DÉPARTEMENT RECHERCHE & ÉDITION publication semestrielle – Juin 2013
Mode
de recherche,
no20.
Questions dimages
Éditorial
L’image aujourd’hui est au centre de toutes les attentions. Mais que
comprend ce terme dont lextension est grande : l’image de soi, l’image
publique, l’art, les images de communication, limage de presse ? Nous
navons pas voulu ici tenter une approche synthétique, vraisemblable-
ment illusoire, par souci d’éviter les généralités et pour cerner à travers
des études spécifiques dont certaines sattachent aux qualités de limage
et d’autres à son usage ou à sa réception, une diversité qui est source de
richesse et dintérêt.
Nous voudrions aussi indiquer une des particularités de ce numéro de
Mode de recherche. Nous avons, en effet, demandé à danciens étudiants
de l’IFM, dont le travail de mémoire de fin d’études était particulière-
ment remarquable et digne de publication, d’écrire un article en repre-
nant (ou non) une partie de leur recherche. Quils en soient, comme
chaque contributeur, remerciés.
Questions dimages
Le DÉPARTEMENT RECHERCHE & ÉDITION
bénéficie du soutien du Cercle IFM
qui regroupe les entreprises mécènes
de l’Institut Français de la Mode :
ARMAND THIERY, CHANEL, CHLOÉ INTERNATIONAL,
CHRISTIAN DIOR COUTURE, DISNEYLAND PARIS,
FONDATION PIERRE BERGÉ-YVES SAINT LAURENT,
FONDATION D’ENTREPRISE HERMÈS,
GALERIES LAFAYETTE, GROUPE ETAM, KENZO,
LOUIS VUITTON, L’OAL LUXE, PRINTEMPS,
VIVARTE, YVES SAINT LAURENT.
Sommaire
Ces images qui nous regardent, parfois.. . 5
Jean-Michel Bertrand
Les publicités du secteur du luxe sous l’influence du cinéma . 14
Li-Jun Pek
La mode, les séries télé, et l’équation . 25
de la portabilité vestimentaire
Benjamin Simmenauer
Mythes et efficacité à travers les images : l’exemple d’Hermès . 38
Marine Basset-Chercot
L’image publicitaire : langage total ? . 46
Vincent Guillot
Animation, publicité et image de marque . 52
L’imaginaire au service de la consommation
bastien Denis
Lart en régime libéral . 59
Youna Renaud
Bibliographie . 70
5
Ces images qui nous
regardent, parfois
Jean-Michel Bertrand
« Il y a le visible et linvisible. Si vous ne filmez
que le visible, c’est un téléfilm que vous faites. »
Jean-Luc Godard
« J’étais dans le fond d’un vieux parc… seul,
très attentif au moindre éclat,
au moindre souffle, au moindre parfum et,
je ne m’en étonnais pas, car en moi
sélevait une lointaine image, de ce que mes
sens percevaient comme si dé
ils lavaient perçu. Je revoyais un souvenir de
ce que jamais navaient vu mes yeux. »
Henri Bosco, Un rameau de la nuit.
De limage lon pense tout connaître. Non
parce que l’on en connaîtrait quelque chose
(ses propriétés, ses modes dorganisation et de
fonctionnement, ses effets) mais parce que, à
lévidence du visible qui tombe, littéralement
sous le sens, sajoute leur extrême présence
dans notre quotidien, au point que nombre
d’observateurs ou de journalistes ont cru
pouvoir qualifier notre civilisation de « civi-
lisation de l’image »1. Mais de quoi parle-t-on,
aujourd’hui, lorsque l’on parle d’image au sin-
gulier ? Si la notion est polysémique, lusage
majoritaire du terme sest spectaculairement
déplacé pour désigner de manière bien étroite
et limitée, limage publicitaire et plus encore,
les attributs et traits de caractère dindividus
influents ou en situation d’exercer un pouvoir.
Qu’il s’agisse du président de la République,
d’un ministre démissionnaire et moralement
coupable, d’un footballeur vendant son nom,
les instituts de sondages, curieusement relayés
par la presse – qui adoptant cette façon de voir
chausse des lunettes bien étroites et de peu
de portée – ne cessent de mesurer et de com-
menter et donc de construire ou déconstruire
l’image de marque des hommes et femmes
publics. L’image mesurée à laune des avan-
tages quelle est susceptible de générer devient
une marchandise échangeable et constitue un
capital qu’il convient de gérer : « Je veux déve-
lopper mon image » clame haut et fort celle qui
doit tout aux medias et à la mutation de l’infor-
mation en un spectacle permanent. Acception
pauvre, ou du moins étonnamment restreinte
du terme d’image, puisquil s’agit avant tout de
repérer des représentations, des qualificatifs
ou des traits distinctifs qui se disent en mots
et adjectifs (ou en « chiffres » qui témoignent
de lemprise des modèles de pensée néo-libé-
raux) et nourrissent moins limagination que
la disposition ou les affects de lopinion.
Qu’il semble loin alors le temps où lenjeu
de la réflexion sur l’image passait par la phé-
noménologie et sa capacité à réfléchir sur les
sens, les conditions de la visibilité et de lap-
paraître, ou par une réflexion sur la peinture,
ou encore, par le cinéma et les aphorismes
godardien (« Pas une image juste, juste une
image », « Le cinéma, 24 fois la vérité par
seconde) lesquels visaient à qualifier lacte
de voir, le point de vue du spectateur, un lien
entre éthique et esthétique (la recherche de la
bonne distance ou, différemment, de l’instant
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