Mémorandum des Politiques Economiques et Financières
I. Évolution économique et financière récente
9. L'économie tunisienne a amorcé une reprise en 2012, malgré une conjoncture
internationale morose et la persistance d’un contexte national difficile. Le rebond du
tourisme et de l’investissement direct étranger ont contribué à une croissance globale de
3,4 % pour les neuf premiers mois de 2012; une performance qui a aussi bénéficié
d’importants effets de base. Cependant, les grèves enregistrées au cours du dernier
trimestre de 2012 et la décélération du crédit pourraient atténuer le rythme de croissance
au dernier trimestre de 2012, limitant l’essor du PIB réel à 3.2 % pour l'ensemble de
l'année. Cette croissance et nos programmes d’insertion des chômeurs nous ont permis de
réduire le taux de chômage qui demeure toutefois élevé (17 % en septembre 2012).
10. L’inflation globale a récemment augmenté suite à la montée des prix
internationaux, mais les tensions inflationnistes sous-jacentes restent contenues.
L'inflation globale de l'IPC, qui est passée de 4,2% à fin 2011 à 5,9 % en décembre 2012
(en glissement annuel), s'explique essentiellement par la hausse des salaires, le
renchérissement des denrées alimentaires et des produits énergétiques, les contraintes
temporaires du système de distribution et la hausse de la demande provenant de la Libye.
Cependant, l'inflation sous-jacente (inflation hors produits énergétiques et alimentaires)
est restée relativement stable lors des quatre derniers mois à environ 4,6% en raison d’un
resserrement de la politique monétaire et des mesures destinées à freiner l’augmentation
excessive du crédit bancaire à la consommation.
11. Le déficit des transactions extérieures courantes s’est creusé, en dépit du
redressement des recettes tirées du tourisme et des envois de fonds. Les difficultés
économiques dans la zone euro continuent de peser sur la demande extérieure de biens
tunisiens (notamment celles des textiles et matières premières industrielles), tandis que
les importations augmentent dans tous les secteurs, avec le matériel de transport et
d'énergie affichant une progression de 27 % sur l’année 2012. En conséquence, le déficit
des transactions courantes devrait se creuser, passant de 7,4% du PIB en 2011 à environ
8,1 % en 2012, malgré la bonne tenue des recettes tirées du tourisme et des envois de
fonds des travailleurs tuniens à l’étranger (34 % et 22 %, respectivement) et une
dépréciation du taux de change (d’environ 4% en termes effectifs réels au cours de
l’année 2012). L’accroissement des entrées d'investissements directs étrangers, des prêts
bilatéraux et multilatéraux et de l'accès aux marchés financiers (avec la garantie du Trésor
des États-Unis et du JBIC) nous a permis d’augmenter nos réserves de change aux
environs de 8,5 milliards de dollars en 2012 (soit 3,7 mois d'importations, bien qu’en
deca du niveau de 2010).
12. L’exécution budgétaire pour l’année 2012—axée sur l’augmentation des
dépenses d’investissement— a été moins expansionniste que prévu. Des délais dans
l’adoption de la loi de finances complémentaire, des contraintes de capacité d’exécution
au niveau régional, et de passation de marché ont abouti à une sous-execution du budget