Act. Méd. Int. - Psychiatrie (18) n° 1, janvier 2001
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revue de presse
Revue de presse
tion dans ce groupe d’âge aient donné des
résultats négatifs, ces molécules semblent
plus prometteuses. La psychothérapie ou
les nouvelles classes d’antidépresseurs
pourraient se montrer efficaces. Le trai-
tement de la dépression grave des enfants
et des adolescents reste difficile, tant
pour le patient que pour sa famille et le
clinicien.
Par ailleurs, d’après le Dr Sitholey, la
fluoxétine serait à ce jour le seul antidé-
presseur efficace dans la dépression
pédiatrique. Il précise que les antidé-
presseurs devraient être utilisés pendant
un an ou plus (Sitholey P. Pediatric
depression and psychopharmacology.
Indian J Pediatr 1999 ; 66 : 613-20).
Mots clés. Enfance – Dépression
grave – Psychotropes.
La toxicomanie chez l’enfant
et l’adolescent
Kalamazoo (États-Unis)
La consommation d’alcool, de
tabac et d’autres drogues est un problème
universel qui concerne de nombreux
enfants et adolescents. En Inde, par
exemple, l’usage par des enfants d’opia-
cés, de cannabis, de tabac et d’alcool est
reconnu depuis des siècles. L’abus d’al-
cool est un comportement répandu dans
les collèges. Aux États-Unis, en 1997,
54 % des étudiants ont expérimenté une
substance illicite. La perception des ado-
lescents de la nocivité des drogues est un
bon prédicteur de l’augmentation ou de
la diminution de leur consommation.
Dans leur étude sur la toxicomanie infan-
tile, les Drs Patel et Greydanus ont passé
en revue entre autres l’épidémiologie, les
facteurs de risque, les facteurs protec-
teurs, les indicateurs non spécifiques de
toxicomanie infantile (Patel D, Greyda-
nus D. Substance abuse : a pediatric
concern. Indian J Pediatric 1999 ; 66 :
557-67). Parmi les facteurs de risque,
citons les facteurs génétiques (l’alcoo-
lisme de parents du 1er ou 2edegré, le sexe
mâle), les facteurs individuels et person-
nels (viol, activité sexuelle précoce,
troubles de l’attention, comportement
antisocial, mauvaise image de soi, rejet
par les parents, troubles de l’apprentis-
sage, etc.), les facteurs familiaux (per-
missivité ou autoritarisme, divorce,
conflit à l’intérieur de la famille, etc.), les
facteurs de société et d’environnement
(influence des médias, facilité à se pro-
curer la drogue, criminalité élevée de
l’environnement proche, acceptation
sociale de l’usage de drogue, etc.), l’in-
fluence du groupe (rébellion, rites de pas-
sage de la puberté, comportements à
risque, curiosité, désir d’appartenance à
un groupe, etc.) et les facteurs scolaires
(scolarité médiocre, absentéisme). Les
facteurs protecteurs incluent un environ-
nement familial attentionné, la bonne
communication à l’intérieur de la famille,
une bonne estime de soi, une scolarité
réussie, l’intelligence, un bon modèle
parental, la pratique religieuse, le sens
personnel de la morale, etc. En majorité
les enfants et les adolescents toxicomanes
ne manifestent pas de symptômes spéci-
fiques. La façon la plus efficace d’iden-
tifier le problème, en particulier chez les
adolescents, semble consister à faire pas-
ser régulièrement un court bilan psycho-
social lors des visites chez le généraliste
ou le pédiatre et d’être attentif aux indi-
cateurs non spécifiques. Les auteurs ont
en effet répertorié trois classes d’indica-
teurs non spécifiques de la toxicomanie.
Parmi les indicateurs physiques, citons
une perte de poids inexpliquée, une
hypertension, des yeux rouges, des dou-
leurs dans la poitrine, un excès d’acné,
une atrophie testiculaire, etc. Les indica-
teurs “académiques” peuvent être une
détérioration de la mémoire à court
terme, un absentéisme scolaire, des
conflits avec les enseignants. Enfin, les
indicateurs comportementaux et psy-
chologiques incluent des comportements
à risque, des troubles de l’humeur, une
dépression, des réactions de panique, une
paranoïa, des conflits avec les autorités
et des membres de la famille, des troubles
de l’appétit et du sommeil, une tendance
à préférer les types de musique, de vête-
ments, de films s’identifiant à une cer-
taine culture de la drogue, etc. L’histoire
du sujet reste le moyen diagnostique le
plus important et parfois le seul en cas de
toxicomanie, étant donné que les signes
physiques sont généralement minimes,
voire nuls, sauf en cas d’intoxication
aiguë. Les tests d’urine routiniers ne sont
ni utiles ni recommandés en tant qu’ou-
til diagnostique. La détection de drogues
dans les urines est influencée par de nom-
breux facteurs, comme la voie d’admi-
nistration, la dose, les différences indivi-
duelles de métabolisme, voire une
maladie rénale ou hépatique. Chez les
adolescents, l’histoire doit être rapportée
par le patient lui-même et ses parents,
mais séparément et de manière confi-
dentielle. Le rôle du pédiatre ou du méde-
cin généraliste est crucial. Souvent, il est
difficile pour le médecin d’accepter
l’abus du tabac, de l’alcool ou d’autres
drogues chez des adolescents, voire des
enfants. Les avantages de l’implication
active de ces praticiens sont leur dispo-
nibilité et leur facilité d’accès, l’absence
de stigmatisation que constitue la consul-
tation et la continuité du soin et de l’at-
tention portés tant au patient qu’à sa
famille. Le rôle d’information du prati-
cien sur les dangers du tabac, de l’alcool
et de la toxicomanie est important. Une
étude indienne démontre que le taba-
gisme est bien plus élevé dans les popu-
lations illettrées, ignorantes des méfaits
du tabac, et que la volonté de s’arrêter
augmente avec l’information.
Mots clés. Toxicomanie – Enfance –
Adolescence – Indicateurs.