
4 AVIS DU CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL
LA DETTE :
UN PONT ENTRE PASSÉ ET AVENIR
Avis
Introduction
Avec un montant de 1 717 milliards d’euros en 2011, la dette publique de la France fait
l’objet de toutes les attentions. Elle n’en mérite pas moins un traitement équilibré et, autant
que faire se peut, dépassionné. Il convient d’aborder ce sujet en privilégiant un raisonnement
à long terme et non en s’abandonnant à l’émotion de l’instant ou aux jugements partisans
et péremptoires.
Si un chapitre évoque les différentes formes de dette et les liens qu’elles entretiennent
entre elles, c’est sur les dettes publiques que portera cet avis. Il faut en effet se souvenir que,
si la dette publique a connu une spectaculaire croissance dans les cinq dernières années,
c’est en raison d’une crise préalable de la dette privée dans la plupart des pays de l’OCDE.
Rappelons quelques définitions afin de préciser les contours de notre analyse.
La dette publique est l’ensemble des engagements financiers, à court, moyen
et long terme, pris par l’ensemble des administrations publiques : État, Organismes
divers d’administration centrale (ODAC), Collectivités territoriales et Organismes divers
d’administration locale (ODAL), organismes de sécurité sociale. Cet ensemble prend, en
comptabilité nationale, le nom « Administrations publiques (APU) ». La dette publique, au
sens du Traité de Maastricht, correspond à ce concept en termes bruts. Si l’on déduit de ces
engagements les avoirs et créances financiers des APU, on obtient la dette nette. Dans les
deux cas, il s’agit de stocks appréciés à une date donnée.
Le déficit public se réfère au solde de l’ensemble des flux financiers d’une année
budgétaire (en France, égale à une année civile en première approximation), c’est-à-dire à
l’ensemble des dépenses moins l’ensemble des recettes publiques.
Il s’agit d’analyser avec rigueur les caractéristiques de la dette et son évolution. Sur un
tel sujet, la dramatisation aggrave le mal qu’elle prétend résoudre et précipite l’effondrement
de l’économie des pays concernés, voire de celle de ses voisins. Nonobstant le caractère
dramatique des finances publiques de la Grèce, sa situation au sein de la zone euro illustre
les risques systémiques de réactions inadaptées.
Un traitement approprié et résolu des problèmes de dette, publique ou privée, doit être
mis en œuvre si l’on veut éviter durablement les catastrophes, de lourdes conséquences
financières et économiques ainsi que des répercussions politiques avec des dérives
extrémistes. Ceci exige une prise de conscience lucide et courageuse de l’ensemble de la
société afin que les remèdes à y apporter soient acceptés au regard de l’intérêt général. En
particulier, les actions entreprises pour résoudre les difficultés doivent respecter une plus
grande transparence pour que chacun soit convaincu que les efforts, le cas échéant, seront
équitablement répartis.