Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 1, janvier-février 2001
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Leptine
Six ans après sa découverte, la leptine est
toujours d’actualité. La résistance à la lep-
tine a fait l’objet de plusieurs communica-
tions. Chez le rat âgé obèse, la résistance de
la leptine serait due à une diminution des
récepteurs de la leptine et à une altération
des signaux de transduction (Scarpace).
Toujours chez le rat, Vasseli a montré que
cette résistance à la leptine était liée à
l’augmentation de l’adiposité et non pas au
régime alimentaire. Il en ressortait égale-
ment que cette leptinorésistance était cen-
trale, mais que la lipolyse induite par la
leptine était préservée.
Dans une remarquable étude, l’équipe de
Schoeller, en comparant des périodes de
sur- ou de sous-alimentation, a mis en évi-
dence qu’il y avait aussi chez l’homme
obèse une résistance à la leptine en cas de
balance énergétique positive, s’opposant
donc à l’arrêt de la prise de poids, alors
qu’en cas de balance énergétique négative,
la réponse était normale, induisant une
sensation de faim.
Chez des adolescentes obèses, Castle a
montré qu’après un repas riche en lipides et
pauvre en glucides, la sécrétion nocturne de
leptine était plus basse qu’après un repas
pauvre en lipides et riche en glucides, ce
qui peut contribuer à accroître la prise de
poids. Le profil était simultanément associé
à une insulinémie plus basse, tandis que la
sécrétion d’acides gras libres était réduite
de 75 % sous diététique riche en
hydrates de carbone, ce qui
peut diminuer l’insuli-
norésistance.
Métabolisme
chez l’obèse
Faraj a étudié les voies
métaboliques des acides gras
chez les post-obèses et montré, dans
une étude utilisant acide oléique marqué au
C13, que la clearance des lipides était
accrue chez l’obèse avec une diminution de
leur oxydation et donc une augmentation
de leur stockage, expliquant en partie la
tendance accrue chez les post-obèses à la
reprise de poids.
La perte de poids s’accompagne d’une
diminution de la dépense énergétique. Mais
chez l’obèse, celle-ci est inférieure à celle
prédite par les équations chez le sujet nor-
mal. Pour Doucet, c’est essentiellement la
thermogenèse d’adaptation qui est réduite,
cela étant lié à la restriction énergétique.
L’équipe canadienne de Després et Trem-
blay a montré, dans l’étude familiale de
Québec, que le tissu adipeux viscéral était le
meilleur élément prédictif de la survenue
d’une intolérance au glucose chez les
femmes, et, pour la première fois, que la
teneur en acide alpha-linolénique des tri-
glycérides du plasma était inversement
corrélée à la pression artérielle, à l’insuliné-
mie à jeun, à l’apo-B et positivement
corrélée au cholestérol HDL et à la taille des
LDL.
Perte de poids et tissu adipeux
Tchernof a montré que, chez la femme
obèse ménopausée, la perte de poids
concernait la masse grasse totale et, de
façon préférentielle, le tissu adipeux viscé-
ral, mais que l’amélioration du profil méta-
bolique était mieux corrélée à la diminution
de la masse grasse totale. Wang, également
chez la femme obèse, a confirmé que la res-
triction calorique réduisait proportionnelle-
ment davantage le tissu adipeux sous-
cutané à 6 mois.
Interaction avec la génétique
Dans une étude suédoise familiale,
Jacobson a étudié les similarités du méta-
bolisme de repos entre les enfants (dont
1 seul obèse) et leurs parents, ainsi qu’entre
époux, et constaté un haut degré de ressem-
blance entre frères, sœurs et parents, mais
également entre époux, suggérant que ce
fait serait en partie non génétique.
Faith a étudié la compensation alimen-
taire après une précharge dans 17 familles
avec des fratries de 7-10 ans : une faible
compensation était inversement corrélée à
l’incitation maternelle à manger, indi-
quant que l’enfant mangera moins après
charge si la mère exerce une pression ali-
mentaire accrue. Il a également montré
qu’il n’y avait pas de ressemblance entre
frères et sœurs, ce qui atténue le rôle de la
génétique dans ce comportement.
Goûts et préférences
Del Parigi a étudié la représentation céré-
brale du goût par PET (Positron Emission
Tornography) chez des obèses. Il a observé
des localisations cérébrales différentes
chez les hommes et les femmes pouvant
rendre compte de différences de comporte-
ment alimentaire. Salbe a étudié la réponse
hédonique au gras et au sucré chez les
Indiens Pima, comparativement aux Cau-
casiens, et montré que les Caucasiens
préféraient les solutions plus sucrées.
Densité énergétique
La densité énergétique, facteur de prise ali-
mentaire, corrélée à la préférence alimen-
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AAssssoocciiaattiioonn ffoorr tthhee SSttuuddyy
ooff OObbeessiittyy
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taire a été reconsidérée par Drewnowski,
d’une part, et Rolls, d’autre part. Pour
Drewnowski, la densité énergétique de
l’ensemble de l’alimentation était inverse-
ment corrélée à la teneur en eau de l’ali-
mentation, au pourcentage de glucides, à la
consommation de fruits et de légumes, et
positivement corrélée au pourcentage de
lipides mais aussi à la consommation de
fructose et de caféine, suggérant que les
boissons non alcooliques pouvaient contri-
buer à la densité énergétique de l’alimenta-
tion. Rolls a montré que la densité énergé-
tique, avec des apports différents en lipides,
influençait l’apport énergétique à la fois
chez l’obèse et le non-obèse, quel que soit
le niveau de concentration des lipides, et
donc que les lipides n’en étaient pas les
seuls déterminants. Elle a également étudié
l’effet d’une précharge de 250 Kcal sur la
prise alimentaire peu avant (20 mn) ou
longtemps avant (120 mn) un repas. La
réduction de la faim et de la prise alimen-
taire était la plus nette après la précharge
consommée sous forme de soupe, quel que
soit le délai.
Nutrition
L’ordre des aliments du repas peut être rap-
proché de la notion de précharge. O’Neil a
montré que consommer la salade en pre-
mier plat plutôt qu’en second conduisait à
réduire l’apport énergétique total quels que
soient le sexe et le poids.
Une étude de Dennisson sur des enfants de
milieu défavorisé a révélé que la consom-
mation de carottes (!) était inversement
corrélée à la prévalence de l’obésité, cette
consommation pouvant, après ajustement,
être également le marqueur d’un meilleur
comportement alimentaire.
Pour Specter, l’acceptabilité d’aliments à
teneur lipidique réduite était améliorée par
une exposition répétée à ceux-ci, avec
simultanément une amélioration des scores
de préférences alimentaires, suggérant
qu’il est peut-être plus efficace de réduire
la teneur en lipides des aliments (gras)
préférés, plutôt que faire des recommanda-
tions générales restrictives.
Activité physique
L’activité physique a été particulièrement
étudiée. Sys a mesuré la dépense énergé-
tique et l’activité physique réelles à partir
de la méthode de l’eau doublement mar-
quée : une augmentation des apports de
1 Kcal/jour était associée à une augmenta-
tion de la masse grasse de 0,025 kg et une
augmentation de 0,1 unité d’activité phy-
sique était associée à une diminution de
3 kg de la masse grasse. Ces résultats n’é-
taient pas retrouvés lorsque l’apport
énergétique et l’activité physique étaient
estimés par l’individu.
Enfants et activité physique
Strauss a montré que chez l’enfant, le
temps passé de façon sédentaire était inver-
sement corrélé à un faible niveau d’activité
physique, mais que ce sont les influences
sociales et psychologiques qui sont liées à
un niveau d’activité physique élevé. À 3-
4 ans, l’activité physique de l’enfant n’est
pas corrélée au statut socio-économique et
au poids mais est plus faible lorsque l’en-
fant est en garderie (Jackson). Le métabo-
lisme de repos de l’enfant de 12 ans, ajusté
sur la masse maigre et grasse, est identique
chez l’obèse et le non-obèse, mais la
dépense liée à l’activité physique est plus
faible chez l’obèse (De Larry).
Dennisson a étudié l’impact de la télévi-
sion chez les très jeunes enfants (1-5 ans) :
la prévalence de l’obésité était plus grande
parmi ceux regardant beaucoup la télé, ce
comportement étant fortement influencé
par le milieu socio-éducatif.
Image corporelle
Sherman a étudié la perception du poids
chez les mères obèses d’enfants obèses et a
montré une distorsion entre ce qu’elles
expriment et la réalité.
Sherwood a confirmé chez des filles de
8-10 ans et leurs mères des perturbations de
l’image corporelle exprimant soit qu’elles
se trouvent trop grosses, soit que le sur-
poids est associé à une meilleure santé. Les
mères de milieu social moins aisé considé-
rant moins souvent que leur fille est en sur-
poids quand c’est le cas. Dix-neuf pour
cent des filles ont déjà suivi un régime et
15 % sont au régime. Or, Austin a montré,
dans une étude prospective, que le fait de
faire un régime était associé, chez les préa-
dolescentes et adolescentes, à un risque
accru d’obésité.
Cela doit être pris en compte dans l’attitude
des professionnels de santé qui doivent
développer des concepts positifs autour du
poids souhaitable. D’autant plus que l’é-
quipe de Birch a souligné que la reconnais-
sance par les mères d’un problème pondé-
ral chez leurs enfants et la pression qu’elles
exercent sur eux pour manger sont les
paramètres les plus impliqués dans la
variance de leur masse grasse.
Objectif de poids
Womble a montré que les objectifs de perte
de poids chez les femmes étaient très diffé-
rents de ceux souhaités par les médecins –
et qu’ils le restent malgré les explications
mais s’atténuent avec la prise en charge – et
Reichman que la perte de poids obtenue
était bien corrélée à celle initialement
désirée par le patient.
Médicaments
Les effets de la Sibutramine®ont été étu-
diés. Berkowitz a montré que la perte de
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poids par Sibutramine®ou modifications du
comportement amélioraient l’humeur, indé-
pendamment de l’importance de la perte de
poids, mais que des pertes de poids plus
importantes entraînaient une sensation de
faim plus importante au début du traite-
ment. Levin a travaillé sur des rats rendus
obèses par l’alimentation : la Sibutramine®
abaissait le niveau du poids de consigne par
des mécanismes centraux impliquant
l’homéostasie énergétique et susceptibles
de maintenir le poids à un niveau inférieur.
Mittendorf a montré que l’orlistat dimi-
nuait l’absorption du cholestérol, ce qui
peut accroître l’effet observé sur les lipo-
protéines obtenu par la perte de poids. Chez
des sujets diabétiques, l’orlistat améliore
davantage l’équilibre métabolique que la
diététique seule. Une étude préliminaire de
McCann a souligné l’intérêt de l’orlistat
chez des adolescents obèses. Womble a
montré que l’orlistat, associé à la Sibu-
tramine®, pouvait avoir un effet additif et
permettre d’atteindre une perte de poids de
plus de 15 %. Une étude menée par
Fujioka a mis en évidence que la leptine
par voie intramusculaire entraînait une
perte de poids chez l’obèse.
Ces travaux sont justifiés par l’importance
de l’obésité en termes de santé publique.
Hoppin, quant à lui, a indiqué que l’obésité
était surreprésentée dans les admissions à
l’hôpital aux États-Unis.
Jean-Michel Lecerf,
Institut Pasteur,Lille.
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