Mise au point M ise au point Quel traitement antalgique privilégier chez un patient à risque cardio-vasculaire élevé ? Which analgesic treatment prescribe in high cardiovascular risk’s patient? IP C. Dufauret-Lombard*, P. Vergne-Salle*, C. Bonnet*, R. Trèves*, P. Bertin* POINTS FORTS L’appréciation du risque cardio-vasculaire est nécessaire pour la prescription d’un traitement AINS, d’un antalgique ou d’un coanalgésique (antidépresseur ou antiépileptique). Le paracétamol est le traitement antalgique à privilégier en première intention en raison du faible risque cardiovasculaire. Le dextropropoxyphène peut être responsable de cardiotoxicité en cas de surdosage. Les opioïdes, par leur action vagale, peuvent entraîner une hypotension artérielle et une bradycardie. Les tricycliques sont contre-indiqués en cas de souffrance myocardique et demandent une précaution de prescription en cas de cardiopathie sous-jacente. Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et les antidépresseurs mixtes ont moins d’effets indésirables, mais des variations tensionnelles ou de la fréquence cardiaque sont possibles. Parmi les antiépileptiques, la carbamazépine est le plus à risque sur le plan cardio-vasculaire ; ceux de seconde génération peuvent entraîner de rares troubles de la conduction ou des variations tensionnelles ou cardiaques. Mots-clés : Antalgiques – Coanalgésiques – Risque cardiovasculaire. Keywords: Analgesic – Coanalgesics – Cardiovascular risk. D’ après les données récentes de la littérature, les risques cardio-vasculaires et rénaux des anti-inflammatoires non stéroïdiens et des coxibs conduisent à une prescription limitée chez un patient à risque cardio-vasculaire élevé et donc, à privilégier dans la pathologie rhumatologique des antalgiques et coanalgésiques de type antidépresseurs ou antiépileptiques. Mais cette prescription doit être prudente, temporisée par le rapport bénéfice/risque ou efficacité/tolérance attendu pour chaque classe thérapeutique. * Service de rhumatologie, hôpital Dupuytren, CHU de Limoges. La Lettre du Rhumatologue - n° 336 - novembre 2007 LR-NN-336.indd 31 Nous décrirons tout d’abord les principales complications cardiovasculaires des antalgiques et des coanalgésiques (antidépresseurs et antiépileptiques), puis, en fonction de ces données, nous proposerons une alternative thérapeutique pour un patient à risque cardio-vasculaire. COMPLICATIONS CARDIO-VASCULAIRES DES ANALGÉSIQUES Le paracétamol Plusieurs sociétés savantes (American College of Rheumatology, American Pain Society, EULAR) ont validé la prescription en première intention de paracétamol dans la prise en charge thérapeutique des douleurs arthrosiques. De même, le Royal College of General Practitioners et l’Anaes suggèrent le paracétamol comme traitement de première intention des lombalgies. L’American Geriatric Society considère le paracétamol comme traitement de choix des douleurs d’origine musculosquelettiques des personnes âgées. Une étude réalisée par l’équipe de Merlo (1) concluait à l’absence de mise en évidence d’association entre l’utilisation de paracétamol et les hospitalisations pour insuffisance cardiaque, contrairement à l’utilisation des AINS, où l’association devient significative. Cette innocuité cardio-vasculaire du paracétamol doit être tempérée par deux études (2, 3) qui ont rapporté que le paracétamol était associé à l’augmentation du risque d’hypertension artérielle. Toutefois, étant donné que l’étude porte sur une population d’infirmières américaines et que ni les posologies des antalgiques ni les éventuelles associations entre antalgiques n’étaient recueillies, il est difficile de généraliser ces résultats. D’autres études devraient être réalisées pour infirmer ou confirmer cette hypothèse ; dans le doute, la pression artérielle d’un patient sous paracétamol au long cours doit être surveillée. S’il n’y a pas d’interaction médicamenteuse avec les traitements antihypertenseurs (4), il peut exister en revanche une augmentation de l’INR chez des patients traités par warfarine lors de la prise de paracétamol (5) ; l’ACR recommande donc un suivi régulier de l’INR des patients traités par AVK et paracétamol (6). Cette constatation est controversée par d’autres études (7) ; il est même conseillé de privilégier le paracétamol comme traitement antalgique chez les patients traités par AVK pour un meilleur rapport bénéfice/risque . 31 28/11/07 16:16:21 Mise au point M ise au point Le tramadol Une revue de la littérature de 2000 suggère que le tramadol n’aurait pas d’effets indésirables respiratoires ou cardiovasculaires ; son utilisation serait donc possible chez des patients à risque cardio-vasculaire, notamment en cas d’insuffisance cardiaque ou chez les personnes âgées aux nombreuses comorbidités (8). La littérature retrouve un cas de survenue d’une péricardite au cours d’un traitement par tramadol (9), mais le lien de cause à effet est-il vraiment démontré ? Un case report d’une intoxication aiguë par surdosage volontaire décrit un syndrome sérotoninergique avec une défaillance cardiaque droite (10). Le dextropropoxyphène Après la décision de retrait de l’association dextropropoxyphène et paracétamol en Suède et au Royaume-Uni, l’Afssaps a procédé à une nouvelle évaluation : aucun risque pour la santé publique n’ayant été identifié, elle n’envisage pas de mesures particulières concernant cette association dans les conditions d’utilisation recommandées. Le risque de cardiotoxicité existe en cas de surdosage, notamment volontaire (tentative d’autolyse), avec une incompétence myocardique pouvant entraîner le décès par arrêt cardiaque. Le néfopam Ce traitement est contre-indiqué en cas d’insuffisance coronarienne en raison d’un risque de palpitations et de tachycardie par effet atropinique pouvant être responsable d’une décompensation cardiaque (11). La codéine Les effets indésirables de la codéine sont ceux des opiacés, avec une fréquence et une intensité moindres du fait de la transformation hépatique de la codéine en morphine (lire paragraphe ci-après). Les opioïdes forts En dehors de l’action vagale pouvant se traduire par une hypotension artérielle, une bradycardie avec baisse des résistances périphériques et réduction du travail cardiaque, les effets cardio-vasculaires des morphiniques sont peu marqués (12). Si la tension artérielle est conservée, le traitement morphinique peut être utilisé comme antalgique dans l’œdème aigu du poumon et dans l’infarctus du myocarde. Une étude récente randomisée incluant 40 patients en postopératoire compare le chlorhydrate de morphine et le chlorhydrate de remifentanil : le chlorhydrate de morphine était responsable d’hypertension artérielle dans 5 % des cas et de trouble du rythme cardiaque dans 5 % des cas par rapport au chlorhydrate de remifentanil (13). La méthadone, réservée en France au sevrage des toxicomanes, est employée comme antalgique dans d’autres pays : ce traitement pourrait être responsable d’un allongement de l’espace QT et donc, présenter un risque de torsades de pointe (14, 15). 32 LR-NN-336.indd 32 COMPLICATIONS CARDIO-VASCULAIRES DES COANALGÉSIQUES Les antidépresseurs Les antidépresseurs sont des coanalgésiques utilisés en rhumatologie dans le traitement des douleurs chroniques. Les risques cardio-vasculaires sont envisagés pour chacun d’eux (16). Les antidépresseurs tricycliques (amitriptyline, clomipramine, imipramine) ont été les premiers à être utilisés dans les indications d’algies rebelles et sont les seuls à avoir obtenu l’AMM dans cette indication. Ils restent les plus efficaces dans le domaine de la douleur, mais leurs effets indésirables limitent leur prescription. Sur le plan cardio-vasculaire, ils sont contreindiqués en cas d’infarctus du myocarde récent. Ils peuvent être à l’origine d’épisodes de tachycardie (par effet anticholinergique) et d’hypotension orthostatique (par effet adrénolytique). Ils peuvent également entraîner une augmentation de l’espace QT pouvant être responsable de torsades de pointe, surtout lorsqu’ils sont associés à un traitement pouvant également élargir cet espace. La réalisation d’un ECG semble donc indiquée avant prescription d’un antidépresseur tricyclique pour éliminer les signes de souffrance ischémique, les troubles du rythme cardiaque ou l’allongement de l’espace QT. Les inhibiteurs de recapture de la sérotonine (IRS) [citalopram, paroxétine, sertraline] semblent mieux tolérés mais sont moins efficaces dans le traitement de la douleur chronique. Des cas de troubles du rythme, d’élargissement de l’espace QT ou d’hypotension orthostatique ont été décrits ; ces effets indésirables commandent une certaine prudence et un contrôle ECG, surtout si le patient a des antécédents cardio-vasculaires. Les antidépresseurs mixtes (milnacipran, mirtazopine, venlafaxine) : la venlafaxine (Effexor®) peut entraîner une augmentation de la pression artérielle, et celle-ci dose-dépendante, et nécessite donc une surveillance, notamment chez l’hypertendu ou le patient atteint de cardiopathie. Le milnacipran (Ixel®) nécessite également une surveillance, surtout en cas de cardiopathie sous-jacente, car il peut être à l’origine d’une élévation de la fréquence cardiaque. Avec le mirtazopine (Norset®), des cas très exceptionnels de bradycardie ou de tachycardie ont été rapportés en début de traitement. Chacun de ces traitements peut également entraîner une hypotension orthostatique. Les antiépileptiques Ces traitements sont utilisés de plus en plus souvent en rhumatologie, notamment en raison de leur efficacité dans les douleurs d’origine neuropathique. La carbamazépine (Tégretol®) est un anticonvulsivant de première génération, peu utilisé actuellement dans l’indication de douleurs neuropathiques. Il peut entraîner des troubles de la conduction et est donc contre-indiqué en cas de bloc auriculo-ventriculaire ; il peut également être responsable de variations tensionnelles et son interaction avec les AVK peut diminuer son effet anticoagulant (17). Peu d’effets indésirables cardio-vasculaires sont décrits dans la littérature avec les anticonvulsivants de seconde génération : gabapentine (Neurontin®), prégabaline (Lyrica®), lamotrigine La Lettre du Rhumatologue - n° 336 - novembre 2007 28/11/07 16:16:22 (Lamictal®), topiramate (Epitomax®). De rares effets cardiovas­culaires sont rapportés avec Lyrica® (< 1/1 000) : bloc auriculo-ventriculaire 1er degré, tachycardie sinusale, bradycardie sinusale, hypotension, hypertension. Il n’est rapporté aucune interaction avec les AVK pour cette génération d’anticonvulsivants. Au final, les complications cardio-vasculaires des antalgiques sont rares en pratique quotidienne (tableau) et sont essentiellement liées à l’action vagale des opioïdes, avec un risque d’hypotension et de bradycardie. Les coanalgésiques de type antidépresseurs et anticonvulsivants sont utilisés de plus en plus fréquemment en rhumatologie, notamment dans les douleurs chroniques et neuropathiques. Les risques cardio-vasculaires sont surtout attendus avec les tricycliques et la carbamazépine, mais la prudence doit être de mise avec les autres classes, notamment en cas d’antécédents cardio-vasculaires (un ECG peut alors être prescrit en bilan préthérapeutique). Tableau. Principales complications cardio-vasculaires en fonction des différentes classes thérapeutiques d’antalgiques et de coanalgésiques. Classe pharmaceutique Complications cardio-vasculaires Paracétamol HTA ? Dextropropoxyphène Risque de cardio-toxicité en cas de surdosage Tramadol Néant Codéine Bradycardie, hypotension (action vagale) Néfopam Palpitations, tachycardie (action atropinique) Contre-indiqué dans l’insuffisance coronarienne Opioïdes forts Hypotension, bradycardie (action vagale) Antidépresseurs tricycliques Tachycardie, hypotension orthostatique, élargissement de l’espace QT IRS Rares cas de troubles du rythme, hypotension orthostatique Antidépresseurs mixtes Troubles tensionnels ou de la fréquence cardiaque Carbamazépine Bloc auriculo-ventriculaire, variations tensionnelles, risque d’interactions avec AVK Antiépileptiques de seconde génération (gabapentine, pregabaline, lamotrigine, topiramate) Cas rares de bloc auriculo-ventriculaire, de variations de la fréquence cardiaque et de variations tensionnelles QUEL SCHÉMA THÉRAPEUTIQUE PROPOSER EN CAS DE RISQUE CARDIO-VASCULAIRE ÉLEVÉ ? En présence d’un risque élevé chez un patient sous AINS (facteurs de risque cardio-vasculaires ; comorbidités d’insuffisance cardiaque, coronarienne ou rénale ; risques d’interactions médicamenteuses – IEC, AVK), plusieurs possibilités s’offrent au praticien dans le cadre d’un traitement symptomatique des pathologies rhumatismales (figure). La Lettre du Rhumatologue - n° 336 - novembre 2007 LR-NN-336.indd 33 Douleur aiguë Douleur chronique Paracétamol en 1re intention Si échec Antalgiques de palier II (dextropropoxyphène, tramadol, codéine) Si échec Surveillance pression artérielle et ECG Antidépresseurs (en privilégiant les IRS ou ceux à action mixtes) Antiépileptiques de seconde génération Mise au point M ise au point Surveillance des effets indésirables (notamment action vagale) Opioïdes forts Privilégier dans tous les cas les techniques non médicamenteuses Figure. Conduite à tenir dans le traitement antalgique d’un patient à risque cardio-vasculaire élevé. Ainsi, dans les pathologies rhumatologiques aiguës, les traitements antalgiques seront privilégiés, à adapter selon l’intensité de la douleur. Le paracétamol reste le traitement antalgique de première intention dans la prise en charge des douleurs arthrosiques et des lombalgies, ce qui a été validé par plusieurs sociétés savantes. En cas d’inefficacité, des antalgiques de palier II ou III pourront être prescrits, en tenant compte des possibles effets indésirables cardio-vasculaires, qui restent rares (essentiellement liés à l’action vagale des opioïdes). Dans les douleurs chroniques, ce traitement antalgique pourra être associé à un antidépresseur de type mixte ou IRS en cas d’antécédents cardio-vasculaires, compte tenu des effets indésirables des tricycliques. Les anticonvulsivants peuvent être prescrits dans les douleurs à caractère neuropathique, en privilégiant ceux de seconde génération. Chez un patient à antécédents cardio-vasculaires, un ECG sera réalisé avant le traitement et une surveillance sera nécessaire. CONCLUSION La revue de la littérature concernant les complications cardiovasculaires des différents antalgiques est rassurante, ce qui doit inciter à les prescrire en priorité chez les patients à risques cardio-vasculaires, pour lesquels le rapport bénéfice/risque des AINS est faible. Le paracétamol est choisi en première intention du fait de sa quasi-innocuité cardio-vasculaire. Dans les douleurs chroniques, ces antalgiques peuvent être associés à des antidépresseurs ou à des antiépileptiques, avec une surveillance clinique étroite en cas de cardiopathie sous-jacente et la réalisation d’un ECG en bilan préthérapeutique et dans le suivi, en raison du risque de troubles tensionnels et du rythme. ■ 33 28/11/07 16:16:22 Mise au point M ise au point R ÉFÉ R ENCES BIBLIOG R APHIQUES 1. Merlo J, Broms K, Lindblad U et al. Association of out-patient utilisation of non-steroidal anti-inflammatory drugs and hospitalised heatr failure in the entire Swedish population. Eur J Clin Pharmacol 2001;57:71-5. 2. Dedier J, Stampfer MJ, Hankinson SE et al. Nonnarcotic analgesic use and the risk of hypertension in US woman. Hypertension 2002;40:604-8. 3. Curhan GC, Willett WC, Rosner B et al. Frequency of analgesic and the risk of hypertension in younger women. Arch Intern Med 2002;162:2204-8. 4. Radack KL, Deck CC, Bloomfield SS. Ibuprofen interferes with the efficacy of antihypertensive drugs. A randomized, double-blind, placebo-controlled trial of ibuprofen compared with acetaminophen. Ann Int Med 1987;107:628-35. 5. Hylek EM, Heiman H, Skates SJ et al. Acetaminophen and other risk factors for excessive warfarin anticoagulation. JAMA 1998;279:657-62. 6. American College of Rheumatology Subcommittee on osteoarthritis guidelines. Recommendations for the medical management of osteoarthritis of the hip and knee. Arthritis Rheum 2000;43:1905-15. 7. Kwan D, Bartle WR, Walker SE. The effects of acetaminophen on pharmacokinetics and pharmacodynamics of warfarin. J Clin Pharmacol 1999;39:68-75. 8. Scott LJ, Perry CM. Tramadol: a review of its use in perioperative pain. Drugs 2000;60(1):139-76. 9. Krantz MJ, Garcia JA, Mehler PS. Tramadol-associated pericarditis. Interna- tional journal of cardiology 2005;99(3):497-8. 10. Garrett PM. Tramadol overdose and serotonin syndrome manifesting as acute right heart dysfunction. Anesthesia and intensive care 2004;32(4):575-7. 11. Bannwarth B. Analgésiques non morphiniques. Principes et règles d’utilisation. Rev Prat 1996;46:1025-30. 12. Jacobi J, Fraser GL, Coursin DB et al. Clinical practice guidelines for the sustained use of sedatives and analgesics in the critically ill adults. Crit Care Med 2002;30:119-41. 13. Dahaba AA, Grabner T, Rehak PH et al. Remifentanil versus morphine analgesia and sedation for mechanically ventilated critically ill patients: a randomized double blind study. Anesthesiology 2004;101:640-6. 14. Krantz MJ, Kutinsky IB, Robertson AD et al. Dose-related effects of methadone on QT prolongation in a series of patients with torsade de pointes. Pharmacotherapy 2003;23:802-5. 15. Kornick CA, Kilborn MJ, Santiago-Palma J et al. QTc interval prolongation associated with intravenous methadone. Pain 2003;105:499-506. 16. Pacher P, Kecskemeti V. Cardiovascular side effects of new antidepressants and antipsychotics: new drugs, old concerns? Curr Pharm Des 2004;10:2463-75. 17. Kasarskis EJ, Kuo CS, Berger R et al. Carbamazepine-induced cardiac dysfunction. Characterization of two distinct clinical syndromes. Arch Intern Med 1992;152:186-91. N o u ve l l e s d e l ’i n d u s t r i e p h a r m a ce u t i q u e Communiqués publicitaires des conférences de presse, symposiums, manifestations organisés par l’industrie pharmaceutique N IP Ranélate de strontium après bisphosphonate : une architecture osseuse améliorée Les modifications de l’architecture osseuse engendrées par les traitements de l’ostéoporose ont été bien étudiées. En revanche, il existe peu de travaux permettant de savoir ce qu’il advient au sein de l’os lorsque l’on passe d’un traitement par bisphosphonate de longue durée à un traitement par ranélate de strontium (Protelos®, des laboratoires Servier). Les résultats de l’étude rapportés par B. Busse lors du dernier congrès de l’American Society for Bone and Mineral Research (ASBMR) renseignent sur ce point. Les auteurs de ce travail allemand ont comparé 15 biopsies iliaques de patients 34 LR-NN-336.indd 34 initialement traités par bisphosphonate pendant 32 mois avec celles effectuées après 6 mois et 12 mois de traitement par ranélate de strontium. Ce faisant, ils ont pu observer après un an une amélioration significative de la microarchitecture osseuse (augmentation de l’épaisseur et de la connectivité des travées osseuses). Une augmentation du volume osseux a également été démontrée, ce qui caractérise la formation d’os nouveau avec le ranélate de strontium. Ces modifications structurales étaient liées à une activation de la formation osseuse (augmentation de la surface et du volume ostéoïde) associée au maintien de la suppression de la résorption osseuse (faible nombre d’ostéoclastes). Elles résultent de l’action du ranélate de strontium sur l’ostéoblaste ainsi que l’ont montré T.C. Brennan et al. dans une étude in vitro présentée également au dernier congrès de l’EUropean League Against Rheumatism (EULAR). En agissant directement sur l’ostéoblaste, le ranélate de strontium augmente la réplication et la différenciation des ostéoblastes ainsi que la synthèse d’ostéoprotégérine, ce qui diminue la différenciation des ostéoclastes. Cela se traduit, comme l’ont démontré les résultats sur 5 ans de l’étude TROPOS, par une diminution soutenue de l’incidence des fractures vertébrales (– 24 % ; p < 0,001) et non vertébrales (– 15 % ; p = 0,03) et, dans le sous-groupe des femmes âgées (≥ 74 ans) à très haut risque de fracture de hanche, par une réduction de 43 % (p = 0,036) de l’incidence des fractures du col fémoral. CB La Lettre du Rhumatologue - n° 336 - novembre 2007 28/11/07 16:16:23