Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XV - nos 1-2 - janvier-février 2011
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dossier thématique
Prévention du diabète de type2
Stratégies de prévention
Les études de prévention ont montré que l’incidence
annuelle d’un DT2 est supérieure à 5 % dans les états
prédiabétiques et dépasse même 10 % lorsque l’hy-
perglycémie à jeun s’associe à une ITG. Les essais de
prévention du DT2 par les mesures intensiées d’hy-
giène de vie ont établi leur grande ecacité avec une
réduction de plus de 50 % chez les patients ayant une
ITG. Il a été ainsi calculé que le nombre de patients à
traiter pour éviter un cas de DT2 est de 6,4 pendant 1,8
à 6,4ans. En outre, l’étude chinoise Da Qing a récem-
ment montré la durabilité du bénéce engendré par les
mesures d’hygiène de vie, jusqu’à 14ans après la n de
l’intervention. Ce sont donc bien les mesures d’hygiène
de vie qu’il faut encourager en premier lieu (gradeA).
La réduction du poids constitue un élément essentiel,
une perte de 5 à 7 % susant à réduire substantielle-
ment le risque de DT2 (gradeA). L’augmentation de
l’activité physique à 30minutes par jour d’exercice
modéré réduit également le risque (gradeB). L’étude
DPP (10) a montré que la plus forte réduction pondé-
rale était observée lorsque trois objectifs prédénis –
réduction pondérale, exercice physique et réduction
de la consommation de graisse – étaient atteints. La
persistance du bénéce est apparue la plus forte chez
les personnes âgées de plus de 60ans, probablement
en lien avec leur plus grande motivation et disponibilité
vis-à-vis de leur état de santé. Dans l’étude nlandaise
DPS, cinq objectifs étaient dénis : ne pas dépasser
30 % de l’apport énergétique quotidien sous forme
de graisses, ne pas dépasser 10 % de l’apport énergé-
tique sous forme de graisses saturées, consommer au
moins 15g de bres/1 000Kcal, pratiquer une activité
physique modérée d’au moins 30minutes par jour,
perdre au moins 5 % de son poids. Lorsque les cinq
objectifs étaient atteints, aucun cas de diabète n’était
enregistré dans la population initialement intolérante
au glucose (11).
Plusieurs médicaments ont également fait preuve
de leur ecacité dans la prévention du DT2. Il s’agit,
chez les patients ayant une ITG, de la metformine et
de l’acarbose, qui peuvent être utilisés en seconde
intention et en respectant les contre-indications pour
la metformine (gradeA). Chez les obèses avec ou sans
ITG, l’orlistat associé aux mesures hygiéno-diététiques
peut également être proposé en second lieu chez les
obèses (grade A). Rappelons toutefois qu’aucun de ces
médicaments ne dispose en France de l’AMM dans la
prévention du diabète.
À l’échelle individuelle, la motivation est essentielle
pour initier une démarche de prévention du diabète.
Le processus implique la prise de décision d’agir, puis
l’action proprement dite et le maintien dans l’action.
Les interventions doivent promouvoir des changements
diététiques et l’activité physique (gradeA), utiliser les
techniques de modications comportementales bien
dénies (gradeA), proposer un plan clair d’intervention
selon le contexte social et organisationnel (gradeD),
impliquer l’engagement des supports sociaux (famille,
amis, collègues) [gradeA], multiplier la fréquence des
contacts (gradeB), soutenir le maintien des mesures
d’hygiène de vie (gradeA).
Aspects sociétaux et de santé publique
La mise en place des mesures hygiéno-diététiques
repose sur les possibilités locales et nationales et sur
une implication politique conduisant à un plan natio-
nal d’action. La collaboration doit être encouragée
entre différents secteurs d’activité : les éducateurs,
les organisations non gouvernementales, l’industrie
agro-alimentaire, les médias, les acteurs locaux et les
instances politiques.
À l’échelle sociétale et de santé publique, l’implémen-
tation des mesures de prévention du DT2 doit recourir
à un plan de santé publique structuré (gradeA), en
impliquant des approches spéciques selon les popu-
lations (adolescents, minorités, groupes défavorisés)
[gradeC], des initiatives gouvernementales (soutiens
aux communautés, infrastructures, mesures scales
et législatives, engagements du secteur privé et com-
munications à travers les médias) [gradeB]. Un tel plan
devrait constituer une des composantes d’un réseau
comportant d’autres programmes de prévention ou
d’activités d’éducation publique (gradeA).
Compte tenu des moyens nécessaires, humains et
nanciers, une approche hiérarchique dans les prio-
rités est recommandée. La priorité la plus élevée
concerne les patients ayant une ITG (qui ont éventuel-
lement aussi une hyperglycémie à jeun) [gradeA], une
priorité élevée est attribuée aux hyperglycémiques à
jeun et aux personnes ayant un syndrome métabolique
(gradeC), une priorité intermédiaire aux personnes
en surpoids, obèses ou ayant une faible activité phy-
sique, enn une priorité faible en population générale
(gradeC).
La réalisation pratique des actions d’intervention sur
l’hygiène de vie s’appuie sur des modalités diérentes
selon les contextes, sont réalisées en groupes pour l’es-
sentiel, de façon individuelle ou mixte éventuellement
(gradeA). Un grand nombre de professionnels ou de
non-professionnels devraient être impliqués (gradeA).