L’éventualité d’autres encéphalites importées, à Flaviviridae
(encéphalite de Saint-Louis, de la Murray Valley, encéphalite
russe verno-estivale), Togaviridae (encéphalites à virus Chi-
kungunya, encéphalites équines diverses) ou Bunyaviridae
(encéphalite de Californie, de Crimée-Congo, fièvre de la val-
lée du Rift), doit rester présente à l’esprit dans les cas graves
et de diagnostic difficile.
ENCÉPHALITES SUBAIGUËS ET CHRONIQUES
Parmi les complications neurologiques de la rougeole, la panen-
céphalite sclérosante subaiguë présente un pronostic effroyable.
Trois cas ont été répertoriés en France en 1996 (7), huit ans après
l’épisode initial de rougeole identifié pour deux des patients. La
décroissance du nombre de cas (25 en 1980) reflète l’élévation
de la prévalence vaccinale au cours de la décennie passée.
L’incidence de la maladie de Creutzfeldt-Jakob sporadique n’a
pas varié en France récemment. Elle reste d’un cas par million
d’habitants et par an. L’épidémie d’encéphalopathie spongi-
forme bovine identifiée en Grande Bretagne en 1986 et dont le
pic a été atteint en 1992, avec environ 300 nouveaux cas par
mois, est en voie de disparition. La maladie liée au nouveau
variant humain, issue vraisemblablement de cette pathologie,
a été à ce jour diagnostiquée chez 26 patients, parmi lesquels
25 Britanniques et un Français.
ENCÉPHALITES DES PERSONNES INFECTÉES PAR LE VIH
Le développement des techniques moléculaires a permis des
diagnostics plus précoces et assez bien corrélés aux résultats
des examens neuropathologiques (4, 26). Chez 500 patients
infectés par le VIH et présentant des troubles encéphalitiques,
le CMV est retrouvé par PCR dans le LCR pour 16 % des cas,
l’EBV pour 12 % (parmi lesquels bon nombre de lymphomes
cérébraux) et le virus JC pour 9 % (avec une excellente spéci-
ficité pour le diagnostic de LEMP) (26). Le VZV est identifié
chez 3 % de ces patients, le HHV-6 chez 2 %, le HSV-1 et le
HSV-2 respectivement chez 2 et 1 % (26). Des techniques de
PCR un peu moins sensibles confirment la prépondérance des
infections à CMV (27).Tous les auteurs notent l’incidence iden-
tique de l’encéphalite à HSV chez les immunodéprimés et les
immunocompétents.
L’incidence de l’encéphalite à VIH est délicate à apprécier, en
dehors des séries autopsiques, tant son diagnostic positif
clinique est difficile à établir. Si les encéphalites à VIH sont le
plus souvent associées à des charges virales VIH élevées dans
le LCR (28), la corrélation est loin d’être absolue. La mesure
de la charge virale VIH intracérébrale, mise en œuvre par une
équipe française, a bien montré l’importance des mécanismes
indirects dans la survenue de la démence associée au VIH (29).
Une synthèse des particularités cliniques propres aux atteintes
du système nerveux central de l’enfant infecté par le VIH a été
récemment proposée (30). L’utilisation d’antirétroviraux effi-
caces semble conduire vers la diminution nette des cas d’en-
céphalites à CMV et à JCV. La confirmation de cette tendance
est attendue dans les années à venir.
CONCLUSION
En 1998, en France, une encéphalite herpétique, ou secondaire
à une infection par un autre herpèsvirus, doit systématiquement
être recherchée, voire traitée de manière probabiliste, en raison
de l’efficacité des antiviraux actuellement disponibles. Néan-
moins, d’autres étiologies, pour lesquelles il n’existe le plus
souvent aucun traitement spécifique, peuvent être en cause. Une
vigilance particulière s’impose face aux pathologies d’impor-
tation, dont l’épidémiologie évolue de façon constante. Pour
certaines de ces infections virales, une vaccination peut être
programmée (avec ATU nominative) avant un séjour, en parti-
culier professionnel, en région d’endémie : tel est le cas pour
l’encéphalite japonaise et l’encéphalite à tiques. Un arrêté du
17 mars 1998, publié au Journal Officiel du 19 avril 1998 (pages
6062-63), fixe la liste des Centres nationaux de Référence pour
la lutte contre les maladies transmissibles, pour les trois années
à venir. Le recours à ces centres, dont les conseils peuvent s’avé-
rer précieux dans les cas difficiles, ne peut être que recom-
mandé. "
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIV - n° 3 - mars 1999
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CLINIQUE
R
EMERCIEMENTS
Nous remercions les Drs I. Rebière (Réseau national de santé
publique, Paris), D. Dormont (Centre à l’énergie atomique,
Fontenay-aux-Roses), V. Deubel (Institut Pasteur, Paris)
et J.P. Gut (Institut de virologie, Université Strasbourg I)
pour l’amabilité avec laquelle ils ont bien voulu
nous communiquer des données actualisées
pour la rédaction de cet article.