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Correspondances en Onco-hématologie - Vol. II - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2007
Prophylaxie antifongique dans les traitements intensifs
d’utilisation importante, mais il n’a démontré
sa supériorité pour diminuer la mortalité que
chez les patients greffés et avec une durée de
neutropénie importante.
L’itraconazole n’a pas réussi à montrer un intérêt
dans sa formulation en capsules. En revanche, il
l’a montré avec la solution orale, qui a une bien
meilleure biodisponibilité (cinq études multicen-
triques prospectives et randomisées vont dans
ce sens).
Les études comparant le fl uconazole et l’itraconazole
chez les patients greffés montrent une diminution de
l’incidence des infections fongiques profondes dans
le bras itraconazole, mais cela est contrebalancé par
une toxicité et des interactions médicamenteuses
plus importantes. Étant donné les grandes varia-
tions dans la biodisponibilité de l’itraconazole et la
relation établie entre dose et effi cacité, un dosage
d’itraconazole est recommandé.
Posaconazole
Lors de la réunion de l’ECIL, les essais posacona-
zole en prophylaxie n’étaient pas publiés, mais,
en raison de l’importance des résultats publiés
(large cohorte, avantages en termes de survie, de
mortalité), une recommandation provisoire AI a
été attribuée à l’utilisation de cette molécule dans
les chimiothérapies d’induction de leucémies
aiguës myéloïdes (LAM) et de myélodysplasies
de haut risque, ainsi que dans les périodes d’im-
munosuppression intense pour GVH aiguë ou
chronique postallogreffe.
Amphotéricine systémique à faibles doses
(± formulations lipidiques)
L’ensemble des résultats publiés ne montre pas
d’avantages à cette prophylaxie (versus placebo
ou rien). Ces études manquent de puissance pour
justifi er un avantage de l’amphotéricine B lipo-
somale versus placebo.
Échinocandines
L’étude a comparé micafungine versus fl ucona-
zole en double aveugle. La micafungine est asso-
ciée à une moindre utilisation d’antifongiques
de manière empirique, mais sans différence en
termes de mortalité.
Durée de la prophylaxie
En l’absence d’essais répondant spécifi quement
à cette question, aucune recommandation ferme
concernant la durée optimale ne peut être émise.
Cependant, la plupart des experts ont convergé
vers la recommandation d’une prophylaxie conti-
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nue jusqu’à récupération de la neutropénie. Cette
période peut éventuellement s’étendre pour les
allogreffés jusqu’à la fi n de la période d’immuno-
suppression intense.
Conclusions de l’ECIL
L’effi cacité de la prophylaxie devrait reposer sur
les résultats d’une large étude randomisée avec
une puissance suffi sante pour pouvoir aboutir à
une conclusion. Cette étude devrait s’appuyer sur
une collaboration internationale multi-institution-
nelle. D’autre part, la pratique prophylactique doit
s’accompagner d’une surveillance étroite pour
chaque patient, mais aussi de façon institution-
nelle, pour recueillir l’ensemble des informations
sur l’éventuelle modifi cation de l’épidémiologie
fongique.
REVUE SYSTÉMATIQUE ET MÉTA-ANALYSE
SUR LA PROPHYLAXIE ANTIFONGIQUE (2)
En 2002, les recommandations prophylactiques
de la Société américaine de maladies infectieuses
pour les patients neutropéniques atteints de
cancer ne conseillaient pas l’utilisation d’agents
antifongiques. Puis, des recommandations des
CDC, de la Société de greffe de moelle américaine
et de l’ECIL ont ouvert le champ à l’utilisation
d’agents en prophylaxie, conseillant le fl ucona-
zole à 400 mg/j chez les greffés jusqu’à prise de
la greffe. Devant de nombreux essais établissant
une effi cacité mais manquant de puissance pour
démontrer une différence signifi cative sur la mor-
talité, la survie, une équipe israélienne a réalisé
une importante méta-analyse. La méthodologie de
l’étude est solide, avec une analyse systématique
de la littérature et des experts indépendants
pour juger de la qualité des essais retenus et
des données extraites. Cent vingt-quatre études
de prophylaxie antifongique ont été initialement
retenues puis, après une analyse systématique,
64 études réalisées entre 1982 et 2007 ont été
analysées. La comparaison a ensuite été faite,
d’abord pour la prophylaxie systémique versus
pas de prophylaxie (pas de traitement, placebo,
antifongiques non systémiques) [45 études], puis
entre les différents agents prophylactiques utili-
sables (19 études). Trente-cinq études concernent
une population à grande majorité hématologique
et 15 incluent des patients greffés. Dans ces essais,
la prophylaxie est commencée de façon conco-
mitante à la chimiothérapie (n = 42) ou lorsque
le patient devient neutropénique (n = 13).
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