Tumeurs urologiques
Tumeurs urologiques
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La Lettre du Cancérologue - Vol. XVII - n° 1-2 - janvier-février 2008
enfin, les deux études de thérapies vaccinales, VITAL-1
et VITAL-2, évaluant la préparation vaccinale GVAX
®
(Cell
Genesys, San Francisco), qui utilise des cellules allogéniques
issues de deux lignées tumorales prostatiques transfectées par
le gène du GM-CSF puis irradiées, pour empêcher leur division
cellulaire ultérieure. La première étude, VITAL-1 ou G-0029,
prévoit l’inclusion de 600 patients métastatiques hormonoré-
sistants asymptomatiques et compare le vaccin intradermique
GVAX
®
à la chimiothérapie de référence, docétaxel + pred-
nisone. L’essai est conçu pour mettre en évidence une aug-
mentation d’au moins 33 % de la durée de survie. La deuxième
étude, VITAL-2 ou G-0034, vise à inclure 600 patients métas-
tatiques hormonorésistants mais symptomatiques pour évaluer
l’apport de la vaccination à la chimiothérapie de référence par
une randomisation docétaxel/prednisone ± GVAX
®
. L’objectif
est là encore la mise en évidence d’une augmentation de la
survie d’au moins 33 %.
CHIMIOTHÉRAPIE DE DEUXIÈME LIGNE
Le satraplatine a montré un avantage signicatif
en termes de survie sans progression en deuxième
ligne de chimiothérapie dans les cancers de la prostate
métastatiques hormonorésistants
Aucun traitement n’est actuellement référencé en deuxième
ligne du cancer de la prostate métastatique hormonorésistant.
L’étude SPARC (29) a inclus 950 patients préalablement traités
par une ligne de chimiothérapie (docétaxel pour la moitié
d’entre eux), randomisés (2:1) entre une chimiothérapie orale
par satraplatine (80 mg/m2 x 5 j toutes les 5 semaines) ou un
placebo, associés dans les deux bras à une prise biquotidienne
de prednisone. Plus de 70 % des patients étaient âgés de plus de
65 ans, et plus d’un tiers d’entre eux présentaient des douleurs
sévères.
Il a été retrouvé en ITT une amélioration de la SSP de 42 %
(HR = 0,58, IC95 : 0,50-0,67), avec une médiane passant de
6 semaines à 16 semaines. Le satraplatine augmente aussi le taux
de réponse sur les douleurs (24,2 % versus 13,8 %) [p = 0,005], le
taux de réponse antitumorale (6,5 % versus 0,6 %) [p = 0,001] et
le taux de réponse biologique sur le PSA (25,4 % versus 12,4 %)
[p < 0,001].
Pour disposer des données définitives de survie globale, il est
nécessaire de prolonger le suivi. Le traitement s’est révélé extrê-
menent bien toléré, avec seulement 2,5 % d’arrêt de traitement
dans le bras satraplatine (0,6 % dans le bras placebo). Le pour-
centage de neutropénies de grade 3/4 a été de 21,1 %.
Chimiothérapie intermittente par docétaxel
T.M. Beer et al. (30) ont pu montrer que 45,5 % des patients inclus
dans l’étude ASCENT et qui reprenaient du docétaxel après un
intervalle libre médian de 18 semaines pouvaient de nouveau
présenter une réponse biologique (baisse du PSA ≥ 50 %).
Les données rétrospectives de l’étude RETAX menée en France
vont dans le même sens.
▶
Étude de phase II randomisée comparant l’ixabépilone
ou la mitoxantrone à la prednisone.
Des résultats aussi modestes pour l’un que pour l’autre
Cette étude (31) a inclus 82 patients randomisés entre ixabépilone
(35 mg/m2) ou mitoxantrone (14 mg/m2) toutes les 3 semaines
en association avec de la prednisone (10 mg/j). Les taux de
réponse biologique ont été respectivement de 17 % et 20 %, les
médianes de durée de traitement de 2,2 mois et 2,3 mois et les
médianes de survie globale de 10,4 mois et 9,8 mois.
FORMES NEUROENDOCRINES
Carcinomes à petites cellules
Une revue générale de ces formes, qui représentent, lors de la
présentation initiale, moins de 2 % des carcinomes prostatiques,
a été publiée dans Seminars in Oncology (32). Ces tumeurs sont
très agressives, avec une médiane de survie de 7 mois. Elles se
présentent souvent associées à un adénocarcinome ; elles sont
caractérisées par une hormonorésistance, des lésions osseuses
lytiques, une progression rapide, des métastases viscérales, une
tumeur locale souvent volumineuse, l’absence d’élévation du
PSA (ou un taux peu élevé), et, en revanche, par des taux élevés
d’énolase neurone-spécifique (NSE) ou de chromogranine A,
mais aussi souvent d’antigène carcino-embryonnaire (ACE),
de CA 19,9, de corticotrophine (ACTH), de calcitonine, de
parathormone (PTH)… Pour les rares formes localisées, la place
de la chirurgie n’est pas définie, mais un traitement adjuvant
par radiothérapie et chimiothérapie est recommandé. Dans
le cas de tumeurs mixtes, une hormonothérapie est générale-
ment utilisée. Malgré un traitement combinant radiothérapie
et chimiothérapie, le pronostic est très sombre, avec très peu
de survivants à long terme.
Chimiothérapie des formes neuro-endocrines
S. Culine et al. (33) ont rapporté les résultats d’une étude de
phase II d’association de cisplatine (75 mg/m2) et de docétaxel
(75 mg/m
2
) tous les 21 jours pour un maximum de 6 cycles.
Une réponse biologique sur les marqueurs neuro-endocrines
(baisse > 50 % de la NSE ou de la chromogranine A) a été observée
chez 13 patients (33 %). La médiane de durée de réponse a été de
4 mois (2-10 mois).Le taux de réponse sur le PSA a été de 48 %.
Le taux de réponse objective sur cibles évaluables (21 patients)
a été de 41 %, et la médiane de survie de 12 mois.
Métastases hépatiques : caractéristiques cliniques
et devenir
À partir de la base de données du centre Val-d’Aurelle de Mont-
pellier portant sur une durée de dix ans (1995-2005), 28 des
345 patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique ont
présenté des métastases hépatiques (34). Tous sauf un étaient
en échappement hormonal. Les taux de chromogranine A et
de NSE étaient élevés dans respectivement 84 % et 44 % des
cas. La médiane de survie était de 6 mois, et de 14 mois pour
les patients présentant des métastases hépatiques initiales. Les
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