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Architecture hospitalière - numéro 13 - 2015 - Hospices Civils de Lyon
Un nouvel élan
L’Agence régionale de Santé (ARS) a salué cette performance en
accordant fin 2013 une aide exceptionnelle de 16 M € par an
jusqu’en 2016, dans le cadre d’un contrat de retour à l’équilibre
financier (CREF), moyennant l’engagement des HCL sur un certain
nombre d’objectifs. Cette situation encore fragile a conduit les HCL
à adopter l’an passé un second plan de redressement baptisé cette
fois Horizon 2017. Apparemment moins ambitieux que le premier,
puisqu’il ne totalise que 80 chantiers, il concerne en réalité tous les
secteurs de l’établissement avec la volonté affirmée de les trans-
former en profondeur. Ce « nouvel élan » ainsi qu’aime le qualifier
la direction générale des HCL a pour but de réaliser des économies,
mais aussi de dynamiser le CHU face à la concurrence active du
secteur privé, bien implanté à Lyon et qui profite sans conteste du
départ des hôpitaux publics du centre ville, avec la fermeture de
l’Hôtel-Dieu, de l’hôpital pédiatrique Debrousse et de l’Antiquaille.
Certes les HCL, qui gèrent 23 000 salariés dont plus de 5 000 profes-
sionnels médicaux, demeurent le premier employeur de la région
Rhône-Alpes et le plus grand propriétaire du Grand Lyon, avec 850 000 m²
de patrimoine. Mais si l’activité globale des HCL continue de pro-
gresser régulièrement (+ 1,7 % en 2013 par rapport à 2012) grâce à
l’augmentation de l’hospitalisation de jour et des séances (+ 3,4%),
certains clignotants montrent que l’établissement n’est pas sans
failles. Par exemple, le secteur des consultations et des actes
externes affiche une légère baisse et la part de marché, en chirurgie
comme en médecine, a reculé un peu sur le territoire : les HCL ont
totalisé 14,02% des séjours régionaux en 2012 contre 14,26% en
2011 et 37,13% des séjours départementaux en 2012 contre 37,86%
en 2011.
Quatre axes prioritaires
C’est pourquoi la feuille de route Horizon 2017 insiste particulièrement
sur la nécessité de développer la « performance », au point de lui
avoir dédié une Direction sous la responsabilité de Pascal Corond.
« La performance d’un établissement de santé, c’est sa capacité à
rester maître de son destin dans un système de financement très
contraint », explique-t-il. Les 80 chantiers dont la conduite est placée
pour la plupart d’entre eux sous l’autorité conjointe d’un responsable
administratif et d’un médecin, sont regroupés dans quatre domaines :
le projet médical, avec une priorité donnée à la gériatrie, la cancérologie,
la cardiologie et la recherche, le « parcours du patient » pour à la
fois le simplifier et l’optimiser, les « fonctions transversales » (blanchis-
serie, pharmacie, stérilisation, facturation, etc.) de façon à les rendre
plus adéquates, enfin le « management des ressources humaines »,
car sans l’adhésion du personnel, rien n’est possible.
« Le CHU perd une centaine d’emplois par an, sans licenciement mais
par non remplacement de certains départs ou par non renouvellement
de certains contrats », précise Dominique Deroubaix. « Les réductions
d’effectifs sont surtout l’occasion de réorganisations importantes,
de regroupements de services et de mutualisations ». Un mal pour
un bien en quelque sorte. Cependant, Pascal Corond reconnaît que
« la situation a été difficile à accepter en 2008 et qu’il n’est pas facile
d’expliquer au personnel qu’un deuxième plan de redressement est
nécessaire ». D’autant plus que la politique de rigueur instaurée au
plan national risque de peser sur la réussite de ce plan. En fixant à
2,1 % l’ONDAM 2015, et même à 2% pour l’activité hospitalière, le
gouvernement ne facilite pas la tâche de la direction des HCL.
Près d’un milliard d’investissements sur dix ans
Cependant celle-ci possède quelques atouts pour faire passer la pilule.
Tout d’abord la modernisation de l’Hôpital Edouard-Herriot, attendue
depuis longtemps. Au fil des ans, le vaisseau amiral des HCL prenait
l’eau et il fallait une action d’envergure pour le remettre à flot. Le
regroupement des plateaux techniques et des blocs opératoires dans
un nouveau pavillon central constitue le projet phare de la première
tranche de 120 M€ financée à parts égales par l’Etat, les collectivités
locales Lyon et Grand Lyon et les HCL. Il est complété par plusieurs
opérations annexes comme l’accueil des grands brûlés de l’hôpital
Saint-Joseph-Saint-Luc ou la rénovation des urgences, sans oublier
l’amélioration de l’hôtellerie qui en a grand besoin.
Ensuite la mise aux normes incendie de l’Hôpital cardiologique
Louis-Pradel qui se traduira par une totale rénovation du bâtiment,
assortie de la construction d’un petit édifice destiné à abriter trois
unités d’hospitalisation et une activité ambulatoire, et dont le coût
s’élèvera à 77,5 M€ dont 55 M€ à la charge de l’Etat. Lorsqu’on
additionne les travaux et les équipements programmés pour les dix
prochaines années, on arrive à 987 M€. « Au milieu des années
2000, les HCL investissaient 170 M€ par an. Nous n’avons plus
aujourd’hui que 80 à 90 M€ par an mais sur dix ans, nous ne serons
pas loin du milliard », souligne Dominique Deroubaix. Au bout du
compte, en dépit des - ou grâce aux - économies réalisées dans le
plan Horizon 2017, la prochaine décennie du XXIesiècle pourrait se
révéler pour les HCL aussi enrichissante que la première.