La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 5 - mai 2011 | 353
SOINS ONCOLOGIQUES
DE SUPPORT
devient de plus en plus difficile de trouver des kiné-
sithérapeutes s’intéressant à la prise en charge du
lymphœdème…
L’essai randomisé de A.H. Boekhout et al. (abstr.
PD08-04) a été discuté en session orale. Il comparait
venlafaxine 75 mg/j, clonidine 0,1 mg/j et placebo
en traitement des bouffées de chaleur pendant une
période de 12 semaines. L’objectif principal était la
différence dans le score de bouffées de chaleur à
12 semaines ; les objectifs secondaires étaient l’effet
des traitements sur le fonctionnement sexuel, la
qualité du sommeil, l’anxiété, la dépression et les
effets secondaires du traitement. Cent deux patientes
ont été incluses, dont 80 évaluables pour la période
de 12 semaines. Le traitement par venlafaxine ou
clonidine était significativement plus efficace que
le placebo (p = 0,03), avec une diminution de 45 %
des bouffées de chaleur. La différence entre venla-
faxine et placebo était plus marquée (p = 0,0004)
que celle entre clonidine et placebo (p = 0,045).
Il n’y a pas eu de différence significative entre les
deux traitements en ce qui concerne la sexualité et
la qualité du sommeil. Les patientes sous clonidine
étaient significativement (p = 0,04) plus anxieuses
que celles sous venlafaxine, tandis que ces dernières
étaient significativement (p = 0,03) plus déprimées
et avaient plus souvent des nausées (p = 0,02) et une
constipation (p = 0,04) que celles sous clonidine. La
perte d’appétit était plus souvent signalée comme
effet indésirable grave chez les patientes sous venla-
faxine (p = 0,003). En conclusion, la venlafaxine
paraît plus efficace que la clonidine, mais au prix
d’effets indésirables plus fréquents.
Les posters
Comme toujours, l’intérêt des posters est très
variable, mais le choix n’est pas toujours simple.
Concernant les facteurs de croissance granulocytaire
(Granulocyte Colony-Stimulating Factor [G-CSF]),
une étude (Aarts MJB et al., abstr. P3-15-01) a
randomisé, chez des patientes définies selon les
recommandations comme étant à haut risque de
neutropénie fébrile, l’utilisation de G-CSF pendant
les deux premiers cycles d’une chimiothérapie ou
pendant tous les cycles de celle-ci. Cet essai a été
fermé prématurément après l’inclusion de 169 des
230 patientes initialement prévues, en raison du taux
élevé de neutropénie fébrile dans le bras “2 cycles de
G-CSF” : 32 versus 5 % dans le bras standard (G-CSF
pendant tous les cycles) [p < 0,0001]. Dans le bras
expérimental, fièvre, infection et mucite ont conduit
à des événements indésirables sérieux pour 36 % des
patientes, versus 13 % de celles traitées de manière
usuelle (p < 0,001).
La toxicité cardiaque de la radiothérapie a été
évoquée par une étude suédoise originale (Nilsson G
et al., abstr. P4-11-02) qui a analysé une cohorte
de patientes diagnostiquées pour cancer du sein
entre 1970 et 2003 et les registres de coronarogra-
phie sur la période 1990-2004 : dans 199 cas, un
cancer et une coronarographie étaient retrouvés.
Il en ressort un âge moyen au diagnostic de cancer
du sein de 58,2 ans et un cancer du sein gauche
dans 55 % des cas. Le temps médian jusqu’à la coro-
narographie était de 10,3 ans. Soixante-deux pour
cent des patientes avaient reçu une radiothérapie,
dont 29 % une irradiation de la chaîne mammaire
interne. Les auteurs ont mis en évidence une asso-
ciation significative entre irradiation du cancer du
sein gauche et sténose des portions médianes et
distales de l’artère descendante gauche. Dans le
même ordre d’idées, une étude canadienne (Wang W
et al., abstr. P4-11-07) a comparé les données de
coronarographie de patientes ayant reçu une radio-
thérapie pour un cancer du sein droit ou gauche. Sur
12 696 malades traitées par radiothérapie entre 1995
et 2009, 91 ont subi une coronarographie. Le temps
médian jusqu’à la coronarographie était de 4,4 ans ;
le degré de sténose ne différait pas significativement
entre les deux groupes. Pour les patientes ayant leur
coronarographie plus de 5 ans après la radiothérapie,
on note cependant un segment médian de l’artère
coronaire droite un peu plus étroit pour une irra-
diation droite (p = 0,039). Une des différences ici,
par rapport à l’étude suédoise, est le recul moins
important, expliquant peut-être certaines nuances
dans les résultats. Cependant, ces études confirment
qu’il ne faut de toute façon pas négliger les éventuels
symptômes cardiologiques à distance du traitement
d’un cancer du sein. Quant aux patientes traitées
par bévacizumab, une méta-analyse (Nasim S et al.,
abstr. P6-12-01) a confirmé, outre le risque bien
connu d’hyper tension artérielle (HTA) [RR = 10,32],
une augmen tation du taux de dysfonction ventricu-
laire gauche, avec un risque relatif de 2,58, ainsi que
l’absence d’augmentation du risque relatif d’événe-
ments thrombotiques.
En ce qui concerne l’os, les résultats à 5 ans de
l’étude ZO-FAST confirment l’intérêt de l’administra-
tion précoce du zolédronate par rapport à un traite-
ment retardé pour prévenir la perte osseuse chez des
patientes traitées par du létrozole en adjuvant, au
prix de 0,6 % d’ostéonécrose mandibulaire (DeBoer
R et al., abstr. P5-11-01). Selon une étude randomisée