CIESM Congress 2013, Marseille, article 0473

ETUDE COMPARATIVE DES PERFORMANCES DE LA CROISSANCE DE LA MOULE (MYTILUS
GALLOPROVINCIALIS) EN MER OUVERTE ET EN MILIEU LAGUNAIRE
Rym Ben Kheder-Dhaoui 1*, Imen Boukef Ben Omrane 2, Sondes Milliti 3 and Mohamed Chalgaf 1
1 Institut Supérieur de Pêche et d'Aquaculture ISPA Bizerte - [email protected]
2 Laboratoire du Microbiologie, Institut National Des Sciences et Technologies de la Mer (INSTM), Rue du 2 mars 1934, 2025,
Salammbô, Tunisie
3 Faculté des Sciences de Bizerte
Abstract
Dans cette étude, nous avons comparé deux milieux en tant que site conchylicole : la lagune de Bizerte vs la baie de Bizerte
(Tunisie). Cette étude porte sur les performances de croissance de Mytillus galloprovincialis dans les deux sites ainsi que les
variations de la qualité bactériologique. Le choix de ces deux stations nous permettra d ’évaluer l’influence des différentes
conditions du milieu sur les moules élevées pendant 4 mois consécutifs du 20/02/2012 au 20/06/2012.
Keywords: Lagoons, Open sea, Mollusca, Mediterranean Ridge
représentée par l’acide myristique C14:0, l’acide acide stéarique C18:0 et
l’acide palmitique C16:0 qui se trouvent en proportions quasi-similaires
chez les moules issues des deux stations. A l’opposé, la prédominance des
AGPI a été signalée chez d’autres espèces telles que Argopecten purpuratus
[4] et Nodipecten subnodosus [5]. Les pourcentages élevés en AGS
enregistrés seraient liés à la richesse du milieu en détritus organiques
constituant une importante source de C14:0, C15:0, C16:0 et C18:0 comme
mentionné par Freites et al. [6]. Les acides gras polyinsaturés représentent la
fraction intermédiaire des acides gras totaux (36 et 41 % respectivement chez
les moules issues de la mer et de la lagune). L’acide gras polyinsaturé le plus
abondant chez les moules de la lagune est l’acide linoléique (C18 :2n-6 ; 23
%), il représente presque la moitié chez les moules de la mer (13 %). Les
autres acides gras polyinsaturés existent presque avec les mêmes
proportions chez les deux groupes analysés. Notons que les acides
docosahexaenoïque (DHA, C22:6 n-3) et eicosapentaenoïque (EPA, C20:5
n-3) figurent également en parts presque égales chez les deux lots. Enfin, les
acides gras monoinsaturés représentent la fraction la plus faible des acides
gras totaux (17 %). Ce sont en majorité les acides gras C16:1 n-7, C18:1 n-9
et C18:1 n-7. Concernant l’étude bactériologique, des concentrations
bactériennes plus importantes ont été détectées dans la lagune aussi bien
dans l’eau de surface que dans les moules. Il est à noter que la charge en
Vibrionaceae est corrélée avec la variation de la température et de la salinité.
Le suivi d’un cycle d’élevage complet s’avère nécessaire pour une
comparaison inter-sites plus globale ainsi qu’une étude modélisant la
croissance de la moule en mer et en lagune en intégrant la température et la
richesse nutritive du milieu.
Introduction
Mytilus galloprovincialis présente de nombreuses adaptations aux conditions
environnementales. Outre leur valeur biologique, leur exploitation à des fins
conchylicoles les classe avec les ostréidés parmi les bivalves de grande valeur
économique générant des revenus financiers importants. En Tunisie, Mytilus
galloprovincialis est présente sur les côtes nord jusqu’à la pointe du Cap
Bon. Le cantonnement de cette activité dans la seule lagune de Bizerte
témoigne de la sous exploitation de cette espèce en Tunisie. Une éventuelle
saturation des capacités spatiales et biologiques de ces milieux exigus laisse
envisager la conquête d’autres espaces et l’expansion de cette activité en mer
ouverte. L’objectif de ce travail est de comparer les performances de
croissance de la moule Mytilus galloprovincialis en mer ouverte et en milieu
lagunaire en parallèle avec une étude bactériologique. Le choix de ces deux
stations nous a permis d’évaluer l’impact des différentes conditions du
milieu sur les moules élevées.
Matériels et Méthodes
Cinq lots de 100 individus de moules (Mytillus galloprovincialis) sont
suspendus chacun dans la lagune de Bizerte et cinq autres lots en mer
ouverte. Les paramètres physico-chimiques de l’eau (température, pH,
salinité, oxygène dissous) sont mesurés in situ à l’aide d’une sonde
multiparamétrique étanche. Le dosage de la chlorophylle-a est réalisé par une
méthode fluorimétrique. Dans chaque station, quarante individus sont
prélevés mensuellement pour l’étude biométrique, 6 individus pour l’étude
biochimique (dosage des lipides [1] et des protéines [2]) et dix individus
vivants sont échantillonnés tous les quinze jours pour l’étude
bactériologique. Les dénombrements bactériens des coliformes totaux (CT),
des Vibrionaceae (VB) et des bactéries hétérotrophes cultivables (BHC)
sont effectués pour l’eau de surface et pour les moules.
Résultats et discussion
Les résultats révèlent une croissance meilleure dans la lagune avec un
accroissement mensuel en taille de 0,9 cm vs 0,5 cm en mer et un gain en
poids total de 7 g dans la lagune contre seulement 0,5 g en mer. Ceci peut
être expliqué principalement par la température de l’eau (T°C lagune > T°C
mer) ainsi que par la richesse nutritive de la lagune [3]. En effet le dosage de
la chlorophylle-a montre des taux plus élevés dans la lagune d’une part (3,86
µg/l vs 2,19 µg/l en mer ouverte) et en fonction de la température d’autre
part où les valeurs les plus élevées coïncident avec l’augmentation de la
température de l’eau. Cette richesse nutritive du milieu lagunaire se traduit
d’ailleurs par la colonisation rapide des élevages par des moules épibiontes
issues de captage naturel responsables de mortalités importantes. Par
ailleurs, les analyses biochimiques révèlent, quel que soit le site, que chez les
moules les réserves énergétiques sont majoritairement composés de
carbohydrates (75%). Ensuite, les protéines constituent le deuxième
composé important avec une moyenne d’environ 20 % sans toutefois de
différence majeure entre les deux lots. Les lipides, composé le moins
abondant, affichent une différence de presque le double 3,28 % et 7,32 %
respectivement chez les moules issues de la lagune et celles provenant de la
mer. La chromatographie en phase gazeuse a identifié une quinzaine d’acides
gras dans les lipides totaux des mollusques bivalves. Le profil lipidique des
acides gras (AG) de la chair des moules révèle que la fraction des acides gras
saturés (AGS) est la plus dominante dans les deux sites (44 %). Elle est
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Rapp. Comm. int. Mer Médit., 40, 2013