Quand est prévue la fin des restructurations ?
Elle interviendra en 2015-2016 avec l’hôpital Edouard Herriot. Mais nous devrons continuer à évoluer ! Tous les 3-4 ans,
des besoins nouveaux émergent à l’hôpital, liés aux progrès techniques, à l’évolution des réglementations, aux
changements d’organisation. Chaque fois, il y a deux alternatives : soit nous avons la capacité de les intégrer sans
remplacer les bâtiments, soit cela n’est pas possible et il faut refaire quelque chose de plus adapté et évolutif.
Quand les HCL réalisent un nouvel hôpital comme l’établissement Femme-Mère-Enfant, comment s’assurent-ils
qu’ils ne sera pas trop vite désuet ? Bref, quel est pour vous l’hôpital idéal, au jour d’aujourd’hui ?
Une fois posé qu’il n’existe pas d’hôpital idéal, quelques principes se dégagent pour éviter que l’hôpital ne vieillisse trop
vite : un grand hôpital devrait se construire autour du plateau technique (bloc opératoire, imagerie), noyau dur de
l’hôpital, avec les urgences à proximité et les soins critiques (réanimation,…). Autour de ce dispositif devraient trouver
place les activités ambulatoires puis enfin les unités d’hospitalisation conventionnelles. Après, se posent les questions
d’organisation qui influent sur les modes de travail médicaux et sur la logistique. C’est à l’équipe de maîtrise d’œuvre
(architectes, économistes, bureaux d’étude, ergonomes, urbanistes…) de trouver les bons compromis, par exemple les
circuits courts entre réanimation et urgence, à bien penser les circuits patients, personnels, « matières », à proposer
enfin des arbitrages entre polyvalence de locaux ou spécialisation.
Historiquement, l’hôpital est davantage enchâssé qu’intégré dans le tissu urbain, clos par des hauts murs.
Depuis une dizaine d’années, on parle de l’ouverture nécessaire de l’hôpital sur la ville, d’accueil du patient par
une transition douce entre extérieur et intérieur de l’hôpital. Comment cela se manifeste-t-il ?
Pour de multiples raisons, l’hôpital s’ouvre aujourd’hui à son environnement. Au niveau des soins, le patient revient au
centre de l’hôpital, ce qui est lié à une compréhension plus globale du soin. Les associations de patients ont également
un rôle de plus en plus important, complémentaire du nôtre. Exemples parmi d’autres : l’association pour le traitement à
domicile des insuffisances respiratoires ; l’association pour la prise en charge de l’insuffisance rénale chronique… La
présence des usagers non seulement en tant qu’associations mais aussi en tant que représentants dans les instances
des hôpitaux vient impacter leur fonctionnement : plus de dialogue, de circulation d’information. Enfin au niveau culturel,
de nombreuses initiatives se concrétisent depuis plusieurs années : orchestres, animations pour les enfants et les
personnes âgées… la culture entre à l’hôpital. Cependant, l’hôpital n’est pas un lieu public comme les autres. Il faut
veiller à trouver un compromis entre ouverture et repli sur le soin technique.
Peut-on dire que l’hôpital va se diffuser dans la ville, par le biais des réseaux de santé et par l’hospitalisation à
domicile ?
Un premier constat : le patient n’a pas à être à l’hôpital s’il peut être chez lui ; personne ne vient à l’hôpital pour son
plaisir.
Une deuxième approche est que la prise en charge hospitalière au sens strict ne résout pas la globalité des problèmes
de santé du patient.
A partir de là, l’hôpital s’insère de plus en plus dans le tissu médical, soignant, social, après en avoir été un peu éloigné
pour différentes raisons. Le rôle des réseaux de santé trouve ici toute sa légitimité et son importance. Il en existe une
multitude qui favorise la graduation dans la prise en charge du patient. Exemple en oncologie, le réseau Concorde, le
plus important en Rhône-Alpes, fédère à la fois des médecins libéraux, des cliniques privées, des hôpitaux généraux et
CHU. Il existe aussi des réseaux en insuffisance rénale chronique, en pédiatrie, en urgences cardiologiques, en
périnatalité, etc. Notre spécificité en tant que CHU est le plateau technique. Pour le suivi des personnes âgées, les
maladies chroniques, nous passons de plus en plus par des conventions avec des établissements publics ou privés, en
amont pour éviter l’hospitalisation ou en aval pour des soins de suite. C’est une double tendance.
Les cliniques privées se nomment elles-mêmes de plus en plus « hôpitaux », comme le fait le groupe des
Hôpitaux Privés de Lyon (HPL). Est-ce la fin de la distinction structurante entre hôpital (public) et clinique
(privée) ? Selon vous, va-t-on vers une concurrence accrue entre public et privé à Lyon ?
Nous sommes concurrents mais aussi complémentaires, c’est toute la difficulté. Sur le plan général de l’activité, quand
l’un fait plus, c’est au détriment de l’autre, car nous nous partageons des créneaux de « patients ». Ainsi, si dans
l’agglomération la part des cliniques augmente en chirurgie, celle des hôpitaux publics diminuera. Les raisons de ces
phénomènes sont multiples : créneaux d’activité de plus en plus spécialisés (exemple pour la chirurgie du pied : orteil,
tendon, voûte plantaire, et ceci en urgence-traumatologie ou en programmé) ; contraintes et suggestions différentes,
avec du côté du CHU, formation des personnels médicaux et enseignement, urgences 24 heures sur 24, flux de patients
différents avec délais d’attente ; facturation et rémunération différentes.
Êtes vous malgré tout aussi en situation de complémentarité ?
Oui, à plusieurs niveaux : les projets d’établissements sont maintenant coordonnés par les ARH, la réflexion est conduite
en terme de bassin de santé, la mise en place des réseaux implique une prise en charge graduée des soins donc une
collaboration des différents professionnels de santé. Mais surtout, quand un patient change d’établissement, son dossier
est transmis.