Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XV - nos 9-10 - novembre-décembre 2011
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47e EASD
Le facteur de transcription et de traduction TFB1M
contrôle l’expression de gènes mitochondriaux.
Sharoyko et al. (OP06, abstr. 31 ; Malmö, Suède) ont
montré, grâce à une analyse génomique, que certains
variants du gène TFB1M sont associés à un accroisse-
ment du risque, pour les patients, de développer un
DT2, du fait d’anomalies de la sécrétion d’insuline et
d’une glycémie élevée lors de tests de tolérance au
glucose. Afin d’élucider le rôle de TFB1M, Sharoyko et
al. ont analysé des souris qui portent une mutation
de TFB1M dans les cellules β du pancréas. À 2 mois
et demi, ces souris affichent un retard d’élimination
du glucose lors de tests de tolérance au glucose et
une absence d’induction de la sécrétion d’insuline. À
4 mois, ces souris deviennent diabétiques et la sécrétion
d’insuline en réponse au glucose est altérée. Il devient
évident que la protéine TFB1M joue un rôle majeur
dans la fonction des cellules β et le développement
du diabète. Elle constitue dès lors une nouvelle cible
thérapeutique potentielle.
La croissance des cellules β est un phénomène adaptatif
qui permet une homéostasie glucidique correcte lors de
la grossesse. Wu et al. (OP08, abstr. 43 ; Nanjing, Chine)
ont montré précédemment que la survivine contrôle
la prolifération des cellules β pendant la période péri-
natale. L’étude présentée à l’EASD avait pour objectif
de mieux comprendre le rôle de la survivine pendant
la gestation. Pour cela, ses auteurs ont généré des
souris avec une mutation de la survivine spécifique-
ment dans les cellules β. Wu et al. ont examiné dans
un premier temps l’expression de la survivine dans des
souris témoins sauvages : la survivine était exprimée
entre E10.5 et E18.5, atteignant un pic d’expression à
E14.5. Cette expression est corrélée à une hausse de
prolifération des cellules β à E14.5. Les souris mutantes
pour la survivine ont des défauts de sécrétion d’insuline
en réponse au glucose pendant la gestation, avec une
diminution de la masse de cellules β par rapport aux
souris témoins sauvages. Cette réduction de la masse
de cellules β est causée par une baisse de réplication.
Ces données montrent un nouveau rôle de la survivine,
gène qui s’avère essentiel pour l’adaptation de la masse
de cellules β pendant la grossesse.
Régénération des cellules β :
un concept revisité lors de la vie néonatale
Pendant de nombreuses années, une question fonda-
mentale a été de savoir si la néogenèse des cellules β
– c’est-à-dire la différenciation de cellules β à partir
d’autres types cellulaires – existait chez l’adulte. Les
études génétiques par traçage de cellules de Dor et
Bhushan ont exclu cette possibilité dans le pancréas
adulte en 2004. Au congrès de l’EASD, Minami et al.
(OP08, abstr. 48 ; Kobe, Japon) ont relancé le débat et
posé la question de l’existence d’une néogenèse des
cellules β pendant la période néonatale. Pour cela, ils
ont généré des souris dans lesquelles on peut marquer
et suivre les cellules β avec l’expression d’un gène rap-
porteur YFP (Yellow Fluorescent Protein). Les cellules β
ont été ainsi marquées à la naissance. Lors du sevrage
des souriceaux (vers 3 semaines postnatales), un grand
nombre de cellules qui avaient été marquées par YFP
ont été remplacées par des cellules non fluorescentes.
Cela indique que ces nouvelles cellules β se sont for-
mées à partir de cellules “non β”, car, si elles prove-
naient de la réplication de cellules β préexistantes,
on s’attendrait à ce qu’elles expriment le facteur YFP.
Or, ces données montrent que la néogenèse des cel-
lules β est possible pendant la période postnatale. Cet
événement devrait permettre d’envisager à l’avenir
des possibilités thérapeutiques importantes pour le
traitement du diabète néonatal.
Insuline et cerveau :
un nouveau rôle dans la satiété
Une autre question majeure soulevée au congrès de
l’EASD était consacrée au rôle de l’expression de l’in-
suline dans le cerveau. Les auteurs ont notamment
recherché les effets de l’insuline du cerveau sur la prise
de poids et sur la régulation de la glycémie. L’équipe
de Johnson (abstract 711 ; Vancouver, Canada) a étudié
le profil d’expression des 2 gènes de l’insuline chez la
souris dans différentes parties du cerveau. Rappelons
que la souris exprime 2 gènes non alléliques codant
pour 2 protéines très voisines, qui diffèrent par 2 acides
aminés dans leur chaîne B et par 3 dans le peptide C.
Chez l’homme, il n’existe qu’un seul gène de l’insuline.
Dans quelques cellules de l’hypothalamus, Johnson et
al. ont détecté des transcrits de l’insuline 2 mais pas
de l’insuline 1. Les transcrits Ins1 et Ins2, en revanche,
sont exprimés dans le pancréas, ainsi que le décrivaient
Duvillié et al. en 1997 (1). Cette étude montre que des
souris Ins1-/-Ins2+/- ont une prise de poids corporelle
et une prise alimentaire plus importantes que celles de
souris Ins1-/-Ins2+/+ lorsque ces animaux sont exposés
à un régime riche en graisse. Ces résultats conduisent à
l’hypothèse d’un rôle de l’expression du gène Ins2 dans
le cerveau sur la satiété. De façon intéressante, il avait
été expliqué précédemment que des souris ayant une
mutation spécifique du gène du récepteur de l’insuline
dans le cerveau développent également une obésité
lors d’un régime riche en graisse. L’ensemble de ces
données soutient l’idée d’un effet de l’expression de
l’insuline dans le cerveau sur la prise alimentaire.