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Fiche concept : croissance endogène
Définition :
Les théories de la croissance endogène développées dans les années 1980 permettent
d’expliquer la croissance économique d’une manière plus précise que les théories précédentes
qui expliquaient la croissance par l’accroissement des quantités de facteurs de production
(capital, travail) et par un résidu tombé du ciel : le progrès technique. Les théories de la
croissance endogène montrent que ce résidu n’est pas inexpliqué. Dans ces théories, la
croissance est également qualifiée d’autoentretenue car elle permet de financer des
investissements qui vont la renforcer. La croissance provient du comportement des agents
économiques : elle naît dans le système lui-même (= endogène, à l’intérieur).
Plus précisément les comportements permettant de générer la croissance économique sont des
investissements réalisés par les entreprises, l’État ou encore les ménages dans différents
capitaux (capital technique, capital technologique, capital public, capital humain). Ces
investissements dégagent des externalités positives et élèvent la productivité globale des
facteurs de production.
Ces théories justifient l’intervention de l’État dans l’économie. L’État est un des facteurs de la
croissance économique puisqu’il peut inciter à accumuler du capital technologique (par
exemple : crédits d’impôt recherche accordés aux entreprises, droits de propriété protégeant
les innovations, aide technique aux entreprises innovantes, centres de recherches publics :
CNRS, INRA…), du capital humain (financement des études, de la formation professionnelle)
et générer des externalités positives (construction d’infrastructures : moyens de
communication, infrastructures liées à la santé et à l’éducation). Ces connaissances vont
s’accumuler au cours du temps (les connaissances ont les caractéristiques d’un bien collectif),
la croissance est donc aussi qualifiée de croissance cumulative.
Exemples d’illustration :
Il s’agit de présenter un mécanisme reliant une forme daccumulation du capital à la
croissance économique, en montrant que cette accumulation de capital crée des externalités
positives et des gains de productivité.
Exemple 1 :
La croissance génère des revenus finançant des investissements immatériels dans la
Recherche-développement.
Ces investissements en R-D peuvent aboutir à la création d’innovations de procédé.
De telles innovations font augmenter la productivité et ont des externalités positives :
les innovations dans une entreprise peuvent profiter à d’autres (qui paient une licence,
ou quand le brevet a expiré).
Exemple 2 :
La croissance génère des revenus qui permettent à l’État de construire des
infrastructures pour l’éducation et à l’État et aux ménages de financer des études plus
longues. L’élévation du niveau de formation des individus est un des facteurs de gains
de productivité. De plus, la formation d’un individu peut bénéficier à d’autres
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individus : celui qui est formé peut transmettre ses connaissances sans pour autant
demander une rémunération à ses collègues de travail (on est bien en présence d’une
externalité positive).
Sur ensemble : croissance économique
La croissance endogène correspond à une des manières d’expliquer d’où vient la croissance.
Les théories de la croissance endogène permettent de répondre à la question : quelles sont les
sources de la croissance économique ?
Sous-ensembles :
À travers l’évocation des théories de la croissance endogène, nous expliquons les origines non
seulement de la croissance économique mais aussi du progrès technique.
Les facteurs mis en avant sont : l’accumulation de différents capitaux (l’investissement au
sens large), les externalités positives, l’intervention des pouvoirs publics (= de l’État).
Schéma résumant les mécanismes de la croissance endogène :
NB : Les flèches en couleurs font apparaître le caractère autoentretenu et cumulatif de la
croissance endogène : la croissance génère les conditions pour renforcer la croissance
économique, le stock des différents capitaux s’accumule au cours du temps.
Les différents capitaux peuvent être cités dans un autre ordre, de même que leurs effets
(externalités positives et hausse de la productivité). Il est possible de faire apparaître des liens
entre les différents capitaux (voir ci-dessous). Ces différents capitaux peuvent aider à trouver
des sous-parties d’un devoir.
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Schéma résumant les liens entre les capitaux sources de croissance endogène :
Références bibliographiques :
Article « Du nouveau sur… » de Sylvain Allemand in Sciences Humaines HS 22,
septembre-octobre 1998.
Marc Montoussé, Nouvelles théories économiques, Bréal, coll. « Thèmes et débats »,
2002.
Documents :
Document 1 :
Depuis au moins deux siècles, les économistes s’attachent à comprendre par quels
mécanismes la richesse produite par une nation augmente (ou diminue) d’une année sur
l’autre ou sur le long terme. Les facteurs qu’ils avancent sont au nombre de trois. Il y a
d’abord, le capital (le niveau d’équipement), ensuite le travail (la quantité de main d’œuvre
utilisée). Enfin, il y a ce que les économistes ont convenu d’appeler le « résidu » ou encore la
« part d’ignorance » : soit l’ensemble des autres facteurs, à commencer par le progrès
technique. Selon les études statistiques de Jean-Jacques Carré, Paul Dubois et Edmond
Malinvaud (auteurs de La croissance française, publié en 1972), ce facteur expliquerait tout
de même la moitié de la croissance française des Trente Glorieuses.
Depuis les années 1980, les recherches sur la croissance ont connu de nombreuses
avancées. Non qu’un nouveau facteur ait été mis à jour, auquel les économistes n’auraient
jamais pensé. Qu’il s’agisse des innovations (capital technique), des infrastructures (capital
public) ou encore de compétences (capital humain), les facteurs mis en avant par ces
nouvelles théories de la croissance étaient déjà connus des économistes classiques. Dans La
Richesse des nations (1776), Adam Smith soulignait, par exemple, l’importance de la division
du travail et du savoir-faire des ouvriers. L’apport de ces nouvelles théories réside ailleurs :
dans l’idée que les facteurs traditionnellement considérés comme résiduels ne sont pas
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extérieurs à la logique économique mais, au contraire, liés directement aux décisions
d’investissement. D’où l’expression de « croissance endogène » associée à ces nouvelles
théories.
L’économiste américain Paul Romer montre ainsi que les investissements réalisés par
une entreprise pour renouveler son équipement ont des répercussions sur le niveau global du
capital technique. L’introduction d’une nouvelle machine implique de nouveaux
apprentissages qui profitent à terme aux autres entreprises, y compris concurrentes. C’est pour
désigner ce phénomène que les économistes ont avancé la notion d’« externalités ». De telles
externalités sont également induites par le capital public. C’est ce que montre un autre
économiste américain Robert Barro, en portant son attention sur les investissements dans le
domaine des infrastructures de transport ou de communication.
Enfin, au fil du temps, chaque individu améliore ses compétences et, ce faisant, accroît son
efficacité productive. C’est ce que soulignent les travaux de Robert Lucas (prix Nobel 1995)
sur le capital humain. Le moment venu, ces compétences peuvent être valorisées sur le
marché du travail et vont donc profiter aux entreprises.
Bien qu’élaborées par des économistes néoclassiques, ces nouvelles théories
reviennent à réhabiliter peu ou prou l’État et ses investissements dans les infrastructures ou
dans l’éducation. Elles montrent surtout que les investissements (qu’ils soient publics ou
privés) n’ont pas d’effets transitoires mais des effets durables [sur la croissance].
Source : S. Allemand, « Du nouveau sur… », Sciences Humaines, HS 22,
septembre/octobre 1998.
Document 2 :
Alors que Solow considérait le progrès technique comme un facteur exogène, l’originalité des
nouvelles théories de la croissance est de l’endogénéiser. Le progrès technique serait en
réalité à la fois une cause et une conséquence de la croissance. C’est cette endogénéisation du
progrès technique qui explique le caractère cumulatif de la croissance : la croissance provoque
l’accumulation du progrès technique qui elle-même suscite la croissance. […]
Ces analyses ne prennent plus seulement en compte le capital physique, mais elles étudient
l’accumulation de trois grandes catégories de capital : le capital physique, le capital humain et
le capital public.
Ainsi, par exemple, le modèle de Paul Romer étudie les effets de l’accumulation des
connaissances. Romer affirme que c’est en produisant qu’une économie accumule
spontanément les expériences et donc les connaissances. Plus la croissance est forte, plus
l’accumulation d’expérience et de savoir-faire est forte, ce qui favorise la croissance.
L’accumulation de connaissances induit des effets externes : en produisant, une entreprise
accumule des connaissances qui lui permettront d’être plus performante, mais qui serviront
aussi aux entreprises qui l’entourent, par effet d’imitation ou grâce au turn over d’une main-
d’œuvre ayant gagné en savoir-faire. […]
Donc, selon les théories de la croissance endogène :
- la croissance de longue période est un phénomène cumulatif ;
- la croissance de longue période s’explique par l’accumulation des sources endogènes de
croissance (expérience, connaissances, recherche-développement, infrastructures
publiques…) que l’on peut réunir sous le vocable « progrès technique » ;
- chaque source de croissance produit des effets externes positifs qui accentuent la croissance
et pourraient légitimer l’intervention de l’État.
Source : M Montoussé, Nouvelles théories économiques, Bréal, coll. « Thèmes et débats »,
2002.
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