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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XII), n°2, mars-avril 2008
Dossier
thématique
Tableau I. Expression des ARNm de récepteurs sst et D2DR dans les adénomes hypo-
physaires (d’après Saveanu et al. Mol Cell Endocrinol 2007, et des données personnelles non
publiées).
Phénotype
tumoral
Moyenne de l’expression des ARNm de récepteurs exprimée
en copies/copies β-Gus (entre parenthèses, valeurs extrêmes)
Sst2 Sst1 Sst3 Sst5 D2DR
GH 1,8 (0,05-9) 0,3 (0,05-2)* 0,4 (0,1-1,5)** 2,9 (0,05-18) 4,5 (0,1-16)
PRL 0,2 (0,01-4) 0,8 (0,05-6) *** 3,5 (0,05-20) 65 (2-190)
ACTH 0,3 (0,01-2) *** *** 2,7 (0,05-12) 5,2 (0,1-8)
LH/FSH 0,2 (0,01-2) *** 2,7 (0,05-18) *** 4,7 (0,1-17)
TSH 1,5 (0,1-5) *** 0,4 (0,1-0,9)** 2,7 (0,1-5) 2,6 (0,2-7)
β-Gus = β-glucuronidase (gène de référence).
* dans les adénomes mixtes GH + PRL.
** dans seulement 50 % des tumeurs.
*** pas de moyenne car retrouvé dans moins de 20% des tumeurs analysées.
En gras, niveau moyen de récepteur significativement plus élevé dans le phénotype
(comparativement aux autres adénomes hypophysaires).
tide/lanréotide), comme le ligand
multiple de sst, pasiréotide (SOM-
230), ou combinant des domaines
structurels de la dopamine et de la
somatostatine, comme les chimères
dopastatines (12), pourraient demain
être également utilisées dans le
contrôle des adénomes corticotropes
et gonadotropes. L’expression quali-
tative des cinq sous-types de sst
et du D2DR (tableau I) est assez
caractéristique dans les divers types
d’adénomes hypophysaires, avec la
présence quasi constante de deux à
trois récepteurs réalisant des profils
typiques comme sst2 + sst5 + D2DR
dans les adénomes somatotropes,
sst1 + sst5 + D2DR dans les prolac-
tinomes et sst2 + sst3 + D2DR dans
les NFPA (13). Le niveau d’expres-
sion des ARNm est extrêmement
variable (tableau I) dans les diverses
tumeurs. Pour les adénomes somato-
tropes, le niveau de sst2 est corrélé
à la sensibilité aux agonistes soma-
tostatinergiques sst2 (octréotide,
lanréotide), et celui de D2DR à la
sensibilité aux agonistes dopaminer-
giques D2DR (cabergoline, quina-
golide). L’arsenal thérapeutique sera
complété prochainement par le pasi-
réotide, qui reconnaît mieux le sous-
type sst5 impliqué dans le contrôle
de la PRL, la GH et l’ACTH. Par
ailleurs, les dopastatines, tel BIM-
23A760, favorisent la coopération
sst2-D2DR dans le contrôle de la
GH et de la croissance cellulaire,
possiblement via une hétérodiméri-
sation des récepteurs.
Les déficits
hypophysaires
Dans les cas de déficits hypophy-
saires congénitaux, les analyses
génétiques sont d’un apport certain
pour le patient et sa famille, permet-
tant d’éviter les séquelles irréversi-
bles de certains de ces déficits. Ces
analyses sont néanmoins coûteuses
en raison du nombre élevé de gènes
candidats; aussi est-il essentiel
de pouvoir les effectuer selon une
procédure optimisée.
Le déficit somatotrope isolé
Le syndrome de IGHD est caractérisé
par un arrêt de croissance associé à un
déficit en GH, sans autre déficit anté-
hypophysaire associé. La plupart du
temps, ce syndrome est idiopathique;
néanmoins, des IGHD familiaux sont
retrouvés dans 5 à 30% des cas, ce
qui suggère des causes génétiques
(14). Deux étiologies génétiques ont
été identifiées: les mutations du gène
du récepteur du GHRH (GHRHR)
d’une part, et celles du gène de la GH
d’autre part. La première mutation
du gène de la GHRHR a été décrite
en 1996. D’autres ont par la suite été
retrouvées, associant des mutations
faux-sens, des mutations introni-
ques et des mutations produisant des
protéines tronquées. Leur phéno-
type correspond au type clinique 1
d’IGHD, à transmission autosomique
récessive et qui répond bien au trai-
tement par la GH recombinante. Les
mutations du GHRHR sont rares et
retrouvées exclusivement dans un
contexte familial.
Les mutations du gène de la GH
(GH1), plus fréquentes, sont à l’ori-
gine des phénotypes cliniques de
IGHD de type 2 à transmission auto-
somique dominante (10 à 15% des
cas). La mutation la plus fréquente
concerne la zone d’épissage précé-
dant l’exon 3, conduisant à la perte de
l’exon 3 et à la formation d’une GH
tronquée (del32-71 GH). Néanmoins,
des mutations faux-sens sont à l’ori-
gine d’un phénotype similaire. Dans
certains cas d’IGHD, la possibilité
d’apparition secondaire d’un déficit
sur une autre lignée hypophysaire est
évoquée (15), celle-ci aboutissant à
un phénotype d’“apparent” déficit
hypophysaire combiné (CPHD). En
fait, il existe parfois un chevauche-
ment entre les phénotypes d’IGHD
et de CPHD, car des mutations de
PROP1 ou de POU1F1 peuvent se
révéler par un déficit somatotrope
(cf. infra). Néanmoins, les déficits
thyréotrope et lactotrope, qui appa-
raissent rapidement, permettent
d’établir le diagnostic de CPHD.
Les déficits corticotropes isolés
Rarement isolés, les déficits cortico-
tropes sont à l’origine d’hypoglycé-
mies graves potentiellement létales.
Un phénotype particulier associant
déficit corticotrope et obésité sévère
est caractéristique des mutations du
gène de la proconvertase 1 et de la
pro-opiomélanocortine (POMC).
Une coloration rousse des cheveux
est associée en cas de mutation de
ce dernier gène. Cependant, c’est la
découverte du gène Tpit, facteur de
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