique que le Dr Wolfgang Koppert
(Erlangen-Nuremberg, Allemagne) a
conclu cette conférence de presse :
“L’usage des analgésiques non mor-
phiniques dans le cadre d’une analgé-
sie multimodale réduit l’hyperalgésie
induite par les morphiniques”. Les
morphiniques sont largement utilisés
dans le traitement des douleurs d’in-
tensité modérée à sévère. Ils entraînent
cependant un certain nombre d’effets
latéraux (nausées, vomissements,
dépression respiratoire, etc.) bien
connus de tous. W. Koppert rappelle
également des données trop fréquem-
ment ignorées, et notamment le fait
que les opiacés ont deux actions
contraires sur les phénomènes dou-
loureux : analgésie et hyperalgésie
(figure), effets antalgiques et effets
pronociceptifs. Des travaux expéri-
mentaux mais également cliniques ont
mis en évidence cette hyperalgésie
pharmacologiquement induite. Les
analgésiques non morphiniques, cou-
ramment employés en analgésie multi-
modale, ont un effet antihyperalgé-
sique propre. Parmi ces antalgiques se
retrouvent la kétamine et les anti-
NMDA, la clonidine, les anti-inflam-
matoires (AINS et coxibs), mais aussi
le paracétamol injectable dont les mul-
tiples atouts, plus d’un siècle après sa
première utilisation chez l’homme, ne
cessent de se révéler à nous.