La théorie de l'insularité et son apport dans la biologie de la conservation Partition de la niche Quel est le degré de différences minimales nécessaires entre deux espèces pour qu’elles coexistent : partition de la niche ou des ressources Hutchinson (1957) : hypervolume à n variables physiques et biologiques indépendantes MacArthur (1958). Population Ecology of Some Warblers of Northeastern Coniferous Forests. Ecology 39. Utilisation de zones de prospection de 5 fauvettes forestières insectivores de taille équivalentes du New Hampshire Mc Arthur & Wilson (1967) : the theory of Island biogeography Pourquoi les îles ont-elles moins d’espèces que les continents de même surface ? La richesse spécifique d’une île est dynamique et dépend de deux processus Impact de la théorie de l’insularité Une théorie d’assemblage des espèces basées sur les capacités de colonisation E I Taux d’extinction Taux d’immigration f(distance source, taille île) S* Une vision de la nature des communautés Expérience de défaunation de Simberloff & Wilson 1969 Daniel S. Simberloff, Edward O. Wilson (1969) Experimental Zoogeography of Islands: The Colonization of Empty Islands. Ecology 50. Iles à mangrove de Floride : forte richesse en arthropodes Richesse forte sur les larges îles ou proches de la côte Richesse faible sur les petites îles ou loin de la côte Conforme aux prédictions de la théorie de l’insularité Défaunation des îles par méthyl bromide La richesse initiale des îles récupérée après défaunation Réduction artificielle de la taille des îles (Simberfoff, 1976) : La richesse initiale des îles réduite diminue Comparaison de la richesse spécifique des îles au large de la Californie (Diamond, 1971) Comparaison de 2 inventaires d’oiseaux en 1917 et 1968 La richesse spécifique de chaque île est comparable entre 1917 et 1968 La composition spécifique est différente entre 1917 et 1968 (30% d’espèces qui n’étaient pas communes aux deux inventaires) Les îles sont à l’équilibre pour leur richesse mais pas pour leur composition spécifique Biodiversité marine et terrestre plus élevée en 1 : décroît jusqu’à 6 Impact de la théorie de l’insularité Applicable à tous les types d’habitats fragmentés et plus ou moins isolés Un modèle pour concevoir des stratégies de conservation et de réserves Conservation au niveau des populations et des espèces Définir la rareté Le statut actuel d’un organisme existant qui, par une combinaison de facteurs biologiques et physiques, est réduit soit en effectifs, soit en distribution, à un niveau manifestement plus faible que la majorité d’autres organismes d’entité taxinomiques comparables (Reveal cité par Gaston, 1997) Espèces dont les effectifs sont faibles ou dont la distribution géographique est restreinte du fait d’une surface occupée très faible ou en raison d’un habitat très spécifique (Rabinowitz, 1981) Acis fabrei : la nivéole de fabre Échelles emboîtées Pas de large amplitude d’habitat dans une aire de distribution restreinte Les 7 cas de rareté Effet temporel dans la rareté Debussche & Thompson, 1999 La fragmentation du paysage et ses conséquences Population : conséquence sur structure et diversité génétique Carrières de bauxite et zones résidentielles en Jamaïque un habitat fragmenté pour Todus todus Problèmes des petites populations Stochasticité liée aux perturbations Effectifs N Effectifs N Conséquences génétique : dérive, consanguinité t Temps Temps Problèmes des petites populations Dérive et perte de variabilité génétique Goulot d’étranglement : le crécerelle de Maurice Destruction de la forêt native 1940-1960 : utilisation massive du DDT 1974 : 4 ind. et un seul couple nicheur Une population qui a expérimenté une population < 50 ind. pendant plus de 6 générations Un programme de conservation intensif : en 1993 400 à 500 oiseaux Falco punctatus Goulot d’étranglement : le crécerelle de Maurice Analyse par marqueurs microsat. sur peaux de museums et ind. actuels Le crécerelle de Maurice a 72% de diversité allélique et 85% d’hétérozygotie en moins que d’autres espèces de crécerelles Mêmes tendances pour le crécerelle des Seychelles La consanguinité Conséquence : dépression de consanguinité Influence de la taille des populations sur le taux de germination des graines de Ipomopsis agregata Accroissement naturel des populations dN / dt = λN avec λ taux d’accroissement naturel λ < 1 : la population décroît λ = 1 : la population est stable λ > 1 : la population croît Fragmentation : populations sources deviennent des puits Fragmentation : diminution des flux entre sous-populations λ < 1 λ > 1 : population source λ < 1 λ > 1 λ < 1 λ < 1 : population puit t Les populations puits ne sont plus alimentées par des migrants : dérive, consanguinité L’effet vortex d’extinction (Gilpin & Soulé, 1986) Les facteurs qui affectent les petites populations tendent à diminuer progressivement sa taille : cycle qui conduit à l’extinction Conservation au niveau des communautés Conservation au niveau des communautés Pour bcp de conservationistes, les communautés et les écosystèmes devraient être la cible des efforts de conservation Conservation de communautés : autorise la conservation de nbses sp. dans une unité intégrée (interactions) Protéger des habitats qui contiennent des communautés biologiques intactes Sans doutes le seul moyen de conserver correctement des espèces 4 grandes stratégies pour préserver des communautés 1 – Établissement de zones protégées 2 – Gestion de zones protégées 3 – Définition de mesures de conservation hors zones protégées 4 – Restauration de communautés biologiques dans des habitats dégradés Zones protégées Plusieurs stratégies d'acquisition : action gouvernementale, acquisition privée… Quel degré de perturbation humaine tolérer? : classification UICN (1994) I. Réserve naturelle ou zone sauvage stricte : protège les espèces et les processus biologiques le plus intacts possibles (sans perturbation humaine) II. Parcs nationaux : large zones protégées avec de multiples écosystèmes à usages de divertissement, d'éducation et scientifiques III. Monuments nationaux : petites réserves conçues pour conserver une particularité biologique ou géologique unique Zones protégées IV. Sanctuaires ou réserves naturelles aménagées : similaires aux réserves strictes mais intervention humaine (feux contrôlés, destruction d'espèces exotiques…) V. Paysages protégés : autorisent une utilisation traditionnelle de l'envt par les résidents (particulièrement lorsqu'ils sont responsables de caractéristiques écologiques, esthétiques ou culturelles) VI. Zone d'aménagement des ressources protégés : autorisent une exploitation des ressources naturelles durables I – VI : un gradient d'utilisation humaine de l'habitat Efficacité des zones protégées Seuls qqs % (max 10%) de la biosphère sera protégée : quelle efficacité de protection pour les espèces? Souvent dans un paysage des concentrations d'espèces localisées Souvent dans un paysage qqs zones d'habitat rare ou diversifié dans une large zone d'habitat uniforme Des zones protégées bien sélectionnées peuvent contenir bcp (voir toutes) les espèces d'un pays ! En 2000, l'Indonésie prévoit de protéger des populations de ttes les sp. d'oiseaux et de primates natifs : effectif si on passe de 3.5 à 10% de zones protégées Dans la plupart des grands pays tropicaux africain, la majorité des sp. d'oiseaux natives ont des populations en zones protégées % territoire national protégé Nb. sp. oiseaux % sp. oiseaux dans zones protégées Cameroun 3.6 848 76 Côte d'Ivoire 6.2 683 83 Congo Démocratique 3.9 1086 89 Ghana 5.1 721 77 Kenya 5.4 1064 85 Malawi 11.3 624 78 Nigeria 1.1 831 86 Somalie 0.5 639 47 Tanzanie 12 1016 82 Ouganda 6.7 989 89 Zambie 8.6 728 88 Zimbabwe 7.1 635 92 Établir des priorités de conservation Qu'est ce qui nécessite une protection? Où et comment cela doit il être protégé? Trois critères pour définir les priorités de conservation Distinction : diriger les priorités sur des communautés riches en sp. rares, endémiques ou originales du point de vue taxonomique Degré de fragilité : ex. communautés biologiques rares en danger imminent de destruction ou contenant des espèces très menacées Utilité : ex. des sp. ayant une valeur potentielle ou présente pour les humains ont une priorité plus importante Le dragon de Komodo : une priorité de conservation selon les 3 critères Varanus komodoensis Population actuelle : 5000 ind. dont 350 femelles Distinction : le plus grand lézard actuel Degré de fragilité : qqs îles, petites populations et pays en explosion démographique Utilité : énorme valeur touristique (écotourisme) Établir des priorités de conservation Centres de biodiversité ou hot spots Hots spots de conservation : Identifier des zones clés dans le monde se caractérisant par une grande diversité biologique, un fort degré d’endémisme et qui sont menacées d’extinction d’espèces ou de destruction d’habitats immédiats Mittermeier et al. (1999), Myers et al. (2000) : 25 hot spots globaux Somme des hotspots (1,4 % de la surface terrestre totale) : 44% des sp. de plantes mondiales, 28% des sp. d’oiseaux, 30 % des mammifères, 38 % des reptiles et 54 % des amphibiens MYERS N., MITTERMEIER R.A., MITTERMEIER C.G., DA FONSECA A.B. & KENT J. 2000. - Biodiversity hotspots for conservation priorities. Nature 403 : 853-858. Les 25 « Hot spots » de la biodiversité (Myers et al., 2000) a, Total species richness b, Threatened species richness c, Endemic species richness Hotspots of species richness Hotspots of threatened species Hotspots of endemic species Établir des priorités de conservation Approche megadiversité (Mittermeier et al., 1997) Mégadiversité: Identifier des pays qui concentrent la biodiversité et sur lesquels concentrer les efforts de conservation 17 pays majeurs : 60 – 70% de la diversité biologique Rang 1 Brésil : 53 000 sp plantes, 524 sp mammifères, 1600 oiseaux, … Comment définir des zones protégées ? La taille et la localisation des zones protégées : souvent déterminées par (1) la distribution humaine, (2) valeurs potentielle de la zone, (3) facteurs historiques « Les terres que personne ne veut » : zones inhabitées, pauvres en ressources et infertiles MAIS il existe une littérature écologique abondante qui fournit des directions en vue de constituer des zones de conservation efficaces ! Beaucoup s’inspirent de la théorie de la biogéographie insulaire de Mc Arthur & Wilson et de l’écologie du paysage Comment définir des zones protégées ? Quelle est la taille minimale que doit avoir une zone protégée pour protéger une espèce? Faut il créer une seule grande réserve ou plusieurs petites? Combien d’individus d’une espèce en danger doivent être présent dans une réserve pour garantir la pérennité de la population? Quelle est la meilleure forme d’une réserve? Quand plusieurs réserves sont crées comment doit on les disposer dans l’espace et doit on les connecter par des corridors ? Principes de définition des zones protégées Quelques principes de définition de zones protégées Minimiser les effets de bordures Bordure, écotone, frontière écologique : forts effets sur la dynamique des espèces et des communautés Bordure : une transition dans la diversité et la complexité structurale des communautés Bordure : souvent un microenvt différent du centre de l’habitat (lumière, humidité, T°C, vent) Bordure : zone de perturbation plus importante Bordure : zone de pénétration d’espèces exogènes à la communauté Forêt : effet bordure détectable sur plus de 250 m. Effets de bordures Changement microclimatiques : lumière, humidité, T°C, vent Augmentation de la lumière et de la T°C : baisse de l’humidité du sol (empêche les sp. tolérantes à l’ombre de germer) La végétation existante subit un stress : transformation vers une communauté différente Des espèces animales et végétales exotiques à la communauté peuvent s’établir : chiens, chats, renards, rats suivent les routes, les sentiers… Des zones de traitements chimiques et de fertilisants : modification des propriétés physico-chimiques de l’envt Des zones de perturbations et de pénétration anthropiques : bruits, feux…. Surface circulaire : le rapport surface bordure est minimum Minimiser les effets de bordures La gestion des bordures peut en augmenter ou en diminuer l’impact Estimation de l’effet bordure, de la taille des patchs et de la fragmentation sur 22 espèces forestières américaines Espèce forestière: mortalité due à la prédation des œufs et des jeunes et au parasitisme (Molothrus ater) Hylocichla mustelina Seiurus aurocapilla Molothrus ater : un oiseau des habitats ouverts (ex. zones agricoles) qui pénètre faiblement dans les bois Fragmentation des zones forestières : augmentation des bordures Les prédateurs et les parasites (Molothrus ater) Des zones forestières échantillonnées : des nids sont suivis Taille de la ponte, nombre de jeunes à l’envol, prédation ou parasitisme du nid Calcul du taux d’accroissement des populations Calcul du grain du paysage (hétérogénéité, taille des patchs forestiers…) Le taux de prédation est affecté par l’effet bordure et par la fragmentation du paysage Effet additif prédation + parasitisme en fonction de la fragmentation : déclin des populations (20/22 espèces testées) Beaucoup de populations en déclin dont l’issue sera l’extinction Quelle taille optimale ? La diversité est elle maximisée avec une large réserve (ex. 10 000 ha) ou avec plusieurs petites de taille équivalente (ex. 4 de 2 500 ha) ? « Débat SLOSS » : single large or several small Grandes réserves : les seules qui peuvent contenir des pops. viables de grands carnivores ou de grandes populations Grandes réserves : souvent des blocks immenses de mêmes habitats Petites réserves : peuvent être positionnées de manière à maximiser la diversité des habitats Petites réserves : diminue le risque qu’un événement catastrophique anéantisse une population La taille optimale est un consensus entre le type d’espèces à conserver, la disponibilité de l’espace … Quelle taille optimale ? 1 500 ha semble être une taille minimale pour un habitat durable autonome 30 ha taille minimum pour certaines espèces de mammifères ou d'insectes 200 ha de forêt : taille minimale pour qu'un écosystème forestier soit résilient (contre perturbations diverses) Effets de la fragmentation sur la forêt amazonienne Biological Dynamics of Forest Fragments Projects (BDFFP) Examiner les conséquences de la fragmentation de la forêt : causes culture et pâturages Grande variété d'espèces analysées : arbres, mammifères, oiseaux, grenouilles insectes… Projet qui a débuté en 1979 et qui continue… Des zones de défrichages planifiés au nord de Manaus Biological Dynamics of Forest Fragments Projects (BDFFP) Des fragments de 1 ha, 10 ha et 100 ha préservés dans des zones défrichées et de la forêt intacte comme contrôle Tester le débat SLOSS et les effets de bordure Impacts de la fragmentation Mammifères, oiseaux insectes : très sensibles à la fragmentation Bcp d'espèces ont disparues même dans les larges fragments Qqs groupes profitent de la fragmentation : petits mammifères, grenouilles (groupes à petits territoires vitaux) Les effets de bordures sont variables selon les groupes Très forts sur plantes, oiseaux de sous bois, chauves souris, bcp d'insectes La matrice de la fragmentation est importante (qu'est ce qu'une matrice en écologie du paysage ??) Effet de la taille des fragments et de la distance à la bordure chez les espèces d'arbres Les manchots du genre Spheniscus S. demersus S. magellanicus S. humboldti S. mendiculus M. du Cap M. de magellan M. de humboldt M. des Galapagos 180000 ad. 2600000 ad. 12000 ad. 1200 ad. Déclin de toutes les populations de toutes les espèces : surpêche (anchoix, sardines) Stratégie de conservation du manchot du Cap (Spheniscus demersus) Entre 2001 et 2009 : déclin de 60% des effectifs des colonies Causes : déplacement des populations de sardines et anchoix, surpêche Étude de 2 colonies en Afrique du sud : baie d’Algoa (Port Elizabeth) Île de St Croix : la plus grande colonie (50 000 ind.) Bird island : petite colonie témoins 91 oiseaux équipés de sondes GPS Quantifier l’effort de prospection Sonde : localisation géographique ttes les minutes, pression hydrostatique ttes les secondes (profondeur de prospection) Effort de prospection de nourriture : distance parcourue jusqu’au site, nombre, profondeur et durée de plongées Etude en 2008 et 2009 : en 2009 l’île de St Croix est protégée de la pêche sur un rayon de 20 km Quantifier l’effort de prospection St croix 2008 : > 75% des plongées au-delà de 20 km de la colonie (jusqu’à 150 km en 2 jours) St croix 2009 (3 mois après la mise en protection) : > 70% des plongées dans la zone des 20 km de la colonie Le temps de prospection diminue de 30% L’énergie de prospection diminue de 40% Colonie témoin de Bird Island : même temps et énergie de prospection en 2008 et 2009 comparable à St Croix 2008 Importance cruciale de la localisation des zones marines de protection