Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XV - nos 1-2 - janvier-février 2011
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dossier thématique
Prévention du diabète de type2
Prévention du diabète de type 2 :
les recommandations
du consortium européen IMAGE
Prevention of type 2 diabetes: the recommendations
of the IMAGE European consortium
Paul Valensi*
* Service d’endocrino-
logie-diabétologie-nutrition,
hôpital Jean-Verdier,
CHU de Paris-Seine-Saint-
Denis, université Paris-
Nord, membre du groupe
IMAGE, Bondy.
O
n estime que plus de 30 millions de personnes
vivant au sein de l’Union européenne (UE) sont
diabétiques, ce qui équivaut à une prévalence
de 8,6 % de la population adulte. Une augmentation de
la prévalence au-delà de 10 % est attendue en 2030. En
2010, l’UE a consacré au diabète environ 10 % de ses
budgets de santé. Cette maladie représente la qua-
trième ou la cinquième cause de mortalité dans les
pays à niveau de vie élevé, mais elle est sous-estimée
du fait des décès considérés comme liés à la maladie
coronaire ou à un accident vasculaire cérébral.
La progression du diabète trouve ses principales ori-
gines dans des facteurs sociétaux, comportementaux,
métaboliques et dans le vieillissement de la population.
Mais il faut bien noter que le diabète et les altérations
de la tolérance au glucose progressent également chez
les plus jeunes.
Le diabète de type2 (DT2) et les états prédiabétiques
sont souvent méconnus et le diagnostic fait avec retard,
compromettant les possibilités de prévenir les com-
plications et le diabète lui-même. Plusieurs essais cli-
niques contrôlés, randomisés, menés aux États-Unis, en
Finlande, en Chine, au Japon et en Inde ont clairement
montré quil est possible de réduire la progression de
l’intolérance au glucose vers le DT2 avéré d’au moins
50 % en recourant à une intervention s’appuyant sur
l’hygiène de vie. Des programmes de prévention ont
été mis en place dans certains pays, en particulier en
Finlande et en Allemagne, ou à des échelles régio-
nales dans le but de transposer les données issues
de la recherche à la vie réelle, avec certaines limites,
voire obstacles, qu’il convient de franchir. LOrganisation
mondiale de la santé (OMS) et l’International Diabetes
Foundation (IDF) ont publié des recommandations pour
la prévention du DT2 qui toutefois nont pas été suivies
d’une application substantielle dans les pays européens.
Le projet IMAGE a été élaboré dans le but d’améliorer
la prévention du diabète en Europe grâce au dévelop-
pement et à lapplication de normes d’organisation
de la prévention et de formation. Le projet qui a été
»
Le diabète de type 2 (DT2) et les états prédiabétiques sont souvent
connus, et le diagnostic fait avec retard.
»
Plusieurs essais cliniques conts, randomis ont bien montré qu’une
intervention s’appuyant sur l’hygiène de vie permet de réduire la
progression de l’intorance au glucose vers le DT2 avéré d’au moins 50 %.
»
Le projet IMAGE a été élaboré dans le but d’améliorer la prévention
du diabète en Europe grâce au développement et à l’application de
normes d’organisation de la prévention et de la formation.
»Parmi les outils de dépistage précoce du diabète ou du prédiabète, la
charge orale en glucose avec dosages de la glymie à jeun et 2 heures
après la prise orale de 75 g de glucose est de meilleure sensibili que la
glycémie à jeun, et constitue le seul moyen pour détecter lintolérance
au glucose (ITG), de même quelle permet une catégorisation précise
du statut glycémique.
»
Plusieurs scores de risque de diabète ont été développés. Le score
FINDRISK qui comporte 8 items et qui a été validé en France est l’un
des scores préconisés par le consortium IMAGE.
»
Ces scores trouvent leur application essentielle en population rale
et chez les individus ayant a priori un risque de diabète.
»
Les mesures d’hygiène de vie, essentiellement en groupes, constituent
la démarche de prévention de première ligne et doivent être mises
en œuvre en priorité chez les patients intolérants au glucose ou
hyperglycémiques à jeun.
»
Ces mesures reposent sur les possibilités locales et nationales et sur une
implication politique qui devrait conduire à un plan national d’action.
»
Un professionnel de la santé (médecin ou paramédical) devient
“manager” d’un groupe s’il a bénéficié d’une formation appropriée.
Le groupe IMAGE a conçu cette formation (curriculum) grâce à un
portail internet.
»
Enfin, le groupe a développé des indicateurs de qualité permettant
d’évaluer toute intervention de prévention du DT2.
Mots-clés : Diabète de type 2 – Prédiabète – Dépistage Risque
Intolérance au glucose – Prévention – Mesures hygiénodiététiques.
Keywords: Type 2 diabetes – Prediabetes – DetectionRisk – Impaired
glucose intolerance – Prevention – Lifestyle.
Points forts
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Les recommandations du consortium européen IMAGE
soumis à la Communauté européenne dans le cadre de
l’appel à propositions 2006 pour le programme d’action
communautaire dans le domaine de la santé publique,
a été soutenu par un conancement de trois ans, de
2007 à 2010. Lobjectif général est bien d’implémenter
en Europe les mesures de prévention du DT2.
Les partenaires
et l’organisation du groupe IMAGE
Le projet a été meà son terme grâce à la participation
de 32partenaires issus de 13États membres de l’UE et
de partenaires collaborateurs de Serbie, d’Ukraine et
d’Israël. Secondairement, des partenaires d’Albanie,
des Pays-Bas, de Suisse, de Turquie et du Luxembourg
se sont joints au groupe ainsi que des experts de l’As-
sociation Diabetes UK et de l’Association européenne
pour létude de lobésité (EASO [European Association
for the Study of Obesity]).
La première réunion sest tenue en novembre 2007 et a
permis de recueillir un consensus autour des principaux
thèmes et sous-thèmes à inclure dans les directives que
nous souhaitions établir. Trois autres réunions se sont
tenues ultérieurement.
Sept groupes de travail (Work Packages) ont été consti-
tués : le groupe de coordination, le groupe de diusion
des résultats du travail collaboratif, le groupe d’éva-
luation, le groupe d’établissement des recomman-
dations, le groupe de formation, le groupe contrôle
de qualité et le groupe engagé dans la création d’un
portail d’accès Internet. Chaque groupe a bien entendu
constitué des sous-groupes de travail. J’ai personnel-
lement participé, avec l’aide de plusieurs membres
de mon équipe, au groupe de diusion, au nom du
Diabetes Prevention Forum de l’International Diabetes
Federation European Region (IDF Europe), et au
groupe des recommandations. Les résultats du travail
ont été présentés lors du 6econgrès mondial sur la
prévention du diabète et de ses complications qui sest
tenu à Dresde, en Allemagne, en avril 2010. Au même
moment est paru un numéro spécial de Hormone and
Metabolic Research incluant trois articles, l’un consacré
aux recommandations sur la prévention du DT2, le deu-
xième mettant à disposition un outil pratique pour la
prévention et le troisième portant sur les indicateurs
de qualité dans la prévention du DT2 (1-3). Les recom-
mandations devraient maintenant être adoptées par les
diérentes instances nationales et internationales (4)
dans la mesure ces recommandations devraient être
valides dans les diérentes régions du monde moyen-
nant certains ajustements.
Nous exposerons ici essentiellement les principaux
résultats du travail consacré aux recommandations
fones sur les preuves pour la prévention du DT2
(1). L’article comporte 325 références et huit séries de
recommandations.
Outils de dépistage précoce
et d’évaluation du risque
Les outils de dépistage précoce du diabète ou
du prédiabète reposent sur des dosages sanguins.
Plusieurs études, notamment l’étude DECODE, ont
bien montré que, comparativement à la méthode de
référence que constitue la charge orale en glucose
(COG), le seul dosage de la glycémie à jeun mécon-
naissait un grand nombre de cas de diabète ou d’états
prédiabétiques définis par l’hyperglycémie à jeun
et/ou l’intolérance au glucose (ITG). La COG avec
dosages de la glycémie à jeun et 2heures après la
prise orale de 75g de glucose est donc de meilleure
sensibilité que la glycémie à jeun, constitue le seul
moyen pour détecter l’ITG et permet une catégorisation
précise du statut glycémique (recommandation de
gradeA). Le choix entre le seul dosage de la glycémie
à jeun ou la réalisation d’une COG dépend toutefois
des disponibilités locales.
Le dosage de l’hémoglobine A1c, recommandé par
certaines instances, est également moins sensible pour
détecter le diabète et le prédiabète comparativement
à la COG. En outre, nous avons récemment montré,
dans une population de 1 283patients en surpoids ou
obèses, que ce dosage est de faible sensibilité dans
cette situation et identie des patients diérents de
ceux reconnus par la COG (5, 6).
Plusieurs scores de risque de diabète ont été déve-
loppés dans le monde pour évaluer le risque de déve-
lopper un diabète. Tel est le cas en particulier du score
nlandais FINDRISK qui répond à plusieurs exigences :
simplicité, caractère non invasif et coût insigniant.
Les performances de tout score de risque de diabète
doivent toutefois être évaluées dans la population
il est envisagé de l’utiliser (gradeB).
Le score FINDRISK (gradeA) comporte huit items
(encadré1). Il peut être calculé par un soignant ou
par la personne testée elle-même. Il a été validé dans
plusieurs cohortes européennes, notamment sur la
population de l’étude DESIR (7) pour le diabète inci-
dent avec toutefois une limite inhérente à cette étude
qui a recouru au dosage itératif de la glycémie à jeun
et non à la COG, et dans notre cohorte de patients en
surpoids ou obèses pour le diabète et le prédiabète
Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XV - nos 1-2 - janvier-février 2011
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dossier thématique
Prévention du diabète de type2
existants(8). Ce score nous est aussi apparu fortement
corrélé à la glycémie à jeun, à la glycémie 2heures après
glucose, au statut glycémique (prédiabète ou diabète),
à la pression artérielle systolique, diastolique et pulsée,
aux taux de cholestérol total et de triglycérides, au syn-
drome métabolique et à l’insulinorésistance évaluée
par l’index HOMA.
Un score plus simple que le FINDRISK a été élaboré à
partir de la cohorte DESIR (7). Nous avons également
mis au point un score de prédiction du diabète ou du
prédiabète chez les femmes ayant un indice de masse
corporelle ≥25kg/m2. Ce score très simple, calculé à
partir de l’âge et du tour de taille, s’avère signicative-
ment plus performant que le score FINDRISK et le score
DESIR (9). Ces 2scores alternatifs, comme plusieurs
autres scores développés en Europe, aux États-Unis
ou en Asie, sont mentionnés dans le document des
recommandations IMAGE, mais il faut reconnaître l’in-
térêt du score FINDRISK qui comporte 8questions
et qui permet d’engager avec le patient un dialogue
intéressant, en particulier sur les items relatifs au mode
de vie.
Après avoir calculé le score, il est nécessaire d’informer
la personne sur son propre risque et de consacrer le
temps nécessaire aux explications, en particulier vis-à-
vis des personnes de faible niveau éducatif (gradeB).
Les critères IMAGE
devant conduire à un dépistage ciblé
Les programmes de dépistage peuvent être menés
à grande échelle ou limités aux populations à risque
élevé, donnant lieu respectivement à des stratégies en
population ou à des stratégies en pratique clinique.
Les facteurs de risque de DT2 ont été recensés. Certains
sont non modiables : âge, histoire familiale, prédis-
position génétique, ethnicité, antécédent de diabète
gestationnel, ovaires polykystiques. Les facteurs de
risque modiables sont le surpoids ou l’obésité, l’inac-
tivité physique, un retard de maturation intra-utérine
ou une prématurité, l’hyperglycémie à jeun ou l’ITG, le
syndrome métabolique, des facteurs diététiques, des
médicaments diabétogènes, la dépression, un envi-
ronnement obésogène ou diabétogène, le faible statut
socio-économique.
Les critères devant donner lieu à un dépistage ciblé,
dans des populations définies, s’appuient sur ces
facteurs de risque et sur les recommandations exis-
tantes, notamment celles de lAnaes pour la France
ou de Diabetes UK ou encore celles de lAssociation
américaine du diabète (encadré2) [gradeB].
1. Quel est votre âge ?
0p : moins de 35 ans 1p : 35 à 44 ans 2p : 45 à 54 ans
3p : 55 à 64 ans 4p : plus de 64 ans
2. Quel est votre IMC ?
(IMC = indice de masse corporelle : poids [kg]/taille [m2])
0p : moins de 25 kg/m2 1p : 25-30 kg/m2 3p : plus de 30 kg/m2
3. Quel est votre tour de taille ?
Homme 0p : moins de 94 cm 3p : 94-102 cm 4p : plus de 102 cm
Femme 0p : moins de 80 cm 3p : 80-88 cm 4p : plus de 88 cm
Le tour de taille se mesure à la hauteur de l’ombilic
4. Exercez-vous tous les jours au moins 30minutes d’activité physique ?
0p : oui 2p : non
5. Avez-vous déjà eu une ordonnance pour des médicaments contre l’hypertension ?
0p : non 2p : oui
6. Avez-vous déjà eu une glycémie élevée (par exemple lors d’une maladie, d’une grossesse) ?
0p : non 5p : oui
7. Y a-t-il des diabétiques parmi vos proches consanguins ?
0p : non 3p : oui, chez un grand-parent, une tante, un oncle, un cousin, une cousine
5p : oui, chez un parent, un frère, une sœur, un enfant
(une seule réponse possible !)
8. Mangez-vous des fruits, des légumes, du pain complet ou du pain de seigle ?
0p : chaque jour 1p : pas tous les jours
Encadré 1. Le score FINDRISK.
Total : Conclusion : risque à 10 ans
Moins de 7 : risque très faible (1/100)
7-11 : risque faible (1/25)
12-14 : risque modéré (1/6)
15-20 : risque élevé (1/3)
Plus de 20 : risque très élevé (1/2)
Sujets de race blanche âgés de plus de 40 ans, sujets de race noire, sujets asiatiques ou sujets
appartenant à une minorité ethnique, âgés de plus de 25 ans avec un ou plusieurs des facteurs de
risque suivants :
− antécédent familial de diabète au premier degré ;
− et/ou IMC > 25 kg/m2 ;
et/ou tour de taille ≥ 94 cm pour les hommes, quils soient blancs ou noirs, ≥ 80 cm pour les femmes
blanches, noires ou asiatiques, et ≥ 90 cm pour les hommes asiatiques ;
− et/ou pression artérielle systolique ≥ 140 mmHg ou pression artérielle diastolique ≥ 90 mmHg
ou hypertension traitée ;
− et/ou HDL-cholestérol ≤ 0,35 g/l (0,9 mM) ou triglycérides2 g/l (2,2 mM) ou dyslipidémie traitée.
Femmes ayant un antécédent de diabète gestationnel ou un enfant de poids de naissance supé-
rieur à 4 kg.
Antécédent de diabète temporairement induit, par exemple par stéroïdes.
Maladie coronarienne, maladie cérébro-vasculaire, artériopathie périphérique.
Femmes ayant un syndrome des ovaires polykystiques avec un IMC supérieur ou égal à 30 kg/m2.
Patients ayant des problèmes psychiatriques sévères et/ou recevant un traitement antipsychotique
au long cours.
Antécédent d’ITG ou d’hyperglycémie à jeun.
Encadré 2. Les critères IMAGE de dépistage des populations cibles pour le diabète et le
prédiabète.
Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XV - nos 1-2 - janvier-février 2011
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Les recommandations du consortium européen IMAGE
Stratégies de dépistage des personnes
à risque de diabète de type 2
Deux stratégies diérentes sont recommandées, l’une
en population générale, l’autre vis-à-vis de populations
ciblées.
En population générale, le dépistage doit être oppor-
tuniste en incluant la population la plus large et le plus
grand nombre d’acteurs : médecins, inrmiers, pharma-
ciens, services de médecine du travail…, et lors d’occa-
sions privilégiées comme les Journées mondiales du
diabète. Un score de risque doit être utilisé en premier
lieu (gradeA), permettant dévaluer le risque de devenir
diabétique et qui renseigne également sur le risque de
diabète ou de prédiabète existant. Si le score est élevé,
une glycémie à jeun, ou mieux une COG si possible,
est réalisée secondairement, avec simultanément des
dosages lipidiques. La détection d’un diabète conduit
alors à la prise en charge appropriée du patient selon les
recommandations existantes. La mise en évidence d’une
hyperglycémie à jeun et/ou d’une ITG doit conduire à la
mise en œuvre des mesures de prévention du diabète
selon les recommandations IMAGE (gure).
Dans les populations ciblées (encadré 2), répondant
aux critères IMAGE, trois possibilités sont oertes :
dosage de la glycémie à jeun, réalisation d’une COG
ou calcul d’un score de risque. Les options du score
ou de la COG sont toutefois soutenues préférentiel-
lement dans ces recommandations. Plus spécique-
ment, dans la population des sujets obèses ou en
surpoids, compte tenu de leur nombre très élevé et
d’une prévalence intermédiaire des dysglycémies, un
score de risque est préconisé en première intention,
donnant lieu à une COG s’il est élevé (grade B). Nous
avons en eet montré que cette stratégie améliore
grandement la rentabilité du dépistage des dysgly-
cémies par rapport à la réalisation d’emblée d’une
COG. Chez les patients coronariens, la prévalence du
diabète est forte et la prévalence des dysglycémies
méconnues est extrêmement élevée (> 60 %), jus-
tiant systématiquement une COG en labsence de
diabète connu (gradeB). L’attitude ultérieure consiste,
comme en population générale, selon les résultats des
dosages glycémiques, à prendre en charge le diabète
ou à mettre en place les mesures de prévention du
diabète (gure).
Figure. Stratégie de dépistage IMAGE (d’après [1]).
Population générale
Dépistage opportuniste Tester si le sujet répond aux critères IMAGE
Populations ciblées
Score de risque
Non élevé Élevé +/- Non élevéGAJ COGÉlevé
GAJ
Normal
Retester 2 ans
plus tard
COG : charge orale en glucose ; GAJ : glycémie à jeun ; HAJ : hyperglycémie à jeun ; ITG : intolérance au glucose.
Traiter selon
les recommandations
en vigueur
Retester 2 ans
plus tard Intervention selon
les recommandations
IMAGE
Intervention selon
les recommandations
IMAGE
Conseils
généraux Traiter selon
les recommandations
en vigueur
HAJ
et/ou ITG Diabète Normal HAJ
et/ou ITG Diabète
COG
Score de risque
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dossier thématique
Prévention du diabète de type2
Stratégies de prévention
Les études de prévention ont montré que l’incidence
annuelle d’un DT2 est supérieure à 5 % dans les états
prédiabétiques et dépasse même 10 % lorsque l’hy-
perglycémie à jeun s’associe à une ITG. Les essais de
prévention du DT2 par les mesures intensiées d’hy-
giène de vie ont établi leur grande ecacité avec une
réduction de plus de 50 % chez les patients ayant une
ITG. Il a été ainsi calculé que le nombre de patients à
traiter pour éviter un cas de DT2 est de 6,4 pendant 1,8
à 6,4ans. En outre, l’étude chinoise Da Qing a récem-
ment montré la durabilité du bénéce engendré par les
mesures d’hygiène de vie, jusqu’à 14ans après la n de
l’intervention. Ce sont donc bien les mesures d’hygiène
de vie qu’il faut encourager en premier lieu (gradeA).
La réduction du poids constitue un élément essentiel,
une perte de 5 à 7 % susant à réduire substantielle-
ment le risque de DT2 (gradeA). L’augmentation de
l’activité physique à 30minutes par jour d’exercice
modéré réduit également le risque (gradeB). Létude
DPP (10) a montré que la plus forte réduction pondé-
rale était observée lorsque trois objectifs prédénis –
réduction pondérale, exercice physique et réduction
de la consommation de graisse – étaient atteints. La
persistance du bénéce est apparue la plus forte chez
les personnes âgées de plus de 60ans, probablement
en lien avec leur plus grande motivation et disponibilité
vis-à-vis de leur état de santé. Dans l’étude nlandaise
DPS, cinq objectifs étaient dénis : ne pas dépasser
30 % de l’apport énergétique quotidien sous forme
de graisses, ne pas dépasser 10 % de l’apport énergé-
tique sous forme de graisses saturées, consommer au
moins 15g de bres/1 000Kcal, pratiquer une activité
physique modérée d’au moins 30minutes par jour,
perdre au moins 5 % de son poids. Lorsque les cinq
objectifs étaient atteints, aucun cas de diabète nétait
enregistré dans la population initialement intolérante
au glucose (11).
Plusieurs médicaments ont également fait preuve
de leur ecacité dans la prévention du DT2. Il s’agit,
chez les patients ayant une ITG, de la metformine et
de l’acarbose, qui peuvent être utilisés en seconde
intention et en respectant les contre-indications pour
la metformine (gradeA). Chez les obèses avec ou sans
ITG, l’orlistat associé aux mesures hygiéno-diététiques
peut également être proposé en second lieu chez les
obèses (grade A). Rappelons toutefois qu’aucun de ces
médicaments ne dispose en France de l’AMM dans la
prévention du diabète.
À léchelle individuelle, la motivation est essentielle
pour initier une démarche de prévention du diabète.
Le processus implique la prise de décision dagir, puis
l’action proprement dite et le maintien dans l’action.
Les interventions doivent promouvoir des changements
diététiques et l’activité physique (gradeA), utiliser les
techniques de modications comportementales bien
dénies (gradeA), proposer un plan clair d’intervention
selon le contexte social et organisationnel (gradeD),
impliquer l’engagement des supports sociaux (famille,
amis, collègues) [gradeA], multiplier la fréquence des
contacts (gradeB), soutenir le maintien des mesures
d’hygiène de vie (gradeA).
Aspects sociétaux et de santé publique
La mise en place des mesures hygiéno-diététiques
repose sur les possibilités locales et nationales et sur
une implication politique conduisant à un plan natio-
nal d’action. La collaboration doit être encouragée
entre différents secteurs d’activité : les éducateurs,
les organisations non gouvernementales, l’industrie
agro-alimentaire, les médias, les acteurs locaux et les
instances politiques.
À l’échelle sociétale et de santé publique, l’implémen-
tation des mesures de prévention du DT2 doit recourir
à un plan de santé publique structuré (gradeA), en
impliquant des approches spéciques selon les popu-
lations (adolescents, minorités, groupes défavorisés)
[gradeC], des initiatives gouvernementales (soutiens
aux communautés, infrastructures, mesures scales
et législatives, engagements du secteur privé et com-
munications à travers les médias) [gradeB]. Un tel plan
devrait constituer une des composantes d’un réseau
comportant d’autres programmes de prévention ou
d’activités d’éducation publique (gradeA).
Compte tenu des moyens nécessaires, humains et
nanciers, une approche hiérarchique dans les prio-
rités est recommandée. La priorité la plus élevée
concerne les patients ayant une ITG (qui ont éventuel-
lement aussi une hyperglycémie à jeun) [gradeA], une
priorité élevée est attribuée aux hyperglycémiques à
jeun et aux personnes ayant un syndrome métabolique
(gradeC), une priorité intermédiaire aux personnes
en surpoids, obèses ou ayant une faible activité phy-
sique, enn une priorité faible en population générale
(gradeC).
La réalisation pratique des actions d’intervention sur
l’hygiène de vie s’appuie sur des modalités diérentes
selon les contextes, sont réalisées en groupes pour l’es-
sentiel, de façon individuelle ou mixte éventuellement
(gradeA). Un grand nombre de professionnels ou de
non-professionnels devraient être impliqués (gradeA).
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