Actualités pro fessionnelles Les diabétologues investissent la médico-économie L a crise économique actuelle braque plus que jamais les projecteurs sur les coûts de la santé et plus encore sur l’efficience de notre système de santé. Car, dans un tel contexte de fortes contraintes économiques et budgétaires, si une société peut accepter d’investir une part élevée de sa richesse nationale dans son système de santé, elle peut aussi imposer que cet investissement soit strictement légitime, c’est-àdire que chaque dépense engagée soit utile. Aussi, les professionnels de santé sont-ils directement concernés par le coût des actes qu’ils engagent ; la recherche de l’efficience doit être une constante dans leurs pratiques professionnelles. La médico-économie est désormais partout, à l’hôpital avec la tarification à l’activité (T2A) comme en médecine ambulatoire avec le paiement à la performance. Et la médico-économie pèse désormais aussi sur chaque acte médical et plus globalement sur le parcours de soin du patient chronique. Or, parmi les patients chroniques les plus coûteux pour l’assurance maladie se trouvent les patients diabétiques, coûteux par leur nombre (près de 3 millions), en augmentation rapide sous l’effet de la hausse de la prévalence du surpoids et de l’obésité, coûteux par la gravité des complications liées à leur maladie (complications cardiovasculaires, rénales, ophtalmologiques, neurologiques, etc.). Ainsi, on estime à près de 13 milliards d’euros le coût annuel du diabète, le premier poste de dépense étant représenté par les hospitalisations, témoignant de l’importance médicale et économique des complications de cette maladie. Mieux coordonner les soins de proximité en redéfinissant la place des médecins, et paramédicaux en particulier, dans l’éducation du patient à l’autogestion de sa maladie, accélérer la mise en place de cette éducation thérapeutique évaluée et prise en charge, sont les moyens les plus sûrs de prévenir les décompensations et les complications du diabète. Cette démarche mutua- 340 lisée dans une stratégie commune à l’ensemble des maladies chroniques est capable de réduire le recours à l’hospitalisation. La Société francophone du diabète (SFD) a parfaitement su analyser cette montée en puissance de la médicoéconomie au sein de sa spécialité et franchit une étape supplémentaire en lançant aujourd’hui le site : www. medico-eco-diabete.org Sous l’égide d’un comité scientifique composé de membres éminents de la SFD, ce site propose aux professionnels de santé impliqués dans la prise en charge du diabète – médecins, cadres infirmiers et dirigeants d’établissement – un centre de ressources multimédia et d’échanges communautaires devant leur permettre de mieux appréhender l’environnement médico-­économique du diabète. Parmi quelques exemples de ressources mises à disposition de la communauté : une série de diaporamas sur les données fondamentales à connaître en médicoéconomie, un partage d’études de cas pratiques, des interviews d’experts dont celle de Didier Tabuteau, directeur de la chaire santé de Sciences Po. Lancé le mardi 15 novembre, ce site sera progressivement enrichi en fonction des premiers retours d’expérience recueillis auprès de la communauté des praticiens. Ce site reçoit le soutien du Johnson & Johnson Diabetes Institute. Pour le professeur Jacques Bringer, président de la Société francophone du diabète, “cette initiative a pour ambition d’aider chacun de nous à mieux cerner les enjeux économiques qui impactent nos pratiques professionnelles et la prise en charge de nos patients diabétiques. Ce site www.medico-eco-diabete.org s’inscrit ainsi dans la volonté de s’engager dans la dimension santé publique de notre spécialité”. ■ La société francophone du diabète (SFD) Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XV - nos 9-10 - novembre-décembre 2011