Publi-rédactionnel CONFÉRENCE DE PRESSE (EUROANESTHESIA 2005) Douleur postopératoire : l’engagement permanent des laboratoires Bristol-Myers-Squibb ● Dr Emmanuel Nouvellon (anesthésiste-réanimateur, département d’anesthésie-douleur, groupe hospitalo-universitaire Caremeau, Nîmes) À l’occasion du congrès Euroanesthesia, les laboratoires BristolMyers-Squibb (BMS) ont organisé une conférence de presse faisant suite au symposium consacré aux “Nouvelles voies d’amélioration de la prise en charge de la douleur en post-opératoire en Europe”. Au cours de ce symposium, la prise en charge de la douleur postopératoire a été abordée sous trois points de vue différents : épidémiologique, “philosophique” et, enfin, pratique, portant sur l’hyperalgésie postopératoire. ➤ Le Pr Dan Benhamou (Le KremlinBicêtre, France) a rapporté les premiers résultats de l’enquête PATHOS (Postoperative Analgesic THerapy Observational Survey), enquête européenne menée grâce au soutien des laboratoires BMS et pilotée par dix experts européens de l’analgésie périopératoire. Ces premiers résultats confirment malheureusement que la prise en charge de la douleur postopératoire en Europe est et reste suboptimale. PATHOS est, à ce jour, la plus importante étude réalisée sur la prise en charge de la douleur postopératoire en Europe. Ses objectifs étaient de connaître au mieux les pratiques de soins européennes et d’identifier les points susceptibles d’amélioration. Pour ce faire, plus de 1 500 praticiens (chirurgiens et anesthésistes), répartis dans 734 établissements au sein de 7 pays (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Portugal et Suisse) ont participé à cette étude, couvrant ainsi environ 70 % des lits chirurgicaux de chaque pays. Les questionnaires comportaient des items s’inté- 112 ressant aussi bien à la formation des personnels qu’à l’information remise aux patients, à l’existence de protocoles de soins ou à l’évaluation de la douleur postopératoire. Enfin, les résultats de chacun de ces items étaient confrontés au “minimum requis” définis par dix experts reconnus internationalement pour leur implication dans la prise en charge de la douleur postopératoire. La première constatation de l’étude était que les personnes impliquées dans la prise en charge de la douleur postopératoire diffèrent d’un pays à l’autre. En France, au Portugal et en Belgique, les anesthésistes sont ainsi beaucoup plus impliqués que les chirurgiens. Une tendance inverse est observée en Espagne et en Allemagne. Concernant l’existence de programmes de formation (médecins, chirurgiens, infirmiers spécialisés ou non), 34 % des répondants déclaraient ne pas avoir, au sein de leur établissement, de tels programmes. Une information systématique concernant les moyens analgésiques qui allaient être mis en œuvre n’était délivrée au patient de façon sys- Le Courrier de l’algologie (4), n ° 3, juillet/août/septembre 2005 tématique que dans 48 % des cas. Dans 34 % des cas, une information n’était donnée au patient que si une difficulté d’analgésie était envisagée. Enfin, dans 12 % des cas, aucune information n’était délivrée au patient. De même, seuls 25 % des répondants déclaraient disposer de protocoles d’analgésie écrits pour l’analgésie en service, 47 % déclaraient disposer de tels protocoles uniquement pour certaines procédures. Les 28 % restants n’avaient aucun protocole écrit. Toutefois, un traitement systématique de la douleur était mis en place dans 82 % des cas et seuls 15 % des répondants dispensaient une analgésie à la demande. Il est cependant à noter que, dans plus d’un tiers des cas, aucune évaluation de la douleur postopératoire n’est pratiquée en service. Au total, moins de 25 % des répondants correspondaient aux critères minimaux définis par les experts. Au vu de ces premiers résultats, de nombreux points de la prise en charge de la douleur postopératoire doivent donc être encore améliorés : la formation du personnel, l’information au patient, les moyens analgésiques utilisés, la rédaction de protocoles de soins, l’évaluation des moyens et la qualité de l’analgésie délivrée au patient. C’est dans ce large cadre que le même panel d’experts, soutenu par BMS, développe actuellement un second programme baptisé SIMPATHI (SIMple Postoperative Analgesic Therapy Improvement) et destiné à tous les praticiens impliqués dans la douleur postopératoire. Publi-rédactionnel ➤ Le Pr Narinder Rawal (Ôrebrö, Suède) a présenté, dans un deuxième temps, une nouvelle “philosophie” ou une nouvelle “façon de penser” la prise en charge de la douleur : “L’inclusion de la prise en charge de la douleur au sein d’un programme clinique doit conduire à une meilleure réadaptation postopératoire”. De nombreux éléments, bien connus, sont susceptibles d’influencer le devenir des patients après une chirurgie : le stress chirurgical, la douleur postopératoire, les nausées et les vomissements, la fatigue, etc. En réponse à chacun de ces éléments, des solutions ont été apportées séparément : éducation préopératoire, cœlioscopie et chirurgie mini-invasive, analgésie locorégionale, nutrition précoce, etc. N. Rawal fait toutefois remarquer que toutes ces interventions ont été le plus souvent conduites afin d’obtenir une chirurgie “fast track” : c’est dire que les motivations initiales étaient avant tout... économiques. Aussi souligne-t-il, en reprenant un éditorial de Mc Naught et MacFie (1), qu’il conviendrait de penser en termes de prise en charge globale ou multimodale du patient avec, pour but ultime, une diminution de morbimortalité postopératoire, plutôt qu’en termes de durée d’hospitalisation seulement. À ce titre, N. Rawal rappelait que, pour tirer tous les bénéfices d’une intervention chirurgicale, tous les acteurs doivent être impliqués : le patient, le chirurgien, l’anesthésiste, les personnels intervenant dans le service chirurgical et les rééducateurs. L’implication du patient commence dès la période préopératoire par le respect de mesures hygiéno-diététiques, qui ont fait la preuve de leur efficacité (2, 3). On a également le plus souvent tendance à oublier le rôle primordial que joue la qualité intrinsèque du geste opératoire (4). L’orateur propose donc une évaluation de la qualité opératoire par l’usage de registres exhaustifs des procédures chirurgicales et la réalisation régulière d’audits auprès des chirurgiens. De même, pour l’anesthésiste, il est indis- pensable d’appliquer dès la période opératoire l’ensemble des mesures ayant fait la preuve de leur bénéfice sur la morbimortalité postopératoire. Les exemples cités étaient ceux de la restriction des apports liquidiens (5) et du recours à l’analgésie péridurale (6) lors de la chirurgie colique. Au sein du service de chirurgie, une attention particulière doit être portée à la nutrition, à l’ablation des cathéters inutiles et à la mobilisation précoce. Concernant l’analgésie postopératoire, elle est au mieux réalisée par une équipe spécialisée (acute pain service) et fait appel aux techniques locorégionales et à l’analgésie multimodale. Par ailleurs, l’ensemble des actes ou des interventions doivent être clairement répertoriés dans un “protocole de soins” ou un “parcours de soins” s’étendant de la première consultation aux critères de sortie de l’hôpital. La réalisation de tels protocoles devant permettre, à terme, une évaluation des pratiques et conduire à la réalisation d’études afin d’en démontrer le bénéfice de façon formelle. ➤ Enfin, c’est sous un aspect très pratique que le Dr Wolfgang Koppert (Erlangen-Nuremberg, Allemagne) a conclu cette conférence de presse : “L’usage des analgésiques non morphiniques dans le cadre d’une analgésie multimodale réduit l’hyperalgésie induite par les morphiniques”. Les morphiniques sont largement utilisés dans le traitement des douleurs d’intensité modérée à sévère. Ils entraînent cependant un certain nombre d’effets latéraux (nausées, vomissements, dépression respiratoire, etc.) bien connus de tous. W. Koppert rappelle également des données trop fréquemment ignorées, et notamment le fait que les opiacés ont deux actions contraires sur les phénomènes douloureux : analgésie et hyperalgésie (figure), effets antalgiques et effets pronociceptifs. Des travaux expérimentaux mais également cliniques ont mis en évidence cette hyperalgésie pharmacologiquement induite. Les analgésiques non morphiniques, couramment employés en analgésie multimodale, ont un effet antihyperalgésique propre. Parmi ces antalgiques se retrouvent la kétamine et les antiNMDA, la clonidine, les anti-inflammatoires (AINS et coxibs), mais aussi le paracétamol injectable dont les multiples atouts, plus d’un siècle après sa première utilisation chez l’homme, ne cessent de se révéler à nous. Mécanismes antinociceptifs Mécanismes pronociceptifs ANALGÉSIE Opioïde HYPERALGÉSIE Le Courrier de l’algologie (4), n ° 3, juillet/août/septembre 2005 113 Publi-rédactionnel ➤ Euroanesthesia a également été l’occasion d’organiser un symposium satellite Procedol qui a réuni une quarantaine de participants autour du Dr Éric Boccard, directeur de l’institut UPSA de la douleur, et des Drs C. Jayr, A. Belbachir et F. Aubrun. F. Aubrun a rappelé que la délimitation du projet Procedol avait été établie par un groupe de réflexion multidisciplinaire formé de trois médecins anesthésistes, d’un pharmacien hospitalier et d’une infirmière anesthésiste référente douleur. Dans la vaste chaîne de prise en charge de la douleur, le groupe de réflexion a choisi de limiter la place de Procedol à la rédaction de protocoles de soins dont le contenu et la forme répondent à un cahier des charges strict : – une structure par intervention, en ordre chronologique et par unité de lieu ; – un contenu médical précis, actualisé et référencé ; – un maniabilité conduisant à la rédaction de fiches et à une lecture en tableau de petit format. Deux types de fiches ont été établis et confiés à un comité de rédaction : les fiches par intervention et les fiches par procédure. ● Les fiches par intervention débutent par un rappel sur les généralités de l’intervention chirurgicale : intensité et durée de la douleur, terrain exposant à cette chirurgie, type possible de chirurgie, durée d’hospitalisation et de rééducation habituelle, éléments techniques chirurgicaux et anesthésiques susceptibles d’influencer la douleur postopératoire. Par la suite, à chaque étape de la chirurgie (de la période préopératoire à la sortie du patient), sont décrits les produits analgésiques utilisables, leur mode d’administration et les bénéfices 114 attendus. À chaque fois que cela est possible, des techniques alternatives sont décrites. La bibliographie inclut les principales publications récentes ainsi que les publications fondamentales. À ce jour, 26 fiches de ce type ont été rédigées et mises à la disposition des praticiens français. ● Les fiches par procédure ont pour but de faire le point sur la littérature ou de donner l’avis d’experts sur des pratiques communes à plusieurs interventions comme la titration morphinique, la surveillance de l’analgésie péridurale, etc. Cette description des objectifs et du contenu des fiches Procedol a par la suite été illustrée par C. Jayr et A. Belbachir. C. Jayr a présenté la surveillance de l’analgésie péridurale et le rôle de l’infirmière dans la prise en charge de la douleur postopératoire, en rappelant l’expérience de l’institut Gustave-Roussy (Villejuif, France). Elle a démontré l’intérêt de telles procédures dans le cadre d’une démarche d’assurance qualité. A. Belbachir a, quant à elle, présenté l’analgésie pour prothèse totale de hanche, exemple type illustrant le choix et la rédaction d’une fiche d’intervention dans lesquelles des techniques d’analgésie locorégionale et systémique sont regroupées et débattues. Les fiches Procedol sont disponibles et accessibles à tous à partir de deux sites Internet : www.procedol.org et sur un site plus généraliste www.egora.fr. Chaque fiche contient des liens de réfé- Le Courrier de l’algologie (4), n ° 3, juillet/août/septembre 2005 rence vers le serveur PubMed. Par ailleurs, le site Procedol dispose d’un lien vers l’Institut UPSA de la douleur et propose des informations sur le comité de rédaction et les fiches à venir. L’ensemble des fiches finalisées est téléchargeable en format PDF. Elles ne sont toutefois pas modifiables, en accord avec les objectifs de Procedol qui, comme l’a clairement défini F. Aubrun, ne cherche pas à se substituer à la prescription médicale en raison de la multiplicité des pratiques, mais bien plutôt à faciliter la rédaction de protocoles de soins par établissement et à servir de base de formation aux différents acteurs de l’analgésie postopéra■ toire. Références bibliographiques 1. McNaught CE, MacFie J. Optimization of surgical care. Nutrition 2002;18:194-6. 2. Tonnesen H, Rosenberg J, Nielsen HJ et al. Effect of preoperative abstinence on poor postoperative outcome in alcohol misusers: randomized controlled trial. Br Med J 1999;318: 1311-6. 3. Moller AM. Impact of lifestyle on perioperative smoking cessation and postoperative complication rate. Prev Med 2003;36:704-9. 4. Birkmeyer JD, Stukel TA, Siewers AE, Goodney PP, Wennberg DE, Lucas FL. Surgeon volume and operative mortality in the United States. N Engl J Med 2003;349:2117-27. 5. Brandstrup B, Tonnesen H, Beier-Holgersen R et al. Danish Study Group on Perioperative Fluid Therapy. Effects of intravenous fluid restriction on postoperative complications: comparison of two perioperative fluid regimens: a randomized assessor-blinded multicenter trial. Ann Surg 2003;238:641-8. 6. Carli F, Kehlet H. Continuous epidural analgesia for colonic surgery-but what about the future? Reg Anesth Pain Med 2005;30:140-2.